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CLAUDE TAIEB


   

L'article paru dans Tribune Juive,   Numéro 1289 du 7 juillet 1994
Message urgent adressé au Grand Rabbin de France
Il faut réparer un Hilloul HM gravissime.
Prière répondre à ces deux questions:

1/ Dans la Bible du Rabbinat, Exode 3,3, s'est glissée une monumentale erreur de traduction. Laquelle?

2/ Pouvez-vous, Monsieur le Grand Rabbin, confirmer ou éventuellement démentir, l'information selon laquelle le génitif de Zeus serait Dios, lequel a donné Dios, Dio et Dieu?
Pouvez-vous me dire pourquoi mon fils doit lire dans un livre juif que Zeus a créé le ciel et la terre?

Je vais vous raconter une histoire.

Un jour, je me promenais, et j'ai vu quelque chose d'extraordinaire.
Et là, j'ai entendu une voix, et je lui ai parlé, et elle m'a répondu, et comme j'étais craintif et respectueux, j'ai cru que c'était Dieu.
Vous comprenez quel danger j'ai couru.
J'étais à deux doigts d'être fou.
Heureusement, j'avais à peine avais commencé à dire: "Mon Dieu..."que la Voix m'interrompit et me dit:
"Je ne m'appelle pas Dieu."
Et là je fus guéri de ma folie et je pus retourner parmi les hommes.
Effectivement je n'avais pas parlé à Dieu et Dieu ne m'avait pas répondu.
Si l'enjeu de cette question échappe à certains, je serais heureux qu'on me donne l'occasion de l'expliciter.
Le règne de Dieu prend fin aujourd'hui et nous, Juifs, nous sortons de l'emprise romaine.

LETTRE AU PAPE

Je suis un enfant de la colonisation. C'est à dire à la fois victime et heureux bénéficiaire de la conquête de mon pays par une grande civilisation.

L'histoire est remplie de ces visites dont vous honorent vos voisins.

Parfois, comme le raconte Eduardo Galeano dans Les veines ouvertes de l'Amérique Latine, ces visites sont une brutale agression, un épouvantable crime, et parfois, comme ce fut le cas en Tunisie, vous avez la chance de voir débarquer chez vous un
poète qui vous fait aimer Bach.

Je remercie le ciel de m'avoir fait naître au bon moment. Le lycée Carnot était un magnifique établissement et la qualité de l'enseignement dispensé nous a permis, malgré le terrible soleil africain, de rivaliser avec nos camarades de Henri IV ou de Louis
le Grand dans d'épiques concours généraux.

Non, je ne suis pas dupe de cet échange de bons procédés. J'ai servi l'Empire, et il n'a pas été avare puisque non seulement il me compte aujourd'hui parmi ses citoyens (naturalisé, on dit, j'espère que son intention n'était pas de m'empailler) mais il m'a permis de choisir mon métier, la vie que je veux mener et m'a même, avec une
étonnante générosité, une assurance surprenante, confié des tâches assez importantes.

Le métier que j'ai appris me permet de dire aujourd'hui que l'Empire est malade.

Venant, comme André Chouraqui, de ces zones troubles où s'affrontent, se fécondent, se dissolvent nos identités juive arabe et occidentale (ou chrétienne), j'ai été très tôt frappé par l'importance des facteurs culturels et identitaires dans les différentes formes
de pathologie que j'observais, tout comme mon éminent collègue Tobie Nathan.

Le génie de Lacan nous a apporté une formulation universitaire de ce que nous avions toujours su, c'est que le signifiant nous construit, nous habite, détermine et explique nombre de nos comportements, de nos mystères.

Lacan est allé même jusqu'à proposer un mécanisme d'explication de la psychose par une aberration fonctionnelle siégeant en un point précis de l'édifice psychique, ce point étant un signifiant-maître, le "nom du père".

Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'étayer mon affirmation. La maladie de notre civilisation est telle que certains préfèrent la nommer syphilisation.

Les manifestations de ce mal se sont tellement étendues, diversifiées, que nous sommes contraints à l'indifférence, à l'anesthésie, à la distorsion de nos perceptions pour pouvoir continuer à vivre sans devenir tout simplement fous (ils y en a tout de même qui ont ce courage).

Ma thèse est double.

D'abord, je me suis appliqué depuis des décennies à construire des passerelles, qui sont devenues des ponts, entre les thérapies individuelles et les thérapies de groupes.

Rien n'empêche de soigner une civilisation, une société.

Ensuite, je pense qu'un des symptômes de ce mal est le morcellement, la dissociation, au sens où on l'entend dans la schizophrénie:



"Cette désagrégation peut se définir comme un désordre discordant des phénomènes psychiques qui ont perdu leur cohésion interne. On parle aussi de dislocation (Spaltung, en allemand) pour désigner ce trouble fondamental."

(Henri Ey. Manuel de Psychiatrie.)



D'où cette question fondamentale.

Qu'est-ce qui divise aujourd'hui Juifs, Chrétiens et Musulmans? (pour ne parler que des fils d'Abraham)

Qu'est-ce qui fait qu'ils ont perdu leur cohésion interne, qu'est-ce qui les disloque?

La réponse est étonnamment simple, au moins dans sa formulation.

La lire, la comprendre, c'est une tout autre affaire.

C'est Dieu.



Pas étonnant diront certains, c'est le maître du monde et rien n'arrive qu'il ne l'ait décidé.

Idiot diront d'autres, Dieu n'existe pas.

Aussi, pour éviter d'oiseuses querelles, je précise tout de suite que je parle du signifiant "Dieu".



"Saint François Xavier arriva au Japon en 1550 pour convertir les insulaires. Il lui fallait de toute urgence un nom japonais pour leur annoncer le vrai Dieu qu'ils devaient adorer. Son interprète, un Japonais récemment devenu chrétien, dès qu'il comprit son
problème, lui suggéra une solution: Daïnitchi. Or, ce nom, dans le bouddhisme, désigne Bouddha identifié au Grand Soleil. Dans la prédication de saint François Xavier, «Bouddha Grand Soleil » créait les ciels et la terre, parlait à Adam, à Abraham, à Moshé,
à Jésus... Les auditeurs de tels prêches avaient de quoi être surpris. Notre missionnaire s'aperçut de la confusion, élimina le nom de Daïnitchi de son discours et le remplaça... par quoi ? Pour ne plus se tromper, il choisit d'appeler Élohim du nom qui lui était donné
à la fois en latin et en portugais: Dominus Deus. Mais ce nom, chaque fois qu'il le prononçait, soulevait l'hilarité de ses auditoires. Il finit par comprendre sa seconde erreur, plus grave que la première: Dominus Deus prononcé à la portugaise signifiait en sino-japonais Gros Mensonge. Cette fois, ce n'était plus Bouddha mais le Gros
Mensonge qui se révélait à l'humanité, d'Adam à Jésus!"

(André Chouraqui. L'amour fort comme la mort.)



Pourquoi, alors que le français (langue admirable, langue qu'il faut défendre contre l'abêtissement qui l'assaille de tous côtés) a choisi de poser la question de cette façon: comment t'appelles-tu? comment s'appelle-t-il? pourquoi traduisez-vous les noms
propres, pourquoi ne laissez-vous pas à Sitting Bull, à Jésus, leur nom?

