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*****SALLE LALA...LA DOUCE ... L OUBLIE...RENCONTRE D UN SECOND TYPE.*****

Envoyé par albert 
Re: *****SALLE LALA...LA DOUCE ...*****
25 septembre 2008, 04:05
Et si l’on parlait autrement.


Ce matin,

Sous mon oreiller
Qui n’est pas rempli de duvet
J’ai trouvé un mot

‘...Sage... !’

Je l’ai enfoui dans mon portefeuille,
Ce mot superposé sur mon image floue.

Et sur la route j’ai pensé à lui.
Pourquoi ce visiteur de la nuit
M’a-t-il écrit ce mot anodin
Que je découvre ce matin... ?

L’inconnu me lit me suis-je dis.
Sinon, il ne se serait pas permis
De m’écrire cela sans que lui-même soit un juste.
A qui la faute s’il me traite de sage s’il était injuste... ?

A mes petits enfants,
Je vous l’avoue.
Ils m’ont rendu mature.
Ils ont gonflé mon cœur de plus ‘chekh’fe (tendresse).

Alors, j’ai cherché le moyen, par ma seule arme
Que je connaisse, de laisser parler mon cœur fatigué.

J’ai déposé mes lances et mes pics à tout jamais.
J’ai même ôté mon armure, mon gilet pare-balles.
Je ne risque plus rien sauf à laisser ma poitrine à nue
Pour que pénètre en moi le soleil et l’amour d’autrui.



Re: *****SALLE LALA...LA DOUCE ...*****
06 octobre 2008, 13:49
Viens Poupoule....§§§§§
En La mineur sur les clés de ma serrure.

Depuis la nuit des teEEmps,
Presque à la même période
Les poules sont sur le qui viIIIve.
Elles craignent pour leur viIIIe.

Un crime bien orcheEEEEstré devant une foule
D’feEEEmmes qui attend, suspendue aux lèvres du saint égorgeur
Qu’il la déclare bien kacher. Ma Poule.... ! Ouf... !


Le méchant chohet* notre rabbin au visage pâle
La déclare saine après la grande visite médicale.

Sans grande compassion, il aiguise son couteau.

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

Sur son oOOOOngle, la lame passe comme un archer sur un violon.
Elle doit être bien fiIIIne et lisse à souhaiIIIIt telle est la condition.
Puis d’une main habiIIIIle, il tranche le cou de notre chère emplumée.


Cot cot coOOOOt... !
Elle gigote,
Elle tournoie
Elle a le vertige, elle se débat puis expire enfin.
Sans râÂÂÂle,

Vient Poupoule Vient Poupoule...§§§§
Que j’t’déplume, sans remords ni regrets
Tu laisseras ton duvet sur le sol carrelé.

Vient PoupouUUUle, Vient PouUUUpoule §§§§§§§
La COT COT minute t’attend.
Alors que tu es bien farcie en dedans.

Pratique qui n’existe plus de nos jours dans les pays industrialisés.

* Rabbin égorgeur.


Re: *****SALLE LALA...LA DOUCE ...*****
07 octobre 2008, 00:24
Un jeune coq rencontre un autre ,aux champs Elysées
__ Si on allait au super-marché ,ou chez le boucher , voire de belles poules dodues , toutes nues ,et déplumée.
Re: *****SALLE LALA...LA DOUCE ... L OUBLIE*****
02 novembre 2008, 03:19
Récit raconté par Breitou et Valérie en XIII Chapitres.

Les faits rapportés ici sont imaginaires. L’Oublie...I.

Shirley et Simon.

Au début je voyais flou.

Que des ombres ! Plus tard, les ombres s’estompaient. Les contours des visages se précisaient. Plus nets, voilà pourquoi les bébés répondent par des sourires à ceux qui leur sourient.
Le visage de ma maman, de mon père, de ma grand-mère ou grand-père maternels, devenait familier.

J’avais le sens olfactif assez développé et cela m’aidait à les reconnaître aisément à leur odeur et parfum ; leur haleine aussi. Ne croyez surtout pas que les mômes de mon âge, manquent de sensibilité nasale ou d’acuité visuelle.

Mon environnement était donc composé de silhouettes, de senteurs. Autant vous confier que nous sommes aussi dotés du sens culinaire et savons distingués, un lait sein d’un lait factice.

Mes grands-parents paternels habitaient le sud de la France, Nice.

Vers l’âge de deux ans, je m’attachais à mon grand-père Simon et à ma grand-mère Tilda.
Ils habitaient à deux pâtés de notre maison. Quand mes parents vaquaient à leur travail, j’étais déposée chez eux. Ils étaient aux petits soins envers moi.

Ce qui ne les empêchait pas de venir nous rendre visite chez nous en m’offrant toutes sortes de petits présents.

A 3 ans, mes parents me casèrent dans une garderie, toujours pas loin de chez nous. Arriva la maternelle.

Mon grand-père Simon venait la plupart du temps me cherchait à la sortie des petites classes en attendant l’arrivée de mon père.

J’étais heureuse de la promenade qu’il m’offrait juste avant le coucher du soleil. Par beau temps. Je sentais qu’il était fier de moi et souvent, il en parlait avec ses amis avec entrain.

A 6 ans, alors que je faisais connaissance avec mes premières matières scolaires, dans la classe maternelle, ma grand-mère Tilda décéda, laissant mon Papy éploré. Elle avait 58 ans.

A mesure que les jours passaient, son chagrin augmentait. Il perdait quelques repaires et ne voulait plus vaquer à ses besoins les plus élémentaires. Il s’était, du moins, au début enfermé dans un mutisme de circonstance.

Ma maman décida de l’héberger. Une chambre lui était destinée mais il refusa l’offre, craignant d’être une gêne, une charge. Il avait 69 ans et surtout très indépendant.

Il émit le vœu d’aller dans un hospice de vieillard du coté de Vaucresson, un centre juif situé à quelques kilomètres de Paris. Nous allions le voir tous les dimanches et il était heureux par nos visites. Il était bien entretenu par le personnel, et ne se plaignait jamais de sa nouvelle condition. Puis, nos visites s’espacèrent pour se raréfier.

Ma maman se contentait de téléphoner de temps à autre pour avoir de ses nouvelles.
Je profitais pour entendre sa voix. Nous avions aussi changé d’appartement entre temps. Nous habitions le 15 ième arrondissement. Puis, nous ne l’appelions plus. L’oubli commençait à faire son œuvre. J’avais pensé qu’il était mort et que mes parents me l’avaient caché, afin de ne pas me perturber, au vu de mon attachement à sa présence. Mais ce qui m’intriguait le plus, était qu’aucun souvenir, cadre ou autre n’était accroché à nos murs. Je n’osais rien dire à ma maman afin de ne pas lui rappeler son père ‘décède’. D’autant plus que je ne me souviens pas, là aussi, m’être rendu à un quelconque enterrement. Dans mon jeune âge. Bref, on ne pose pas tellement de questions dans mon cas et même quand je demandais après lui, ma mère me répétait invariablement...

‘...Il va bien là où il est... !’.

Ma maman souffrait d’une dépression. Elle ne s’en sortait pas. Mon grand-père était sorti de notre vie. On l’avait oublié lamentablement.
A la maison, nous n’en parlions même pas. Comme si le sujet était devenu tabou !

Donc je cessais de l’importuner par ma curiosité.

Passent les années.

J’étais dans les grandes classes. J’avais 18 ans.

Un jour, alors que je me promenais sur les berges de la Seine, à la recherche d’anciens bouquins, je poussais la porte d’une boutique, celle d’un vieux bouquiniste. Des centaines de livres et de brochures étaient alignés dans de grands rangements. Des piles en tout genre se dressaient dans des coins de sa boutique. Je me hasardais à fouinier dans ces tas mis pèle –mêle. Tout à coup, je tombais par hasard, sur un fascicule dont la page de garde représentait le visage d’un bébé avec un titre ainsi libellé...

’ ...Recueils de Poèmes dédies à ma petite fille Shirley... !’

C’était mon visage de bébé scanné à l’âge de deux mois. Je le sais puisque je figurais dans le cadre accroché juste au-dessus de notre télé. Je restais sur le coup hypnotisée par cette découverte. Le vieux bouquiniste vint vers moi...

‘...Si cela vous intéresse, j’ai encore quatre classeurs de récits et de mémoires de ce monsieur...’ Me dit t’il de sa voix rauque...

‘....Je voudrais bien les voir si cela ne vous dérange pas... !’

Il s’absenta quelques minutes pour réapparaître avec les classeurs en question. Il me laissa un instant toute seule. Je jetais un rapide coup d’œil dans ses feuillets tapés sur ordinateur.

Je demandais à les acheter. Je payais le prix qu’il me fixa et j’enfournais le tout dans un sac en plastic. Je rentrais chez moi, dans ma chambre pour découvrir l’auteur de ces écrits.

Le recueil était tout poussiéreux, écorné. Mon visage de bébé était taché par l’humidité. De grosses cocardes grises les avaient maculées. Par le temps.
Je dépoussiérais le petit fascicule tout en m’asseyant au bord du lit. Les pages qui me semblaient jaunies ne l’étaient pas en fait, elles étaient faites en parchemin. Assez épais dont le titre était fort révélateur, je relisais le titre plus attentivement...

‘...Recueils de poèmes composés pour SHIRLEY, ma petite fille....Le............19......Il était daté et paraphé.....’..... De la part de ton Papy Simon.... !’

Et là je compris que je venais de tomber sur une mine de lecture. Les écrits de mon grand-père Simon.

Je commençais à lire les premières pages et à mesure que je progressais, je me mis à buer des yeux même à sangloter comme une gamine.

Mes sanglots avaient pris leur vitesse de croisière et redoublaient à un tel point que je ne voyais plus rien. Je m’essuyais les yeux avec mon revers de manche.

Ca coulait comme une fontaine de jouvence.

A suivre..


Shirley et Simon.

Je m’arrêtais par moment pour revenir en arrière comme si je voulais assimiler et m’imprégner par tant de poèmes. Je dégustais en silence dans la pénombre chaude de ma chambre, ces morceaux de vers libres dédiés à ma personne, moi, l’enfant née, il y a 18 ans.

J’ignorais que mon grand-père était poète à ses moments perdus, et mes parents ne m’en avaient jamais soufflé mot. Je découvrais aussi cinq grands classeurs. Des textes en récits, en sketch, monologue, aventures etc....bref en tout genre.Des poèmes dédiés à des amis et amies étaient enserrés entre les mâchoires de ces derniers. J’avais là entre les mains un trésor d’écriture.
J’étais toute remuée dans ma chambre. Ma maman vaquait à ses occupations. Je ne dis rien et m’enfermais à double tour craignant que l’on découvre mes albums.

Je commençais à découvrir mon papy sous un nouveau jour. Ses textes étaient agrémentés de photos de son pays, la Tunisie. Un nom revenait souvent dans ses écrits, la Goulette.

Je découvrais là encore un beau jeune homme entouré d’amis, de ses parents, de ses frères ; mes oncles que j’avais à peine connus. J’étais éblouie par tant de richesse que j’ignorais.

