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Monsieur le Président


   

 

 

       Seules les petites filles et les femmes amoureuses peuvent se permettre de tutoyer, ignorant hiérarchies, titres et grades.   Comme dans les contes, comme le prince que toutes attendent, espèrent, tu as débarqué un beau matin, hardi cavalier, sur ton pur-sang. Tu venais ravir à l’autre, le colonisateur, ta belle, ton amour, ton pays. Comme tous les mâles, tous les séducteurs, tu as un peu menti, un peu triché lorsque tu galopais, non, tu n’étais pas un cavalier émérite, derrière toi, un homme qui n’apparaît sur aucune photo tenait les brides. Mais, chut, c’est un secret, les hommes on le sait bien doivent faire la parade pour séduire la belle…

      Tu es arrivé, autoritaire et cajoleur, un peu macho, un peu petit garçon. Tu avais dans l’azur céruléen de tes yeux, l’immensité du ciel et ton sourire conquérant portait tous les espoirs du monde. Tu l’as aimé comme on aime une femme, ton pays, avec tendresse, avec passion, avec violence, avec outrance.

      Tu as arraché, à la femme effarouchée, le voile blanc derrière lequel on la cachait, comme tu as arraché le voile de honte, de peur d’humiliation qui recouvrait ton pays. Tu lui as dit avec ton sourire désarmant  convaincant, enjôleur, qu’elle était trop belle pour se cacher, que son corps svelte et altier lui appartenait. Tu as bousculé us et coutumes, la belle, tu la voulais libre. Tu lui as donné une place qu’elle n’avait encore jamais eu dans le monde arabo-musulman. Tu lui as ouvert les portes, toutes les portes du savoir et de la connaissance, et les portes du plaisir. Elle a enfin pu tourner a l’infini les pages des livres, laissé l’écume des vagues salées lécher sa peau et la lumière du soleil jouer avec.        

      Tu n’as pas eu peur d’être innovateur et, tu n’avais aucune haine envers l’ancien rival. Tu étais assez lucide pour reconnaitre ses qualités à l’autre, l’Occidental que tu venais de chasser. Il avait dit, Liberté, Egalité, Fraternité, tu as cueilli ce bouquet et tu l’as offert à ta belle.

      Tu le savais que cette femme,  que tu aimais avec l’ardeur de la jeunesse, dont tu caressais la courbe gracieuse des hanches, le fuselé ferme des cuisses, l’insolente gorge était  aussi très vieille et tellement métissée. Tu savais que d’autres avant toi l’avaient aimée, caressée, désirée et parfois violée. Ta Tunisienne au regard de braise, à l’ondoyante chevelure, avait elle aussi la mémoire de ce passé qui l’avait façonnée. Fière et altière, elle avait connu la liberté et ne portait pas encore ce voile que tu viens de faire glisser avec autorité, laissant voir cette peau mate et soyeuse de phénicienne, de berbère, de carthaginoise, de romaine, de juive, d’arabe, de sicilienne, de calabraise. De ces femmes qui vibrent, qui vivent en elles, Monsieur le Président, tu en as fait une femme libre. Tu lui as offert un avenir en lui restituant son passé.

        Par sa position géographique sur les rives sud de la Méditerranée, au Nord de l’Afrique, ton pays était déjà précurseur, annonciateur de ce monde de métissage qui est le nôtre aujourd’hui. Tu savais que seule la femme était capable de préserver ses trésors du passé et de se tourner vers l’avenir. A chaque naissance, à chaque vie qu’elle donne, elle pense à un lendemain meilleur. Mais, cette nouvelle vie, elle la berce avec des chants venus des fonds des temps.

      Fille du bord de mer, elle en a vu des bateaux venir, partir, accoster, lever les amarres. Elle a vu une de ses sœurs, la belle Elyssa, escortée de ses hommes débarquer, fonder Carthage et devenir Didon. Elle a vu la grandeur d’Amilcar, d’Hannibal. Elle a vu les Romains maudire Carthage et la couvrir de sel, les dhows arabes mouiller dans ses ports. Elle a vu des marins phéniciens, grecs, romains, espagnols, ottomans, italiens, français, mais elle, elle restait toujours à quai. Le temps impitoyable destructeur n’avait pas de prise sur elle. Elle gardait sa peau ferme, son corps royal et une éternelle jeunesse, alors jaloux, le temps aidé et secondé par les hommes s’est vengé. Il l’a voilée, éclaboussée par cette beauté qui le défiait, il l’a masquée. Et, toi, Monsieur le Président, avec tes brassées de jasmin, tu lui as appris à cette fille de marin qu’elle pouvait, elle aussi prendre le gouvernail. De cela Si Habib, merci.

                                                                   Monique Zetlaoui      

 

           

 

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