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Château prince Abdallah 2002 ! 


 Château prince Abdallah 2002 ! (info # 012702/2)

Par Stéphane Juffa © Metula News Agency


L'initiative de paix du prince consort Abdallah d'Arabie Saoudite a laissé plus d'un observateur perplexe. Démarche étrange en effet et dédaigneuse de la conjoncture, que celle de Riad, alors que le Proche Orient danse sur un pied, sur un baril de poudre allumé !

Pour le surplus, Abdallah taille la barbe à la complexité ambiante, avec son plan en une phrase : Normalisation des relations des tous les Etats arabes avec Israël, moyennant le retour de l'Etat hébreu aux frontières de mai 67. Pas facile de faire plus court, ce qui a déjà poussé des collègues analystes à crier au simplisme et, ne distinguant dans ce simplisme rien d'autre qu'un slogan, à tourner le dos à l'initiative saoudienne.

A Métula, on se voudra beaucoup plus prudent et on a préféré laisser décanter la proposition du prince deux ou trois jours, histoire d'observer les premières réactions des dirigeants politiques de la région et partant, de se faire une idée du degré de préparation diplomatique dont avait bénéficié ce plan de paix nouvelle cuvée. Pour rester dans le jargon œnologique, on dira que le millésime Abdallah est maintenant bien chambré et que le cépage dont il est issu ne manque pas d'intérêt. On dira aussi, que plein d'amateurs proposent de l'acheter sur pieds et que sa première mise sur le marché rencontre un franc succès.

Saudi Arabian Airways va regretter de ne pas avoir d'antenne à Tel Aviv, car elle y ferait des affaires en or. Se départissant de toute réserve, la plupart des responsables israéliens, y compris le Président Katsav et le Premier ministre Sharon, ont publiquement fait savoir qu'ils sont disposés à se rendre à Riad. Le Président Arafat, depuis sa heuh… résidence d'hiver de Ramallah, leur a fait un écho immédiat, en annonçant qu'il embrassait des deux mains l'initiative saoudienne. En Egypte, en Jordanie mais aussi, au Liban et en Syrie, les dirigeants emboîtent le pas d'Abdallah et rejoignent les ministres de l'Union Européenne afin de chercher les moyens de soutenir cette nouvelle démarche diplomatique.

C'est, qu'en plus d'intervenir après un an et demi de violences discontinues et dans un environnement régional qui ne sait même plus imaginer une situation pacifiée, l'initiative Abdallah possède certains arguments incontestables, qui plaident en sa faveur :

1. Par exemple, cette initiative réduit considérablement, pour Israël, les risques inhérents à la conduite de négociations séparées avec ses voisins arabes. Le danger consistant à faire des concessions territoriales à l'un des adversaires, tout en s'exposant aux affres d'un conflit armé avec un autre ennemi.

2. Tous les Etats arabes qui entourent Israël sont des régimes totalitaires ou para totalitaires. Dans ces conditions, le risque le plus grave encouru par Israël, lors de compromis pacifiques, réside dans l'instabilité nominale des régimes non démocratiques. Imaginons, en effet, qu'Israël rende à la Syrie la quasi-totalité du Golan et qu'ensuite, le pouvoir alaouite soit renversé à Damas par un gouvernement d'obédience islamiste, qui, pour l'exercice intellectuel auquel nous nous livrons, abolirait l'accord de paix auquel aurait souscrit le régime précédent ; dans ces conditions, l'Etat hébreu aurait à faire face à des forces armées fondamentalistes et antagonistes à 10 kilomètres de Kiriat Shmona et à 15 kilomètres de Tibériade.

L'offre saoudienne a cela d'irréversible, qu'elle a introduit unilatéralement le concept de la "responsabilité collective de la Nation arabe" et celui de la "parole arabe", que ces derniers sont fondamentaux pour la pérennité et pour l'intégration d'Israël dans la région et que le pays à l'emblème de David ne laissera plus ces concepts disparaître du dialogue politique.

3. Dans le cas où la décision de faire la paix avec Israël serait le fait de la Nation arabe, les pays qui s'excluraient du processus seraient instantanément marginalisés et leur comportement deviendrait politiquement incompréhensible.

4. Dans le sens inverse, créant ainsi un autre événement irréversible et nouveau, le prince Abdallah, en envisageant à voix haute des "conditions" de cohabitation avec Israël met un terme au débat de "principe" qui tiraille le monde arabe depuis les accords de paix entre Sadate et Bégin. En effet, alors que certains régimes arabes et musulmans, dont l'Autorité palestinienne, se demandaient encore si aux termes du principe, il fallait reconnaître à Israël le droit à l'existence, voilà que l'Arabie Saoudite, gardienne des lieux saints de l'Islam, qui ne s'était jamais exprimée ouvertement sur la question, affirme tout à coup que la paix avec les Juifs est une question de conditions et que, dans certaines de ces conditions, qui plus est définissables, les Arabes accepteront de vivre aux côtés d'Israël.