Ma maman inquiète de ne pas me voir à table pour dîner, frappa à ma porte. Je cachais le tout sous mon lit et faisait mine de rien. J’allais les rejoindre.Je restais très silencieuse à table. Mes parents, peu habitués à ce genre de situation, essayaient de deviner mon mutisme. Mon esprit était ailleurs, vers les écrits de mon papi jusqu’à la fin du repas. J’avais hâte de me lever et d’aller dans mon ‘home’ pour prendre d’assaut la suite de ses mémoires et narrations ; continuer à lire mon papy Simon. L’oublié, le défunt peut être.

Mais avant, je lançais envers ma maman...

‘...J’ignorais que nous avions eu un poète et un écrivain dans la famille...’

Ma réflexion attira leur attention et les fit sortir de leurs plats. Ils n’avaient pas compris l’allusion.

‘...De qui veux- tu parler, chérie... ? ‘ Me lança maman...

‘...Non rien du tout... ! Je divaguais....’

Mon repas terminé, je montais dans ma chambre. Je me déshabillais et allumais ma lampe de chevet.
J’étais encore une fois seule avec les pages de mon grand-père. Son visage remonta à la surface. J’étais plongée dans son monde. Les heures défilaient et je ne me rendais pas compte que le matin s’était levé. Les bruits des voitures devenaient de plus en plus fréquents. J’avais passe toute la nuite à lire et à m’instruire sur l’aïeul.
Par moment je fermais les yeux par la fatigue mais je me forçais à tenir bon.

Je lisais et relisais. J’étais immergé dans son monde réel et irréel dans lequel l’imaginaire prenait une place prépondérante dans ses écrits. Puis, là, tout d’un coup, une photo intercalée tomba d’entre les feuillets ; une photo d’une dame distinguée au visage ridé du nom de Janet ( Z’al).

Je concluais assez rapidement qu’elle était peut être sa maîtresse mais les faits me démentirent bien vite.

Il y avait d’inscrit.... ‘ JANET....MARS 2003... pour Simon, mon poète N.Y 19....!’
La photo était scannée.

Je retenais le nom du site HARISSA.COM Et aussi un vague nom de P.T.B....Je poussais mes investigations plus loin et soudain, je déchiffrais le sigle du Petit Théâtre de BREITOU....Mais là où je me perdais en conjecture, c’est que mon papy s’appelait Simon et non pas Breitou mais approfondissant ma curiosité, je tombais sur le nom de son père qui lui s’appelait Breitou Abraham. La boucle était bouclée.

Le puzzle se reconstituait. Je compris que mon grand-père fût hébergé, autrefois, dans un site, tenu par un certain JACO , et que ses pseudos étaient Breitou Belebou, Abraham, Shirley. J’ai ressenti à cet instant précis, des dards qui me pourfendaient le corps ; j’étais saisi par l’émotion.

Une nouvelle fois, je me laissais aller à pleurer.

Au petit matin. Je m’habillais en toute vitesse. Maman, comme elle fait à la même heure, tous les matins, posa ma tasse de lait taché de café sur la table avec deux tranches de biscotte.

‘....Nous n’avons pas compris ta remarque d’hier soir, Shirley... !’
‘...Ce n’était pas une remarque mais une constatation, une découverte... ! Que vous m’avez caché... !’
‘...Expliques toi ma chérie.... !’
‘...Plus tard, je dois chercher... ! D’abord... !’
‘...Mais qui.... !’
‘...Mon poète... ! Celui qui parle aux muses... !’


A suivre....

L’Oubliè...III

Shirley et Simon.


Croyant que je délirais, je sortais avec mes bouquins sous les bras. Sans rien ajouter.

J’étais obnubilé par toute cette faconde que je lisais, assise dans le bus.
Je descendais à un arrêt quelconque, bien décidée à appeler mon papy.

Par chance, j’avais autrefois noté le numéro de téléphone de mon grand-père mais je ne voulais pas le déranger pour l’instant avant d’avoir tout lu. Je voulais m’assurer d’abord de sa présence dans cet hospice.

Je visais une cabine téléphonique. J’introduisis une pièce et composais le numéro de téléphone de l’établissement en question.
Mes doigts fébriles, tout tremblants, firent tourner le cadran. J’attendais la communication.
Mais en vain, un message m’informait que ce numéro n’existait plus. Sans me décourager, je me résignais à appeler le 12. La voix de mon interlocutrice, après quelques secondes de recherches, me donna les bons chiffres. Je tombais sur une voix de femme ...

‘...Bonjour madame.... ! Suis-je bien à l’Hospice ‘Les Papillons ‘ de Vaucresson...Rue des Amandiers... ?’
‘...Oui, mademoiselle, vous y êtes... ! Que puis -je faire pour vous... ?’
‘...Je....Je....Voudrais m’entretenir avec Monsieur Simon... ? S’il vous plait... ?’
‘...Ah le chef de la bande des Anciens Harissiens.... ? Ils se font appeler les Hérissons... !’
‘...Les Hérissons..... ? ‘
‘...Une belle et joyeuse bande qui parlent souvenirs d’autrefois... ! Attendez, je vais vous l’appeler.... !’
‘....Attendez.... ! S’il vous plait... ! Comment est-il.... ?’
‘...Très en forme pour son âge.... !’
‘...Ok.... ! Passez -le-moi.... !’

Il était donc bien vivant.
Je patientais, le combiné serré entre les doigts....Le temps me paru assez long, puis j’entendis des bruits de pas sur le carrelage, qui se rapprochaient.
Je fus soudain prise de panique quand j’entendis la voix de mon grand-père Simon.
J’étais saisie par l’émotion. Mon cœur battait fort. Mes doigts devenaient moites par le trac. Ma langue était collée à mon palais et je sentais qu’aucun son ne parviendrait à sortir de mon gosier. Son visage m’apparut dans le cadran du téléphone du moins l’imaginais-je ....

‘....Allo..... ?’

Je restais clouée, sidérée ne sachant plus rien dire, je me forçais à émettre un son, à répondre à ce ‘Allo’ qui me parvenait de si loin, un ‘Allo’ vieux de 10 ans et qui n’avait pas changé de timbre....

‘....Allo.... ? Qui est à l’appareil... ?’
‘...Je.... ! Vous êtes monsieur Simon.... ? ‘ Dis-je, presque avec une extinction de voix.
‘...Oui.... ! Mademoiselle...... ! Qui êtes vous.... ! Ma fille.... ?’

Il avait dit ma fille, aurait -il reconnu ma voix.... ? Me dis-je...

‘...Vous me reconnaissez Monsieur.... ?’
‘...Non, cela fait longtemps que personne ne m’appelle.... ! Ma fille... !’

Je raccrochais en toute hâte, et je fus prise d’une crise de pleurs sans précèdent....
Une personne qui attendait derrière la porte ...

‘...Vous vous sentez mal.... ? Mademoiselle... ?’ Me dit-elle dans mon trouble...

Je levais la tête pour la regarder et sans me rendre compte de ce que je faisais, je posais ma tête sur son épaule comme si je voulais la retenir afin qu’elle ne tombe à terre. J’étais effondrée par cette réflexion ‘ ...Plus personne ne m’appelle... !’

La dame compatissante, comprit mon état. Elle sortit un mouchoir. Je m’essuyais le visage.

‘...Ecoutez... ! Je vois que vous n’êtes pas bien.. ! J’habite de l’autre coté de la rue, venez, je vais vous donner un remontant... !’

J’étais comme groggy. Je suivais la bonne dame inconsciemment jusqu’à son appartement qui était sur rue. Elle avait une MEZZOUZA clouée au battant de la porte.
Elle s’appelait Madame Ghislaine Castro. Je franchissais le seuil de son appartement. Un jeune homme sortit d’une chambre.... !

‘...Bonjour... !’
‘...Chéri.... ! Je te présente... !
‘...Shirley.... !’
‘...Oui.. ! Shirley... ! Mon fils...Patrick ! Rentrez ma fille, reposez-vous là sur le sofa... ! Je vais préparer une bonne tisane pour vous remonter un peu et quelques sodas... !’

A suivre...


L’Oublié...IV

Shirley et Simon.

Nous prîmes place sur le sofa revêtu de cuir....

‘...Patrick... ! Tiens-lui compagnie, je reviens... !’
‘...C’est grand chez vous.. !’ Dis- je pour étoffer le silence...
‘...Nous avons 120 mètres carrés plein pied et là juste derrière la fenêtre, nous disposons d’un grand jardin.... !’
‘...Vous habitez seuls... ?’
‘...Mon papa est en Israël, il est chez ma sœur aînée, elle a fait son Alya à 18 ans, elle est mariée avec 4 enfants, elle est là bas depuis 15 ans. Je vais la voir chaque année en été. J’avais 10 ans quand elle est partie dans ce kibboutz... ! Tenez, je vais vous la montrer... !’

Il se leva pour décrocher le cadre. Sa sœur, était entourée par son mari et ses enfants, debout sur un gazon. Je pouvais lire ‘....Ashkelon 19... !’

‘...Ils sont merveilleux... !’
‘...Vous avez de la famille là-bas... ? Mademoiselle... ?’
‘...Non, je suis fille unique et je vis avec mes parents à Paris... !’ Dis-je.
‘...Comment avez-vous rencontré ma maman... ?’

Juste à cet instant, Madame Ghislaine fit son entrée avec le plateau sur lequel étaient les boissons promises.

‘...Par hasard.... ! Là juste en face, dans la cabine téléphonique, elle a eut un malaise et je lui proposais de venir se reposer un instant.... !’
‘...En effet, vous sembliez profondément bouleversée... !’
‘...J’ai fais une drôle de découverte... !’
‘...Au point de vous être mise dans cet état... ?’ Dit Patrick.
‘...Vous savez... ! On croit parfois, à tort ou à raison, que la vie est toute tracée. Au début, études dodo puis plus tard boulot dodo...bien calme sereine, à l’abri de tout et puis voilà que soudain, vous réalisez qu’un événement majeur, caché dans un abri humide, obscur, met en lumière, par hasard, un bout de votre enfance oublié au fond d’une boutique.... !’
‘...Cela me rappelle ma fille Josette... ! Elle poursuivait des études de droit et voilà que d’un coup, lors d’un voyage en Israël elle s’est prise d’amour. A 19 ans. Sur un coup de tête. Elle ne voulait plus revenir. Cela fait bientôt plus de 15 ans, qu’elle est là-bas. Elle nous manque terriblement ....Surtout pour lui... ! Il ne l’a pas assez connue.. ! Bon nous nous téléphonons souvent mais ce n’est pas pareil... ! Nous nous sommes habitués...A son absence.. ! Bel ahyè.. !....Tenez buvez ... ! Ma fille... !’
‘...Je ne dois pas rester longtemps, je dois me rendre à la fac... !’
‘...Vous poursuivez quelles études... ! Mademoiselle... !’
‘...Appelez-moi Shirley tout court... ! Patrick... ! Je poursuis des études de gestion... ! J’en suis à ma première année... !’
‘...J’ai terminé mes études de Médecine depuis deux ans et je suis médecin... ! Je partage mes visites privées entre mon cabinet et les visites publiques à l’hôpital St Louis... !’

Madame Ghislaine retourna à ses occupations, nous laissons en intimité. Je me levais et m’apprêtais à partir....

