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Pourquoi les Juifs ont peur

 

 

Pourquoi les Juifs ont peur

Un an de violences antisémites et de dérives médiatiques anti-israéliennes : la communauté juive de France a le sentiment d'avoir été " trahie ", notamment par une certaine gauche. Un traumatisme qui pèsera lourd en 2002.

Par Michel Gurfinkiel

Cela se passe au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), samedi dernier. Conformément à la tradition, le chef du gouvernement, Lionel Jospin, est l'invité d'honneur. A ses côtés, le grand rabbin de France, Jiseph Sitruk, et le président du Crif, Roger Cukierman. Celui-ci lui fait part de la " grande inquiétude " qui règne depuis un peu plus d'un an au sein des milieux juifs français : devant une montée en flèche des agressions et diverses dérives politiques ou médiatiques. Signe des temps : la veille, le quotidien Le Figaro a consacré sa une et deux pages intérieures à ce problème, avant d'y revenir le matin même.

Soudain, le ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, dit quelques mots au premier ministre, dont le visage se fige. L'AFP vient d'annoncer que des attentats ont ravagé la rue Ben-Yehuda, au coeur de Jérusalem : une voie piétonne, fréquentée par des adolescents. La nouvelle se propage bientôt parmi les convives, dont beaucoup ont des amis, ou des proches, en Israël. De fait, quand l'identité des principales victimes sera établie, on saura que trois d'entre elles sont françaises : un étudiant tué sur le coup, une étudiante grièvement blessée aux jambes, et un restaurateur blessé au cerveau. Dans l' " inquiétude " juive, Jérusalem a brusquement rejoint Paris.

La communauté juive de France est, de loin, la plus importante d'Europe : six cent mille âmes au moins, soit 1 % de la population nationale. Elle connaît, depuis une trentaine d'années, un Age d'Or : renouveau religieux (orthodoxe, mais aussi libéral), multiplication des écoles ou des groupes d'études, développement de l'alimentation cachère, relations harmonieuses avec la plupart des autres religions, à commencer par l'Eglise catholique. En 1965, on ne dénombrait qu'une trentaine de synagogues dans la région parisienne : il y en a trois cents aujourd'hui. L'enseignement privé juif ne regroupait que deux ou trois mille élèves en 1970 : contre près de trente mille en 2001.

Le choc des derniers mois a été d'autant plus dur. Trois cent cinquante agressions graves d'octobre 2000 à octobre 2001, selon l'Observatoire du monde juif (OMJ), un organisme présidé par le philosophe Shmuel Trigano : dix synagogues ou écoles incendiées, de nombreuses dépradations, des agressions physiques ou verbales quasi-quotidiennes. " Du jamais depuis 1945, ni en France, ni en Europe ", comme l'a souligné une porte-parole du Crif. Mais au-delà du traumatisme, l'avocat Gilles William Goldnadel, qui vient de publier Le Nouveau bréviaire de la haine (Editions Ramsay), observe un " sentiment de trahison ". A déclinaisons multiples.

Première " trahison " : celle d'une partie significative de la communauté musulmane. Les agressions actuelles ont été perpétrées, presque exclusivement, par des " jeunes " issus des immigrations maghrébine et africaine, et ont eu pour prétextes les affrontements israélo-palestiniens (depuis octobre 2000) ou la guerre entre les Etats-Unis et le terrorisme islamiste (depuis le 11 septembre 2001). Elles sont souvent été encouragées par des sermons intégristes prononcés ou diffusés dans les mosquées. Et ce qui est plus grave, elles n'ont pratiquement pas fait l'objet de dénonciations publiques de la part des dirigeants reconnus de l'islam français. Le 18 octobre 2000, les représentants de toutes les Eglises chrétiennes condamnent les agressions contre des synagogues : aucun recteur musulman ne juge bon de s'y associer.