Pour les observateurs avisés de l'aire moyenne orientale, l'ouverture saoudienne constitue déjà, avant même d'attendre ses prolongements diplomatiques, une étape majeure qui marquera l'évolution des relations entre les Arabes et les Israéliens. Désormais, intrinsèquement, toute démarche qui réfuterait théoriquement le droit d'Israël à jouir de sa place géographique sur sa terre, se trouverait en opposition avec le point de vue saoudien. Des points de vue spirituel et économique, qui connaît l'influence de Riad sur les pays arabes, réalise l'importance de la déclaration d'Abdallah !

5. Dans la vague de ce qui précède, on pourrait assister à un effet domino et voir d'autres Etats arabes se joindre au processus de paix. La base du dialogue, c'est "si l'Arabie admet l'existence d'Israël, alors il est également licite de discuter avec elle !"

6. L'offre saoudienne, dans sa compréhension juridique, n'est pourtant que la reprise des termes constituant l'offre Clinton ainsi que ceux qui se situent à la base des accords d'Oslo. La nouveauté est subjective bien plus qu'objective. Elle tient en deux points : 1) Ca n'est plus les Etats-Unis qui proposent que les Arabes vivent en bonne harmonie avec Israël mais l'Arabie saoudite, gardienne de l'Islam. 2) Abdallah introduit le concept de Nation arabe en tant qu'interlocuteur, que négociateur et peut-être même, que parti signataire d'éventuels accords. C'est plus qu'un changement, c'est une petite révolution !

7. L'ouverture saoudienne marginalise de facto la position de Yasser Arafat ET de l'Autorité palestinienne. La proposition du prince est supra palestinienne, en ce qu'elle concerne l'ensemble des Arabes et parmi eux, seulement, les Palestiniens. Ca n'est plus Arafat qui représente les Arabes dans la négociation avec Israël mais c'est exactement le contraire. Il y a, dans l'initiative Abdallah, un désaveu strident des tergiversations et du double langage arafatiens et plusieurs observateurs se demandent même, si le fondateur du Fatah sera directement associé aux prochains rounds de négociation, dans le cas où il ne ferait pas allégeance, par des actes clairs et pas uniquement par son verbiage habituel, à la ligne saoudienne.

En proposant à Israël de vivre à l'intérieur de ses frontières d'avant 67, les Saoudiens reconnaissent explicitement leur droit à la souveraineté politique suprême et du même coup, ils se rangent implicitement derrière l'école Sari Nusseiba des : deux Etats deux peuples, avec chaque peuple qui gère ses problèmes démographiques et historiques dans le cadre de son Etat.

L'exigence d'Arafat quant au principe de l'établissement de millions de Palestiniens dans l'Israël territoriale ne fait pas partie de la manchette du plan Abdallah. C'est sur cette exigence qu'avait capoté le dernier processus de paix, tant celle-ci est synonyme du refus de l'existence d'Israël. L'initiative saoudienne, en s'articulant exclusivement autour de l'équilibre "droit-frontières", semble éviter ce cul de sac, qui constitue certainement la base intellectuelle qui se cache derrière la deuxième Intifada.

8. L'offre saoudienne oblige surtout et d'abord le régime de Béchar El-Assad, qui est entièrement dépendant du soutien du royaume arabe pour sa survie économique. Privé du soutien financier de Riad, Damas ne tiendrait pas plus de trois mois.

9. L'initiative du prince Abdallah sert principalement l'Arabie saoudite et c'est quelque chose qu'il faut bien appréhender. Riad est très inquiète de la poussée des fondamentalismes arabe et islamique, qui prennent le faux prétexte du conflit israélo-palestinien pour s'étendre. Or, la monarchie de la presqu'île arabique sait bien qu'elle se situe en point de mire de ces deux mouvances et que sa propre tranquillité passe impérativement par un retour au calme des esprits musulmans. Pour Riad, il est indispensable de forcer au déclin des régimes tels que celui de Saddam Hussein en Irak, celui des Ayatollahs en Iran et les organisations islamo révolutionnaires de type Hamas et Djihad islamique.

En termes de stratégie régionale, la dernière démarche du prince Abdallah en direction de Jérusalem constitue un très beau coup. Il sait que s'ils étaient privés du prétexte sempiternel de la confrontation avec Israël, ces régimes "malfaisants" auraient toutes les peines du monde à justifier de leurs excès guerriers et répressifs auprès de leur propres populations et ils se verraient contraints de mettre un bémol dans leur course aux armements de destruction massive, qui inquiète légitimement les rois d'Arabie.

En relativisant le problème juif, en le redimensionnant dans des proportions rationnelles et politiquement indiscutables, Abdallah a déjà évacué le trop-plein d'air, qui pousse les voiles de tous les extrémismes, qui foisonnent ces jours en pays d'Islam.

