Les grandes vacances étaient longues, plus de 3 mois si l’on compte les fêtes Juives qui grignotaient souvent plusieurs jours du mois d’octobre. Car les écoles de l’Alliance et de l’ORT  ‘respectaient’ toutes les fêtes, Juives, Chrétiennes et locales.

Pour les enfants du ghetto, les vacances à la Goulette étaient  presque inaccessibles. Certains ne pouvaient même pas s’offrir le TGM aller-retour pour passer une journée à la plage. Ils se contentaient d’une plongée dans les eaux troubles du canal du port de Tunis, à une place qu’on appelait ‘Madagascar’. Ce nom qui invitait aux voyages lointains n’était que la déformation de ‘Madame-Gaspar’, un café qui se trouvait là bas.

 Les parents qui se préoccupaient de la protection de leurs enfants se pressaient de les placer,  quelques semaines, comme apprentis chez des artisans Juifs. Au gré du hasard, ils ‘apprenaient’ chaque année un autre métier. Mais heureusement, ces périodes étaient souvent coupées par des colonies de vacances qui étaient organisées par des institutions Juives.

La vie en colonie de vacances se ressemblant un peu partout, je vais me contenter de présenter quelques photos et raconter quelques instants de là-bas. J’espère faire plaisir à ceux qui se reconnaîtraient sur ces photos et les prie d’écrire au mail ci dessous pour aider à revivre les souvenirs des colonies.

La première fois que j’ai quitté le nid familial c’était pour aller en colonie à Ein-Draham (1950, je crois.)  On logeait plusieurs gosses sous une grande tente. Les histoires sur des sangliers ou des chacals, qui pouvaient nous rendre visite la nuit, nous ont aidés à surmonter l’absence de la protection familiale. Le groupe s’encourageant mutuellement avait recréé, devant ce nouveau ‘danger’, une nouvelle famille.

La vie dans la nature, les randonnées dans la forêt avec ses odeurs, ses fougères et ses chêne- lièges, nous changeaient de nos ruelles et même des grandes avenues de la ville.

En 1952,  pas loin de Tunis à Bir-El-Bey, nous avions passé quelques semaines, cette fois il y avait moins d’angoisse surtout qu’on était avec ses amis de tous les jours.

L’été 1953, c’est avec le Bnéi Akiva qu’on se retrouve sur les sables de la banlieue de Sousse. Nous étions déjà des adolescents et partagions notre temps entre les routines religieuses et les plaisirs que nous offraient les lieux.
 

L’été 1955, c’est la visite au pays après une année d’étude passée à Genève, et voilà que je me trouve de l’autre coté de la barrière, comme moniteur de colonie, dans la cour de l’Alliance de Malta Sghira.   C’est  le cycle qui se referme, le gosse est devenu adulte. Ainsi les enfants de notre communauté trouveront toujours des aînés pour les aider à grandir. 

Seule la photo me rappelle cet événement, tous les efforts étaient vains, aucun autre souvenir.  

Texte et photos Avraham Bar-Shay (Benattia)

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