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La Tunisie d'oasis en palmeraies


La Tunisie d'oasis en palmeraies

On croit tout connaître de la Tunisie, ses plages et son soleil à deux heures de Paris, et ses tarifs imbattables. Pourtant, le Sud réserve encore de jolies surprises, à condition d'emprunter quelques chemins de traverse.

Par Dominique Gaulme
[09 avril 2005]

Une des destinations les plus courues, Djerba, est vendue comme l'«île des Lotophages» de l'Odyssée, celle dont la population se nourrit de fruits et que les marins d'Ulysse ne veulent plus quitter. Honnêtement, pour deviner, en l'absence de ces énigmatiques lotos, la fascination exercée sur les voyageurs, il est impératif de sortir des sentiers (re)battus, de s'éloigner de la côte nord-est et de son chapelet d'hôtels. Plus ou moins luxueux, avec ou sans thalassothérapie, ils sont à peu près tous sur le même modèle. En revanche, dès que l'on s'approche de Houmt Souk, capitale de l'île, avec sa place principale où les vieux Djerbiens emmitouflés viennent jouer aux dominos, la pâtisserie Ben Yedder et les souks, on touche à l'authentique. Il faut pénétrer dans les anciens fondouks, les caravansérails qui servaient d'entrepôts et d'auberges aux voyageurs : sur deux étages autour d'une cour, le plus décrépit abrite des ateliers de tissage où admirer le ballet sans fin des navettes glissant ses fils de soie pour composer les magnifiques houli de cérémonie dont les femmes se drapent, qu'elles maintiennent à la taille par une large écharpe de laine et accrochent aux épaules avec des rlel (fibules) en or. Deux autres fondouks sont transformés, l'un en hôtel, l'autre en auberge de jeunesse, au confort un peu spartiate mais au charme intact à l'ombre des tamaris. Autre lieu chargé d'histoire, le fort Borj el-Kébir, dont les épaisses murailles surplombent la mer. Construit au XVe siècle par le sultan Abou Farès et agrandi par les Espagnols, il servit de place forte à Dragut, pirate resté célèbre pour avoir élevé une tour avec les têtes coupées de ses ennemis. Aujourd'hui, le quartier du port résonne des allées et venues des pêcheurs, des empilements de gargoulettes qui s'entrechoquent, ces jarres que l'on pose au fond de l'eau en attendant que les poulpes viennent s'y mettre à l'abri.

La synagogue de la Ghriba, célèbre lieu de pèlerinage

Tradition toujours, la communauté juive d'Er-Riadh, autour de la synagogue de la Ghriba (la Merveilleuse) fondée, dit-on, juste après la destruction du premier temple de Jérusalem par Nabuchodonosor, au VIe siècle avant Jésus-Christ, et qui fait l'objet d'un célèbre pèlerinage où l'on accourt de toute l'Afrique du Nord. «Les Juifs de Djerba sont ethniquement, socialement, psychologiquement les véritables témoins de la Bible», notait l'ethnologue Attilio Gaudio. Tout au sud de l'île, à Guellala, hameau de potiers autrefois truffé d'ateliers à demi enfouis dans le sol, on peut voir de jeunes Berbères comme Adel Ben Romdhane et ses frères préparer l'argile, la pétrir à l'eau de mer pour obtenir de la poterie blanche ou à l'eau douce pour la rouge. S'il expédie sa production à travers toute l'Europe, il agit comme ses ancêtres depuis quatre cents ans, foule la pâte de ses pieds pour en chasser les bulles d'air, l'étale sur une dalle de marbre romaine et fait sécher amphores, gargoulettes et jarres dans l'ombre labyrinthique de ses souterrains voûtés.