A ceux qui se demandent pourquoi la monarchie saoudienne ne nous a pas épargné moult turpitudes, en prodiguant son appui à Arafat (qui lui faisait alors si cruellement défaut pour accepter le statut international de Jérusalem, pour renoncer à réinstaller les réfugiés palestiniens à l'intérieur d'Israël et surtout, pour signer la fin de l'état de guerre entre les Israéliens et les Palestiniens), lors du sommet de Camp David, voici nos propositions de réponses :

- Le roi Fahd avait alors toutes ses facultés et il était engoncé dans ses considérations tactiques d'attentisme prudent.

- Après le 11 septembre et les démonstrations de force des islamistes radicaux, cet attentisme est désormais insuffisant à garantir la sécurité du royaume saoudien. En plus des raisons liées à la santé du souverain régnant, on imagine que ce sont ses conceptions éculées, qui l'ont politiquement mis sur la touche, à l'issu d'un mini putsch d'inspiration familiale.

- Arafat a depuis fait la preuve qu'il n'avait pas la stature d'un homme d'Etat et justement, son choix de libaniser la confrontation israélo-palestinienne ad aeternam, avec la déstabilisation régionale voulue que cela entraîne, ne s'inscrit absolument pas dans la logique des préoccupations sécuritaires de l'Arabie saoudite.

Pour Israël, l'initiative d'Abdallah ne revêt pas que des aspects favorables. Elle confère aux Arabes une puissance de négociation accrue, suivant le principe : "plus de garanties arabes = plus de concessions israéliennes".

De ce fait et si les négociations s'engagent réellement, les considérants israéliens de sécurité s'estomperont partiellement au profit des discussions traitant de la configuration de la cohabitation à long terme. Une des hypothèses de travail recherchées par le prince, consiste à pouvoir dire à M. Sharon "votre droit à l'existence n'est plus mis en doute, il est reconnu par l'ensemble de la Nation arabe. Vous n'aurez plus besoin de précautions draconiennes de sécurité, puisque les Arabes vous offrent la paix, alors discutons de la substance de notre différend, rendez-nous nos territoires !"

Les réticences israéliennes risquent également d'être discréditées par les Européens et même par les Américains. Le gouvernement israélien doit craindre un effet d'étouffement, par lequel il sera pressé de toutes parts d'admettre des compromis territoriaux conséquents. Si l'affirmation de la coalition qui gouverne à Jérusalem, selon laquelle Arafat n'est pas un interlocuteur valable, a marqué des points parmi les pays modérés, il ne serait pas possible de faire valoir le même argument en ce qui concerne les Saoudiens. Les Saoudiens sont en effet des interlocuteurs recherchés et solvables, dont les engagements sont respectés par la communauté internationale.

Malgré ces craintes, tous ceux qui pensent que la paix constitue la meilleure garantie pour l'épanouissement des peuples de la région auront accueilli favorablement l'initiative saoudienne. Avant d'accompagner le plat principal, il faut encore que le "Château Abdallah" démontre le sérieux des techniques présidant à son élaboration.

Y a-t-il un plan, ou s'agit-il seulement d'un habile subterfuge arabe, destiné à redorer un blason globalement terni par les images des tours jumelles en train de s'effondrer, par celles des assassinats collectifs de civils israéliens dans les rues de Jérusalem, ainsi que par les doutes suscités par l'intransigeance arabe à détruire l'Etat d'Israël ?

C'est bien sûr là que se trouve la première question, à laquelle il faut répondre afin de devenir un grand millésime. Ensuite et si les Saoudiens sont sérieux, ils devront accompagner leur proposition par des "gestes de bonne volonté" indispensables à la construction d'une atmosphère de confiance autour des négociations. S'ils ont vraiment fait le choix stratégique de vivre aux côtés d'Israël, rien ne les empêchera, évidemment, d'instaurer un dialogue direct avec les gouvernants israéliens, comme l'avait fait Anwar El-Sadate en son temps, alors qu'il était animé des mêmes intentions.

Il faudra, enfin, que les Saoudiens participent à une vraie négociation qui ira au fond des choses. A ce titre, toute initiative qui ne reprendrait pas les pourparlers, là où ils ont été abandonnés à Camp David, n'aurait aucune chance réelle d'aboutir et se solderait pas une nouvelle perte d'influx diplomatique et, vraisemblablement, par une nouvelle augmentation du seuil tolérable de violence. Si Abdallah est un prince sérieux, il aura intégré toutes les variantes à son équation moyen-orientale et il présentera au monde un breuvage savamment étudié, afin qu'il rende l'espoir aux habitants meurtris de cette région. Sinon, eh bien, nous saurons au moins qu'on a voulu nous faire boire une piquette !

   

                                           


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