Pourquoi avoir choisi "Dieu" qui n'est rien d'autre qu'une des formes grammaticales de Zeus?

Tout comme d'ailleurs God n'est qu'un des avatars de Wotan.

Pourquoi sinon parce que nous sommes toujours dans cette civilisation gréco-romaine, sous ce ciel peuplé de planètes comme Jupiter, Mars ou Vénus, que nous traversons le temps de notre semaine avec ces mêmes pensionnaires de l'Olympe, que la lettre juive est restée dans son enveloppe, et que je me demande si l'accusation fondamentale de l'Eglise envers les Juifs (ne pas avoir reconnu la messianité de Jésus) n'est pas tout simplement une projection (au sens psychanalytique du terme) sur un bouc émissaire de sa propre trahison.



Oui, si le Sauveur est déjà venu, les Juifs veulent le savoir.

Oui, si le Pape m'entend, s'il veut bien que je m'adresse à lui, je lui dirais ceci.

Si un inconnu peut te parler, si tu réponds aux humbles, alors je n'ai pas besoin de ce détour immense et comique dans lequel je me suis engagé. Inutile d'être Grand rabbin de France pour demander au Pape qu'il me fasse connaître Jésus, lui, son enseignement, et sa bonne nouvelle.

Mais n'oublie pas que je viens du peuple du Livre, du peuple de la Lettre, et que je ne crois pas au Père Noël.

Jésus disait-il "Dieu" en s'adressant à son Père?

Et si tu te demandes, comme Saint François Xavier, comment tu vas Le nommer, sache qu'Il a plusieurs noms, mais que ta question Lui a déjà été posée par Moshé (et non pas Moïse):



" Mais s'ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je?"

(La Bible. Traduction de Louis Segond.)



Tu trouveras ce passage dans Noms (et non pas Exode) 3, 13.

Et si tu veux quelque chose de plus court, rien ne t'empêche de faire comme nous, et de L'appeler tout simplement "le Nom" (HM.).

 

Paru dans TENOUA

Revue des libéraux du rabbin Daniel FARHI

Numéro 49 de décembre 1988



A DIEU



Un voyageur interstellaire débarque sur une planète lointaine nommée Olma.

Là aussi il y a des Juifs, là aussi ils ont servi d'intermédiaire et de bouc émissaire, là aussi Rome domine le monde, et les Juifs doivent lutter pour préserver leur identité.

Il est, comme il se doit, invité à passer Shabbat chez le Rav du coin.

Et là, on lui enseigne que Jupiter a fait sortir d'Egypte les enfants d'Israël et qu'il a donné la Torah à Moïse sur le Sinaï.

N'en croyant pas ses oreilles, il se précipite sur des livres et s'aperçoit que, par respect pour le Nom, on a écrit J.piter.



Puis, cet homme se réveille, et cherche à comprendre le sens de son rêve.

Il se demande: qui est Dieu?



Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour avoir la réponse: Dios, qui a donné Dios en espagnol, Dio en italien et Dieu en français est tout simplement le génitif de Zeus.



Et voilà dans quelle situation nous sommes.

Voilà que Manitou dans sa traduction de la Haggadah, voilà que la Bible du rabbinat, voilà que les papiers distribués par les Loubavitch, voilà que le sermon du grand rabbin, voilà que les écoles juives, voilà que les parents, voilà que les enfants, voilà un peuple entier, opprimé, brisé, décimé, voilà quelques rescapés, voilà la lumière d'Israël enrôlée sous la bannière de la plus célèbre des idoles grecques.



Difficile de digérer l'énormité d'une situation pareille.



D'ailleurs, jusqu'à ce jour, toutes les réactions des autorités spirituelles ont été unanimes: c'est impossible!



Il est impossible d'imaginer que le peuple juif puisse un jour chanter la gloire de Jupiter, il est impossible qu'il puisse offrir des sacrifices à Zeus, et, en disant Dieu, personne, absolument personne ne pense un seul instant à ce personnage dont je ne prononcerai même pas le nom.



Ah, décadence d'une brillante intelligence! Ah, essoufflement d'une conscience écrabouillée par l'histoire!



C'est vous, vous qui nous enseignez que le monde a été créé par le Verbe, par la suprême perfection d'une combinaison de lettres, c'est vous qui dites qu'un nom propre n'a aucune importance!



Quelque chose m'intrigue pourtant. Tous ces gens n'accepteraient jamais de nous dire qu'Israël est la fiancée de Jupiter, cette seule idée leur ferait horreur et ils seraient prompts à démasquer la supercherie qui se cacherait derrière Jupimer ou J.piter.
Comment se fait-il que Zeus, à peine voilé ait réussi à les mystifier, à les égarer?



Une fois surmontée la phase d'affolement, une fois retirée la main qu'on a mise devant les yeux, on se demande quelles sont les répercussions d'une telle erreur, on fait le bilan des dégâts.



Depuis notre plus tendre enfance, on nous dit que Hashem, Adonaï, El, Elohim, Shaddaï, Hammakom (je demande pardon pour mon irrespect mais je trouve excessif le "Adobaï"de mon vieil oncle), tout ça c'est Dieu.



C'est à dire qu'on nous a enseigné que Zeus avait raflé tous les attributs, toutes les formes perceptibles de, de Qui au fait?



Le pire c'est que même quand on a bien compris qu'on s'est fait avoir, c'est pas évident de penser autrement. Faites l'essai, vous verrez que cette idée-idole ne se laisse pas déboulonner comme ça.



Nous ne sommes pas encore sorti de l'exil, nous sommes encore "églisés".



Cet Occident romain nous a habitués, anesthésiés au crime que représente la modification du nom. Depuis Jésus jusqu'à Sitting Bull, la liste est longue de ces effacements d'identité qui préludent aux exterminations.



Pourtant ce même Occident est immédiatement sensible à la perversion qui consisterait, pour un groupe qui se veut fidèle au marxisme, à se réclamer de Karl Farx et on imagine mal le nom de Victor Hugo traduit en William "Baulkner" par exemple. On peut même aller jusqu'à se demander quelle serait la position de l'intelligentsia française si les Palestiniens portaient leur nom de Philistins.



La réponse la plus extraordinaire, celle qui me laisse sans voix, c'est ce qu'on entend parfois:



- Quelle importance qu'on l'appelle Jupiter ou Tartempion? nous savons très bien qui c'est.



En somme, pour désigner la liberté, on pourrait choisir un mot quelconque, esclavage par exemple, l'important étant de savoir ce qu'on dit.



Là je passe le relais.

(suite).





Notes.

(1). A propos de cette "Bible", relisez Exode 3 versets 2 et 3 et comparez avec l'original.

(2). Nous nous sommes placés dans la langue française, mais God ou Gott ne sont pas plus innocents puisqu'ils désignent Wotan.


Le Talmud



Il y a dans ce Talpud qu'on pourrait aussi bien appeler Kalbass, ou Pourna, dans un traité enluminé, dans des caractères démodés, entre les vers qui ont tout bouffé, il y a l'histoire de l'Israélien et du Palestinien, il y a l'histoire de Justinien, il y a des chiens.

Mais comment sais-tu qu'il ne voit rien? Je le sais parce que j'ai écrit sur une ardoise "ATTENTION ", que je la lui ai mise sous le nez, et que ça l'a pas empêché de marcher sur la crotte que tu tenais.

