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L'après-Manhattan

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L'après-Manhattan

Essayiste et rédacteur en chef de «Géostratégiques», Alexandre Del Valle est aussi l'auteur de «Guerres contre l'Europe», aux éditions des Syrtes. Evoquant la recomposition de l'échiquier mondial, il dénonce les thèses «américano-sceptiques». Pour Del Valle, rien ne justifie la barbarie.

PAR ALEXANDRE DEL VALLE
LE FIGARO

Publié le 7 novembre 2001, page 17

Depuis Manhattan, on n'a jamais autant dénoncé les liaisons dangereuses des services secrets américains avec l'internationale islamiste. Il aura fallu que la bombe du «fascisme vert» explose aux mains de son maladroit artificier états-unien pour que les Occidentaux, jusque-là prisonniers du paradigme de la guerre froide qui les empêchait d'identifier clairement le nouvel ennemi islamiste, prennent la mesure de la nouvelle menace totalitaire.

Cela dit, et bien qu'ayant été, avec le général Pierre-Marie Gallois, parmi les premiers à dénoncer la suicidaire politique pro-islamiste des Etats-Unis, nous trouvons fort indécente l'attitude médiatique générale visant à dénoncer les accointances contre nature «islaméricaines», et, par là même, à ressortir nos thèses «américanosceptiques» au moment où près de 6 000 Américains périssent sous les décombres du World Trade Center. Comme si l'on cherchait à trouver une porte de sortie aux monstres verdâtres qui ont ensanglanté Manhattan. Comme si l'instrumentalisation des thèses dénonçant le flirt passé entre la CIA et Ben Laden - et plus largement la compromission occidentale avec les islamistes - avait pour finalité d'accabler la victime de son propre sort et à trouver des circonstances atténuantes au bourreau, finalement pas si coupable que cela puisque «créé par nous».

Cette nouvelle perversion analytique doit être combattue pour deux raisons: premièrement, parce que rien ne justifie la barbarie, en l'occurrence islamiste, laquelle trouve ses racines non pas dans la politique américaine mais dans la geste guerrière bédouine puis dans une scolastique sunnite qui légitime le djihad contre les infidèles, donc dans une certaine orthodoxie islamiste hélas jamais dénoncée par les autorités religieuses. Deuxièmement, parce que se contenter d'expliquer les attentats du World Trade Center par les errements de la politique américaine ou l'«oppression» en Irak et en Palestine, participe de la capitulation psychologique devant le «fascisme vert», à qui les professionnels de l'antiaméricanisme, qui s'expriment notamment dans les colonnes tiers-mondistes du Monde diplomatique, ont déjà trouvé des excuses.

Il est donc également urgent de s'élever contre une autre perversion connexe, exploitée par les terroristes de tout poil et étudiée en psychologie sociale: le «syndrome de Stockholm». Capitulards avant même d'avoir livré bataille, les Européens sont tentés, comme les fameux otages fascinés par leurs tortionnaires, de défendre les barbares d'Allah, d'où le relais, dans nos médias, de la plus perfide rhétorique de Ben Laden rendant les Israéliens ou «l'impérialisme américano-sioniste» responsables des attentats, alors que le sort des Palestiniens ou même du régime irakien «impie» n'a jamais préoccupé le milliardaire wahhabite, ainsi que l'on rappelé Leïla Shahid et Yasser Arafat.

Il aura donc fallu ces terribles attentats du 11 septembre pour s'apercevoir que Vladimir Poutine avait raison de proposer, dès 1999, une vaste alliance inter-occidentale contre le totalitarisme islamiste (envisageant d'ailleurs un bombardement russo-américain de l'Afghanistan), pour réaliser que ceux qui ont frappé Manhattan sont de la même engeance et sont financés par les mêmes émirs wahhabites -«amis de l'Occident» - que ceux qui sèment la terreur d'Allah du Nord de la Chine, au Cachemire, en passant par le Kosovo et la Tchétchénie. Or il faudra tôt ou tard se rendre à l'évidence: tant que nous serons dépendants de cette monarchie islamiste totalitaire qui contrôle les lieux saints de l'islam et les grandes organisations islamiques internationales, qui «wahhabise» l'islam mondial à coups de pétro-dollars, des dizaines d'attentats comme celui du World Trade Center seront à prévoir. Car le double jeu de l'Arabie saoudite, véritable coupable idéologique des attentats de Manhattan, mais dont l'Occident est dépendant du pétrole «le plus rentable», comme le double jeu du Pakistan, dont on renforce le pouvoir et à qui le FMI vient d'accorder de nouveaux prêts - alors que les services secrets occidentaux devraient s'employer au plus vite à mettre son arsenal nucléaire hors d'état de nuire - est la véritable clé du problème.

Terrorisé par la violence islamiste, culpabilisé ad vitam aeternam pour les croisades, la colonisation ou le sionisme, l'Occident capitulard trouve des excuses obliques aux terroristes islamistes et a fortiori une porte de sortie au fondamentalisme wahhabite auquel ils s'abreuvent. Comme lors de chaque vague d'attentats islamistes qui ensanglantent la France (1986; 1995-1996, etc.), la dénonciation actuelle du terrorisme islamiste est une nouvelle occasion de perpétuer le lieu commun du monde islamique «majoritairement tolérant et modéré». Or, bien qu'il faille certes combattre les amalgames, le monde islamique en général - et pas seulement les talibans et les Wahhabites mais jusqu'aux tribunaux égyptiens et aux rues de Djakarta ou Lahore - est de plus en plus réceptif aux thèses xénophobes antioccidentales, antichrétiennes et antijuives (et pas seulement «antisionistes»).