‘...Tenez Shirley... ! Ma carte de visite, et mon téléphone personnel d’ici... ! Vous pouvez m’appeler quand vous le désirez... ! ‘
‘...Votre maman est admirable... ! Ok, je vous appellerai c’est promis au courant de cette semaine .... !’

Sur ce, je prenais congé de ma bienfaitrice et tout en la bisant, elle me dit...

‘...Venez passer un Shabbat chez nous... ! Nous sommes si seuls... !’

Elle avait remarqué mon insigne, le Maguen David accroché à mon cou.

Je promettais d’y réfléchir.

Je décidais en sortant, de faire la fac buissonnière. J’avais un grand mal de tête.
Je rentrais à la maison. Mes parents n’étaient pas encore là.
Je composais le numéro de téléphone de Mme Castro.

‘...Allo... ?’
‘...Oui... ! ‘
‘...Ah.... ! C’est vous... Patrick...! Je voulais vous remercier encore une fois pour tout... ! Dites le à votre maman... !’
‘...Je le ferai dès que je raccroche... ! Portez-vous bien et surtout n’oubliez pas l’invitation.. !’
‘...Ok... ! Promis... ! Je n’y manquerai pas... !’

A suivre...


L’Oublié...V

Shirley et Simon.

Je trouvais cette invitation chaleureuse mais pénible à la fois, parce qu’elle me reportait à mon enfance, du temps où mon papy présidait aux soirées du Shabbat ; mes parents à la suite de son internement avaient laisse choir cette tradition que je trouvais très agréable. J’avais une très grande envie d’accepter l’offre.

Je m’allongeais un instant sur le sofa. J’avais surtout besoin de réfléchir.
Finalement, je décidais de sortir de mes pensées. Je rentrais dans la cuisine pour préparer un bon gigot rôti avec frites et salades pour le dîner.

En attendant la cuisson, je me remettais à lire ses notules ; histoire de faire encore plus amples connaissances avec mon grand-père en consultant le reste de ces drôleries. Par moment, je riais aux larmes, l’instant d’après, je passais à la tristesse, aux larmoiements. Un drôle d’écrivain à l’écriture fort simple, qui me faisait passer de la tristesse, sans que je prenne le temps de réaliser le réel de l’irréel, le vrai du faux, à l’imaginaire, au ‘ballout comme il le décrivait si bien. Je passais du chaud au froid.

20 heures 30 sonnèrent à la pendule. Mon père fut le premier à rentrer.Suivie par ma maman une demi-heure plus tard. Ils trouvèrent le dîner prêt, et les couverts posés sur la table.
Ils sentaient aussi que je n’étais plus de mauvais poil. Surtout bien disposée à ne pas paraître de mauvaise humeur...Et pourquoi le serais-je après une si belle après midi...Me dis-je en moi-même.

‘...Tu as l’air en forme..... !’

Me lança ma maman entre une incision de gigot et une bouchée de salade verte...

‘...Oui..... ! L’humeur a ses hauts et ses bas... !’
‘...Comment s’est passée ta journée... ! Ma chérie.... !’ Renchérit mon père.
‘...Un affreux mal de tête m’a fait faire la fac buissonnière... ! Mais j’ai pu récupérer les cours chez Maurice... !’

Puis, je rajoutais.....

‘...J’ai fais une excellente rencontre aujourd’hui... ! Une famille qui me fait l’honneur de m’inviter pour passer un vendredi soir... ! Mais avant de leur donner ma réponse, je voulais vous consulter... !’
‘...Mais bien sur que tu peux y aller.... ! Nous avons perdu cette habitude de cette tradition depuis que ton papy n’est plus là.... !’

Elle venait de lâcher le mot de papy, l’oublié entre deux tranches de gigot saignant. Mon père se rendit compte de la bévue. Ma mère venait de commettre un ‘crime de lèse grand-père’. Ce à quoi, je répondais...

‘...Et où est t’il à présent... ?’
‘...Il est bien... !’
‘...Où.... ? Dans la tombe... ?’
‘...Ne dis pas cela... !’ Répliqua mon père.

Elle affrontait mon regard. Je ne baissais pas le mien. J’attendais sa réponse de pied ferme.

‘...C’était son vœu le plus cher d’aller là bas... !’
‘...Où là bas... ?’
‘...A L’hospice... !’
‘...Mais cela ne vous empêchez pas d’aller au moins une fois par semaine, par mois ou par an lui rendre visite... ! Vous n’en parliez même plus du poète... ! N’est-ce pas... ? De celui qui m’a écrit un recueil de poèmes sans que je le consulte ne serait- ce qu’une fois... !’

Dis-je en me mettant debout.

Ma mère déposa sa serviette blanche sur la table et sortie de table. Elle était bouleversée par ce qu’elle venait d’entendre. Mes mots étaient cinglants. Durs, comme tirés d’une arbalète.

Elle revint quelques minutes plus tard.

‘...Je pense à lui depuis ce jour où nous l’avons déposé là bas... !’
‘...Dans le mouroir.... !’

Je lui portais l’estocade. Elle monta dans sa chambre.

‘...Tu n’aurais pas dû lui parler comme ça... !’
‘...Je regrette mais, je ne supporte pas votre secret de famille... ! Qu’il vive ailleurs, alors que je le croyais mort... !’
‘...Tu aurais pu t’y prendre autrement... ! Ma fille... !’
‘...Avec des fourchettes de gigot, sans doute... !’
‘...Mais si elle a évoqué son nom, c’est qu’elle pense à lui en silence, Simon est un homme fier et ne voulait pas être à notre charge... ! Il voulait se sentir indépendant... ! Il ne voulait pas nous déranger... !
‘...Est -ce une raison suffisante pour ne pas en parler à table ou m’informer de son existence, j’aurai pu lui rendre visite, moi à l’oublié... ! Rien ne vous empêchez de m’en parler pendant ces longues années... !’
‘...Qu’as tu décidé... !’
‘...D’aller à sa rencontre le moment venu, et vous avec moi... !’
‘...Tu as trouvé ses écrits dans la cave.... ? Je les ai tous lu et nous connaissons par cœur ses poèmes sur toi... !’

‘...Non... ! Même pas dans la cave... ! Ailleurs... !’


A suivre...

L’Oublie...VI

Shirley et Simon.


Papa se leva et se mit à réciter les premiers vers....

‘...Lorsque l’Enfant Parait.. !

‘.....Il y a quelque chose qui change/Lorsque l'enfant paraît ! Tout semble moins dense /Par la naissance du bébé..... !’

Je continuais. Je sentais monter en moi une intense émotion...

‘.....Après avoir fait la fête/Je vais me prendre la tête/Boire et danser sans retenue/Assouvir ma joie avec chahut....

Il reprit le troisième couplet, tout en se dirigeant vers moi puis se positionna derrière ma chaise pour me caresser les cheveux....

‘....Plus tard j’attendrais l’instant /Où dans les bras de ses parents/Dans notre foyer, à tout moment/Ils rentreront avec leur enfant notre Shirley... /

Mon papy renaissait ce soir.

En 18 ans, je n'avais jamais été en conflit avec ma mère. J’ai toujours su l’écouter et être complice. Mes parents ont toujours fait preuve de liberté d’esprit envers moi.
C’est bien la première fois que je me sentais comme trahie si je puis le dire ainsi.

Je continuais ma conversation avec mon père.

‘...J’ai appelle le centre d’accueil et je n’ai pas pu lui parler tant mon émotion était grande au téléphone. Je raccrochais sans lui dire qui j’étais. Ma gorge était nouée, j’ai ressenti un malaise quand une dame qui attendait son tour derrière la cabine au vu mon état, s’est prise de compassion. Elle m’invita chez elle pour m’offrir une tasse de tisane. Une dame du nom de Ghislaine Castro. J’ai fais la connaissance de son fils Patrick, un médecin. Nous avons échangé quelques impressions et avant de m’en aller, la dame m’invita pour passer un Shabbat... ! Voilà... !’
‘...C’est merveilleux ce qu’il t’arrive.... ! Ne te prive pas d’y aller... !’
‘...Merci Papa... ! Dis à maman que je ne suis pas fâchée... !’
‘...Elle te connaît aussi bien que moi... !’

Sur ces dernières paroles, je regagnais ma chambre, soulagée.

La tension entre ma maman s’étant apaisée, les choses avaient repris leur train-train habituel.

J’attendais en ce vendredi après midi le coup de fil de Patrick, comme convenu.

Il ne tarda pas à appeler.

‘....Shirley.... ! C’est moi... !’

Il me fixait rendez-vous pour 19 heures.
J’étais prête depuis un bon moment, mon bouquet de fleurs entre les mains. Une certaine fébrilité s’empara de moi. Je ne voulais rien faire paraître. Je pris l’ascenseur et me retrouvais dans la rue. Un petit vent froid caressa mes joues maquillées. Patrick m’attendait au bas de l’immeuble dans sa Woslwagen gris métallisé. J’étais habillée comme par hasard en tailleur gris avec une veste légèrement plus foncée. Je portais un manteau couleur anthracite. Une écharpe blanche m’enveloppait le cou. Ses extrémités débordaient largement à hauteur de mes reins. Patrick sortit de la voiture et m’ouvrit la porte. Un geste de galanterie que j’appréciais. Je le remerciais par un sourire.

A l’intérieur de l’habitacle, nous échangeâmes les quatre bises traditionnelles.
Il sentait le bon parfum.....’ Eau sauvage...’

‘...Bonsoir Shirley .... !’...Tu es assortie à la couleur de ma voiture... !’
‘...Je n’aurai pas pu faire mieux... !’ Dis-je.

Il démarra et route faisant....

Je continuais.

‘...J’espère que tu ne l’es pas.... !’
‘..Ah je vois.... ! Non pas du tout, je ne le suis pas... ! Je suis domestiqué...’

Il comprit l’allusion. Je concluais qu’il avait l’esprit vif.


A suivre...


L’Oublie...VII

Shirley et Simon.

‘...Tu sais, je me sens gênée par l’invitation, elle est arrivée si brusquement.. !’
‘...Maman est un femme simple, et puis elle est très flaire.... !’
‘...Que veux -tu dire par là... ?’
‘...Qu’elle a deviné une fille sensible.... ! Sans doute que son ancien travail relationnel lui a apprit à mieux connaître les gens.... !’
‘...Elle est à la retraite... ?’
‘...Oui depuis deux ans, elle s’occupait de vieilles personnes dans un hospice de vieillards du coté de Vaucresson....’ Les papillons bleus’... Un centre juif.. !’
‘...Tu dis à Vaucresson.... ?’
‘...Oui.... ! Tu connais... ?’
‘...J’en ai entendu parler, autrefois... !’

Je ne voulais pas lui avouer mon secret.

Trois quarts d’heure plus tard, la voiture s’engouffrait dans le parking, au sous-sol.
Il gara son véhicule dans l’espace qui lui était réservé.
Il fit la même démarche, celle d’ouvrir la portière. Il me regarda un instant...

‘...Tu es magnifique Shirley.... ! Ton ami doit t’aimer .... !’

Il me sondait, je le rassurais...