Pardonnez! pardonnez! s'enflamma le Rabbi aux yeux masqués, cet homme était un Japonais!

D'où le tiens-tu? lui répliqua le jeune Rav Yabès.

Je le tiens de mes maîtres, lui répondit le Rabbi aux yeux masqués, si tu avais étudié, tu le saurais! La légende rapporte qu'on l'appelait le Rabbi aux yeux masqués parce qu'une fois il avait essayé de s'approcher du buisson que Moïse avait dessiné, et que sa rétine
fut blessée.

Alors, Rav Jungson se leva: je viens d'apprendre, dit-il d'une voix tremblante, je viens d'apprendre que Massada est tombée.

Rabbi Akiva, lui, souriait. Lui, qui avait eu un jour l'immense privilège d'avoir Moise comme élève, lui savait, et savait qu'on raconterait, l'histoire du chacal, et celle du soulier, l'histoire de la veuve, l'histoire du pain.

Mais Rav Yabès insistait: pourquoi nous rappeler cette triste affaire? Nous leur avions bien dit de ne pas résister. J'insiste pour que mon interlocuteur me réponde: qu'est-ce qui lui permet de dire que l'homme était un Japonais?

Et comme cela arrive souvent dans le Talmud, la partie se termine sur un match nul, la question reste ouverte, le noeud sera tranché le jour où le Messie sera arrivé, quand il se mettra à réparer les filets, pour les pêcheurs de Galilée. (Saint Claude. Epître aux Chrétiens.)

Pardonnez leur, ils ne savent pas ce qu'ils sont. J'ai voulu faire ce que je voulais, mais je n'ai pu faire que ce que je pouvais. J'ai écrit: je rêve d'avoir ce que j'avais quand je rêvais d'avoir ce que j'ai, et ça ne m'a rien rapporté. Je suis allé danser, et je me suis fatigué. J'ai appris le français, et voilà ce que je fais. En tout cas, y a pas de quoi se marrer! Je suis désolé, je suis très bousculé, j'ai un boulot monstre, je suis débordé, je l'ouvrirai quand j'aurai à qui parler. J'ai des tonnes de papiers à classer, j'ai tout le Malmud a rédiger. je vous écrirai, c'est ça, et moi aussi, ne manquez pas d'embrasser
Ernest, merci, oui, oui, nous viendrons, c'est promis, ça y est, ils sont partis, tu viens, Louise, je suis épuisé, rentrons, je t'ai préparé un bon café, viens donc, Louise, mais que fais-tu? Pourquoi me tires-tu le bras? Tu veux que je vienne, c'est ça, n'est-ce pas,
Louise, tu veux que je te suive. Pauvre Louise, elle était devenue mongolienne à la suite d'une chute que fit sa mère le jour même ou elle épousa mon père. Louise est ma fille bien sûr, quelle question! me soupçonneriez-vous d'adultère par hasard? Je suis une femme honnête, ne vous déplaise, oh, vous ne me direz pas le contraire, j'ai bien vu comment vous lorgniez vers mes seins, bein oui, ils sont beaux mes seins, et mes reins aussi, si vous voulez le savoir mais Madre de Dios, que la Vierge me foudroie si je continue à deviner ce que vous pensez, je ne veux pas vous entendre, partez! partez!

Et le Talmud continue, sur des kilomètres et des kilomètres, fleuve de vie, écheveau d'avis, partagés, disputés, rognés, pressurisés, encapuchonnés, tournebiscottés, plein de tourments surprenants, plein d'arrogance suave, arrosé d'essence noire, acte de foi inquisitoire, brûlé sous la robe de Jeanne d'Arc, le Talmud de mes études, mon insouciance confiante.


VICTOR HUGO

Docteur Françoise est dans son bureau. Avant de faire entrer le patient, elle consulte son dossier. Peu de détails sur les antécédents, cet homme semble avoir eu une conduite irréprochable. Il a été conduit au dépôt à la suite d'une manifestation au cours de laquelle il distribuait des tracts. Françoise lit ce papier:





"Les uns étaient assis sur d'informes décombres;

D'autres, je les voyais quoiqu'un vent les chassât,

Terribles, agitaient des vestes de forçat;

D'autres étaient au joug liés comme des bêtes;

D'autres étaient des corps qui n'avaient pas de têtes;

Des femmes sur leur sein montraient les clous du fouet;

Des enfants morts tenaient encore leur jouet,

Et leur crâne entrouvert laissait voir leurs cervelles;

D'autres gisaient en tas ainsi que des javelles;

D'autres avaient au cou la corde du gibet;

D'autres traînaient des fers; un autre se courbait,

L'affreux plafond trop bas d'un cachot solitaire

Ayant ployé sa tête à jamais vers la terre;

Des vieillards, dont le sang coulait à longs ruisseaux,

Tiraient avec leurs mains des balles de leurs os;

D'autres touchaient leurs yeux crevés par les mitrailles.

D'autres avec leurs mains soutenaient leurs entrailles;

Innommables, meurtris, pâles, échevelés,

Tous, dans la nuit farouche affreusement mêlés,

Dressaient leur front, et ceux qui n'avaient pas de têtes

Elevaient leurs deux poings, et le vent des tempêtes

Soufflait, et derrière eux, accroupis, accablés,

On voyait un monceau de fantômes voilés,

Muets et noirs; c'étaient les veuves et les mères.

La rumeur qui sortait de ces ombres amères

Ressemblait au bruit sourd que les grands arbres font;

Et, devant la clarté qui flamboyait au fond,

Joignant leurs mains, tordant leurs bras, ils s'arrêtèrent.

Et, comme tous sortaient de la fosse, ils ôtèrent

La terre de leur bouche, et crièrent: Seigneur! "



Olma était quadrillée par les troupes mitlériennes. Nome, sa capitale, possédait un département capostolique, ayant à sa tête un Cape, siégeant au Datican, avec pour emblème la croit (la cloix,
la poix), Nome, cité des cirques, fondée par les fils de la douve, Nome dont Hugo disait:



Rome horrible chantait. Parfois devant ses portes,

Quelque Crassus, vainqueur d'esclaves et de rois,

Plantait le grand chemin de vaincus mis en croix ;

Et, quand Catulle, amant que notre extase écoute,

Errait avec Délie, aux deux bords de la route,

Six mille arbres humains saignaient sur leurs amours.







"Seigneur! Seigneur! Seigneur! Justice pour la terre!

Nous sommes les martyrs, nous sommes l'équité,

La loi sainte, l'honneur, la foi, la liberté ;

Chassés par les brigands que là-haut on encense,

Nous sommes la vertu, nous sommes l'innocence,

Que Satan forgeron frappe à coups de marteau.

Nous sommes ceux qu'on a liés au vil poteau,

Ceux qu'égorgea le sabre et que perça l'épée ;

Nous sommes le sang tiède et la tête coupée ;

Nous sommes ceux qu'on jette aux chiens, ceux que la dent

Déchire, ceux qu'on brise et qu'on foule, pendant

Que les vices lascifs et les crimes énormes

Au-dessus de leurs fronts chantent, géants difformes,

Nous crions vers vous, père! O Dieu bon, punissez!

