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Le mirliton du ciel – Albert Memmi

 

Le mirliton du ciel – Albert Memmi

 

 

 

 

 

 

 

Comment résister à l’attrait d’un poète qui dédicace ses vers à :

« A Jean Amrouche

Qui m’a fait découvrir

El Ghazali, Rimbaud,

Milosz et Saâdi »

Réunir dans le même régal littéraire : Jean Amrouche, poète kabyle chrétien, ami de Camus, déchiré entre ses racines et ses pays d’adoption (la Tunisie puis la France) ; El Ghazali, le grand mystique musulman de l’An Mil, Arthur Rrimbaud, le génial poète fou, Milosz, le poète probablement, pas le romancier, un autre grand mystique et Saädi le maître de la mystique médiévale, ne peut laisser augurer que d’une lecture enchanteresse surtout quand l’auteur l’assaisonne du sel de la tradition juive du Maghreb.

Dans ce recueil composé des poèmes affranchis de toute ponctuation – pour ne pas rompre le rythme et laisser sourdre la musique des vers ? – et de quelques textes en prose pour introduire chaque partie de cet opus, Albert Memmi raconte la douceur de vivre dans son pays natal, la Tunisie d’avant l’indépendance. Il décrit son petit monde comme Isaac Bashevis Singer racontait son quartier en Pologne, avant le grand holocauste, dans « Le petit monde de la rue Krochmalta ». Il se souvient des petites choses et des rites religieux qui rythmaient la vie du quartier juif

Une vie de jouissance, la jouissance de la vie : un délicieux repas préparé par une des femmes qui l’entouraient (mère, tante,…), un paysage paisible, un instant de fraîcheur, la musique d‘un luth, … la paix, la sérénité, la douceur de vivre. La douceur vivre tunisienne au temps où les diverses communautés cohabitaient sous le soleil, en harmonie, quand les femmes étaient belles, la chaire bonne et les arts raffinés. Quand la tolérance était la règle car chacun savait « … que Dieu, d’abord mécontent de son ouvrage, l’a refondu plusieurs fois ; puis il s’est aperçu avec horreur que s’il continuait à perfectionner l’homme ; Il ferait un Lui-même ! Un concurrent ! Il lui a donc laissé quelque imperfection. »

Alors la sagesse imprégnait les communautés :

« Les fleurs éclosent en leur saison

Les poussins éclosent à leur heure

La mort attend au rendez-vous. »

Mais le temps de l’exil est venu, le poète a quitté son pays natal et, l’âge avançant, l’idée de la mort se précise doucement avivant la nostalgie de la douceur tunisienne qui envahit le bout de vie restant devant lui dans un pays loin de son berceau qui restera ce bout de terre à jamais perdu : « la Tunisie, résumé de mes détresses, hors de laquelle pourtant je serai en exil ». 

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