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La lettre de Shanna, par Anna Rivière

La lettre de Shanna, par Anna Rivière 

 

 

Une recension de Jean-Pierre Allali

 

Née à Salé, au Maroc, Anna Rivière, désormais installée dans le Var, reste indéfectiblement attachée à son pays natal. Cela se traduit par la publication régulière de romans qui sont autant d'évocations de la vie d'avant, de la vie là bas, quand une communauté juive importante était installée depuis des millénaires en Afrique du Nord.

 

Après « Bou-Regreg. Chroniques d'une enfance au Maroc. 1942-1956 » (1) et « Triangle de vue » (2), voici le troisième  et dernier volet d'une trilogie nostalgique et parfumée.

 

Shanna Hazzan, quatre vingt-cinq ans, veuve d'Aaron Witney, après avoir longtemps vécu aux États-Unis, est désormais installée dans une belle maison, un vieux mas, « Les Joubarbes », non loin de Draguignan, dans le Var. Avec sa fidèle Marthe, femme de ménage, cuisinière et gouvernante qui fait, depuis longtemps, partie de la famille, elle guette l'arrivée du taxi qui conduit chez elle sa petite fille, Salomé et son mari, Kévin Kardew. Salomé est la fille de Rachel, épouse de David Grinberg.

La visite des jeunes mariés est ponctuée, au fil des jours, par le récit de la vie extraordinaire de Shanna et de sa meilleure amie, Lisette Mizrahi.

 

C'était il y a longtemps, à Salé, au Maroc. Joachim Hazzan et son épouse, née Ella Pesso tiennent une librairie. Une vie simple et tranquille qui va, en novembre 1942, être chamboulée par l'opération « Torch », le débarquement des forces alliées au Maroc et en Algérie. Qui dit débarquement, dit soldats et, cela ne va pas manquer, les deux jeunes filles vont tomber amoureuses de deux GIs, Aaron Witney et Gary Parker. Shanna est sensible au charme d'Aaron et Lisette s'éprend de Gary, lequel est marié mais en instance de divorce. Les flirts sur la plage se succèdent comme les promesses d'amour éternel. Mais la guerre n'est pas un conte de fée et les deux soldats sont appelés, au fil de leurs missions, à se déplacer dans toute l'Afrique du Nord. Têtues, les deux jeunes filles vont braver leurs familles et se lancer dans une aventure incroyable à la recherche de leurs amoureux. On à peine à croire à une telle histoire d'autant plus que la famille de Lisette est très pratiquante et que cette dernière est promise à un négociant en farine, Raphaël Benlarar. Qu'à cela ne tienne. Les deux adolescentes, à pied, à cheval, en voiture ou en train, munies d'un viatique minimal et alors qu'elles ne disposent d'aucun papier d'identité, ne vont pas hésiter à fuguer. Direction Oujda, à la frontière algérienne puis l'Algérie et la Tunisie. Elles dorment à l'hôtel ou chez l'habitant, seront arrêtées et finiront par être engagées comme infirmières. Invraisemblable !! Mais, comme dit l'adage italien : « Se non è vero è ben trovato » ( si ce n'est pas vrai, c'est bien trouvé).

Un arbre généalogique des familles décrites permet de se retrouver, à l'occasion, au fil du récit.

 

En fin d'ouvrage, un document annexe avec une riche iconographie retrace l'offensive alliée contre les forces de l'Axe entre 1942 et 1944.

 

Très sympathique.

 

Notes :

(1) Éditions du Losange. Nice. 2007. Voir notre recension dans la Newsletter du 31-07-2007

(2) Éditions Médit'édition. Pincounillier. 2010. Voir notre recension dans la Newsletter du 07-04-2010

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