Car vous êtes l'espoir de ceux qu'on a chassés,

Car vous êtes patrie à celui qu'on exile,

Car vous êtes le port, la demeure et l'asile ;

Les oiseaux ont le nid et les hommes ont Dieu.

Là-haut le meurtre seul est libre ; c'est un jeu

D'égorger les vivants ; le droit n'a plus de base,

Et le bien et le mal, comme l'eau dans un vase,

Sont mêlés, et le monde est en proie à la mort.

Au sud on tue, on pend, on extermine ; au nord

On élargit le bagne, on élargit les fosses ;

On coupe à coups de knout le ventre aux femmes grosses ;

Le glaive a reparu, hideux, comme jadis.

Dans Brescia, dans Milan, on a vu des bandits

Ecraser du talon le sein des vierges mortes ;

Des vieillards aux fronts blancs, massacrés sur leurs portes

Imprimaient à leur seuil leurs doigts ensanglantés ;

Et les petits enfants, du haut des toits jetés,

Etaient reçus en bas sur les pointes des piques.

Les mines de Tobolsk, les cachots des tropiques,

Cayenne, Lambessa, le Spielberg, les pontons

Sont pleins de nos douleurs! Seigneur, nous en sortons.

Nous nous nommons le peuple, et sommes une plaie.

Le genre humain saignant est traîné sur la claie.

Nous venons de l'exil, nous venons du tombeau,

Et nous vous rapportons l'âme, notre flambeau!

O Dieu juste, il est temps que votre bras nous venge.

 

FREUD ET L'HEBREU

Le sujet que nous allons aborder dans ce bref propos est d'une complexité et d'une étendue telles qu'il est hors de question de le traiter de façon exhaustive. Tout au plus essayerons-nous de donner un aperçu de travaux actuellement en cours et qui portent
sur Freud, son Ïuvre et le mouvement psychanalytique.

Nous dirons, de la façon la plus schématique, qu'il s'agit de savoir si, dans l'exploration de son propre inconscient, Freud n'a pas négligé un aspect fondamental de ce paysage, si son oeuvre ne s'en est pas trouvé gauchie, si ce défaut originel ne s'est pas perpétué dans l'ensemble des recherches sur l'inconscient, et enfin quels seraient les effets de cette méconnaissance sur la situation actuelle de la psychanalyse.



Nous rappellerons brièvement quelques données de base qui structurent l'espace de la démarche psychanalytique, en ayant soin d'éviter l'écueil d'une terminologie par trop technique.

La psychanalyse est dans son essence une science du caché. Le supplément d'information introduit par la formule caché à la conscience n'est qu'apparent, il recouvre une tautologie : à qui ou à quoi ces choses seraient-elles cachées si ce n'est à une conscience ? Nous verrons que le problème majeur qui se profile derrière cette
question est celui de savoir de quelle conscience il s'agit.

Mais ce caché qui intéresse la psychanalyse a ceci de particulier par rapport à l'immense étendue de ce qui est simplement inconnu, et qui fait l'objet d'autres disciplines scientifiques, d'être défendu par des barrières ou des obstacles que nous ne pouvons pas franchir (on sait que cette loi admet quelques exceptions). Ou, pour rester dans la métaphore spatiale, nous constatons dans ces zones un phénomène particulièrement surprenant : parvenons-nous à y accéder, que nous sommes alors frappés de cécité. Il se peut que la cause en soit la force aveuglante de l'évidence. Il existe en français une expression qui décrit assez bien ce paradoxe : on dit alors que "ça crève les yeux".

L'essentiel de l'effort de la psychanalyse porte sur les moyens de surmonter ces difficultés majeures. La perception directe étant impossible, la démarche psychanalytique va procéder de façon médiate. L'apparent et le caché, la surface et la profondeur sont en étroite relation. Les accidents du visible seront utilisés comme des
indices, comme des signaux venant de l'invisible.

Freud a longuement insisté sur la disproportion fréquente entre l'aspect insignifiant de ces indices et l'importance de leur source. L'ensemble de son Ïuvre est là pour nous rappeler que les grandes choses se cachent derrière les petits détails. Et on pourrait dire que l'essentiel des rapports entre le conscient et l'inconscient se joue autour d'une stratégie de la dissimulation (là non plus, nous ne sommes pas loin du pléonasme).

Nous nous en tiendrons là pour ce qui est de la mise en place des coordonnées fondamentales. En effet, outre qu'il est hors de propos de décrire ce que l'on trouve au-delà de ces limites de la perception, nous pensons que le paysage inconscient n'a aucune raison de rester toujours le même et que si, au moment de la découverte
freudienne, ce qui était dans l'ombre était surtout le sexe, il se pourrait qu'à une époque où la sexualité se promène toute nue au grand jour, cette zone d'ombre soit peuplée d'autres fantômes. N'est-ce pas ce que semble suggérer Daniel Sibony en commençant
ainsi son ouvrage L'Autre incastrable ?

"Quelqu'un me tint un jour ce propos amer : autrefois, quand on présentait à un analyste une "situation", un rêve, un nuage de mots, il lui suffisait de palper un peu la chose pour vous en sortir du sexe ; aujourd'hui, vous présentez la même chose à un analyste, il vous en extrait pompeusement un concept, une formule logique, un nÏud borroméen s'il est lacanien, ou une connerie quelconque s'il résiste à l'être."

.............

Revenons à notre problème et reprenons les termes de notre hypothèse première : il y aurait une zone qui serait restée dans l'ombre chez Freud et dans son Ïuvre. Quelque chose serait restée inaccessible à Freud dans l'exploration de son propre inconscient.
Cette zone aurait gardé son obscurité tout au long de l'évolution du mouvement psychanalytique. (Notons qu'a priori, rien n'empêche d'émettre une telle hypothèse. Au contraire, c'est là le genre de préjugé dont s'arme tout analyste au seuil d'un travail de recherche).

Si tel est bien le cas, alors on peut affirmer que des forces très importantes ont détourné Freud de cette région. On peut en outre avance que ce sont ces mêmes forces qui ont empêché la multitude d'explorateurs qui l'ont suivi de s'en approcher. On peut enfin être sûr que de telles forces vont avoir des effets décelables, analogues à la modification de la trajectoire d'un corps céleste. Car, de même qu'en constatant une perturbation de l'orbite d'une planète, on est en droit de supposer la présence d'une masse responsable de cet effet, de la même façon, lorsqu'on constate une perturbation du fonctionnement analytique, un trouble de la logique, un oubli, on peut penser que quelque chose en est responsable.

Nous allons donc adopter cette méthode d'observation au cours de notre recherche.
Nous allons relever une certain nombre de détails étranges, surprenants, incohérents, illogiques, à la fois chez Freud et chez ses exégètes. Et nous allons avoir la surprise de constater une convergence de tous ces phénomènes vers un noyau central.



Reprenons le texte de D. Sibony et lisons la suite :

"... Je ne répondis rien (que répondre ?), mais je me fis la réflexion qu'au point où nous en sommes, on aurait tort de négliger quelque piste que ce soit, "sexuelle", logique ou topologique, qui puisse nous orienter vers ce que c'est que l'inconscient, dont nous ne
savons pas encore ce qu'il est..."