‘...Je n’ai personne dans ma vie, du moins je n’ai pas encore trouvé la perle rare.... !’
‘...Quelle chance.... !’
‘...Chance... ?’
‘...D’être si belle... !’
‘...Ce n’est point un critère le canon de la beauté.... ! Sans doute une erreur de la nature ... !’
‘...La beauté... ?’
‘...C’est comme la laideur ; il y a des beautés apparentes mais laides intérieurement, et des laideurs belles extérieurement. Si l’on devait juger sur les façades, je pourrais t’en parler longuement.... ! Un peu comme un immeuble vétuste qui abrite des occupants chaleureux affectueux, sincères etc.... !’
‘...En plus je tombe sur ‘une philosophe...’
‘...Une gestionnaire qui préfère la douceur, le calme, l’intelligence, la finesse, le respect, la sincérité à la beauté....J’ai été élevée à l’ancienne... !’
‘...Dans tous les cas, tu ne sens pas le renfermé de l’ancienneté... !’
‘...Il faut surtout savoir aimer ceux qui pensent ne pas l’être... !’

Il me regardait comme si j’avais émis une réflexion sortie d’un écrivain célèbre.

A ma surprise, il vint vers moi et m’embrassa le front. Je restais médusée à son geste affectueux.

‘...Ce que tu viens d’affirmer, je le vis au quotidien là où je travaille... ! C’est fou comme les gens ont besoin d’une main tendue.... ! D’une main qui les réconforte quand ils se sentent abandonnés dans leur solitude ; le vide du moment... ! Oubliés de tous... ! ‘
‘...Tu vois Patrick, je vis en ce moment quelque chose d’extraordinaire à un carrefour de ma vie et je me réveille d’un long silence, d’un secret de famille qui me donne une envie d’avancer encore plus en avant, je suis toute remuée par une découverte... !’

Il prit mon bras et me conduisit vers l’ascenseur. Nous mettons pied au rez-de-chaussée.

Madame Castro, ne tarda pas à ouvrir la porte.

Une odeur de couscous et de boulettes caressa mes babines. Je retrouvais cette odeur du vendredi soir.
Elle nous fit entrer dans le grand salon qui faisait office de salle à manger. La table était dressée et je reconnaissais le Choulhan. Je devinais que le pain et le sel étaient recouverts par une belle serviette imprimée par un candélabre à 7 branches. Le mot d’Israël apparaissait en grandes lettres en hébreu. Un calice en argent décoré de deux colombes, était posé à proximité.

‘...Ton papa ne rentrera pas avant dix jours, il veut passer encore quelques temps auprès de ces petits enfants... ! Patrick... ! Vous pouvez vous installer autour de la table, mets-toi où tu veux ma fille.... !’

Patrick me désigna ma place, à ses côtés. La maman se trouva à une extrémité de la grande table. Patrick se leva et posa une kippa sur son chef. Il déboucha une bouteille de vin et versa une mesure de liquide dans le calice. Il laissa déborder légèrement le gin. Quelques gouttes glissèrent sur le corps du récipient pour aller se répandre sur la coupelle.
Rien n’avait changé, je retrouvais la tradition, et revoyais mon papy qui procédait de la même façon, autrefois. Il me portait sur son bras gauche tandis que l’autre bras supportait le calice et, tout en récitant sa litanie, il me fixait des yeux. Ensuite, la prière finie, il me mouillait les lèvres par le breuvage.

Tout me revenait en mémoire.

A suivre...

size=medium]L’Oublie...VIII

Shirley et Simon.

Le Yom Achichi (prière du vendredi soir avant de diner et consacre le jour du shabath, qui commence du soir jusqu'au soir du lendemain plus une heure soit 25 heures) me fit sortir de mes pensées.

Madame Castro, la tête baissée et couverte par un foulard suivait attentivement la prière. Patrick était très concentré. Il buta sur un mot en hébreu, se reprit et termina en goûtant au vin. Il passa d’abord la coupe de vin à sa maman qui me la tendit. Je goûtais au ‘kidouch’ après plus de 10 ans d’oubli. Patrick embrassa sa maman sur les joues, puis idem pour moi. Sa maman me souhaita en judèo-arabe...

‘...Rabi Maaq... ! Chabéth Challoum... !’

Là aussi, ces expressions me revenaient à l’esprit. Elles étaient les favorites de mon papi.

Je retrouvais ma tradition juive. Alors que je l’étais sans plus la pratiquer.

Patrick découvrit le Choulhan et procéda au partage du pain. Il me tendit un morceau , le fameux Motsi, préalablement salé. Sur la table, je reconnaissais toutes les salades d’avant que j'avais perdues de mémoire, encore moins goûtées.

Patrick me versa un verre de vin. Il me présenta quelques lames de boutargue (œuf de mulet). Là aussi, j’appréciais ce goût moelleux et fondant dans ma bouche que j'avais déjà connue.

‘...Je disais à Shirley, que tu avais travaillé dans un hospice... !Maman... !’
‘...Oui, pendant 35 ans à Vaucresson, ils me manquent mes vieux...! ...Quelle aventure, d’ailleurs j’ai téléphoné à Madame Serror, pour venir dimanche prochain les voir.... ! Et puis et surtout voir Simon, le poète.... !’

Elle venait de parler de mon papi. Un courant électrique traversa ma chair à l’évocation de son nom.... ! Je sentais que j’allais éclater en larmes. Patrick se rendit compte de mon trouble.

Il ne dit rien certainement par politesse et là emportée.....

‘...Simon Abraham Ben Chimon.... ! Le fils unique et orphelin d’Abraham Breitou Ben Shimon et de Meicha.. !... ?’

Madame Castro, interloquée et surprise, lâcha sa cuillère sous ma réflexion ; elle me regarda avec insistance. Puis...

‘...Mais vous le connaissez... ? Shirley.... ?’
‘...C’est mon papi.... ! Je suis sa petite fille ... !’ Dis-je en me pinçant les lèvres pour ne pas pleurer.

Patrick s’arrêta net dans son apéritif. Madame Castro n’en revenait pas...

‘...Simon.... ? Ton grand-père.... ? Qui l’aurait cru... ! J’ai sa petite fille, ’ICIIIII...... ?’}

Je commençais à larmoyer...

‘...On ne pleure pas ma fille un vendredi soir... ! ...Simon... ? Ton grand-père... ? Qui l’aurait cru ... ! J’ai sa petite fille

ICIIIII.... ! Chez moi... ! Rabi leï yechwi... ! Mon D ieu ... ! Quelle coïncidence... ! ‘

Mes larmes coulaient sur mes joues sans que je les retienne.

‘...Je ne pleure pas.... ! Non.. ! Je ne pleure pas... ! Pourquoi dois-je pleurer un vendredi soir.. ?’

J’essayais de me retenir. La vieille dame décrocha le cadre. Et là elle pointa de son index, le visage de mon aïeule entouré par ses ‘artistes’.

Ses doigts tremblaient par l’émotion qu’elle maîtrisait mal.....

‘...Il ne faut pas pleurer un vendredi soir... ! Promets-moi de t’arrêter... ! Ma fille... ! ’

Elle répéta sa recommandation pour se convaincre elle-même de ne pas pleurer mais je voyais poindre dans ses yeux un début de larmes. Elle tira un mouchoir pour essuyer ce début d’eau salée. Patrick alla vers elle, et l’embrassa sur la tête. Je disais...

‘...Je veux voir mon papy..... !’
‘...Bien sur ma fille.... !’

Elle me tendit la photo encadrée. Une bande d’une vingtaine de personnes, toutes âgées, tout sexe confondu, figurait dans le cadre.

‘...Il est là, le voilà avec son béret. Là, c’est Belebou et celui-ci, c’est Albert ses deux meilleurs acteurs, Bekhor, le violoniste, un virtuose, il est né à Varsovie. Je suis là de coté... ! Juste derrière nous c’est le PTB, le rideau est tiré de coté...

Je pouvais y lire la lettre P.

‘...Eugénie, Maurice, François, Gilda sa chanteuse préférée, Suzanne, Claude... !

Elle me les citait tous mais j’avais les yeux braqués sur mon papy.

‘...Le meilleur, le poète c’est lui Simon... ! Il était la coqueluche des vieilles dames, elles le voulaient toutes pour elles, et lui s’en amusait par cet engouement qu’elles lui portaient...

‘....Il disait....’ Braby ech mèjèl fiyè.....( Je vous en prie mais que reste t’il de moi... ?)’ Je lui répondais...’ El kheir wél barka.. (La bonne santé !)’

Il ne faut pas que je pleure, les enfants, répétait elle...Et elle pleura quand même en disant...

‘Rabi i samehni... ! Rabi samehni.. ! ‘ Ce à quoi lui répondit son fils….

‘...Il te pardonnera comme il pardonnera ceux ou celles qui on a caché des choses... !’

Patrick avait tout comprit.

Mme Ghislaine continuait...

‘...Quel entrain, quel esprit vif, quel amour pour les autres, il nous chantait en arabe, en italien cassé, en anglais déformé, il nous tuait de rire à tel point qu’une fois Mathilde lui a lancé

‘....Bech narmi ... !’ (Je vais accoucher.. !)’

Elle avait 79 ans....Nous sommes tous morts de rire et, lui il pissait dans sa culotte..En lui disant...

‘...Hatè louken jit yandeq 20 ans.. !’ ( Si encore tu avais 20 ans).... !’

J’étais fascinée par ce que racontait madame Castro.
Durant tout le repas, elle ne tarissait pas d’éloges sur mon papi.
‘...Et quand il nous chantait à sa façon.


‘ NAISSANCE.... !'



Et quand l’heure sonnera/Qu’elle t'annoncera !/Je me lèverai les yeux mi-clos, mal entrain/Mes quatre cheveux en bataille, ce matin/Craintif et fébrile, pour me dire.. ' Il faut que j'y aille'...



Je continuais..



'...Bras dessus, bras dessous, tout sens dessus /Nous irons, maman tes sœurs et moi, sous le beau clair de lune/Ou les rayons du soleil, accompagner de nos émois/Notre fille.Nous la regarderons bien plus de cent fois/Dans la voiture qui nous portera vers sa destination.
Son havre de délivrance.



‘...Mon D ieu comme c’était beau, nous étions tous là, à pleurer comme des madeleines...’

J’ajoutais...

‘...Je souhaite venir avec vous, dimanche prochain, avec mes parents pour lui rendre visite après plus de 12 ans, si vous le voulez bien... !’
‘...Avec plaisir... !’
‘...Tu nous accompagneras Patrick... ?’
‘...Oui, oui... ! Je crois rêver... !’
‘...Il l’était à lui tout seul ce rêve... Il montait sur son estrade et son commis Belebou, nous annonçait l’ouverture de ses pièces dramatiques, ses sketchs, ses récits.....Ah....Ahhhh.... !’

Concluait la maman qui s’apprêtait à débarrasser la table. Je me levais pour l’aider...

‘...Ah non.... ! Tu es notre invitée ce soir, la prochaine fois si tu veux... !’

Sur le divan, envers Patrick..

