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Diego el Mulato, pirate juif des caraibes

Diego el Mulato, pirate juif des caraibes, "El Zorro del Mar" (Le renard de la mer)

 

 

Pour quelles raisons un jeune mulâtre juif, que les horribles persécutions de l’Inquisition espagnole ont rendu orphelin, va-t-il devenir Diego el Mulato, l’un des plus extraordinaires corsaires des rois ? Comment écuma-t-il les mers des Caraibes, à l’instar des plus fameux navigateurs, dont le Rabbin Samuel Pallache ?

 

Pourquoi Martin, architecte au Pyla, va-t-il s’envoler vers les îles Caraïbes ? Comment Charlemagne le basson griffon vendéen, et Arthur le pogona, se lancent-ils dans une aventure ahurissante ? Comment Aston Star et Junique viennent-ils à la rescousse ? Nos  héros progresseraient-ils sans la poésie féminine de la splendide Isabela, la dynamique Dina, et l’élégance de Dahlia et d’Ishtar ? 

 

Que signifie la ligne verte sur un ancien manuscrit découvert par Martin ? Y aurait-il des dimensions, qui, au-delà de l’espace-temps lient à toujours Diego et Martin ?

 

Des sables étoilés du Pyla aux ondes turquoise des Caraïbes, découvrez ce roman où deux espace-temps, deux époques différentes en torsion élaborent un récit haletant, passionnant, rebondissant de péripéties, d’âpres combats et d’humour…

 

EXTRAIT DU LIVRE :

« Par la grâce de la source de toute vie, Diégo El Mulato de Los Reyes, a écrit en l’an 1670 ce qui suit, afin que les générations n’oublient pas que la paix, la charité et la prière constituent les piliers du  respect minimum à présenter à notre créateur… La prière montait inexorablement dans le ciel, puissamment entonnée par mon père au milieu des flammes qui martyrisaient sa peau, sa chair, ses vaisseaux sanguins, ses nerfs, le réduisant à n’être que souffrances physiques. Couvert d’une capuche pointue ridicule et d’un genre de  toge violette qui le rendaient inhumain et mystérieux, je n’arrivais pas à imaginer que l’on s’attaquait à la chair de ma chair, à la personne qui m’avait donné la vie et qui s’était sans doute sacrifiée pour moi.

Ma mère avait disparu, vendue comme esclave.

Le spectacle des affres du supplicié  sur cette place centrale de La Havane attirait les foules sans coeur. Chaque cri de joie des badauds était un coup de poignard dans mon coeur en moi. Je vivais le regard bouleversé de mon père face à ce déchainement de haine.

De tant de peine, je m’évanouis.

Le tribunal de l’Inquisition l’avait condamné au bûcher, d’une manière sournoise et obscure. Sur la forme : sans chercher à l’écouter et à le comprendre. Et, sur le fond, sans réel objet pénal ou répréhensible à lui reprocher, ni aux autres juifs. Leur emploi du temps general se résumant à pratiquer le respect de la vie, à étudier, prier, travailler, s’occuper de leur famille et faire de la bienfaisance.

Les lèvres tuméfiées, le visage gris, le corps décharné, ses jambes ne le portant plus, mon père, mio padre, Abraham, sommairement jugé, puis livré aux flammes de l’auto-dafé, hurlait de douleur, et pleurait, seul, au milieu de cette foule sans pitié, grotesque, hétéroclite, surexcitée, déchainée, qui exultait de joie en entendant ses cris de souffrance et qui s’époumonait à hurler, à l’insulter, à cracher sur lui, sans qu’on puisse distinguer aucun visage, comme un monstre unique aux pensées de guinguois. Le macabre grondement des tambours ajoutait à la cacophonie et au tumulte ambiants. Ils avaient d’ailleurs rythmé l’arrivée théâtrale du condamné, jusqu’à ce qu’il monte sur l’estrade du bourreau où se trouvait le bûcher. Certains brandissaient des crucifix, comme si cela pouvait justifier ce crime atroce,  cette sauvagerie inhumaine qui était en train d’être commise, au vu et au su de tout le monde.  