Soulignons ce "point où nous en sommes" dans lequel nous lisons un certain désarroi.
Serions-nous perdus ? Quelle direction prendre ? Cette perte du sens de l'Orient est, nous le verrons, en relation étroite avec notre zone d'ombre.



Un autre auteur, Marie Balmary, semble avoir aussi conscience que la psychanalyse est devenue un labyrinthe dans lequel nous nous efforçons de retrouver notre chemin :

"La psychanalyse est un édifice où des questions se posent à tous les étages. Mais l'architecte est mort. Il ne nous reste rien d'autre à faire que de descendre nous-mêmes dans les fondations et d'essayer de comprendre. Ces fondations, ce sont la vie et l'Ïuvre
de Freud lui-même et l'articulation entre les deux ...

Et pourtant, comment trouver du nouveau dans ces lieux tant de fois visités par tant de gens ? Descendre dans les fondations de la psychanalyse, tel est bien notre projet, mais par où ? Quel fil d'Ariane nous guidera ?"

(L'homme aux statues)



Arrêtons-nous un instant et voyons où nous en sommes. Nous cherchons quelque chose sans savoir ce que c'est, et pour y parvenir, il nous faut des indices qui puissent nous montrer une direction. Sibony proposait d'essayer n'importe quoi. Balmary semble avoir fait un pas de plus ; pour elle, tous les chemins ne se valent pas :

"Peut-être nous faudra-t-il ... emprunter d'étroits passages jusqu'ici à peine remarqués ..."



Excellente idée.



"... nous arrêter à des indices très minces, recouverts de poussière..."



Nous sommes dans la plus pure orthodoxie psychanalytique.



"... En bref, retourner radicalement nos habitudes de recherche..."



Bon départ qui devrait la mener loin. Laissons la poursuivre :



" ... Que faire pour devenir capables d'entendre du nouveau dans ce que Freud dit vraiment et non plus dans ce que la tradition psychanalytique, Freud le premier, nous a appris à entendre de ce qu'il dit ? Où désapprendre, un temps, l'analyse ? Où laver nos
yeux trop habitués ? Changer d'époque ? Changer de pays ? ..."

Ou, pourquoi pas, changer de langue.



Mais là, brusquement, sa trajectoire va s'infléchir de façon tellement nette, tellement considérable qu'elle va nous indiquer la voie que nous cherchions : c'est celle qu'elle va refuser, celle devant laquelle elle va se détourner. Car notre fil d'Ariane est celui, toujours le même, qui nous est fourni par ce genre d'accident de surface. Plutôt que d'emprunter "quelque piste que ce soit", notre technique consiste à observer, à rechercher la piste négligée. Nous avons eu au cours de nos recherches de nombreuses surprises, nous avons découvert des phénomènes étranges. Cette piste existe bien. D'ailleurs, dire piste relève de l'euphémisme, puisqu'il s'agirait plutôt d'une avenue. Et pourtant, personne à notre connaissance ne s'y est engagé. Tout porte à croire que la situation est analogue à celle de La lettre volée :



"Ces mots-là, comme les enseignes et les affiches à lettres énormes, échappent à l'observateur par le fait même de leur excessive évidence".

(Edgar Poe)



Il existe mille manières de se cacher, et ce n'est pas le Nom qui me démentira.



Marie Balmary, donc, qui se proposait d'explorer les fondations de la vie et de l'Ïuvre de Freud, ajoute ceci :



"Justement, la pierre angulaire de la psychanalyse se trouve en Grèce ..."



Et nous voilà revenus dans le labyrinthe. Et d'insister :



"... La langue elle-même, le grec ancien, langue morte, conviendrait à notre dépaysement ..."



Dommage, elle s'en était pourtant bien approchée. La piste qui vient de se refuser à Marie Balmary est celle de l'hébreu.



Nous allons maintenant pouvoir progresser plus vite et montrer que chaque fois qu'un auteur va s'approcher de ce noyau juif, sa démarche va subir des perturbations considérables.



"Qu'elle (la Lettre) soit en souffrance, c'est eux qui vont en pâtir."

(Lacan. Séminaire sur La lettre volée.)



Le fondateur de la psychanalyse est la première victime de ce phénomène. Freud a, en effet, très vite perçu l'importance du détour par les langues pour le décodage des rêves, des mots d'esprit, et plus généralement de tout propos soumis à l'analyse. Ses ouvrages fourmillent d'exemples de détours par le français, l'anglais, l'italien, et l'allemand bien sûr. On y trouve du latin et du grec. Mais d'hébreu point. Une exception cependant, à la fois comique et très significative. Dans Psychopathologie de la vie quotidienne, il se permet un relais par l'hébreu à propos d'un marteau oublié.

Hammer, marteau, le renvoie à Chamer, âne :

"... car la première idée qui me vient à l'esprit à propos de "Hammer" est "Chamer" (âne en hébreu)."

Voilà pour le côté amusant. Mais qu'on ne s'y fie pas. Quelque chose de beaucoup plus important se cache derrière le fait que l'hébreu s'adresse à lui par ce mot.

Notons que Freud n'y voit aucune allusion à son professeur d'hébreu et ami intime, passé lui aussi dans l'oubli : Hammerschlag.



Il est bien sûr difficile en si peu de temps de montrer toute l'importance de ce refus, de cet oubli, de cette négligence. Mais l'important pour nous reste de montrer qu'un chemin n'a pas été emprunté par Freud et surtout, ce qui est bien plus grave et bien
plus étonnant, qu'il n'ait tenté personne .

Nous allons donner deux exemples de l'intérêt de ce détour. Le premier est tiré de Freud. La tradition psychanalytique rapporte qu'au cours de son voyage aux Etats-Unis, où il était accompagné par Jung et Ferenczi, Freud aurait prononcé ces mots historiques : "Ils ne savent pas que nous allons leur apporter la peste". Pourquoi diable la peste ? Si qui que ce soit avait pris un dictionnaire et cherché comment s'écrivait peste en hébreu, il aurait immédiatement été frappé par le fait que le même mot "DVR"
désigne aussi la parole. Anecdotique ? Erreur. Dans l'inconscient de Freud, la lettre hébraïque oubliée fonctionne de façon très active.

...................



Examinons maintenant un autre type de perturbations engendrées par l'action de ce noyau refoulé.



L'Ïuvre de Freud que nous tenons pour la plus importante, eu égard à nos critères, est bien Moïse et le monothéisme. Et ce pour plusieurs raisons. Freud lui-même a dit que ce travail l'avait poursuivi toute sa vie. D'autre part, c'est le seul essai où il s'approche un tant soit peu de notre noyau actif. De plus, il y est confronté à des problèmes de filiation, d'identité. Enfin, c'est, de tous les ouvrages de Freud, le moins lu, le moins étudié, celui qui fait perdre aux analystes l'attitude qu'on serait en droit d'attendre d'eux, puisqu'ils l'accueillent d'un "ce n'est pas un ouvrage sérieux". Comme si ce n'était pas justement là le signe qu'on peut y trouver une mine d'enseignements.



Or, cet ouvrage présente une telle quantité d'oublis, d'erreurs, de troubles de la logique, de bizarreries, que nous sommes très rapidement désarçonnés. Certaines de ces erreurs sont tellement grossières, tellement visibles qu'il peut venir à l'esprit que Freud a fait en quelque sorte exprès de les y mettre pour nous dire quelque chose.
Mais, en ce qui concerne le silence des commentateurs, le mystère reste entier. Le recensement de ces étrangetés ainsi que l'analyse globale de l'ouvrage font l'objet d'un travail actuellement en cours.