Or le judaïsme français ne croit pas avoir mérité une telle attitude. Imbu d'idées " républicaines ", le Crif a pris la défense de l'immigration dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Le rabbinat, comme les Eglises chrétiennes, a défendu les droits religieux des musulmans. De nombreuses personnalités juives françaises, et la direction du Crif elle-même, ont cherché à renforcer le processus de paix au Proche-Orient, en multipliant leurs relations avec les Palestiniens et donc en contribuant à leur légitimité internationale. Depuis la signature des accords d'Oslo, en 1993, et jusqu'au déclenchement de la nouvelle intifada palestinienne, en 2000, le Crif invitait Leila Shahid, la déléguée de Palestine en France, à ses dîners annuels. En 1999, une délégation du Crif, dirigée par son président d'alors, Henri Hajdenberg, s'était rendue auprès de Yasser Arafat, à Gaza.

Deuxième " trahison " : celle d'une partie des médias, aussi bien écrits qu'audiovisuels. Sammy Ghozlan, commissaire de police honoraire et vice-président du Consistoire de Paris, estime qu'ils se sont " fait les relais de la propagande palestinienne avec une complaisance impressionnante ", et qu'ils ont contribué, par ce fait, à la montée de l'extrémisme au sein de la communauté musulmane.

Dès octobre 2000, des comités de lecteurs ou de téléspectateurs se mettent en place au sein de la communauté juive. L'une de leurs conclusions : à la source du " parti pris anti-israélien " si commun en France, il y aurait, tout simplement, l'attitude partisane de certains correspondants de l'AFP, qui dispose d'un quasi-monopole dans le monde francophone. Un exemple parmi d'autres : les deux grandes agences de presse anglo-saxonnes, Associated Press et Reuters, situent les attentats de la rue Ben-Yehuda " au centre de Jérusalem ", ce qui, dans l'état actuel des choses au Proche-Orient, est géographiquement, sociologiquement et politiquement exact ; l'AFP, elle, parle de " Jérusalem-Ouest ", ce qui revient à anticiper sur une éventuelle division de la ville, telle que les Palestiniens la souhaitent. La formulation " Jérusalem-Ouest " est reprise telle quelle par la plupart des médias nationaux, faute de comparaison avec d'autres formulations.

L'AFP dépend en partie des pouvoirs publics. Pour les juifs français, une troisième " trahison " se situe sur le plan purement politique. Et à gauche plutôt qu'à droite. " Nous assistons depuis quelques années à l'émergence d'un antisémitisme de gauche cohérent ", note un avocat parisien, François Lurçat. Il est d'abord apparu, selon le sociologue Jacques Tarnero, " à la gauche de la gauche " , " de José Bové aux militants du Droit au Logement (DAL), en passant par les Verts ". Mais il touche désormais le PS lui-même, longtemps réputé pro-israélien et philosémite. L'affaire Boniface, à cet égard, a fait l'effet d'une véritable bombe.

Le 4 août dernier, Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), un organisme proche du PS, publie dans Le Monde un texte intitulé Lettre à un ami israélien. En fait, il s'agit d'un pamphlet propalestinien. Mais c'est surtout sa conclusion qui retient l'attention : à trop soutenir Israël, la communauté juive risquerait, selon lui, de " trop s'isoler ", notamment face à la communauté musulmane... Une sorte de menace. Et pour beaucoup de juifs français, la " clé " des agressions qu'ils subissent depuis le mois d'octobre précédent.

L'affaire ne s'arrête pas là. On découvre en effet l'article du 4 août n'est que la version adoucie d'une note confidentielle du même auteur, destinée cette fois aux dirigeants du parti socialiste. Le propos, cette fois, est sans ambiguïté. Boniface affirme qu'une politique équilibrée au Proche-Orient, " mettant sur le même plan le gouvernement israélien et les Palestiniens ", sera ressentie comme une injustice par " la communauté arabo-musulmane ", et donc la détournera, aux prochaines élections, de Lionel Jospin et du PS. Conclusion : " Le soutien à Sharon mérite-t-il qu'on perde 2002 ? "

On ne peut préjuger des réactions à terme des juifs français. Certains d'entre eux, estimant que l'influence de l'islam extrémiste ne cessera de croître en France et en Europe, ne voient plus de salut qu'en Israël. D'autres prédisent à la fois une mobilisation de toute la société française contre le danger islamiste, et un basculement à droite de l'ensemble de leur communauté. En 2002 et au-delà.

© Michel Gurfinkiel, 2001


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