J’en devenais fou au point de ressentir mon cœur comme arraché de ma poitrine, car c’était bien une partie de moi-même qui s’en allait en fumée. La foule compacte m’entourait, me bousculait comme un fétu de paille, sans ménagement, me méprisait, comme si elle avait compris que le petit garçon que j’étais leur en voudrait jusqu’à sa mort. Cette multitude vorace demandait du sang, clamant haut et fort leur haine de l’infidèle, avec des cris de colère et des salves d’applaudissements. Elle  accourrait de partout, se faisait plus dense, comme férocement attirée par le sang et le supplice du condamné. Sur une estrade, on pouvait apercevoir les officiels : le gouverneur de La Havane, l’évêque, et les vautours de la Fraternité Chrétienne, fraternité anti-marrane, dont la principale fonction était de s’assurer de la « limpieza de sangre » :  la pureté du sang chrétien au travers des générations et qui mutilaient en permanence le message de bonté et d’harmonie du Christ, dont pourtant, ils se disaient disciples. Je ne comprenais pas pourquoi ils mettaient un tel acharnement à rechercher des ascendants juifs dans toute la population, tandis que Ferdinand II, roi d’Aragon, avait une arrière-grand-mère juive de Tolède dans ses aïeules. Cette Fraternité avait diffusé une sorte de mode d’emploi pour mieux découvrir les conversos qui judaisaient en secret :

- Ils honoraient le Shabbat, c’est à dire le jour de repos, de prière et de gratitude envers Dieu en portant une chemise propre, en n’allumant pas de feu, et en ne travaillant pas ce jour-là,

- Ils s’alimentaient alors que les chrétiens jeunaient,

- Ils s’abstenaient de  nourriture  le jour du Yom Kippour,

- Ils se lavaient les mains avant la prière, et bien souvent,

- Ils faisaient une bénédiction sur les repas avant de manger,

- Ils ne mangeaient pas de porc, considérant cette espèce impropre à la consommation car de régime alimentaire coprophage, comme le lapin.

- Ils prénommaient leurs enfants de noms tirés de l’Ancien Testament.

La chasse aux « judaisants » était devenu un tel sport qu’ils avaient envoyé au bûcher une jeune dame de La Havane qui avait mis une nappe blanche pour le diner du vendredi soir. La pauvrette avait du tout d’abord être torturée avec des pinces pour lui couper les orteils, un entonnoir pour la gaver d’eau, afin de lui faire avouer qu’elle préparait un repas de Shabbat. Les hypocrites de cette Fraternité, prêts à tout pour obtenir une « confession » sous la torture, avaient préféré la brûler vive, parce que l’Eglise ne devait pas verser le sang, comme un « Auto-da-Fé », un « Acte de Foi » !

Le spectacle était sur cette place centrale de La Havane. Chaque cri de joie de la foule était autant de coups de poignard que je ressentais en moi, imaginant le regard bouleversé de mon père face à ce déchainement de haine.

Petit à petit, le corps de mon père s’affaissa sur lui-même, dévoré par les flammes, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un tas de cendres. Ce spectacle atroce et barbare se termina au milieu des invectives grossières et vulgaires, féroces et cruelles de cette foule inculte et impitoyable qui m’entourait. Elle ne pouvait même deviner la perte pour l’Humanité que constituait la mort de mon père, ce puits de science, tant médicale que scientifique et philosophique. J’aurais tant voulu avoir plus de temps passé en sa compagnie pour m’imprégner de toutes ces connaissances qu’il aurait pu me transmettre. Mais c’était fini et je devais m’y résigner, malgré toute ma haine contenue, mais bien présente. Je jurais alors que ces Espagnols ignares, orgueilleux et suffisants paieraient au prix fort l’abomination qu’ils venaient de commettre.

(……à suivre……)

 

DIEGO EL MULATO ? « LE » roman à offrir, à lire, et consommer sans modération .

Auteurs du Monde, 54, rue des Mèches - 94000 CRETEIL Tel : 09 50 52 53 05 

Site : www.auteursdumonde.fr auteursdumonde@free.fr

 

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