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Que disent les femmes tunisiennes entre elles à propos des hommes ?

Que disent les femmes tunisiennes entre elles à propos des hommes ?

 

Par Yasser Maârouf - Mais que peuvent bien se dire les femmes à propos des hommes, lorsqu’elles sont entre elles, quand elles s’abandonnent aux confidences intimes et que les pires vérités sortent spontanément ? Nous avons réuni un groupe de femmes dans un espace privé et nous leur avons demandé de se lâcher sur leurs compagnons, leurs fiancés, leurs maris… Le résultat a été au-delà de nos espoirs, de nos craintes même !

Après tant d’années de silence et d’oppression, c’est avec une grande facilité que le petit groupe de femmes réunies autour d’une table, dans un espace discret, se sont livrées et délivrées du lourd fardeau que constitue une vie de frustrations, de brimades et même d’humiliations pour certaines…

Il nous a fallu nous faire oublier, car au début aucune de ces femmes ne savait quoi dire et jusqu’où elle pouvait aller dans la confidence. Puis les langues se sont déliées, encouragées par un désir naturel de partager son vécu et d’avoir un avis différent.

C’est Selma, une jeune femme de vingt six ans qui s’avance prudemment : « mon mari n’est pas tendre, alors que je suis une grande romantique. Au début, je mettais la table avec une jolie décoration, des fleurs et des bougies, une lumière tamisée, de la musique douce et plein de petits plats. Mais il arrivait dans la salle à manger où j’avais disposé des bougies en déclarant « qu’est-ce qu’on mange ce soir ? » Il avalait très vite le repas et allait jouer avec sa play-station ou regardait le foot à la télé. Alors au fil des mois et des années, j’ai abandonné ces petits gestes attentionnés et depuis, même mon désir pour lui a baissé… »

La tendresse est d’ailleurs un sujet qui revient régulièrement chez les femmes tunisiennes. Un terme confus dans leur esprit, mélange d’histoires racontées dans les feuilletons égyptiens, les chansons et les mièvreries des livres de Abir ou de Guy des Cars…

Mais quel que soit le niveau culturel et social, on retrouve ce manque de façon flagrante.

Une dame lui demande s’il y a eu un dialogue à ce sujet. Selma lève les yeux au ciel et confie : « des dizaines de fois ! J’ai essayé de le sensibiliser à la musique douce, mais il préfère la techno. J’ai tenté de lui faire découvrir les arts, mais il préfère la télé et le foot… Bref, on vit dans deux univers différents ! »

Si la femme tunisienne mariée parait froide, c’est que l’homme tunisien ne sait pas s’y prendre, il bâcle souvent les préliminaires, qui sont si importants pour que l’acte d’amour soit un plaisir mutuel. La femme ne cherche pas le rapport sexuel en lui même, mais plutôt la tendresse, les câlins, l’écoute de l’autre et sa compréhension, l’acte lui-même n’étant plus que le résultat de cette entente…

Besma, la quarantaine, vit justement ce décalage entre ce qu’elle désire et ce qu’elle vit : « moi, mon problème, c’est la manière avec laquelle il pratique le sexe… ». Mariée depuis plus de quinze ans, deux enfants, elle avoue : « je n’ai jamais eu de plaisir au lit, ni connu un seul orgasme. Souvent, je simule le plaisir pour que ça finisse vite et je vais sous la douche me laver et parfois me caresser, comme quand j’étais adolescente… »

Peu à peu les langues se délient et l’ambiance devient joyeuse, malgré la dureté des sujets. Mounira, trente huit ans, deux enfants, annonce en riant : « moi, mon mari se prend pour Tarzan ! Il croit qu’il me fait grimper aux rideaux, alors qu’il n’en est rien. Son erreur c’est qu’il ne prépare pas mon corps en le stimulant avec des caresses et des baisers comme dans les films. Les préliminaires se résument chez lui à téter violemment mes seins, en donnant des coups de tête violents, comme un agneau ! »

Nadia, la trentaine, renchérit : « je crois que les hommes ne comprennent rien aux femmes ! Le mien ne sait même pas ce que c’est qu’un clitoris et en plus, c’est un éjaculateur précoce car lorsqu’il était célibataire, il n’a connu que les prostituées et avec elles, il faut aller vite… ». Résultat, ajoute la jeune dame : « nos rapports sexuels sont tellement brefs, que j’ai à peine le temps de le sentir et c’est déjà terminé ! Ce n’est pas un homme que j’ai, c’est un lapin… »

