LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

JACOB LELLOUCHE

SIXIEME NUMERO : 21 AOUT 1999

L'équation 


Hier matin, j'étais au marché, et au milieu des tomates, des poivrons, des citrons, pastèques, menthe et courges dont les couleurs et les odeurs ne peuvent que vous inspirer des pensées poétiques, je croise un troupeau de Z'Hippos venu durant quelques jours oublier leur grisaille, leurs angoisses, leurs boîtes à lettres, leurs huissiers, leurs banquiers, etc...

Ici et pour quelques jours, ils vont parler en millions comme d'autres parlent en grec, ici et pour quelques jours, ils sont milliardaires comme d'autres sont rousses, et alors?...
Ils sont d'autant plus riches que la vie leur paraît si peu chère, ... sauf lorsqu'ils doivent payer!...

S'ils s'adressent à vous, ne leur répondez pas. Ils se sentiraient obligés de vous dire qu'ils habitent Paris XVIème ou Neuilly sur Seine, (à ne pas confondre avec sur Oise). Ils se sentiraient obligés de convertir leur facture en dinars pour lui donner plus de poids. Ils rêvent de convertir leurs dette en Fortune Personnelle. Ils sont d'ailleurs prêts à tout convertir, même la femme qu'ils aiment, mais pas celle que leur meilleur ami va épouser...

Observez-les avec un peu de recul, nos nababs tombent le masque dès qu'il s'agit de payer... Tout se négocie, le petit cendrier en terre cuite, le tapis souvenir, le couscous, la main de Fatma et même celle de ma soeur, le service de table, (il faut bien compenser le coût du supplément de bagage !). Comme tout est cher, et pourtant ça ne devrait pas compte tenu du prix bas des matières premières ! L'argile est abondant, les moutons et leur laine également...

Certes, si l'on fait abstraction des taxes, charges et autres loyers, et surtout d'un élément que tous nos amis semblent oublier en débarquant ici ... LE TRAVAIL ! !.... Mais quand on aime, on ne compte pas ! !

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