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LA SPLENDEUR DES JOURS NACRÉS D’AUTOMNE - PAR THÉRÈSE ZRIHEN-DVIR

LA SPLENDEUR DES JOURS NACRÉS D’AUTOMNE

PAR

THÉRÈSE ZRIHEN-DVIR

 

 

Il est un temps où les malheurs du monde cessent de nous impressionner, je dirais même qu’ils nous ont érodés à un tel degré, qu’il suffit d’un vent de lassitude, d’un brusque essoufflement pour qu’ils s’éclipsent comme des oiseaux de mauvaise augure.

Sous un œil apathique, nous les laissons rouler leur carrosse en grands tintamarres sans réaliser qu’en réalité, ceux ne sont après tout, que les premiers signes de la lente agonie de l’été. Août qui tire à sa fin, et là, juste au tournant, septembre, auréolé de matins nacrés d’automne, avance à pas veloutés. Imperceptiblement, un cortège d’étranges parfums d’encens, d’huile vierge de candélabre, de fêtes, nous envahissent. Ils s’accompagnent au lever du soleil et à son coucher, de mélodies célestes à peine audibles et d’une moiteur feutrée qui fend les portes de l’amour.

« Gloire à DIEU », hurle la nature en sa pleine maturité.  Avec elle, vient aussi celle de l’homme, qui, dans le creux transitoire entre deux saisons, l’une embrasée et exaltante et l’autre qui sonne le repos du guerrier, il s’analyse, se repend, s’humilie.

Oui, c’est la saison et l’heure quand l’homme se relève de ses petitesses quotidiennes. Il sait qu’avec l’automne, les prémices de la vieillesse vont s’imposer avec leurs derniers souffles de vie, trompeurs et glorieux à la fois, et leur ultime effort d’exhiber une fougue et des nuances vives, mais combien sournoises et fugitives.  C’est l’agonie de la nature qui s’étend à nos pieds avec ses tapis de feuilles couleur rouge ocre et ses branches qui se dénudent à vue d’œil. L’automne se glisse doucement, éteignant les feux d’un été éclaboussant, déviant les rayons du soleil qu’il pare de sa clarté nacrée, tant particulière. L’automne a pour besogne de paver le chemin au froid hiver, à ses jours sombres qui mènent vers la fin de la vie.

Mais est-ce que la vie à une fin ?

De ces feuilles mortes qui craquent sous nos pieds renaitront les premiers bourgeons de la vie. Nous mourrons en quelque sorte, tout en restant très proches des portes de la renaissance. Dans mon jardin, la rose s’est épanouie au point de dévoiler son cœur. Elle aussi, sait bien que demain les vents froids de l’hiver, le dénueront. Mais, juste, là, à ses côtés, accrochés à ses branches, des têtes de bouton de rose s’élancent orgueilleuses et prometteuses…  Ma rose a préparé sa succession avant de se laisser emporter par l’intempérie. « Je revivrai à travers ma descendance, mes enfants », nargue-t-elle.

Pourtant, c’est en automne que les arbres donnent leurs fruits les plus juteux, les plus doux, les plus croustillants. C’est en automne qu’il semble que l’homme s’assagit, en se rapprochant le plus près de son créateur, en pardonnant et en se pardonnant.  Il a eu le temps de dépenser son excès de vigueur, de folie, de se noyer dans l’illusion, tant pis si elle est éphémère, de croire en son immortalité, et en celle de l’amour. Il a dépensé toutes ses fortunes et ses utopies, lutté pour ses convictions fausses ou justifiées… La vie n’est-elle pas dans le fond une lutte perpétuelle qui ne cesse qu’à notre dernier souffle ? Ne sommes-nous pas en quelque sorte, des pantins auxquels on tire les ficelles ?

Mais après l’erreur, l’incertitude, vient la révélation… Celle que nous avons un peu trop souvent négligée, remis à plus tard, par nonchalance ou lâcheté, par indécision et incrédulité.

Si notre espoir s’ébrèche face au sort ou à nos supputations précipitées, nous nous replions… Certains d’entre nous forgeront leur destin, d’autres l’accepteront en silence, nourrissant le vain espoir d’un lendemain meilleur.

Mais oui, il y aura un lendemain… Et après le triste hiver, renaîtront en nous et autour de nous, les bourgeons neufs de la vie. Que serons-nous sans cette vision splendide de la renaissance, du retour, de l’amour, de la foi en nous et entre nous, de cette promesse divine du bonheur inaltérable ? Faut-il le mériter ? Faut-il le chercher ? Il n’est guère trop loin, puisqu’il nous habite depuis notre naissance. Il suffit simplement de le laisser éclore… Par les gestes naturels de l’affection, de la bonté et du pardon.

http://therese-zrihen-dvir.over-blog.com/2014/08/la-splendeur-des-jours-...

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