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J.O’Dawan , confidences


   

  « Concilier la maladive paresse , le pathologique souci de toujours attendre le dernier instant pour entreprendre un quelconque travail , exécuter une quelconque obligation avec le désir de qualité que l’on devinerait plus aisément chez un individu méticuleux et organisé me mettait dans un état d’agitation et de fébrilité , parfois de massacrante humeur , dont mon entourage se devait de faire les frais au point de ne plus porter la moindre attention à ces crises répétées , plus importantes généralement voire quasi systématiques le dimanche veille du jour où la rédaction devait être rendue avec 3 carreaux de marge , avec introduction , développement et conclusion obligatoires sur des thèmes aussi proches de mon quotidien que pouvaient l’être une journée à la chasse ou à la campagne , une visite aux vitrines de Noël ou autres vacances à la montagne ».

 

Ainsi parlait J.O’Dawan …

 

Difficile de savoir pourquoi il ressentait parfois ce besoin de livrer un aspect intime de sa personne comme s’il voulait rappeler qu’en dehors de ce que la vie avait fait de lui , une part profonde de son être était restée intacte.

Plus tard lorsqu’il atterrira en France , que petit à petit , insidieusement , les images d’avant commenceront à s’estomper pour laisser place au gris des jours , aux pluies réfrigérantes des successives journées d’hiver , aussi bien un peu plus tard  avec le printemps pas toujours très

réussi , tel que petit à petit à la longue et ayant soigné sa dépression seulement avec médicaments et sans entretiens hebdomadaires ,  il retrouvera dans son comportement , là , en France , un peu de ce qu’il nommera « le syndrome du dimanche » tel qu’il l’éprouvait , enfant à la veille des remises de rédactions mais cette fois pour des remises de feuilles d’impôts ou autres déclarations dont il aura attendu la dernière seconde pour s’en préoccuper avec l’anxiété familière , au point de penser , mais ce sera encore plus tard , que peut-être en Amérique c’est différent - mais il ne faut pas exagérer et tout dévoiler d’un coup !

En tout cas Tunis n’est pas la France ; c’est un protectorat certes mais il n’est pas forcément obligatoire d’y trouver les mêmes choses exactement que dans le pays protecteur ; donc c’est possible qu’on n’y trouve ni campagne , ni journées de chasse , ni vitrines de Noël ni montagne ( on reviendra bien sûr sur cette histoire de montagne car il nous faut comprendre quelle énorme contradiction se forgea dans son esprit , lui qui chaque matin  au réveil , chaque soir  au coucher , avait les yeux rivés sur cette masse de terre impressionnante qui venait interrompre brutalement la douce ligne d’horizon dessinée par les rivages d’Hammam-lif ) .

Prenons par exemple la journée de chasse : la chasse consistait certainement pour lui en ces quelques poulets qu’Emile D. venait annuellement sacrifier selon un rituel ancestral qui avait pour but de transférer sur les pauvres volatiles l’ensemble des fautes commises tout au long de l’année par chacun des membres de la famille. En temps normal il aurait fallu une vraie basse-cour ( et même ce mot il ne le connaissait qu’à travers les livres d’école ; il connaissait la cour , oui , mais la basse-cour , enfin passons ) pour effacer tous les mensonges à sa mère sur les mauvaises notes au lycée , sur les mauvaises rencontres , sur les visites aux rues interdites .

La chasse consistait pour lui en ce si gentil pigeon qui passait , une patte attachée à la ficelle , l’autre extrémité de la ficelle attachée au robinet , deux ou trois jours dans la baignoire avant qu’à nouveau le sacrificateur devenu un familier de la maison ne vienne accomplir le rituel d’usage qui allait donner à cette fête des garçons toute la dimension qui permettrait d’atténuer puis de voir se dissiper définitivement le chagrin causé par le départ de l’hôte de la salle de bains , haut lieu de la gastronomie festive puisque c’est là aussi que se déroulerait quelques semaines plus tard l’immense cérémonial des grillades . 

La grande difficulté consiste à retrouver un peu au moins de la chronologie des événements car je ne dois pas cacher avoir un mal fou à établir un lien entre ce fameux départ sur le Bou-Kornine et l’histoires des poulets c’est pourquoi soudain me revient en mémoire cet épisode qui suivit  le départ de la maison , glacial , sans un mot , sans une larme , sans un cri , à se demander s’il ne s’agissait pas d’un faux départ comme cela lui arriva plus tard mais dans des histoires de disputes avec sa femme ou pour faire peur à ses enfants quand ils ne voulaient pas manger . Cela dit , lui , dans ce souci qu’il avait de toujours être un peu en contradiction avec les autres et de vouloir être différent genre remarquez-moi , n’avait pas été plus docile avec sa propre mère au point de la voir se sentir obligée de se déguiser une fois en loup-garou , une autre fois en sorcière , une autre fois en voisine et même une fois et une seule en agent de police , seulement une seule parce que ça aurait pu faire des histoires avec son propre mari .

 

-         Mange ! lui disait-elle , et il ne mangeait pas

-         Mange ! lui disait-elle , et une autre fois il mangeait

 

« C’est une personnalité complexe et ambiguë » aimait à répéter le Docteur Co , gourou de la famille , dont chaque sentence , fut-elle répétée pour la cinquantième fois était perçue comme parole de nouveauté , de vérité bien-sûr et d’éternité surtout .

C’est fou comme toutes les fois que j’essaie de le raconter sur sa montagne il s’échappe soudain comme pour se retourner une fois encore vers ces jours d’enfance , comme s’il insistait pour que soit évité cet épisode de sa vie , alors que son unique souci est de se former , de se forger , de réaliser son propre destin mais il ne faut pas oublier qu’il est encore très jeune et qu’on ne lui a pas encore fixé d’âge définitif d’autant que ça évolue sans cesse . 

 

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