Asma, trente deux ans, évoque ce problème en des termes inattendus : « Moi, non plus je n’arrive pas à avoir un orgasme en faisant l’amour avec mon mari, mais c’est parce que je n’ai plus aucun désir pour lui. Alors j’ai résolu mon problème en fantasmant sur des acteurs ou des chanteurs. En ce moment, je suis branchée What else. Autrement dit, pendant que nous faisons l’amour dans le noir, comme toujours, j’imagine que je suis avec Georges Clooney ! »

Alia va orienter la discussion vers une direction autre que les rapports sexuels. Le problème principal dans son couple c’est « le laisser aller de monsieur. Il se comporte comme en terrain conquis : je suis sa femme, donc il n’a pas à se raser la barbe, à se laver régulièrement ou s’habiller correctement à la maison. Imaginez que moi je me laisse aller, que je ne m’épile plus, que je ne me coiffe plus, que je m’habille avec un sac… »

Et elle ajoute : « je ne lui demande pas de m’offrir des fleurs tous les jours, mais au moins de rester correct… » Une intervention qui sera saluée unanimement par toutes les femmes de ce groupe, ce qui semble indiquer que ce problème est assez largement répandu et qu’il constitue un facteur d’échec ou de tension au sein du couple…

Une femme dans ce groupe n’a pas parlé et peu réagi. Nous lui demandons la raison de cette « absence » et elle nous donne cette réponse inattendue : « cette discussion m’a ouvert les yeux sur ma misère morale et sexuelle. Vous avez entendu tout ce qui a été dit ? Moi je le vis depuis le premier jour de mon mariage. Et ce n’est pas facile à vivre. Un jour je partirai ou je me débarrasserai de lui. En tous cas, merci pour cette séance de confidences, je repars avec des idées claires et je sais que je ne suis pas seule au monde… »

Précisons que ce groupe ne représente pas toutes les femmes tunisiennes mariées. Ce n’est qu’un ensemble de témoignages de certaines femmes qui vivent mal leur couple et qui avaient envie d’en parler à cœur ouvert. Une sorte de psychothérapie qui aura permis à certaines de mieux se positionner vis-à-vis de leur couple…

La semaine prochaine, nous donnerons la parole aux hommes et nous tenterons de savoir ce qu’ils reprochent à leurs épouses, à travers des témoignages directs…

Des chiffres étonnants

Selon une étude effectuée par M.- Fakreddine Haffani et Hichem Troudi de l’hôpital Razi, sur un échantillon de 300 hommes, âgés de 20 à 69 ans, vivant dans le Grand Tunis, 46,1 % des hommes disent que leurs rapports sexuels obéissent à une périodicité préétablie : le même jour de la semaine ou dans les même conditions ou selon un schéma toujours le même… C’est vous dire comme c’est passionnant pour leurs épouses !

La durée moyenne du coït, c’est à dire le temps s’écoulant entre la pénétration et l’éjaculation, est d’une minute et treize secondes. La durée la plus courte du coït (33 secondes) est retrouvée chez les sujets dont la partenaire sexuelle est une prostituée. D’où l’éjaculation précoce dénoncée par nombre de nos participantes.

Cette durée moyenne est plus longue dans le milieu urbain (1minute et 17 secondes) que dans le milieu rural (1 minute et 1 seconde). Chez les célibataires, elle est de 53 secondes, chez les mariés elle est d’une minute et 18 secondes. Cette durée moyenne est proportionnelle au niveau d’instruction. En effet, elle est de 1min et 5 sec pour les analphabètes, 1min et 9 sec pour le niveau primaire, 1min et 15 sec pour le niveau secondaire et 1min et 40 sec pour le niveau supérieur. Donc, mesdames, épousez des gens cultivés et instruits, vous aurez quelques secondes de plaisir en plus…

Et selon l’Observateur tunisien des couples et de la famille, plus de 68% des Tunisiens souffrent de perturbations sexuelles ! Une étude qu’il a réalisée a révélé que la plupart des couples mariés ont une relation sexuelle une fois par mois en moyenne. Un chiffre alarmant et on estime que cette baisse est causée par l’effondrement du pouvoir d’achat, l’endettement, le stress, les menaces terroristes et les conflits politiques qui peuvent avoir des répercussions sur la santé physique et mentale, limitant par là-même le désir sexuel… 

Par Yasser Maârouf – Réalités

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