Conseillons simplement à qui veut se faire une idée de ce que nous avançons la lecture du troisième paragraphe : "Ce qui, dans la personnalité de Moïse ..." dont nous extrairons ceci : Freud veut nous montrer que l'explication donnée par le Texte de l'origine du nom Moshé est erronée. L'argument est que Moshé ne signifie pas "retiré" mais "retireur". Et il ajoute :



"Cet argument s'appuie encore sur deux faits :

1. Il est insensé d'attribuer à une princesse égyptienne quelque connaissance de l'étymologie hébraïque.

2. Il est presque certain que les eaux d'où fut retiré l'enfant n'étaient pas celles du Nil".



Sans commentaire. ( Pour l'instant).



Mais voici le fait le plus extraordinaire. Moïse et le monothéisme commence par cette phrase :



"Déposséder un peuple de l'homme qu'il célèbre comme le plus grand de ses fils est une tâche sans agrément et qu'on n'accomplit pas d'un cÏur léger".



Marthe Robert écrit, à la fin de D'Oedipe à Moïse, en conclusion de son commentaire du Moïse et le monothéisme :



"De sorte qu'au moment de quitter la scène où il (Freud) a tenu si vaillamment son rôle, il peut dire qu'il n'est plus ni juif, ni allemand, ni quoi que ce soit qui puisse encore porter un nom : il ne veut être que le fils de personne et de nulle part, le fils de ses Ïuvres, et de son Ïuvre, qui, à l'instar du prophète assassiné, laisse perplexes les
siècles devant le mystère de son identité".

Pourquoi Marthe Robert affirme-t-elle que Freud dit "qu'il n'est plus juif" ? Est-ce parce qu'il ne dit pas qu'il l'est ?



Supposons un instant que Freud ait dit dans ce livre qu'il était juif. Alors on serait en droit de demander des explications à Marthe Robert. Allons plus loin, et supposons que cette affirmation de Freud ait été censurée. Impossible, direz-vous. Pourquoi aurait-on
fait cela ? Et d'abord cela se saurait. Eh bien, imaginons que cette affirmation ait été supprimée et que personne n'en ait soufflé mot. Quand nous disons personne, nous pensons surtout aux spécialistes de la question, ceux qui connaissent les textes et
surtout ceux qui savent l'importance des oublis, de la censure, des erreurs.



Là, nous pourrions bien faire perdre patience au lecteur. Qu'est-ce que cela veut dire ?
A quoi riment toutes ces suppositions absurdes ? En bien voici : nous venons de décrire très exactement la réalité. La traduction d'Anne Berman, publiée en 1948, a supprimé la fin de la première phrase que voici dans son intégralité :



"Déposséder un peuple de l'homme qu'il célèbre comme le plus grand de ses fils est une tâche sans agrément et qu'on n'accomplit pas d'un cÏur léger, surtout quand on appartient soi-même à ce peuple."



Et, depuis 1948, aucune correction, pas d'autre traduction, et surtout aucun commentaire. Cet oubli est passé inaperçu .

On se prend à rêver à ce que Freud aurait fait d'une telle omission. Et quel hasard que manque justement cette partie-là dans une pareille phrase. Que penser maintenant des conclusions de Marthe Robert ? Freud reste bien le fils de ses Ïuvres par ce tour posthume qu'il vient jouer à ses soi-disant fidèles.



La psychanalyse, qui est née et qui s'est développée dans l'Occident chrétien a subi la force considérable du refoulement qui s'exerce sur tout ce qui est juif.


De même que Freud s'est écarté de l'hébreu, de la même façon, personne, quelle que soit sa langue, n'a pu s'en approcher. La trajectoire de la psychanalyse depuis Freud a toujours contourné cette question de la filiation judaïque, obéissant en cela aux lois du
christianisme.



L'expression "pour moi c'est de l'hébreu " donne une idée de la force du refoulement qui s'est exercée sur cette langue qui est pourtant celle du Dieu du locuteur.



Nous tenons pour assuré que l'extraordinaire poussée de la linguistique en psychanalyse, et plus précisément l'insistance de la Lettre dans l'aile lacanienne est due à l'action de ce que nous avons appelé le noyau refoulé.



A la formule trop générale de Lacan :



" L'inconscient est structuré comme un langage."



Nous opposerons, puisque la psychanalyse est science du particulier, ceci :



"L'inconscient de Freud est structuré comme une langue hébraïque."



Nous espérons que cette mise au point permettra de contrecarrer un peu la force qui empêche ce genre de travaux de voir le jour, et nous souhaitons que le nôtre n'y succombe pas.



Un travail immense reste à faire, et peut-être aurons-nous contribué à ouvrir une voie prometteuse.







Postface à l'édition 95







Une nouvelle traduction du Der Mann Moses und die monotheistische Religion est parue qui a restitué à la première phrase son bout manquant mais sans qu'une note vienne signaler, là précisément, la différence avec la traduction précédente.



Plus fort, ce livre s'ouvre sur un Avertissement de l'éditeur :



"Dans la traduction française antérieure, et même dans la Standard Edition due à James Strachey, le titre de cet ouvrage est curieusement abrégé: Moïse et le monothéisme.
Quant au sous-titre, il a purement et simplement disparu."



Mais curieusement, alors que l'attention est portée sur les différences entre les traductions, on ne dit pas un mot de l'oubli, de la bizarrerie que nous avons signalée.

Extraordinaire confirmation de la persistance de ce refoulement dans la production intellectuelle.



AUTRE EXEMPLE





LE JASMIN

"Ceci avait été placé en exergue à une oeuvre d'une étrangeté où la moire laisse transparaître les anfractuosités de l'angoisse, les écailles d'un printemps qui s'échappe en rampant au milieu des épis d'un été qui n'en finit pas de beugler.

Il y a dans ces textes des défilés qui nous laissent pantois, des fils d'azur noués sur des trames d'épines, des trônes de gélatine gluante où viennent mourir des potentats ailés, cependant que dans les murmures visqueux qui montent de nos propres viscères nous
croyons reconnaître les râles prophétiques que nous guettions sur nos écrans à électrons."

(Resto Bunazzo)



Un Juif tune



Lorsque je suis arrivé à Paris, il pleuvait. J'aurais dû me méfier.

A l'époque, on accueillait les étrangers avec un plaisir pas forcément condescendant, c'était plutôt la satisfaction du travail bien fait. Voilà la justification de la colonisation, voilà le résultat de notre éducation, voilà des gens que nous avons sauvé des ténèbres, du sous-développement, voilà les affranchis, voilà l'élite du monde barbare qui vient rejoindre nos rangs, nous avons l'habitude des mercenaires, nous savons honorer leurs services, c'est une vieille tradition qui remonte aux Romains.

Le problème c'est que j'étais né à Carthage.

Longtemps je me suis levé de bonne heure, longuement j'ai étudié, je voulais devenir un vrai Français.