‘...Je suis heureuse et malheureuse à la fois, je sens que ma vie a change depuis cette révélation dû au hasard.... ! Heureuse d’avoir retrouvé mon cher papi et malheureuse de l’avoir découvert si tard et d’en savoir plus sur lui par des personnes autres que mes parents ; une partie de sa vie à un âge où il est vieux... ! J’ai perdu une affection et je vais retrouver un amour grand paternel... ! Je vais surtout avoir besoin d’aide et de réconfort pour affronter les prochains événements... !’

‘...Ben, je serai là, à tes cotes, toutes les fois que tu auras besoin de cette aide... !’

A suivre...

Re: *****SALLE LALA...LA DOUCE ... L OUBLIE*****
02 novembre 2008, 03:23
Récit imaginaire raconté par Breitou.

\2{L’Oublie...IX}

Shirley et Simon.

Il se faisait tard. Patrick, toujours avec délicatesse m’aida à enfiler mon manteau.
J’embrassais sa maman qui me remercia pour les très belles fleurs en bouquet.

J’étais sereine dans la voiture mais durant tout le trajet, nous avions délaissé le sujet précédant au profit de banalités.

Nous étions arrivés au bas de mon immeuble. Il refit les mêmes gestes délicats en m’ouvrant la porte de sa voiture.

‘...Tu m’appelleras demain, si tu veux Patrick... !’
‘...Oui, j’ai hâte de le faire... !’

Je le saluais une dernière fois avant de pousser le grand portail de l’immeuble dans lequel je m’engouffrais.

Maman m’attendait assise sur le fauteuil.

‘...Bonsoir Shirley... !’
‘...Bonsoir maman... !’
‘...Alors... ?’
‘...Ils sont magnifiques, des gens merveilleux, et la maman connaît ton papa.. !’
‘...J’ai réfléchi et je te demande de me pardonner, nous irons avec toi quand tu auras décidée... !’

Je me penchais pour l’enlacer. L’incident était clos.
J’étais enfin heureuse et comblée. Je m’endormais sur ce pardon.

Le lendemain soir vers les 20 heures ...

‘...Allo... ? Shirley.. ! Bonsoir... !’
‘...Oui.... ! Patrick... !
‘...Que dirais-tu pour demain dimanche... ! Un déjeuner au lac de Créteil... ?’
‘...Ah ... ! Ok... ! Je suis d’accord... !’
‘...Je viendrais te prendre vers 14 heures.... ! Ca te va... ?’
‘...Pas de problème... !’


Comme promis, il vint me chercher à l’heure dite Il faisait très beau.
Une table au bord du lac, nous attendions, sans réservation.
Au petit soin pour moi, il déplaça la chaise pour que je puisse m’asseoir. Il attendit aussi que je me débarrasse de mon manteau qu’il porta au vestiaire.
Une fois attablés, j’ouvrais la conversation par...

‘...Tu sais, j’ai parlé de toi à mes parents afin qu’il n’y est aucun malentendu... !’
‘...Et alors... ?’
‘...Ben, je les connais assez libres d’esprit et il n’en rien trouvé à redire et puis maman fut surprise de la coïncidence au sujet de ta maman... ! Elle m’a promit de nous accompagner... !’
‘...Tout s’arrange pour toi alors... !’
‘...Ben oui..... ! Enfin, je me sens plus sereine, moins lourde d’un poids que je traînais.. !’

Puis sans commander ma pensée, je lui sortais....

‘...Patrick.... ! Je veux te confier quelque chose et je ne n’ose pas le dire de peur de me tromper... !’

Là aussi il comprit ma pensée...

‘...Alors ne dis rien... ! Je vais laisser parler la mienne sans que je puisse la freiner... !

Et il commença à déclarer son sentiment avec dans la voix une telle sincérité que je l’écoutais sans l’interrompre.

‘...Laisse tes sentiments mûrirent... ! Laisse le temps faire son œuvre.... ! Laisse mon rêve se réaliser... ! Mon phantasme prendre corps... ! Mon délire devenir réalité.... ! Laisse le Mektoub tracer nos chemins.... ! Depuis l’instant où je t’ai vue, je n’ai cessé un seul instant de rêver de toi les yeux ouverts... ! De prendre ta main, de la caresser, de voir briller tes yeux quand tu parles de ton papy, il se dégage de toi, une telle douceur, une telle noblesse de cœur, une si belle âme que je remercie D ieu ou la providence qui t’a mise sur le chemin de ma maman et depuis ce jour où tu apparaissais émotive devant le seuil de la porte, je ne fais qu’embrasser ma mère qui ne se doute pas qu’elle est l’instigatrice involontaire de notre rencontre. L’amour, ce jour là a frappé à ma porte, au seuil de mon cœur et il a pénètre sa profondeur....

A suivre....



Paris le 22/4/2004

Récit imaginaire raconté par Breitou.

\2{L’Oublie...X}

Shirley et Simon.

Je l’écoutais et là il me prit la main dans sa paume chaude...Je laissais faire. Ma chaire se tendit sous la pression de ses phalanges. Elle était chaude. Il communiquait aussi avec moi à travers sa main. Un lien se formait entre lui et moi.

‘....Rien ne me fait vibrer autant que ta présence... ! Rien ne me donne autant d’émotion que de voir ton visage... ! Rien ne me donne autant de plaisir que d’entendre ta voix... !’

Je ne pouvais plus placer un mot. Tellement sa verve me pénétrait. Je réussis quand même alors qu’il reprenait son souffle à intercaler....pan pan dans ses yeux...

‘...Alors si je suis ce rêve, ce phantasme, ce délire je voudrais qu’il prenne forme dans le respect mutuel, je voudrais partager ton rêve dans la réalité sans enfreindre à la morale et surtout sans porter atteinte à ma vertu....Alors si tu es celui là, je serai celle là... !’

Il me dit tout en m’écoutant...’ Rabi Mââq...’

Je lui répondais ‘ ...Ou myana... !’

Nous venions d’ouvrir nos cœurs l’un à l’autre sans arrière-pensée.

Prit d’une logorrhée verbale, il continua ses aveux...

‘....Je partage ce que tu ressens... Mon cœur est ouvert et par sa bouche il te dit combien tu es douce, affectueuse, comme j’aime ton visage, ton regard, ton humour débordant ; je n’ai rien trouvé de tout cela chez mes autres anciennes concubines, je suis débordant d’am....
‘...Ca dégouline de partout.... !’
‘...Quoi.... ?’
‘...La sauce... !’

Et là, sa réaction ne se fit pas attendre. Il se leva de table, avec la serviette collée au cou et avec dans les yeux une clarté que je découvrais. Il se pencha sur moi et sans réaliser ce qui allait se passer, il m’embrassa devant la clientèle juive plus occupée à croquer des chips, que d’entendre une déclaration d’amour, qui venait d’être faite sous leurs yeux et plus aptes à dévorer des pizzas ‘margueritas’ qu’à s’occuper de nous.

Je me laissais aller sous son baiser dévoreur. Me laissant des traces de sauce aux alentours des lèvres. Il s’empressa de nettoyer le contour avec une serviette en papier. Je restais bouche bée et reprenant assez vite mes esprits et mon souffle..

‘...Ben c’est la première fois que les pâtes me paraissent aussi bonnes et fournies avec en prime un dessert bien avant l’heure... !’

Il s’esclaffa de rire comme un enfant, par ma réplique. J’étais heureuse encore une fois. Car je l’aimais en me l’avouant. A présent.

L’heure de se lever arriva, nous marchions quelques minutes sur les berges du lac et je fis le premier pas, je lui prenais la main que je serrais à mon tour dans la mienne. Il m’enlaça par les épaules. Heureux et heureuse de nous être compris et entendus.

Il me raccompagna mais avant de nous quitter, nous nous embrassâmes longuement sous les yeux de ma maman, qui me guettait par la fenêtre. Elle tira vite fait le rideau croyant se dérober à ma vue.

‘...Je l’aime et nous nous aimons.. !’ Nous allons bientôt parler projet de mariage.. ! Maman... !’ Dis-je enfin rentrée.

Elle était comme apaisée par cette confidence. Je l’embrassais.

‘...Shirley..... ? ‘
‘...Oui maman... ?’
‘...Tu es notre bonheur... !’
‘...Vous l’êtes pour moi aussi... !’

Plus tard, ce fameux dimanche.

Il est 15 heures 30, quand nos deux voitures s’arrêtèrent devant le portail d’un ancien Château du XVI siècle. Un vigile vint vers nous...
‘...Oui.... ? Ah madame Castro..... ! Quelle joie de vous revoir.... ?’
‘...Richard.... ! Yè Ouldi alors tu vas bien.... ?’
‘...Je me suis marié et j’ai deux enfants.... !’
‘...Mazel tov.... ! Mazel tov... !Bon, ouvres nous la porte... !’
‘...Oui tout de suite.... !’

Nos véhicules franchirent la porte en fer.

Une pancarte avisait les visiteurs de ne pas faire de bruit à l’intérieur du bâtiment.

De vieux et vieilles, assis sur des chaises roulantes, poussées par des aides infirmières, se baladaient dans l’immense parc. La vieille battisse fut achetée et offerte par les Rothschild aux œuvres de l’O.S.E. me précisa madame Castro. Des arbres de partout, le gazon était maître des lieux, il mangeait toute la surface du parc, ignorant les sentiers de passage, gravillonnés.

A suivre...




Paris le 22/4/2004

Récit imaginaire raconté par Breitou.


\2{L’Oublie...XI}

Madame Castro fut la première à sortir de la voiture. Elle nous servait de guide.
Nous gravîmes les huit marches en marbre blanc aux nez ébrèches.

Nous étions maman, papa, Patrick, madame Castro et moi avec deux grands bouquets de fleurs dans les bras.

Madame Castro tourna la poignée la porte, libérant notre attente sur le seuil.

Elle se dirigea vers le bureau d’accueil....Nous la suivons.

‘....Guislaine.... ! Guislaine..... ! ‘Hurla une bonne femme toute en rondeur au visage tachée par des grains de rousseur....
‘...Ma chérie... ! Huguette... !’ Répondit ma future belle doche.

Elles se jetèrent dans les bras, l’une dans l’autre sous les yeux des aides de salle qui accouraient sous le cri de la Huguette. Elles étaient toutes épanouies de revoir leur ancienne cheftaine de service. Un quart d’heure à s’embrasser alors que je rongeais mon frein, impatiente de découvrir de visu mon papy.
Enfin....

‘...Nous sommes venus voir Simon... !’
‘...Simon.... ! Il est toujours dans la salle. Dans un instant, il va donner un spectacle pour les nouveaux pensionnaires. Il est toujours en forme, tu vas voir, il est comme tu l’as laissée... !’

A présent, nous longions un long corridor. Les chambres apparemment étaient bien entretenues. Les murs étaient peints en bleu. Elles portaient toutes, le nom d’un mécène juif.
Au bout du couloir, madame Castro, nous fit signe de nous arrêter et de jeter un coup d’œil par le hublot. Une centaine de vieux assis papotaient. A u fond de la salle, je remarquais un grand rideau blanc qui cachait un grand espace devant une estrade en bois. Les lettres de PTP étaient inscrites en bleu. Avec sur les côtés, deux masques imprimés, l’un hilare l’autre triste. Le sigle du théâtre de mon papy que j’avais vu sur le net. Je rêvais.Je restais planté le nez collé sur la vitre à regarder tous ces oubliés de la vie.

