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 Interview Grand rabbin Joseph Sitruk 2

 Interview Grand rabbin Joseph Sitruk

- Etiez-vous bon eleve ?

Jamais assez pour mon pere! Nous avons grandi dans le souci d'etre parmi les meilleurs.
Je me souviens d'une scene de mon enfance... Je n'avais pas eu de tres bonnes notes, en raison de problemes de sante. Mon pere m'avait reproche mes mauvais resultats, et je m'etais defendu - j'avais sept ans - en lui lancant : "Mais Papa, je suis premier en ecriture!"
Il m'a repondu : "L' ecriture, c'est la science des anes! Cela ne m'interesse pas que tu sois premier en ecriture. Je veux que tu sois premier ailleurs!" Plusieurs annees apres, j'ai ete second. J'ai eu droit au rituel : "Pourquoi pas premier?"

Il nous parlait peu, mais c'etait toujours des moments tres forts. Je crois pouvoir me rappeler mot a mot de presque tous nos entretiens. Jamais il ne nous a frappes. Il elevait exceptionnellement le ton.
Mais il nous a beaucoup marques. Il etait tres bon, tres gentil, avec un sens de l'exemple qui m'a profondement marque.

Mon pere etait un homme reserve et discret. Mais quand il prenait la parole, il se revelait vraiment.
Il etait un excellent orateur. Il etait pasionnant, donnait toujours l'impression de parler pour un public - sans doute une deformation professionnelle. Quand il avait quelque chose a dire, tout le monde se taisait pour l'ecouter, admiratif et passionne.

- Etiez vous un enfant heureux?

Oui, malgre quelques problemes de sante. Quand je regarde des photos de cette epoque, je me trouve tout gringalet. J'ai eu une fievre typhoide avec une rechute qui m'a cloue au lit plusieur mois. Il m'a fallu bousculer la vie pour grandir. Cela a contribue a forger ma volonte.

Cela dit, j'ai eu une enfance tres heureuse, grace a ma famille. J'ai ete eleve au sein d'un foyer soude, chaleureux. Mes parents se respectaient et s'aimaient profondement et nous donnaient une grande lecon de dignite, d'harmonie. Ils me montraient la vie. J'ai l'impression que mes parents etaient un exemple
incarne; nous, les enfants nous regardions et nous suivions. J'ai connu aussi le bonheur de grandir en Tunisie - il y avait une atmosphere unique, une facilite de la vie, malgre les problemes politiques....

- La douceur du Sud....

Nostalgie quand tu nous tiens! On n'en finit plus de la raconter ! Ceux de la generation de mon pere s'en souviennent encore. Une vie tres riche et tres paisible a la fois, ou l'on prenait le temps de vivre, ou les mots de "stress", d'angoisse, ne faisaient pas partie du vocabulaire. Pour les enfants, il y avait des morceaux
de paradis. Les vacances, notamment, etaient un moment delicieux, trois mois, du 1er Juillet au 30 Septembre, que l'on passait a la mer. 

On etait le plus clair du temps en maillot sur une petite plage de sable, tranquilles. Il n'y avait que les mamans qui regardaient par la fenetre ce qui se passait. Toute une petite bande d'amis, de la communaute, de la famille...

- Vous avez le mal de la Mediterranee comme tous les pieds-noirs ?

C'est quelque chose dont on ne se remet jamais. De la Mediterranee, j'ai garde l'amour des couleurs, de celles du ciel plus que de tout le reste. Et la mer me manque enormement, autant que le vent qui portait le parfum du jasmin. Quand je suis retourne en Tunisie en 1992, a l'invitation du president Ben Ali, il m'a demande ce que je souhaitais. Je lui ai repondu que je voulais aller sur la tombe de mes grands-parents et retourner la ou j'avais vecu. J'ai revu la maison ou je passais mes vacances, la chambre ou je dormais. Tout cela etait mon jardin d'enfant heureux.

- Dans ce bonheur de votre enfance, l'aspect juif comptait-il ?

Nous ne pratiquions pas dans ma famille, mais nous vivions dans une ambiance juive. Le judaisme, c'etait le fond de mon identite, mais qui n'etait pas caresse par des gestes quotidiens.

Comme je l'ai ecrit plus haut, une personne a enormement compte : c' etait ma grand mere paternelle. En fait, j'ai ete eleve par tois personnes : mon pere, ma mere et ma grand-mere. Elle s'appelait Ayala. En hebreu, cela veut dire la gazelle, prenom que ma fille a donne a ma premiere petite-fille. Nous l'appelions Maman Yaya.
Elle etait veuve et, depuis son veuvage, vivait chez mes parents.

Petits, nous dormions dans son lit. Elle etait veneree par toute la famille, adoree par tout le monde. Tres pieuse, Maman Yaya nous rendait D. tres proche. Elle priait, elevant les mains vers le ciel et disait toujours "Si D. veut..." Elle portait le saroual, l'habit traditionnel des femmes de Tunisie, ne s'habillait jamais a
l'occidentale. Elle avait la tete couverte par deux foulards - le foulard qui couvre les cheveux et le foulard d'apparat. C'est assez extraordinaire car je la voyais sans la regarder. Enfant, je croyais ne pas etre concerne par cette attitude si depassee.

- Y avait-il un gouffre entre votre vie et vos valeurs d'ecoliers francais et cette femme ancree dans la tradition ?

Non, au contraire. Elle etait parfaitement integree a notre vie. Elle n'appartenait pas a la culture du dehors, mais simplement a notre bonheur interieur. C'est important de lui dire : je crois que l'identite ne se limite pas a la culture.
La culture represente ce que l'on apprend et ce que l'on aime. Et la Torah, le judaisme, font partie de ce que l'on est...

Ma grand-mere avait un cote eternel, permanent, donc rassurant. Elle commentait les evenements de notre vie a l'aide d'une grille de lecture immuable : rien n'est jamais grave si D. le veut... C'est sous cet aspect que la religion
faisait partie de notre vie. "Maman Yaya" n'incarnait pas seulement la priere, mais une atmosphere palpable, un garde-fou moral. Quand ma grand mere nous disait "ca suffit", nous l'ecoutions. Dans la vie, la seule autorite qui s'impose, c'est celle que l'on accepte. Elle, nous l'acceptions.


a suivre....

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