| Page d'accueil | Objectif | Histoire | Religion | Coutumes | Délires | Commentaires | Arts | La bouffe | |Links | Galerie Photo | Contacts | Musique | Tunes Célèbres | Chatroom | Annonces | Enregistrement | Souvenirs | |Communautés | Recherche | Samsara | Fun |

 

 

Différence !

   Forum     Medias     Culture     Sommaire      Harissatheque     Genealogie      Plan du site       Kandil

 

Différence ! (info # 011710) Par Stéphane Juffa © Metula News Agency

Qu¹est-ce que c¹est difficile, pour notre civilisation occidentale, émancipation du " judéo-christianisme européen ", de comprendre qu¹il existe vraiment des systèmes de fonctionnement différents des nôtres !

Les jugements de valeurs, sont sans doute légitimes. Pourquoi ne pourrait-on pas comparer les civilisations entre elles ? Pourquoi ne pourrait-on pas préférer un ordre social à un autre, alors que c¹est exactement ce que fait chaque individu, qui s¹implique politiquement ?

J¹irai même plus loin dans ces interrogations, en revendiquant aussi le droit, pour l¹humanisme occidental, de vouloir influencer les autres civilisations ! L¹humanisme, au sens occidental du terme, inclut forcément une attente universelle. Le vrai humaniste ne peut pas formuler des espérances, qui s¹auto limiteraient à sa famille, à son quartier, sa nation ou à sa civilisation ! Il veut que le monde entier évolue dans un sens précis, qui n¹est ni neutre, ni scientifiquement objectif. L¹humaniste exige, dans l¹acception la plus universelle du principe, de mettre l¹homme au centre du monde et de lui donner les moyens d¹exprimer son individualité et de protéger ses différences. J¹ai dit l¹homme, pas le ciel, ni le groupe et pas non plus les " causes ", aussi bonnes soient-elles !

Est-ce que, formulée ainsi, cette acception de l¹humanisme est prosélyte ?

- Oui, sans aucun doute. Au même titre que l¹Islam, par exemple !

Est-ce que l¹humanisme est dissociable de la proposition démocratique ?

- Non ! L¹humanisme constitue le c¦ur moral de l¹occident et tous les courants politiques des régimes occidentaux, placent l¹intérêt de l¹individu, au centre de leurs préoccupations. Ca n¹est que la manière de servir l¹individu, qui diffère, d¹un parti politique à l¹autre. Sans l¹humanisme, la démocratie est sans objet ; on n¹aurait, en effet, aucune raison de conférer au peuple la gestion de ses affaires, si on ne considérait pas, forcément, le-dit peuple comme une multitude d¹individus jouissant chacun des droits fondamentaux !

Ceci dit, il ne faut pas confondre certains principes de base, au risque de faire des amalgames ineptes. Souvent, les références qui nous semblent élémentaires et globalement acceptées par toutes les civilisations, ne le sont, en fait, que dans notre imaginaire arrogant d¹occidentaux. Toutes les civilisations ne partagent pas nos valeurs et beaucoup d¹entre elles les rejettent même violemment !

A Paris, on vient de dépénaliser l¹adultère. A Riad, où on est encore très loin de l¹application pure et dure de l¹Islam, on lapide à mort la femme infidèle. La femme seulement ! L¹homme s¹en tirant généralement avec quelques coups de fouets. Plus significatif encore, dans l¹illustration de mon propos, est le fait, que l¹immense majorité des musulmans, considère ce châtiment, comme parfaitement justifié ! Pourtant, ces centaines de millions de personnes ne sont pas des monstres, ils font simplement partie d¹une civilisation, qui diffère de la notre. Ils sont différents !

Ils sont différents et cela implique, qu¹ils ne pensent pas comme nous et que notre mode de réflexion et nos valeurs, ne sont pas applicables à ces personnes ! Les musulmans, et il faut faire l¹effort d¹appréhender cet axiome, n¹en sont pas au stade expiatoire, " en route " vers nos valeurs. Leur civilisation est ancienne, leurs valeurs ont engendré des chefs d¹¦uvre, des architectes phénoménaux, des poètes incommensurables, les mathématiques et l¹écriture ! Ils ne sont pas " en train de changer ", pas plus qu¹ils ne considèrent nos sociétés, comme la finalité de leur évolution ; beaucoup d¹entre eux faisant même l¹erreur contraire à la votre, en étant persuadés, que c¹est nous qui sommes en période expiatoire et que nous savons que nous vivons dans l¹erreur !

