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Tunisie. Les raisons de l’annulation du pèlerinage juif de la Ghriba

 

Tunisie. Les raisons de l’annulation du pèlerinage juif de la Ghriba

 

Les hôteliers et commerçants de Djerba devront se passer cette année des recettes associées aux festivités du pèlerinage de la Ghriba, la plus ancienne synagogue d’Afrique à Djerba.

Ces festivités, prévues du 17 au 22 mai sur l’île touristique située non loin de la Libye, ont en effet été annulées cette année faute «de visiteurs étrangers», a déclaré lundi le président de la communauté juive de Djerba, remarquant qu’il s’agissait d’une première «depuis plus de 20 ans».
L’aggravation de la situation à la frontière avec la Libye, les violences à Tunis les 6 et 7 mai, la mise en place du couvre-feu, l’attentat de Marrakech, la mort de Ben Laden et l’arrestation de présumés terroristes à l’extrême sud du pays la semaine écoulée n’ont pas encouragé les visiteurs à faire le déplacement en Tunisie.

A la mémoire des martyrs de la révolution
«Nous avons maintenu le rituel auquel sacrifient les pèlerins consistant à allumer des bougies dans la synagogue, à formuler des vœux, à se faire bénir par les rabbins et qui aura lieu vendredi et dimanche», a précisé Perez Trabelsi, joint au téléphone par l’Afp à Djerba depuis Tunis. Entre une vingtaine et une trentaine de pèlerins feront néanmoins le voyage de Paris d’où d’habitude déferlent des milliers de visiteurs, en majorité des juifs d’origine tunisienne.
«Toutefois, la kermesse et les ventes aux enchères au profit de la communauté juive et la procession dans les rues situées dans les alentours de la synagogue ont été annulées faute de visiteurs étrangers» et «en raison de la situation dans le pays», a ajouté M. Trabelsi. L’annulation aurait été également décidé, selon lui, «à la mémoire des martyrs tombés pendant la révolution, parce que nous sommes tunisiens et nous voulons nous recueillir à leur mémoire», a expliqué M. Trabelsi à l’agence Associated Press. Il a ajouté que «la situation à Djerba est normale et un dispositif sécuritaire renforcé protège la synagogue».
«C’est la première fois, a-t-il souligné à l’Afp, que cela arrive depuis que je suis à la tête du comité de la Ghriba depuis plus de vingt ans».Ce pèlerinage avait rassemblé des milliers de personnes en 2010.
«Les gens ont peur vu la situation sécuritaire dans le pays (...) on ne cesse de parler des troubles sur les télévisions» et «cela est décourageant pour nos pèlerins», a-t-il expliqué.

Le cœur n’est pas à la fête
Selon un autre responsable juif tunisien, René Trabelsi, la «communauté juive tunisienne n’a pas vraiment le cœur actuellement à faire la fête alors que le peuple tunisien vit dans l’inquiétude et l'insécurité».
«On ne garde que le côté religieux et spirituel» du pèlerinage et «la communauté juive tunisienne est avant tout tunisienne et nous sommes tous dans le même bateau», a-t-il ajouté.
La communauté juive de Tunisie, près d’un millier actuellement contre 100.000 en 1956, participe traditionnellement au pèlerinage organisé chaque année au 33e jour de la Pâque juive.
Une des légendes orales fait remonter l’origine de la Ghriba à la destruction à Jérusalem du temple de Salomon, lorsque, fuyant la Palestine, des juifs se réfugièrent à Djerba et établirent une synagogue en 586 avant J.-C.
La Ghriba avait été visée par un attentat au camion piégé revendiqué par Al-Qaïda, qui avait fait 21 morts en avril 2002.

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