‘...Tu bloques la porte Shirley... !’ Me dit Patrick en me pinçant le coude.

Je m’oubliais.

Madame Castro poussa la porte. Une odeur de désinfectant s’infiltra dans mes narines.
Ma ‘future belle maman’ nous dirigea vers le fond de la salle. Derrière la petite foule qui bougeait dans tous les sens. Nos bouquets de fleurs furent posés sur le chaud parquet. Un vieux monsieur bien digne et bien habillé vint saluer madame Castro, elle se leva et l’embrassa.
Puis, une sonnerie annonça le début du spectacle. Le bruit de chaise se fit moins bruyant.
Des ‘Chut’ se firent entendre, provenant des dames de compagnie. On tira les rideaux des fenêtres et une semi-obscurité prit ses droits. Des spots diffusaient une lumière douce qui éclairait le grand rideau. Et soudain comme sortit de nulle part, un monsieur alerte vint annoncer de sa voix rauque....

‘...C’est Belebou son ami... !’ Me souffla madame Castro....

\2{ MESDAMES ET MESSIEURS.....LE GRAND SIMON....L’ ENCHANTEUR SIMON VA VOUS PRESENTER SON SPECTACLE ....... !’}

J’étais saisi par l’émotion. Patrick me prit la main. Ma maman me toisa de coté et me sourit.
J’étais fébrile.

Le rideau s’ouvrit et là devant mes yeux, je découvrais mon papy dans son costume de scène.
A ses côtés, CAMUS le violoniste, commençait à donner vie à son violon. Une tristesse infinie sortit par son archer. J’avais les yeux rivés sur mon papy Simon. Il était beau dans son allure et ne paraissait pas son âge. Le violon s’arrêta pour laisser mon vieil oublié, chanter le premier chapitre de son poème \2{‘L’espoir...’} Dédié à ma personne.

\rouge{Je me sens vieillir tout à coup/Sans pouvoir stopper le cours/Du temps....§§§§§...
Mais quelque soit la durée de ce temps /Je profiterai pour apprendre cependant
Ce nouveau métier/Que j'aurai, celui de pépé./ Tendresse et caresses....§§§§...

Mes yeux commencèrent à s’embuer sous son vocable chanté en français.
Derrière lui, il y avait aussi Albert qui reprenait en chœur ses paroles en arabe, en refrain.

\bleu{ Cheyeb oulit far darba....§§§§§§…/ Ou meghir me nouakef el timbou…§§§…Meghir me narèf toullou…§§§§….Béch net tyalem él sanya él jdidè..§§§....Elli jeyèli , baba ââjij..§§….Sekhfa ou hnènè….§§§….}

Je réprimais mes sanglots. Patrick approcha sa chaise et m’enlaça. Madame Castro, tira un mouchoir blanc tandis que mon papa cachait mal son émotion. Il se pinçait les lèvres. Maman esquivait nos regards. Elle était très émue. Il chantait mon vieux de sa voix rauque et triste. Les vieux étaient pris par des sanglots ; leurs pleurs trahissaient le silence. Il était beau mon papy, il était si bien dans son spectacle que soudain une voix invisible me dit de me lever.
Je me levais et me dirigeais tout en suivant l’entre deux rangées vers l’estrade. Je me suis mise à chanter en suivant le rythme, le second couplet...Avec mon accent appris et cassé en judèo...

\bleu{ ...§§§§...Bich nimchi nichrob fél chabala mta dahkita..§§§§....}
\rouge{ Je vais aller boire à la source de son sourire/§§§§§§§.....}

Puis je continuais en français...Je pleurais tout en chantant)

\rouge{Et plonger dans son \2{ RegarRRRRRRR....d} Je suis ivre.Je lui murmurerai à son oreille vierge}/...§§§§§§.....Des chants anciens déjà entendus /Des vieilles comptines aussi lues/..§§§§§§......Quelque part dans mes \-2{rassis souvenirs}/Enfouis dans ma mémoire un peu rétrécie....§§§§§...}

Madame Castro, en reste, en fit de même, elle reprit le troisième coupler devant les yeux écarquillés de la petite foule des vieux........

\rouge{Des 'gris babéss', et des 'déb él far'…/...§§§§..... Comme avant au-dessus de mon pauvre et petit \2{berceau}/Quand mon aïeule me les susurrait d'une voix sans fard...§§§§§....

Mon grand-père s’arrêta laissant ces acteurs improvisés sortis du fond de la salle reprendre ses poèmes....... Le violon se remit à miauler.
L’atmosphère s’électrisa quand ma maman à son tour reprit le quatrième morceau

\rouge{Je lui raconterai des histoires d'hier, d'avant/...§§§§§......Insipides qui n'ont plus courts dans le présent./...§§§§§§§§§......En attendant, \2{le jour où elle me dira….}/'…Pépé, je t'aime…!'...§§§§§§§...}

Suivi par mon père en chœur.....

\rouge{ Et lorsqu'elle me le dira, je comprendrai /..§§§§§......Ce jour là, que ma barbe a blanchi
Et que mon vieux regard a pali /Et lorsque, ce jour là arrivera /...§§§§§§§.... Mes bras auront fléchi bien bas/....§§§§§§.....Mes braves jambes auront\-2{ fléchi }/D'avoir supporté la vie....§§§§§....

Mon papy n’en revenait pas, il nous reconnut et là il se mit à pleurer à chaudes larmes, incapable de se commander. Je m’approchais de lui et mit ma tête sur ses épaules...Tout en chantant.........

\rouge{Alors, je lui dirai…./....§§§§§§§§§.....Ma petite fille…! Les belles années pour moi sont passées..../...§§§§§§§....Je vais vivre avec mon passe./Profites en, elles méritent d'être vécues. Dans la paix et la sérénité …...§§§§§§§§......Si un jour, on viendra te dire, j'ai connu ton pépé le Breitou/Tu leur diras, qu’il était un excellent papi…! Mon petit chou.....§§§§§§.......}

Les vieux à leur tour reprirent en chœur les vers du poème \rouge{Naissance}


\bleu{ Ou nej....}\2{ Alla triki...§§§§§...AïnèyèEEEEEE...§§§§...Lik yè moulènè...§§§§ .....
Yè rabi...§§§§§....\2{ Béch en ouadèk bhachi el ouati.....§§§§§...}

\rouge{'….J’'élèverais sur mon chemin, mes yeux vers toi, mon D ieu
....§§§§§§§§§§§§.....Pour invoquer, à voix basse,

‘........Mes prières, par mes lèvres tremblantes/Qui iront vers toi, Seigneur tout puissant, toi le maître des cieux...§§§§.....

\bleu{'Yè rabi, yè moulènè, hattinè bentnè mébin yèdèq…'
Khèrjè mél khatwè hédi, ou jibélnè él khir wèl hénè..!' ...§§§§..... }

\rouge{'…O mon D ieu, seigneur, ....§§§§§.......nous avons mis notre fille entre tes mains
Délivres là de cette passe, et envoie nous le bonheur et la tranquillité..!'}

Nous étions tous dans un mauvais état. Nous nous efforcions à continuer à chanter.
Cela dura plus d’une heure. Puis les applaudissements fusèrent de toute part, tous les pensionnaires et la direction du centre, qui était présente pour assister à ce spectacle improvisé.
Nous étions autour de notre bienheureux papy Simon. Heureux de se retrouver.

Puis tout se termina par la remise des fleurs et pas un grand apéritif que Patrick commanda chez un traiteur du nom de Sharon. La direction lui remit un certificat d’honneur.....

‘.....En honneur de notre cher et aimé Simon qui nous a donné tant de joie et de tristesse... !’

A suivre........

Paris le 22/4/2004

Récit imaginaire raconté par Breitou.


\2{L’Oublie...XII}

La suite des événements, n’allait pas tarder à venir assez rapidement. Nous nous mariâmes. Patrick, mon époux, indépendamment de son cabinet, fut nommé chef de service de son département. Notre situation ne souffrait d’aucun besoin matériel. Il me proposa d’acquérir un grand pavillon situé à Vaucresson, à quelques mètres de l’hospice les ‘Papillons’. J’étais enchanté par la bonne nouvelle. Il me proposa aussi de prendre Papy Simon, chez nous. Il construirait un grand studio dans un coin du grand jardin. Sans étage.

Je lui exprimais ma reconnaissance. Je proposais donc à Simon de venir s’installer chez nous. Il accepta l’offre d’autant plus qu’il était à coté de ses amis et qu’il avait l’entière liberté de ses mouvements.

La construction de l’ensemble s’acheva, six mois plus tard et trois mois après, j’accouchais de mon premier garçon que nous prénommions Jacques -William, du nom de son papa défunt.

J’avais pris aussi la précaution de lui installer un ordinateur avec ADSL. Celui de l’hospice n’était pas rattaché à l’Internet, il servait surtout à rédiger du courrier.
Bref, il emménagea dans sa nouvelle maison meublée très confortablement.

Il alla visiter le PTP dans le virtuel, son cher théâtre, du moins les archives, car depuis son internement, papy n’avait plus rien écrit.

Patrick était aux petits soins avec lui. Il lui exprimait beaucoup d’affection. Papy présidait au Yom Tov et aux prières de vendredi soir, en compagnie de nos deux familles.
Souvent mamie Ghislaine dormait chez nous, quand Jacques son mari voyageait. Mes parents étaient forts réticents à passer quelques nuits auprès de nous. Jacques, mon beau-père était un homme d’esprit. Il décéda malheureusement six mois après la naissance de mon premier fils. Madame Castro malgré notre insistance à venir résider chez nous préféra rester chez elle ; à porter le deuil de son mari. J’allais la prendre assez souvent en compagnie de mes parents pour des escapades. Simon préférait se rendre chez ses amis pour les faire rire.

Simon, arrière-grand-père, gardait toujours le même entrain qu’avant. Il aimait venir tôt le matin voir son petit fils dans son berceau, au début. Plus tard, il le prenait sur ses genoux pour l’amuser devant l’écran de l’ordinateur.
Quand il gémissait de trop, il me le rapportait et puis se remettait à taper quelques textes dans lequel il racontait ses aventures dans l’hospice, avant de les interner dans le PTP.
Le jour, où il rentra brusquement dans son ancien espace, après de si longues années, les quelques anciens amis qu’ils avaient encore un peu partout dans le monde, le saluèrent chaleureusement.

Je retrouvais aussi le judéo arabe et je m’en imprégnais. A tel point que mon fils âgé de 3 ans balbutiait quelques paroles.

Il avait un emploi du temps très strict, Simon. Certains après midi je le voyais sortir, emmitouflé, portant sa casquette, se faufiler à travers la broussaille du jardin, pour aller rejoindre ses amis. Il me faisait toujours un signe de la main en prononçant ce mot qu’il adulait R.M.

Le soir, il revenait me raconter ses nouvelles aventures, tout ébloui et ravi par ses prestations. Il travaillait tard le soir, pour renouveler son répertoire. La lumière de son studio trahissait ses veillées nocturnes.Parfois, il se cloîtrait pendant deux ou trois jours afin de terminer sa tache comme un professionnel qu’il était de la comédie virtuelle.