La télévision, dans le genre, est un mauvais moyen de comprendre les autres systèmes de fonctionnement. Elle donne énormément d¹informations, sans n¹en donner aucune. Avec un ami de TF1, (si si, je vous jure !) on se demandait, la semaine dernière, combien y avait-il, parmi les 10 millions de Français qui suivent régulièrement leur journal du soir, de téléspectateurs qui peuvent citer les noms de trois villes d¹Afghanistan ? Et vous, qu¹en pensez-vous ? Sur cette question, on va encore trouver quelques phénomènes qui peuvent répondre, des gens qui ont une bonne mémoire visuelle et qui se rappellent du nom des villes afghanes, qui sont inlassablement montrées sur les cartes virtuelles. Et si on parlait du Tadjikistan, pays dont la population égale celle d¹Israël en nombre ? Qui peut me citer trois villes du Tadjikistan ? Allez, sa capitale seulement ? Qui, parmi ceux qui se moquaient du manque criard de culture du Président Bush, pourrait nous montrer où se trouve ce pays sur une mappemonde ?

Rassurez-vous, je ne procède pas ici à une interro surprise de géographie, je veux simplement mettre en évidence, à quel point nos connaissances sont fragiles et fragmentaires. On sait ce qu¹on veut bien nous montrer et c¹est quelqu¹un d¹autre qui a choisi de nous le montrer ! Pourtant, les connaissances, dont on choisit de nous arroser, sont souvent liminaires et toujours superficielles et elles sont loin de nous donner les éléments contradictoires suffisants, afin de nous forger une opinion. Sans vouloir utiliser les défaillances dont je vous entretiens, afin de modifier les " certitudes " des enfants de la télé, laissez-moi tout de même garder mes doutes, quant à ces ribambelles de tribuns, qui rendent des jugements définitifs et carrés sur les problèmes du monde, alors qu¹ils savent à peine marcher !

Avant de prétendre influencer les autres, il faut nécessairement essayer de les comprendre ! Je regrette par exemple, que nos télévisions n¹aient pas pris la peine, de nous montrer des images de la TV iraquienne. Vous y auriez vu, au milieu du culte de la personnalité voué à Saddam Hussein, des propositions très plausibles de références historico-culturelles. Vous auriez pu envisager la conduite politique surprenante de ce pays, sur la base de son ethos et vous auriez compris bien des choses ! Lorsque les professeurs de l¹Université de Bagdad y déclarent que la Mésopotamie est le berceau de toutes les civilisations, ils ont peut-être raison. Le patriarche monothéiste, Abraham, est né à Ur, en Chaldée. Lorsqu¹un historien iraquien y prétend, que " les premières universités et même l¹idée de l¹Université, ont vu le jour en Iraq, des siècles avant que nous n¹en bâtissions, " il a encore raison. Lorsqu¹il dit que les parents nobles ou fortunés, chrétiens et juifs, y envoyaient leurs enfants, au XIIIème siècle, il est dans le vrai ! Lorsque, dans un débat culturel, on rappelle aux téléspectateurs iraquiens, que l¹écriture est une invention des Sumériens, leurs ancêtres, ou que l¹algèbre est tellement iraquien, à l¹origine, qu¹il a conservé son nom arabe, il a toujours raison !

Bien sûr, ces références sont utilisées à des fins de propagande, bien sûr aussi, le grand-père de Saddam Hussein, n¹était pas sumérien, professeur d¹algèbre et agrégé de langues occidentales mais ce que je veux vous dire ici, c¹est que l¹Islam a les ressources de considérer ses ethos en amont des nôtres. Ainsi, beaucoup de Baghdadiens, sont persuadés que ce sont bien les coalisés qui sont les " Barbares " et qu¹ils sont eux, les dépositaires d¹une culture millénaire. De là à concéder au dirigeant suprême, aux dirigeants suprêmes, des pouvoirs discrétionnaires exceptionnels, afin de protéger cette civilisation, il ne s¹agit plus que de faire un pas, qui devient tout à fait compréhensible !