Portée par un esprit revanchard post-colonial et une funeste explosion démographique alliée à la misère des masses maintenues dans l'obscurantisme religieux, cette nouvelle forme spécifiquement islamiste de racisme, ce ressentiment antioccidental et post-colonial qui constitue le levain du totalitarisme islamiste, ont comme meilleur allié la haine de soi occidentale, entretenue par les idéologies subversives et autodestructrices d'extrême gauche, celles-là mêmes qui ont, avec Sartre et Foucault, délégitimé l'idée de nation et de sécurité, soumises à la reductio ad Hitlerum. Il faut oser le dire, c'est désormais au nom du «droit à la différence», de l'«antiracisme» tiers-mondiste et par la voie des flux migratoires -rendus incontrôlables du fait de l'intériorisation des postulats antinationaux inculqués dans nos universités- que les nouveaux visages de l'«antisémitisme» et du totalitarisme -vert, celui-là- réapparaissent jusque dans nos «banlieues de l'islam» de France.

Car c'est bien aux côtés du Mrap que des musulmans français ont crié «Mort aux juifs!» place de la République au début de l'intifada Al Aqsa. Et c'est au nom de l'antisionisme que des «victimes de l'exclusion» ont attaqué une soixantaine de synagogues dans les banlieues... Là, des islamistes aussi arrogants qu'impunis, surfant sur la mauvaise conscience occidentale et instrumentalisant les valeurs libéral-démocratiques des sociétés ouvertes sans limites, prêchent la haine de l'Occident aux jeunes musulmans issus de l'immigration et même aux «Gaulois» acculturés. C'est ainsi que des centaines de Khaled Kelkal ou de Safir Bghioua, sont fanatisés - après être allés s'entraîner chez nos protégés Bosno-musulmans et Albanais de l'UCK ou ex-protégés d'Afghanistan - par des islamistes d'autant plus intouchables qu'ils sont financés et soutenus par les Etats islamiques «amis de l'Occident».

L'avertissement de Karl Popper, qui avait alerté les «sociétés ouvertes» du danger fatal consistant à ouvrir les portes de la démocratie à ses ennemis, est plus actuel que jamais. L'enjeu est pourtant évident: nous sommes en face d'un «nouveau Munich islamiste» . Car la guerre contre le totalitarisme vert ne fait que commencer. Elle a fait des milliers de morts en Amérique, mais, et on ne le répète pas assez, elle en a fait des centaines de milliers dans le monde islamique, en Algérie, au Soudan, en Indonésie ou en Iran. Il s'agit d'une guerre civilisationnelle larvée dont les premières victimes sont les musulmans modérés, accusés d'être des «cinquièmes colonnes» occidentales.

On l'aura compris, la lutte contre le totalitarisme islamiste ne devra pas se borner à bombarder l'Afghanistan. Elle devra passer par deux axes: le premier, intérieur, consistera à cesser d'accorder la liberté d'action et d'expression aux ennemis de la liberté, donc entamer une lutte impitoyable contre les prêcheurs de la haine islamiste qui escomptent fanatiser les fils de l'immigration musulmane, que nos dirigeants irresponsables ont hélas donnés en pâture à une majorité d'organisations fondamentalistes comme les Frères musulmans, le bureau de la Ligue islamique mondiale (Arabie saoudite) ou le Tabligh. Le second, géopolitique, devra passer par une vaste remise en question de nos cadres de pensée stratégiques hérités de la guerre froide, donc perpétuant les désuètes oppositions Est-Ouest, l'Est incluant ici le monde chinois.

Face à l'émergence de nouvelles menaces transnationales civilisationnelles qui bouleversent les schémas classiques de la géopolitique des Etats et les lois des relations internationales, une vaste recomposition du monde de l'après-guerre froide est nécessaire: alliance sans failles avec la Russie, puis avec l'Inde, aux prises avec des rébellions islamistes armées liées à l'épicentre afghano-wahhabite, afin de neutraliser le foyer islamiste et atomique pakistanais et enrayer la «talibanisation» de l'Asie centrale; rapprochement avec la Chine, quitte à mettre de côté la question de Taïwan, ceci afin de casser une «alliance antihégémonique islamo-confucéenne» (Huntington) - onséquence du «neo-containment» et de la stratégie de sécurité nationale américaine désignant la Chine et la Corée comme les nouveaux ennemis contre lesquels est en réalité tourné le projet de défense antimissile- que l'Occident ne peut plus se permettre d'entretenir par ses immixtions «arrogantes».

Car la Chine et la Corée du Nord fournissent l'armement stratégique des Etats islamistes nucléarisés du présent et du futur...; et soutien sans faille envers les premières victimes de la barbarie islamiste, de l'Algérie à la Tunisie, pays que l'on traîne trop souvent dans la boue au motif qu'ils «persécutent» les islamistes, comme si l'accueil chez nous de tous leurs opposants islamistes allait les aider à construire les démocraties musulmanes de demain...

 


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