Il m’arrivait de pousser sa porte pour lui tenir compagnie et chanter avec lui en judèo ses pièces d’opéra. Souvent aussi, il s’arrêtait d’écrire deux ou trois jours quand il apprenait qu’un de ses amis décédait. Il ruminait son chagrin et dans ses moments là, je le laissais seul avec sa peine.

Belebou et Albert prenaient de l’âge. Eux aussi. Ses deux amis tenaient de moins en moins leur rôle et il rechignait à les remplacer. Alors il laissait faire ‘leur trakhwild’ comme il me le disait.

Mon second bébé naquit le 9 février. Trois après la naissance de William.
Patrick sans m’avertir, me dit deux jours plus tard...

‘...Tu sais, je l’ai nommé sous le nom de Albert Breitou.. !’

J’étais effondrée par la nouvelle d’autant plus que nous voulions le nommer Marc. Il m’offrait là encore le plus beau cadeau que je n’avais jamais espéré. Je portais la nouvelle à mon papy qui pleurait à chaudes larmes, son héro, son père, renaissait après de très longues années. Simon avait 85 ans.
La direction ce jour là apprenant la nouvelle que je leur avais transmise à son insu, lui prépara un joli festin avec champagne et calicots.

Jacques- William fit sa bar-mitsva. Albert Breitou ne tarda pas lui aussi à la faire. A 15 ans, mon second fils connaissait tout de son arrière papy. Il jouait avec lui dans son studio des pièces et lisait les sketchs en judéo arabe à la grande satisfaction de mon Simon.

‘...Il est plus fort que moi ton fils... !’

Me disait- il.

Papy atteignit les 99 ans. Il se déplaçait péniblement, parfois sur une chaise roulante ; le poids de l’âge avait eu raison de ses jambes mais cela ne le gênait nullement de demander à ses petits enfants de l’accompagner au centre pour superviser le spectacle.

Un jour, je reçus une lettre des states ainsi libellé...

\bleu‘...Madame,

J’ai l’honneur et le plaisir de venir vous informer...........
Que je serai de passage à Paris, à l’occasion du cinquantenaire du PTP qui sera fêté à l’hospice ‘Les Papillons le 2 Avril 20.........Etc....’}

Elle était signée par monsieur Jex, en personne avec comme en tête ‘ TUNE CITY.COM.

Je cachais l’information à Simon. La fête devait se faire dans deux dimanches. J’en parlais à Patrick mais pas aux enfants. Leur recommandant de bien vouloir préparer quelque chose pour l’anniversaire du centenaire du P.T.B et de garder le secret. Ce qu’ils firent.

Le jour J annoncé arriva.

J’allais le voir, assez tôt le matin pour l’informer qu’un grand directeur du centre allait passer pour voir son spectacle. Il se réveilla lentement. Je l’aidais à se vêtir.
Mes parents et Madame Castro étaient dans le grand salon à nous attendre.Nos étions très fébriles. Mes enfants et moi-même l’aidions aussi à le faire asseoir sur sa chaise.
Il était très beau en costume cravate. Il nous désigna un petit tiroir dans lequel il y avait son petit flacon de parfum Brut.

Un dernier coup de peigne et un dernier regard dans le miroir, mirent au point son allure. J’ajoutais à son bouton vestimentaire une petite rose cueillit dans le jardin.

Nous étions dans la rue. Il faisait beau et nous arrivions quelques minutes plus tard dans la grande salle. Tous les pensionnaires étaient réunis. La direction aussi.La salle était décorée avec de grandes guirlandes. De gros ballons étaient suspendus au plafond. Une musique jouait un air languissant.

Dés son entrée, on fit une grande ovation à mon papy.

Il saluait tous les convives avec ses deux mains toutes tremblantes.Je l’installais face à l’estrade couverte par le grand rideau.

Mes deux enfants étaient partis se changer. Dans les coulisses.
Belebou d’une voix presque inaudible annonça sa millième litanie. Toujours égale à lui-même sauf mais plus âgé. Il bafouillait. Ce qui laissait dire à Simon..

‘...Raddou dimè bim ehdè... !’

Je pouffais de rire en cachette.

Albert était assis de coté et suivait les événements.

‘...Lakher dimè kayad ou cheket.. ’
( Et l’autre toujours assis et muet.... !’)

Et voilà que le rideau s’ouvre pour laisser apparaître mes deux enfants qui commençaient à chanter.....

Breitou/Abraham.

\rouge{Temps qui fuit.

‘Vils temps … ! Vils instants/....§§§§......Qui passent./Maudites……!...§§§§§...... Maudites Heures…§§§§......Qui trépassent./...§§§§......Insensibles à nos joies, vous prenez la peine/...§§§§§§....De vous enfuir comme de sales voleurs ; teignes/....§§§§§§......Alors que nous aurions tant voulu/.....§§§§......Heures et Temps, être éternels...§§§§§.....}

Jacques William reprit juste après lui.....

\rouge{Et goûter pour longtemps à ces moments...§§§§§.....Uniques de grand paternellement.
Heures et Temps, et vous minutes....§§§§§§......Et secondes comptées...§§§§§§.....Perdriez-vous le dixième de vos instants....§§§§§§.........Pour oublier votre fuite en avant… ?}

Mon papy tremblait des mains. Je le sentais très ému. Il levait de temps à autres ses petits yeux verts moi. Pour me remercier.

Puis, il exprima le souhait d’aller les rejoindre...Albert se leva aussi...

‘Okyad enti... !’ Lui dit-il...

Il se mit debout et aller vers eux, malgré son état. Il se mit à chanter entre mes deux enfants...Ses petits-petits-fils.

\rouge{‘.....Mais le Temps est parcimonieux....§§§§§§....Comme ces jours comptabilisés,
Nous épuisent comme des vieux… !.....§§§§§.....Terrible sentence de ce temps,...§§§§....Qui égrène son heure cependant/...§§§§§§......Jusqu’au jour de notre jugement.
Mes petits-enfants... !/....§§§§§....Aurais-je encore la force, le Temps......§§§§§....Pour vous assister, tout immaculés de blanc/....§§§§§.....Bien gantés, mes chéris, debout sur le seuil du Temple/....§§§§§§§......Puis sous le dais de la synagogue/.....§§§§§§.....A l’heure de votre bonheur… ?/.....§§§§§§§§§......Et crier ‘Mazel Tov.. ! ..§§§§§§...... Siman Tov… ? Seul le Grand Maître du temps le sais....§§§§§.....}

Toute la salle se leva et comme un seul homme, elle se mit à chanter....

\rouge{‘....Ou mazel tov ou simah tov....§§§..... !’}

Au même moment, rentrait un homme d’un certain âge avec dans ses mains un coffret.

Toute l’assistance s’arrêta de chanter quand le monsieur vint se positionner sur l’estrade près de mes acteurs\enfants et de Simon.....Un silence imposant prit place.

\bleu{‘...Mesdames et Messieurs.....

Ce jour est important pour moi, et excusez-moi si je bafouille un peu tant l’émotion m’étreint. Je suis venu aujourd’hui remettre la médaille d’or au meilleur acteur dans le virtuel qui soit et qui, depuis de nombreuses années nous ont enchanté par tant de verve et par tant de chaleur. Au nom de toute l’équipe de HARISSA et en mon nom personnel, je vous remets monsieur Simon, la médaille d’or du PTP.....Pour tous les services que vous lui avez rendus....etc.... !}

Son discours dura dix minutes.

Mon Simon écoutait ce monsieur qui ânonnait des paroles élogieuses sorties d’une boite à répétition...
Monsieur Jaco l’embrassa par la suite chaleureusement sur les joues et lui remit sa première récompense. Avec comme sigle le PTP.
Tout le monde fit la fête bien tard et nous nous apprêtions à partir quand mon papy me demanda à l’oreille.....

‘.....Mnih kolli echkoun el baleytchou ehda ?????’
(Mais dis-moi qui est ce nain là.... !’)

Je m’évanouissais de rire.

A suivre...



Paris le 22/4/2004

Récit imaginaire raconté par Breitou.


\2{L’Oublie...XIII}.


A 99 ans, Simon vaquait de moins en moins à ses occupations. Ses forces l’abandonnaient peu à peu.
Ses allées et venues au centre le fatiguaient. Mon fils, Breitou le remplaçait tous les jeudi et le dimanche sur la scène quand il trouvait le temps.

Mon aînée avait 20 ans et Breitou 17 ans. Ils couchaient à tour de rôle dans le studio. Le jour, une femme de compagnie s’occupait de lui.
J’étais souvent près de lui et il peinait à parler. C’était donc moi qui lui faisais la causette.

Un soir, il demanda à nous voir, tous ensemble. Ce qui n’était pas dans ses habitudes. Nous redoutions le pire. Mes enfants étaient assis au bord du lit. Patrick, mon mari me fit comprendre qu’il était à bout et qu’il préjugeait du pire.

Simon essaya de se relever sur son oreiller. Je l’aidais tant soit peu. Il regarda mes enfants et leur demanda de chanter pour la dernière fois le poème...\rouge{Etre grand-père.... !}

William de sa belle voix commença à chanter....

\rouge{Papy… ! Papy. ! /Être arrière grand-père/Pour la première fois, quelle joie.. !
Toi qui a tenu tant de petits fils/Dans tes bras, tu fus bien servi... !

Tu nous a imaginé, courir, comme le faisait autrefois maman chez vous... ?/Et nous faufiler entre les tables de notre maison/Ou dans les fêtes, les mariages, les bar-mitvahs, à la syna.. ?/Mon D ieu ... ! Papy… ! Comme tu es beau… !}

Patrick sanglotait en silence.

Breitou mon fils reprit derrière son frère...Il était très ému.

\rouge{ Tu nous as suivis et tu as couru, après nous/Pour nous prendre dans tes bras durant la musique/En présence des convives les yeux boukhèiques/Ivres de chants, de danses et brûlent les chandelles.

Etre arrière Grand-Père …Papy... !/C’était guetter nos pas dans le hall
Et nos voix à travers la porte./Et tu disais ’...C’est nos enfants ... !..Shirley… !’
Et la magie s’opère…

Guislaine…Mamy... !Toutes les fois que je fais un poème/Sur eux, je larmoie ; sans doute que je les aime...../ Merci MON D IEU.}

Je me retenais pour ne pas pleurer. Il attendit la fin du poème pour fermer les yeux pour toujours, tout en regardant mon mari, ses yeux larmoyants.

Papy Simon s’en est parti.