Nos propres leaders ont fait une erreur conceptuelle terrible, pendant qu¹ils se lançaient dans cette guerre. " Liberté immuable ? " Le titre même de cette campagne, trahit l¹évidence de son incongruité ! Cette guerre, contrairement à ce que les chefs occidentaux ne cessent de tambouriner sur nos toits, n¹est QU¹UNE GUERRE DE CIVILISATIONS et pas une guerre contre le terrorisme, comme ils le prétendent ! La " liberté " des musulmans, ne se trouve que dans la soumission totale à la volonté du prophète ; c¹est ce que Bush et Powell auraient compris, s¹ils avaient pris la peine d¹ouvrir le Coran. Pour le milliard, deux cent millions de musulmans de cette planète, ce qui est " immuable " et qui doit le rester, c¹est l¹obéissance à la volonté de leur créateur, telle qu¹elle leur est rapportée par le prophète Mahomet ! Pour ne pas risquer de l¹oublier, ils répètent cette vérité plusieurs fois par jour, tous les jours de leur vie ! Le reste n¹est que verbiage. La " liberté ", telle que le Président Bush et nous-mêmes, l¹entendons, ne les intéresse pas. Pour l¹Islam, elle n¹est pas valeur, elle est débauche et perversion !

La guerre contre le terrorisme, dites-vous ?Alors, écoutez-moi bien, lorsque je vous dis, moi, que le mot terrorisme est un néologisme occidental, dont le sens demeure ignoré dans la plus grande partie du monde musulman ! C¹est exactement comme si on avait voulu expliquer la signification du terrorisme à un chevalier du Moyen Age ! Pour comprendre " terrorisme ", il faut d¹abord avoir une solide connaissance de la notion de " société civile ", d¹ordre et partant, une expérience de l¹usage des droits fondamentaux ! Mais toutes ces notions, ce sont NOS notions, pas les leurs ! Pas celles d¹un État, comme la Syrie, où on peut passer trente ans en prison, sans avoir commis la moindre faute. Pas celles de Kabul, où on interromp les matchs de football, pour procéder à des supplices publics et à des mises à mort. Pas celles de l¹Égypte, où on juge encore l¹homosexualité !

Le terrorisme, c¹est, selon Larousse, l¹emploi de la violence à des fins politiques ? Au sens strict mais aussi, selon toutes les explications que nous pourrions donner aux musulmans et aux Arabes, le terrorisme, c¹est le décor de leur quotidien ! Pour concevoir le terrorisme, en tant que danger pesant sur la paix sociale, encore faut-il, qu¹il existe un espace suffisamment large et suffisamment précieux, entre la paix sociale et sa mise à sac et entre ce que l¹individu obtient du régime politique dans lequel il évolue et ce qu¹il risquerait de perdre, si cet ordre politique était renversé !

Le terrorisme, pour la plupart des gens vivant sous les régimes musulmans, ce n¹est qu¹un mot vide de sens, un peu comme lorsque je vous parle de la charria ou de la madrasa. Ce que les Arabes comprennent bien, c¹est le concept de guerre ou de sang mais à nouveau, leur entendement de ces mots est forcément différent du votre. Alors que l¹Occidental normalement constitué, a la violence en horreur et qu¹il fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher qu¹elle n¹éclate, le musulman considère la guerre, comme un moyen légitime de faire triompher ce à quoi il croit, tout comme le prophète Mahomet, a, jadis, usé de la force, afin d¹imposer le règne de l¹Islam sur les incroyants ! C¹est évidemment sous cette forme, que le musulman entend la guerre et encore une fois, là-dessus, il est plus proche du Chevalier de Montmuraille, qui s¹en allait pourfendre les infidèles, que de notre conception aaronienne des choses, selon laquelle, la guerre est le dernier recours, lorsque tous les autres moyens ont échoué !

Pour qui suit, même occasionnellement, certains des programmes d¹information des télévisions arabes nationales, il y entendra, telle une litanie, les mots de martyrs, de sacrifice, de revanches, de guerre divine, de guerre sainte, de justice divine et de justice du sabre, sans qu¹aucune fois, une nuance péjorative ne soit associée à ces mots !

Ajoutez maintenant deux ingrédients à ce tableau des différences, que sont : a) le sentiment arabe d¹être écrasé, humilié par la civilisation occidentale. Le sentiment d¹avoir à faire face à un rouleau compresseur matérialiste, qui est parfaitement réticent aux enseignements de la foi et b) la haine que suscite notre impiété dans le c¦ur du croyant. Pour nos femmes, qui se promènent à moitié dénudées dans nos rues et qui ont oublié leur place dans le monde. Pour l¹alcool, que nous buvons, au mépris des lois du prophète et pour la pornographie, que nous étalons, sur la devanture des kiosques, en oubliant la crainte du ciel !

Pour toutes ces raisons, que quelqu¹un m¹explique donc pourquoi un musulman devrait-il détester Bin Laden !

