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Choses vues dans un restaurant de Tunis à l’heure de la rupture du jeûne !

 

REPORTAGE - Tunisie: Choses vues dans un restaurant de Tunis à l’heure de la rupture du jeûne !

Par Mohamed Farouk

 

 

 

Une clientèle hétéroclite, venue d’horizons différents, rencontrée dans un restaurant du centre-ville de Tunis. Le décor: quelque trente tables et quatre serveurs, pantalon et nœud papillon noirs, qui veillent à ce que tout se passe bien. Reportage.

Les absents ont toujours tort. Les retardataires aussi. Arrivé quinze minutes après la rupture du jeûne, Tawfik s’est vu attribuer une petite place au coin d’une table de ce restaurant du centre-ville de Tunis: le couple, qui l’occupe, ayant bien voulu lui accorder l’hospitalité.

«J’ai été retardé par un livreur qui a accusé trente minutes de retard», se désole-t-il. «J’ai dû, ensuite, tout ranger afin que je ne perdre pas trop de temps après la rupture du jeûne. Car l’ouverture du magasin, qui m’emploie, se fait à 20 heures 30. Le temps que je mange et savoure, ensuite, un café et une cigarette sur une terrasse de l’Avenue Bourguiba, c’est tout juste», ajoute-t-il.

Ils sont, comme lui, une dizaine à venir quasiment tous les jours dans ce restaurant pour rompre le jeûne. «Je commence à travailler à 21 heures dans une boutique de chaussures de la rue Charles De gaulle. La rupture du jeûne se fait à 19 heures 05. Le calcul est simple à faire: deux heures pour manger et me rendre de la Cité Ezzouhour, dans la banlieue ouest de Tunis, à ma boutique, et avec les moyens de transport public que je prends! J’ai dû plus d’une fois prendre un taxi. Je préfère venir dans ce restaurant et repartir à mon travail sans stress», affirme-t-il.

En avoir marre de «fréquenter la routine»

Autre cas, celui de la famille B.R. Mahmoud, le père, jean et barbe en broussaille, est venu spécialement pour rompre le jeûne avec sa femme et ses deux enfants. Habitant La Goulette, dans la banlieue nord de Tunis, Mahmoud dit en avoir marre de «fréquenter la routine». Il est venu pour changer d’air et «de cuisine». Ce qui ne déplaît pas à son épouse qui accepte, malgré tout, «ces critiques». «L’essentiel est que je quitte mes fourneaux», fait-elle remarquer.

Propriétaire d’une voiture de louage, qui dessert la ville d’Annaba (Bône), Abdelaziz est venu dans ce restaurant parce qu’il n’a pas «d’autre choix». «Lorsque je ne suis pas chez moi ou sur la route, je viens ici pour rompre le jeûne. Et ce en attendant que j’épouse une Tunisienne!», affirme-t-il, avec un large sourire sur les lèvres.

Libyen, habitant de Misrata, ville située à 200 Km à l’est de Tripoli, Abdelhamid est réfugié en Tunisie depuis trois semaines. Il vient dans ce restaurant pour la première fois avec son épouse et son bébé de six mois. Demain, il ira dans un autre. Une manière de découvrir le pays qu’il visite pour la première fois de sa vie.
 

Dans un autre coin du restaurant, Daniel, son épouse et sa petite fille de 16 ans, sont venus prendre leur repas du soir. En attendant de prendre le dernier train du soir pour Sousse où il passe de précieuses vacances. «Je ne viens pas, évidement, pour rompre le jeûne. Mais, je suis loin de passer un mauvais moment avec des gens dont j’admire le courage et la piété», lance-t-il, en croquant une pomme.

Ainsi va le monde dans ce restaurant du centre-ville de Tunis qui dresse, en ce ramadan 2011, quelque trente tables pour servir, à l’heure de la rupture du jeûne, une clientèle des plus hétéroclites venue d’horizons différents. Et quatre serveurs sont là pour veiller, pantalon et nœud papillon noirs, à ce que tout se passe bien.

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