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TONTON ZEITOUN, CARMELO, et la TRACTION AVANT 15 CV

TONTON ZEITOUN, CARMELO, et la TRACTION AVANT 15 CV

 

 

CECI EST LA TRES BELLE HISTOIRE DE LA TRACTION AVANT DE TONTON ZEITOUN QUI CIRCULAIT PARFOIS DANS TUNIS AVEC UN COTE NOIR JAIS ET L’AUTRE COTE REMPLI DE POUSSIERE

 

 

J’avais deux oncles qui se prénommaient ALBERT, le plus jeune d’entre eux s’appelait Albert HAYAT, et le plus âgé s’appelait Albert ZEITOUN. Si je les aimais bien tous les deux, il faut bien convenir que j’avais une petite préférence pour le deuxième car c’était un TMETECK, (Traduire taquin). Leurs deux prénoms étant homonymes, les nombreux neveux de la famille avaient résolu le problème en appelant le premier « Tonton Albert », et le second « Tonton ZEITOUN ».

 

Tonton ZEITOUN donc était par ailleurs célèbre, car c’était un notable occupant une situation sociale importante à Tunis. Il résidait d’ailleurs dans un grand et bel appartement au Belvédère, disposait aussi d’une vaste propriété à la Soukra, ses moyens lui permettant même de s’attribuer les services d’une voiture avec chauffeur. Il devait tout cela à l’exploitation d’un commerce florissant : la plus grande et la mieux achalandée des bonneteries de Tunis : LES DAMES DE FRANCE.

 

Mais Tonton ZEITOUN était d’autant plus taquin qu’il ne faisait aucun cas des conventions sociales de son milieu, bien au contraire. On raconte que lors de la fête qu’il donna pour le mariage de sa fille, il aurait habillé tous les domestiques et serveurs d’une tenue uniforme, confectionnée avec un tissu très à la mode et très haut de gamme, normalement destiné aux dames de la haute société.

 

Mais, outre qu’il se moquait ainsi de tout le gratin auquel il appartenait par ailleurs, il poursuivait en réalité de se venger d’une des amies de sa femme, qui lui avait fait autre fois un mauvais coup dont je ne connais pas le contenu : Il avait en réalité espionné celle-ci, et connaissait la robe qu’elle avait décidé de porter pendant la fête, et c’est bien du tissu de cette robe qu’il habilla domestiques et serveurs !

 

On m’a aussi rapporté que mon grand père Félix Zarka qui était son ami intime, avait été tout au long de leur amitié son « souffre douleur ». Félix adorait faire la sieste les volets clos de son rez-de-chaussée du 38 rue de Patras. Sachant cela, Albert demanda à son chauffeur CARMELO, un jour très chaud du mois de juin de le conduire à l’heure de la sieste dans le quartier animé du Colisée  pour y repérer un marchand de journaux qui criait à tue-tête « Tunis Soir », « Tunis Soir » et lui dit :

 

Je t’achète tout ton paquet de journaux si tu fais ce que je vais te dire : tu t’installes devant la fenêtre de mon ami Félix qui a les volets fermés et tu cries à tue-tête « Tunis Soir », « Tunis Soir », jusqu’à ce que Félix s’énerve et crie en te faisant injonction de partir. Tu disparaîtras quelques minutes et réapparaîtras en criant encore plus fort. C’est alors que Félix comprit que son ami Albert devait être pour quelque chose dans cette histoire qui l’empêcha de dormir…..

 

C’est dans les années qui suivent l’immédiat après guerre qu’Albert Zeitoun fut dans l’obligation de se doter des services d’une Traction avant 15 CV et d’un chauffeur prénommé CARMELO. Il souffrait en effet d’un handicap qui l’empêchait de se déplacer aisément à pied.

 

CARMELO qui était maltais de nationalité Britannique, était d’une grande paresse, et le job qu’il occupait auprès d’Albert lui convenait parfaitement, dans la mesure ou à part les quelques déplacements d’Albert pour se rendre aux Dames de France ou à la Soukra, il occupait son temps à dormir en attendant le prochain déplacement.

 

Un jour Albert constata que la belle Traction Avant 15 CV était franchement très sale puisque recouverte d’une épaisse couche de poussière qui lui enlevait tout son éclat, alors que l’entretien de la voiture faisait partie des attributions normales et courantes de CARMELO, et que paresse aidant…

 

Il fit donc injonction à CARMELO d’aller laver immédiatement la voiture, ce qui fut fait dans l’heure. Il faut savoir qu’Albert en raison de son handicap s’installait dans la Traction toujours à la même place arrière et que CARMELO lui présentait sa voiture toujours orientée du même côté. Il ne put donc s’apercevoir que CARMELO n’avait lavé la voiture que d’un seul côté économisant de ce fait quelques minutes de lavage « épuisantes sous la chaleur de Tunis ». Ce rituel se répéta ainsi à chaque lavage pendant des années.

 

En réalité, Albert s’en aperçut très tôt et laissa filer dans un but précis de non conformisme, et afin que tout Tunis repère en permanence sa belle TRACTION AVANT  15 CV  moitié noir jais et moitié gris sale de poussière.

 

 

ALBERT ET  FELIX

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