Bien sûr, beaucoup de musulmans regrettent le décès des victimes innocentes du World Trade Center mais ici aussi, l¹acception du mot " innocent " diffère de la notre. Pour nous, ces victimes sont innocentes, parce qu¹elles n¹ont commis aucun crime, alors que pour de très nombreux musulmans, " ces gens sont les victimes innocentes de l¹Amérique et de ses leaders, qui les ont entraînés sur les voies du mal ! " Autrement dit, l¹Amérique est satanique et elle est coupable. L¹Amérique méritait, sans aucun doute, sa punition, c¹est seulement regrettable, que tant de gens ont été pris dans ce Sodome et Gomorrhe des temps modernes, sans qu¹ils n¹aient eu l¹opportunité d¹accéder à la lumière !

Bin Laden, c¹est celui qui a démontré la force de l¹Islam spirituel, contre le rouleau compresseur matérialiste ! Mais en plus, Bin Laden a tout du mythe du chevalier musulman, mythe qui a bercé les rêves de millions de petits garçons. Il est humble, il est soumis à l¹Islam, il est pieux, il est fort, il est insaisissable pour ses ennemis, il défend la pureté des lieux saints et l¹arabité de la terre sainte ! Sous beaucoup de ses traits, Bin Laden est l¹Islam !

Il ne faudrait pas déclarer de guerres sous le coup de la colère, on risque alors de faire de grosses erreurs ! Les Arabes et les musulmans, ne comprennent rien, de notre guerre contre le terrorisme. Ils comprennent seulement, que l¹Occident leur a déclaré la guerre et entre nous et l¹écran mon ordinateur, ils ont absolument raison ! Je ne prétends pas que Bush et Powell, avaient initialement prévu de faire la guerre à l¹Islam, mais là, ils combattent un ennemi qui n¹existe pas.

Cette volonté, de voir des différences sémantiques ou même, organiques, entre les terroristes de Bin Laden et les Talibans, entre ces mêmes terroristes et les organisations palestiniennes, entre la volonté des Afghans et celle des Iraquiens et enfin, entre les sensibilités arabes entre elles, est pathétique ! L¹Occident réalise seulement, suite au choc du 11 septembre, les données d¹une réalité qui existait depuis longtemps : Il jouxte d¹autres civilisations, dont l¹une, au moins, diffère de ses valeurs, jusqu¹à l¹antithétisme ! Et ça n¹est pas tout, l¹antagonisme de la civilisation islamique, n¹est ni passif, ni résigné. Il entend bien, au contraire, ne pas abdiquer son droit à s¹étendre et à conquérir les âmes, même s¹il doit faire usage de moyens violents.

Et l¹Occident est déboussolé, face à ce genre de problèmes. En demandant aux pays arabes de soutenir son effort contre Bin Laden, Bush, sans le comprendre, leur demande, en fait, de cesser d¹être musulmans et lorsqu¹il leur demande de lui livrer des terroristes palestiniens, l¹Islam est persuadé, que l¹Amérique entend le châtrer de sa puissance légitime.

Ce n¹est pas tant, qu¹il faille à priori et dans tous les cas, s¹opposer à une dynamique de confrontation entre les civilisations, mais il faut, en tous cas, en saisir les conséquences ! L¹élément marquant, qui rend l¹incongruité de l¹Islam, tout à fait sérieuse, c¹est le nombre de ses adeptes. Lorsque vous êtes un virgule deux milliards, peu importe que vous ayez tort ou raison, vous avez de toutes façons raison ! Allons, une guerre contre une telle multitude n¹est pas envisageable et l¹Amérique est en train de se mettre volontairement avec le monde islamique, dans la situation, dans laquelle se trouve déjà Israël avec les Palestiniens : Remporter des victoires, et après ? Comment coexister, avec une civilisation, qui est si différente de la notre ? Très vite, et l¹Amérique va le découvrir, la question va devenir : comment gérer une antinomie de toutes les valeurs, lorsqu¹on ne sait envisager aucune solution ?

 


  | Page d'accueil | Objectif | Histoire | Religion | Coutumes | Délires | Commentaires | Arts | La bouffe | |Links | Galerie Photo | Contacts | Musique | Tunes Célèbres | Chatroom | Annonces | Enregistrement | Souvenirs | |Communautés | RechercheSamsara | Fun |

Cherche Harissa

Pour toutes informations, critiques et commentaires, envoyez un émail a : jhalfon@mediaone.net
copyright 2001.  Harissa Inc. All rights reserved.