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Paris : le marchand de bonbons, héros oublié des attentats

Rue du Faubourg-du-Temple (XIe), ce vendredi. Personne ou presque ne sait que Noureddine et sa femme Touriya ont accueilli et caché dans leur boutique une soixantaine de personnes qui fuyaient les tueurs des terrasses.(LP/C.C.)

Paris : le marchand de bonbons, héros oublié des attentats

Céline Carez - Le Parisien.fr

 

 

Il n’a, jusqu’à présent, pas eu les honneurs de la presse et il n’a pas eu droit aux 40 000 € d’aides versées par la Ville de Paris à chaque commerce touché par les attaques terroristes. Pourtant, le marchand de bonbons de la rue du Faubourg-du-Temple a sauvé des griffes des tueurs des terrasses une soixantaine de personnes !

Juste retour des choses, Noureddine et sa femme Touriya ont tout de même été invités ce vendredi aux Invalides, à la cérémonie nationale d’hommage aux victimes.

En fin de matinée, ce couple de commerçants franco-tunisien-marocain était de retour derrière le comptoir à bonbons sur lequel trône un petit pot de cyclamens roses. « C’est un monsieur, encore choqué, qui nous l’a amené. Il est venu nous remercier de l’avoir caché. »

Ce funeste vendredi 13 novembre, le commerçant était dans sa minuscule boutique rose, à cinq mètres de la terrasse de la Bonne Bière, où cinq personnes ont péri. « J’étais en train de servir des marshmallows à une cliente quand j’ai entendu les premiers tirs de kalachnikov. » Le commerçant sort pour jeter un œil. « Là, j’ai vu une poubelle exploser et des gens courir vers moi. Ils criaient : Fusillade ! »

En état de stress aigu

Noureddine va alors faire rentrer tout le monde. « Il y en avait partout, se souvient-il. Ça se bousculait. Mes pots de bonbons volaient. Certaines personnes se cachaient dans mes réserves, dans le local à photocopie et même dans les toilettes ! Ils avaient peur et moi aussi ! » Ce qui ne va pas l’empêcher de mettre soixante personnes en sécurité.

Au fond de sa boutique, une porte blindée donne sur une cour fermée d’une trentaine de mètres carrés. « Je n’avais pas eu le temps de fermer le rideau de fer. Je me suis dit que tout le monde serait à l’abri ici, lumière éteinte et en silence. » Puis sa femme, qui était dans leur appartement au-dessus du magasin, va descendre, avec « le cousin, un artiste tunisien sans papiers » pour faire monter tout le monde.

« Ça a duré une demi-heure avant que la police n’arrive et ne fasse sortir tout le monde, deux par deux. » En début de semaine, Noureddine a été remercié par François Vauglin, le maire (PS) du XIe, son équipe et « même Anne Hidalgo. Elle m’a embrassé ! » Mais aujourd’hui, le marchand de bonbons de la rue du Faubourg-du-Temple, diagnostiqué par le médecin « en état de stress aigu », se sent bien seul, dans sa boutique vide au cœur d’une rue couverte de fleurs mais désormais déserte.

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