“ LA JAMBE DE JACQUES “.


J e tiens de ma mère cette histoire véridique..
Les Taieb sont des amis de longue date .Mariés sans enfant ,Jacques est retraité depuis une bone dizaine d’année .Un jour, il se plaignit de sa jambe gauche à sa femme.

“Yà Georgette .......sakki toujjà fié ......”
Dis Georgette .......ma jambe me fait mal!”

“Barrà chouff .......Berrébi.?.....téwè yattik harbouchà....”
“Vas voir le Dr.Berrebi ?.......il te prescrira une pilule”
Le bon M. Jacques rendit visite au médecin qui, devant l’ampleur du mal lui conseilla d’aller à l’hôpital. Son mal était sérieux.
Là bas, on lui prescrivit quelques anti-douleurs et........si cela ne va mieux il va falloir amputer .
Retour à la maison.
“Yà....Georgètte .......fél sbittàr .......dabrou yalliè béch en kôss tarf mèl saki ......téméchi èl dbarà lajijè.....!”
“Hè Georgette ..........à l’hôpital ......on m’a conseillé de couper un morceau de ma jambe .......tu t’imagines quel bon conseil on m’a donné.”
“Mè tehchébèmch .........jméiyà mébèl.”
“Ne les compte pas, c’est une bande de dingues”
La douleur, malgré le traitement, devenant insupportable, notre brave Jacques, dû se résigner à être amputé d’une partie de sa jambe à hauteur du genoux.
“Ezdèllék ..........hènnè baddè chouwè nakkéss.....ou zid kassoulli tarf mèl zèbi.. “
(“Tu te rends compte ......moi déjà je suis diminué (léger) mais en plus on m’a coupé un morceau de ma qu....)
Notre ami Jacques était connu à la Goulette pour être un homme plein d’humour et surtout jovial.
Quelques jours ont passé, le mal empirant, notre bon ami, sur les conseils des “fous” de l’hôpital dû se résigner. On amputa l’autre morceau de sa jambe. On lui offrit “un trépied “(béquille) pour garder l’équilibre.
“Chouff mahlèni yà Jini .......bel béquità”
“ Regardes Jini. comme je suis beau avec ma béquille”
Malheureusement, le destin cruel, s’acharnant sur notre ami, fit que ce dernier trépassa au grand désespoir de sa femme.
Notre “Gini” à présent seul vaquait à ses occupations au quotidien avec lassitude.
Un jour, alors qu’elle cuisinait une bonne “bsal ou loubià”, (oignons et haricots)on tapa à sa porte.
Elle ouvrit. Devant elle se tenait un grand monsieur, vêtu de blanc avec dans ses bras un grand colis. Le monsieur.
“Banjour ......madame .....enti madame Taieb ?”
“Bonjour .....madame .....est-ce vous .............?
“Eye ......yà ouldi ....moulàbéch....?”
‘Oui......mon fils ....qu’est ce qu’il y a “
Le monsieur “Jébtèk coulli.....”
(Je vous apporte un colis)
La dame un peu étonnèe :
“Coulli ?.........mè yendi héd hénnè fèl dénià hédi...! “
(Un colis.......mais je n’ai personne en ce monde!)
Le monsieur
“Jebtlék .......sàk tà rajlèk....nchèwou i hatoua fel sèndouk..... ( Je t’apporte la jambe de ton mari .......car ils ont oubliè de la mettre dans la caisse.)
La dame presque suffocante, se tenant la tête et en levant les yeux au ciel/

“Ouyallièèèèèèèèè..........Jacques mchè bléchi sââââk... kiffèch béch yamèl rhgèdiîiiiiiiiiik ???? Yà Rabbiiiiiiii “
(Pauuuuuuuvre de moi .........On a enterrè Jacques sans son pieeeeeeed ......comment vas t’il faire là-baaaaaaaas ......Mon Dieeeeu;)
Il y a de ces destins malheureux dans les hôpitaux qui ne méritent pas qu’on en rit. Mais connaissant Jacques et sa bonne humeur, cela m’étonnerait qu’il se fâche de moi. Il me le dira certainement un jour.

Albert Simeoni

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