Malheureusement quelque chose en moi se révoltait. Un noir enchaîné, un juif concentré, puis gazé, puis cramé, un indien écorché, une baleine dépecée, un taureau corridé, de l'ozone corrodé, quelque chose que je n'arrivais pas à identifier me
regardait d'un air éploré. Et cette belle langue que j'avais tant cultivée s'est mise à jouer. Ce jeu provoqua des dérapages et il me fallut faire appel à un technicien.

C'était un lacanien.

Depuis, bien des mots ont poulé sous les cons et je me retrouve aujourd'hui dans une situation que je voudrais clarifier.

Installons-nous confortablement sur le divan et laissons flotter nos idées.

L'analyse m'a permis de mieux accepter mon destin. Français je suis et Français je resterai. Je n'y peux rien. C'est comme vouloir avoir un autre père ou une autre mère.
C'est vrai, je regrette qu'ils soient ce qu'ils sont, mais je peux encore leur parler.

J'aurais voulu avoir des parents papous, qui rentrent chez eux à reculons, avec un petit balai pour effacer leurs traces. Des parents sioux, avec qui j'aurais pêché du saumon, des comanches ou des apaches, pour être plus fort que le Blanc, des aborigènes, pour
parler aux comètes, j'aurais voulu un père esquimau, une mère lapone, j'aurais voulu naître dans une youtre, zut, voilà ce fichu inconscient qui se manifeste, il me fait faire un lapsus pour dire que j'oublie quelque chose. Oui, pourquoi pas une mère youpine, et
j'aurais pu être Woody Allen, non, il a fallu que je naisse à Carthage, juste au moment où Rome avait débarqué, il a fallu que je voie tout ce qui s'est passé, et, comme si tout ça ne suffisait pas, il a fallu que je promette... je ne peux pas dévoiler ce secret, mais il y a un éléphant à qui j'ai promis que je le ramènerai dans son pays.

J'ai des lombalgies, des insomnies, je suis épuisé, parfois désespéré, j'ai essayé de me droguer, j'ai bu l'alcool des pharmacies, j'ai mâché l'herbe de l'oubli, j'ai plongé dans le
lac mort, j'ai lu le livre des fiancés, et j'ai erré dans la forêt des pleurotes.

Et puis, il y a des moments où l'analyse s'accélère, un flot d'images et de mots vient se bousculer à la sortie et on reste paralysé, traumatisé comme après le Heysel.

Brusquement c'est Akiba, Géronimo et Spartacus qui demandent la parole.

En même temps c'est mon père qui va crever et ma femme qui va accoucher.

Je dois soigner mes patients et me faire opérer.

Et j'aimerais me faire un joint et tout oublier.

Mon père est né berbère et ma mère à Jérusalem. Quand je prends le 86 pour me rendre à mon cabinet rue de Rennes, je me dis que j'en ai fait du chemin. Et je songe au miracle de la langue française. Rennes, par exemple, quel mot magnifique!

Vous savez peut-être que la langue détermine l'agencement des circuits neuronaux.
C'est à dire que je suis câblé, câblé dans une langue, câblé français.

Probablement pour des raisons de sécurité, mes maîtres ont pris la précaution de mettre à l'abri certaines zones, où ils ont implanté des textes dans d'autres langues.

Ce serait une configuration somme toute banale si ce n'était le choix particulier de ces langues qui entretiennent entre elles des rapports complexes et conflictuels.

Mais la majorité de mes cellules nerveuses, la plus grosse partie du troupeau, est bien française, et ses racines sont profondes.

J'ai, comme beaucoup d'autres, traversé la Méditerranée, happé par le mystère.

Ma vie là-bas fut plutôt ordinaire et je ne vois pas l'intérêt de vous raconter ce qui s'est passé depuis le jour où j'ai aperçu le Carmel assoupi dans la brume de juillet.

Ce que je voudrais vous dire a trait au présent.

Nous étions, hier, réunis à quelques uns et nous discutions de la situation planétaire.

Un Chrétien, qui se trouvait là par erreur, nous fit remarquer que nous étions enlisés dans la matérialité, et que le peuple élu du Seigneur devait retrouver sa dignité.

Il avait confiance dans nos capacités, et, pour lui, dans un avenir qui ne pouvait être lointain, nous allions atteindre la vérité et voir, un beau matin, Sainte Thérèse, accompagnée de l'enfant Jésus, au beau milieu des brebis de Samarie, avec le petit Palestinien qui caresse le serpent Israélien. Nous l'avons regardé comme un pensionnaire d'un asile d'aliénés, comme un délirant dont il avait d'ailleurs le regard brillant

J'ai toujours vécu avec le sentiment qu'il me manquait l'essentiel.

L'essentiel c'est à dire la vie. La vie c'est à dire le soleil. Le soleil c'est à dire la mer. La mer c'est à dire Tunis. Tunis c'est à dire mon passé.

Je dois, vers midi, recevoir mes patients.

Lorsque je réfléchis à ce qui m'arrive, je me dis que je suis moi aussi très patient.

Israël est le pays du lait sucré, et la boucle est bouclée.

L'essentiel c'est le sein de ma mère.

Bon, et après?

Je fume un joint, et je sors le livre de Michaux.

Me revoilà sous la cascade d'Ein Guédi. L'oeil du chevreau, la source du verseau.

Je sais que je vais mourir bientôt. Mourir de cet Occident, de cette soi-disant civilisation.

"Et dans les cavernes rocheuses des milliers soleils éclosent" (Yéroushalaïm shel zahav)

Je ne voudrais pas mourir sans revoir Jérusalem.

"Eh bien! prenez vos cliques et vos claques et allez-y."

Ainsi me parlait mon analyste, ainsi parlent les pères.

Et moi, comme mon fils Raphaël, je criais "les bras! les bras papa!".

A l'origine de cette aventure, une ancienne et banale crise d'identité.

Mon histoire, contrairement à ce que l'on m'a enseigné, n'a rien à voir avec celle des Gaulois. Le seul point commun entre ces sympathiques moustachus et mes véritables ancêtres c'est que nous aussi, Rome nous a vaincus. Rome a fait de nous des Latins.

Mes racines remontent loin dans le temps.

Avant d'être Berbère, et de subir la loi de la conquête arabe, ma famille vivait entre Carthage et Salambô.

Nous avons débarqué sur cette côte hospitalière après le désastre de Massada, fuyant les légions de Titus et Vespasien, mais notre répit fut de courte durée.

Je me suis donc décidé à faire mon alyah. Pour ceux qui ignorent ce que j'entends par là, c'est un mot hébreu qui veut dire montée, ou escalade. Escalade en solitaire de la face noire de son destin. Je dois ajouter, pour donner une idée exacte de ce qui se passait dans ma pensée, que j'étais complètement obsédé par les cris des baleines.




Lettre à mon analyste



Le véritable travail du psychanalyste, donc la "bonne" interprétation, c'est d'entendre,  de comprendre, d'identifier un sujet dans le sujet, une parole, un être même, prisonnier d'une oppression, d'une aliénation, d'une colonisation culturelle et affective, bref, d'un
véritable "êtricide".



Mais pour cela il faut savoir ce qu'est une identité. Reconnaître à chaque instant le bourreau et la victime, le prisonnier et son geôlier, le malade et son psychiatre, l'indien et son assassin, le noir et le blanc.



C'est un travail de résistant.



Et vous, Melman, êtes-vous pour ou contre la "résistance"?