Mais l'histoire de la Tunisie rejoint celle de Rome, avec les guerres puniques qui en ont dégoûté plus d'un des études classiques, et la destruction de Carthage, célèbre exemple d'emploi du gérondif. En souvenir de Scipion, on empruntera l'ancienne voie romaine, dont il ne reste malheureusement que le tracé, qui rejoint le continent à Zarzis. Plus loin, on suivra le limes tripolitanus, ligne de défense contre les «barbares», c'est-à-dire les tribus nomades prêtes à surgir de cette Afrique inconnue. Elle était constituée de forts, de murs et de fossés espacés de dix kilomètres, dont on trouve des vestiges à Ksar Ghilane, par exemple, oasis en bord de Sahara, entre le reg (steppe désertique) et le grand erg. De l'ancien castrum de Tisavar posté aux confins du monde civilisé d'alors ne subsistent que des fondations d'un fort rebâti depuis par les Français, perdu au milieu des dunes de sable ocre que le vent balaie comme une fine poussière dorée. Quant à la palmeraie, serrée autour de ses sources chaudes, elle ne date que de 1954, date à laquelle les Français, en cherchant du pétrole, firent jaillir de l'eau. Bruno Collard, directeur du Pansea, l'incontournable relais saharien, raconte que les Japonais viennent nombreux se repaître de ce spectacle inconnu chez eux : le vide. Immensité désertique encore, le Chott el-Djérid, dépression salée de 250 kilomètres sur 20, qui s'étend jusqu'au pied de l'Atlas. Le soleil joue sur la surface étincelante de cristaux de sel et invente villages, caravanes et palmeraies fantasmagoriques. Ferdinand de Lesseps rêva d'en faire une mer intérieure reliée au golfe de Gabès et Jules Verne, enthousiasmé par le projet, lui consacra un roman.


Au-delà des mirages et des rêves, voici Tozeur, sa médina aux maisons pressées le long d'étroites ruelles et passages couverts, dont les façades sont décorées de motifs et frises de brique datant du XIVe siècle. Certaines d'entre elles portent trois anneaux sur leur porte : un sur le vantail de droite pour les hommes, l'autre à gauche pour les femmes et plus bas pour les enfants afin de reconnaître à l'oreille qui frappe. Malheureusement, il n'existe pas encore de maisons d'hôtes aménagées pour que l'on puisse profiter de la beauté des lieux, comme cela existe à Marrakech, mais cela devrait se faire dans les prochaines années.

Nefta, célèbre palmeraie tapie au fond d'un cirque

Tozeur, c'est aussi un paradis inventé par des hommes du désert, une oasis bruissante d'oiseaux avec son organisation séculaire : en haut, les palmiers aux dattes gorgées de sucre, les exquises deglet en-Nour (doigts de lumière), abritent les arbres fruitiers qui, eux-mêmes, font de l'ombre aux légumes. L'eau coule dans les seghias, les ânes trottinent le long des chemins dans la fraîcheur du matin, le soleil se faufile jusqu'au sol gonflé d'humidité, il flotte un parfum d'éternité. De Tozeur, on ira explorer les gorges abruptes de l'oued Selja à bord du Lézard Rouge, l'ancien train offert par la France au bey de Tunis, puis ce sera la découverte des oasis de montagne, miracles d'harmonie au milieu de l'âpreté de la steppe, Chebika, Tamerza et Mides accroché au bord d'un canyon non loin de la frontière algérienne. Mides sur le limes entre Tébessa à Gafsa, où les Romains avaient installé des miroirs pour signaler l'approche des pillards. Sans oublier Nefta et sa célèbre palmeraie tapie au fond d'un cirque, la Corbeille.


Pourtant, l'objectivité oblige à dire que, dans ce Sud tunisien, plus que les souvenirs d'Hannibal et de Scipion, plus que les sultans, plus que les pirates, la personnalité qui fait venir les touristes est George Lucas, qui tourna des scènes de sa Guerre des étoiles à Matmata, à l'hôtel troglodytique Sidi Driss dont il fait la maison de Luke sur Tatooine, à Tataouine, bien sûr, et surtout à Onk Jemel (le cou du chameau), dans la splendide solitude de ces dunes immenses où il a installé le village de Mos Espa, dans lequel vit Anakin enfant avec sa mère Shmi. Avant qu'il ne soit happé par le côté obscur de la Force !

 

 


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