Il me semble aujourd'hui que j'en veux au SILENCE.



Un peu comme si je reprenais mon analyse avec vous.



Vous voyez, c'est vraiment pas la peine de se demander comment commence une analyse. C'est quelque chose qui vous tombe dessus comme une grippe.



Donc puisque je me sens grippé, je vais vous parler.

Ce que je voudrais en fait, c'est vous faire parler.

Bon, je commence.



Il m'est venu une idée bizarre.

J'étais Artaud. Antonin Artaud.



Non, non, ne souriez pas, l'affaire est beaucoup plus compliquée.



J'ai reçu un message intergalactique, extra-planétaire, un message cosmique, irréel et comique, une sorte d'aventure homérique dans un univers satanique.



J'ai communiqué, grâce à une table mouvante, avec Victor Hugo.



Et puis de fil en anguille (sic), l'histoire a grossi, et j'ai réussi à entrer en contact avec Adam, Abraham, Moïse, le Baal Shem Tov, rebbi Haï Taïeb, le rabbi de Loubavitch et, pour finir, avec Dieu lui-même.



Tout est noté, tout est écrit, consigné, enregistré, informatisé. Il y a même des documents imprimés et d'autre publiés.



Tenez, vous qui êtes, qui vous efforcez tout au moins, d'être psychanalyste, que pensez-vous de ce que j'ai écrit sur Freud?



Vous n'avez pas lu mon article? Je vais immédiatement réparer ce dommage et je vous présente mes excuses pour ce manque de correction: j'ai effectivement omis de vous l'adresser au moment de sa parution. Vous le trouverez sans problème.



C'est Freud et l'hébreu.



J'ajoute, pendant que j'y suis, un document que vous recevez avant sa parution. Il s'agit des lettres de Pablo, un Indien hospitalisé à Maison-Blanche, où j'ai passé quelques années.



J'aimerais savoir ce que vous en pensez en tant que collègue, que confrère, que clinicien. De quel délire souffre ce jeune homme?



Au fait, quand est-ce que je vous ai vu pour la première fois?



Ce qui est certain c'est qu'aux alentours de mai 68 (26 ans déjà! mon dieu, que le temps passe vite) j'étais psychiatre en formation à Sainte Anne et là je parlais de mon désir d'émigrer en Israël à un gars dont le nom m'échappe qui était chef de clinique chez Delay (oui, j'ai connu Pichot, génial ce mec!).



Et lui m'a rétorqué: pourquoi vous ne feriez pas une analyse?



A l'époque, ceux qui n'étaient pas en analyse marchaient en rasant les murs.



J'ai aussi travaillé avec Anne Lise Stern dans le service de pédopsychiatrie (à l'époque ça ne s'appelait pas comme ça) de Jenny Aubry, la mère de Roudinesco, à l'hôpital des Enfants malades, mais celui qui m'a montré le chemin, je crois que c'était Arlabosse, mon interne dans le Service de neurologie de Schwob à Lariboisière vers 1965 qui m'a le premier parlé de Lacan et m'a conseillé de lire Mannoni.

Oui, je sais, j'ai commencé tard, mais je dois dire que Freud me passionnait déjà en 1960.

Trente et quatre ans d'analyse. Je vais peut-être avoir droit au Guiness des records.

En tout cas je me souviens bien de ce qui fut notre première ou notre deuxième rencontre.
J'avais déjà fait mon année de yéshiva à Strasbourg puisque quand je vous ai dit: "une sorte d'école..." avec un air embarrassé, vous m'avez immédiatement interrompu en demandant:

- Une yéshiva?

Oui, c'était ça! vous aviez tapé dans le mille, c'était la seule bonne réponse.

Vous étiez juif, intelligent, sincère, courageux. (saviez-vous à ce moment-là que j'étais juif moi-même? Je ne sais pas. Vous avez peut-être gardé des notes?)

Je n'avais pas besoin de chercher midi à quatorze heures. Vous étiez l'adresse qu'il me fallait, l'homme de la situation.

D'autant plus que je venais de voir Perrier, Raimbault et je ne sais plus qui encore.

Je tenais ces adresses de Claude Olievenstein, un vieux copain de l'UEJF (Union des Etudiants Juifs de France), que j'ai connu vers 1962.

C'est d'ailleurs à la même époque que j'ai rencontré Manitou, un homme qui a certainement joué le rôle d'un contre-analyste, et qui a marqué ma vie comme seul peut le faire un maître véritable.

J'ai donc commencé, vous devez vous en souvenir, une analyse avec vous.

Analyse qui n'est probablement pas terminée. Et aujourd'hui que j'ai rejoint vos rangs je peux dire: heureusement qu'une analyse ne finit jamais.

Ce serait la fin d'un regard, d'une conscience, la fin de la liberté.

Donc, mon regard sur moi, sur nous ne s'est pas encore éteint.

Et je regarde, et qu'est-ce que je vois?

Je vois que cette fois-ci vous ne m'empêcherez plus de délirer.

Cette fois je suis Artaud.

Et je peux vous apporter la preuve que Dieu m'a parlé.

Pas si vite, pas si vite. Cette preuve vous l'aurez, je la mettrai sur la table, je l'inscrirai en noir sur blanc, mais plus tard.
Le sens secret dans les mailles des mots"
Un jour Pablo a envoyé ceci à Lacan:

"On dit texte, vous dites sexe, on parle, et vous dites qu'on sexe prime, con sexe pose, et pourtant il faut bien qu'on sperme mette!"

Sur quoi Lacan, bouleversé, a édicté qu'à partir de ce jour les analystes s'autoriseraient d'eux-mêmes.

Je n'ai pas toujours pleuré avec Pablo. Je vous assure que certains jours c'était même une franche rigolade.

C'est lui qui disait:

Il y a ambivalence lorsque l'envie balance.

Vous êtes dans le vrai mais le vrai n'est pas en vous.

Je rêve d'avoir ce que j'avais quand je rêvais d'avoir ce que j'ai.

A défaut d'effet on fait des faux.



Martyr c'est pourrir un peu.



La maldie est une maldiction.



Amis, donnez pour que l'école dure.



Ecole de maboule qui est-ce.



Homosexuel amoureux d'un homme au sexe cruel.



Pour parvenir vaut mieux papartir.



Je mets du vain dans mon mot.



Les Juifs veulent être mis au ban des accusés.



A l'école on s'aime antiquement.



Ils veulent s'avoir, ils s'ont, ils s'existent.



L'inconscient est structuré comme un chantage.



Morts étouffés par un serrement d'hypnocrate.

(l'hypnose peut être rapide ou s'installer en plusieurs années)



Descartes a-t-il dit:

Je crois que je pense, donc je pense que je suis

ou

je pense que je crois donc je crois que je suis?



La qualité qui me manque c'est celle de me contenter de ce que j'ai.



Prendre la voie de l'échec et réussir.



Pathologie de l'intelligence, logique incestueuse.



Psychose maniaco-répressive: ce n'est pas en proposant une expression qu'on agira sur la dépression.



C'est pas possible que mai soit sans suite.

............................

Il appelait ça les expressions imprimées de ses impressions exprimées.


(Pour les lacaniens)

 

Mon Site :  http://perso.orange.fr/clauta/

           

 

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