Nous le veillâmes toute la nuit. Il reposait sereinement dans son lit.
Le lendemain, je faisais part, au centre de l’hospice de la fin de papy Simon.
Nous étions dans son studio, quand j’entendis la clochette du portail sonner.
J’allais voir et là, quelle ne fut ma surprise de voir tous ces vieux compagnons rentrer à la queu leu leu, les uns trottinant péniblement, les autres pousses par leurs aides. Patrick les installait aux abords du grand studio. La femme de ménage leur prépara des boissons.
Chacun à leur tour, ils allèrent embrasser le front de leur ami allongeait le visage serein.
Ils attendirent patiemment l’arrivée du corbillard.
Et là quand ils virent sortir le cercueil, ils se levèrent comme un seul homme pour chanter d’une voix monocorde.....

rouge{‘.....Il y a quelque chose qui change/Lorsque Papy s’en va ! Tout semble très lourd /Par le départ d’un pépé..... !’ ...§§§§§§§§§§....}
.....Après nous avoir fait la fête/Nous allons nous prendre la tête sans retenue/ Retenir nos peines sans chahut....§§§§§§§§§§§§.....
.... Notre chagrin sera toujours immense/ Il passera sûrement avec le temps/ Mais jamais nous ne t’oublierons /Dans notre foyer, à tout moment/Ils rentreront tes petits-enfants/ Pour te chanter Simon...§§§§§§§§§§§§§.}

Au cimetière, plus de mille personnes rendirent un dernier hommage à mon papy Simon.
Il m’a fallu aussi, plus tard, répondre à une centaine d’emails venus du monde entier...

Quelques semaines plus tard, la direction du centre, m’invitait pour rebaptiser la salle du nom de ‘...LE PTB DE SIMON...’

Sur sa tombe, on pouvait lire....

‘.....Il y a en chacun de nous un Simon qui vit toujours... !R.M...’ smiling smiley smiling smiley smiling smiley


Fin.

Re: *****SALLE LALA...LA DOUCE ... L OUBLIE...RENCONTRE D UN SECOND TYPE.*****
14 décembre 2008, 12:09
Nouvelle imaginaire.

Tous les événements cités ici sont imaginaires et ne se rapportent à aucun événement du passé ou du présent.
Les noms et prénoms des intervenants sont imaginaires.



Rencontre d’un second type.
ALBERT et Albert.





Albert Siméon le grand ……………………Jean Pierre Msika.
Mireille Siméon……………………………..Aline Ben Soussan.
Claudine Seknazy née Barouch………………Adèle Ben Chikrit.
Albert Seknazi le petit……………………..Nathan Ayoun.
Pauline Barouch……………………………..Emma Batboul.


Septembre 2043.

Cela n’arrive qu’aux autres.
Que de fois n’ais-je entendu cette belle expression qui sous-entend que nous sommes étrangers à la fatalité, que nous n’en sommes pas concernés jusqu’au jour où, par un étrange hasard, on se trouve confronte à une rencontre du second type.

L’homme pense être à l’abri des caprices de la vie et tout ce qui peut arriver n’arrive aux autres.
L’immunité est pour certains chanceux, aux autres les événements qui marquent durablement une vie.


Le récit.

De jeunes écoliers sortent d’une grande école privée. Une yechiva.
Un groupe de quatre d’enfants s’en détache. Apparemment des copains de même classe qui traversent en riant le grand boulevard Mac Donald, du coté de la porte d’Aubervilliers.

Ils sont gais.
Ils chantent tout en surfant sur leurs deux engins à roulettes. Des skate-boards. Slalomant habilement d’entre les passants, habitués à ce genre de sport casse-cou et qui se pressent autour d’un portillon étriqué de bus.

Soudain, l’un deux par distraction, rentre sur moi. L’enfant perd l’équilibre. La fausse manœuvre le projette à terre. Je me penche pour le relever et là une étrange impression me saisit lorsque je découvre son visage.

Durant quelques minutes, je restais immobile, lui tenant la main alors qu’il cherchait à se relever. Il me regarde dans les yeux.

‘…Monsieur… ! Aidez-moi… ! S’il vous plait… !’

A suivre…..

2°.

Je l’aidais à se relever et tandis qu’il remettait ses vêtements en place, je scrutais ce visage qui me semblait bien familier.

Je profitais de cet instant de remise en ordre pour sortir de mon vieux portefeuille en cuir une vieille photo ridée, mon portrait à 8 ans que je gardais précieusement depuis près de 63 ans.

La ressemblance d’avec moi était frappante.

‘…Tu t‘appelles comment jeune homme… ?’ Dis-je d’une voix paternelle.
‘…Albert…. ! Monsieur… !’
‘…Albert… ? Quel âge as-tu … ?’
‘…8 ans, je suis né le 9 février 2035… !’
‘…Comment se fait t’il que tu sois… !’

Je n’osais continuer la fin de ma question.

‘..Tu t’appelle Albert me dis-tu et tu es né un 9 février… !’
‘…Oui Monsieur… ! Je dois rentrer chez moi, il se fait tard, maman m’attend… !’
‘...Ta maman … ! Où habite t’elle… ! Excuse-moi fiston, va rentre chez toi... ! Elle doit sûrement s’inquiéter en ce moment, tu n’as pas mal au moins… ?’
‘…Non monsieur et excusez-moi… !’

Je le vois repartir rejoindre ses amis tout en roulant sur sa mécanique à roues.

Je m’asseyais sur un banc.
Mes pensées étaient confuses.
Et elles avaient bien raison de l’être.
Je m’interrogeais sur cet enfant en tout point ressemblant à la photo qui était restée scotchée dans ma main.
Il n’y avait aucun doute. C’était moi à son âge. Je ne pouvais pas me tromper.
Même physique, même yeux, même regard, mais sans les patins.
Je venais de croiser mon doublon mais comment cela se pouvait t’il, non d’un chien.

Je me levais avant que la nuit me surprenne en cet automne gris.

Au dîner….

‘…Tu ne sembles pas être dans ton assiette, Albert ce soir… ! Tu as un souci… ?’
‘...Non, non, rien de grave, juste un léger carambolage avec un enfant sur ses patins… ! Rien de méchant… !’

Je ne rapportais pas l’incident à ma femme car je voulais en avoir le cœur net avant que je lui en fasse part.

La nuit passa.

A Suivre.

3°.

Sans fermer l’œil.
Il y a des blancheurs de nuit qui méritent qu’on veillent dessus, les yeux collés à un plafond insipide.

Le lendemain matin, sans perdre de temps, je sortais mon vieil album de photos afin de superposer, dans mon esprit, ce visage d’enfant avec le mien à cet âge.

J’aurai tant voulu me tromper sur cette découverte de la veille mais non, les photos me ramenaient vers ce visage de môme que j’ai croisé hier matin.

Quelque chose me troublait.
Suis-je tombe sur mon sosie de jeunesse né à la même date que moi et dans le même mois… ?’ N’allant pas quand même à supposer que l’heure fusse la même.
Et en plus un vendredi soir d’après les éphémérides que je consultais… ? Pour une coïncidence s’en était une, flagrante, immense et invraisemblable, même les statistiques prouvent qu’il est impossible que cela arrive. Les statistiques se tromperaient t’elles… ?

Une seconde nuit passe.

Rasé et dispos, je décidais de me pointer le lendemain matin à quelques pas de son école, sur le lieu de cette providence pour aller à la rencontre de mon moi mais en plus jeune.
A 9 heures, l’heure de la rentrée des cours.

Ma patience ne tarda pas à être récompensée.

Le petit Albert était accompagné par sa maman, du moins je le supposais.

Je restais caché derrière un arbre légèrement en retrait puis je traversais la rue alors que sa maman s’apprêtait à le quitter tout en l’embrassant, sur le bord du trottoir.

Son sac au dos me rappela mon cartable d’avant. Il était de la même couleur.
Mais pas de la même matière, pour mon plus grand bien.

Je profitais du départ de sa mère pour aller le rejoindre

‘…Albert, bonjour, te souviens-tu de moi… ?’ Dis-je en souriant.
‘…Oui, Monsieur, c’était hier, vous m’avez relevé… ! Je vais bien, Monsieur… !’
‘…Albert, je ne veux pas paraître impoli mais je voudrais rencontrer ta maman, juste cinq minutes, j’étais instituteur dans ton école et je voudrais savoir si rien n’avais changé... !

J’avançais un prétexte idiot et l’enfant releva mon imbécillité.
Quel était donc le rapport entre visiter l’école et sa maman.
J’étais troublé par sa présence surtout et un trou s’installa dans ma logique.

‘…Mais rien ne vous empêche de revoir vos classes, Monsieur… !’

A suivre…


4°.

Il était déjà bien plus intelligent que je ne l’étais à mon âge.

‘…Je sais, je sais, mais je crains que je cela ne remue en moi de vieux souvenirs… ! Peut être qu’elle était élève dans ma classe… !’
‘…Je ne le crois pas, mes parents habitaient Rennes, avant de s’installer à Paris, bien avant que je ne sois né… ! Papa est décède… ! Je ne l’ai pas connu… !’

Il était orphelin de père.

‘…Mais comment es-tu né… ?’

La seconde question aussi idiote que la première laissa l’enfant surpris.
Et moi pantois.

‘…Comme tout le monde Monsieur… ! Bon je dois rentrer, au revoir Monsieur.. !’

Ce ‘Comme tout le monde’ sonna le glas à toutes mes autres questions et je résolus d’approcher sa maman d’une autre façon.

Je lançais malgré moi un ‘…Fais attention, Albert... !’ L’enfant ne l’entendit pas et continua sa rentrée en patins à roulettes. Me laissant debout avec mon parapluie démodé sur le gravier humide.

Je prétextais à ma femme, un dîner avec le vieux Meyer, pour attendre la sortie du midi avec le ferme espoir de le suivre. Je me suis soudain souvenu que les enfants déjeunaient à la cantine et bien déçu, je laissais tomber et le prétexte et mon ami Meyer.

Sans démordre, je revenais cette fois ci, bien déterminé vers les 16 heures pour surprendre Albert, mon sosie à 8 ans.
Là encore ma patience fut satisfaite ; le jeune garçon, comme les deux jours précédents, sortait avec ses amis, les patins en bandoulière. Une chance pour moi, moi qui ne pouvais pas courir et encore moins marcher assez vite.

Je le suivais du regard à distance raisonnable, à son insu.
Le petit groupe se sépara et j’en profitais pour forcer le pas.

Albert quitta ses copains et s’engagea dans l’avenue Mac Donald.
Quelques mètres plus loin, je le vois s’arrêter et composer le code de l’entrée d’un immeuble puis disparaître par la grande porte cochère. Un joli immeuble nouvellement construit.
Sa silhouette disparaît alors que je surprenais le battant de la porte se refermer, laissant ma curiosité inassouvie. Mais têtu comme je le suis, je me plantais devant cette même issue dans l’espoir de la revoir s’ouvrir de l’intérieur par la sortie d’un locataire.
Ce qui fut fait. Cinq minutes plus tard un homme à barbe en sorti.
Je compris que l’homme était un religieux juif comme moi mais pas tout a fait.
Lui, grand supporter de la torah, moi fan de rien du tout, mais grand fervent de Achem.
Et ancienne idole des culs des femmes.

A suivre…

Commencé le 9/12/2008 PAGE 225 à 22 HEURES 10 ET 226 229

5°.

J’étais à présent dans le grand hall richement dallé en carreaux de marbre. Des miroirs reflétaient mon auguste silhouette. Des bacs à fleurs relevaient le très bel ensemble. Un ascenseur attendait un éventuel locataire.

Le sol était d’un tel lustrant que ma vieille carcasse s’y réfléchit. Aussi.
Je n’osais marcher sur ce sol noble, et si poli, qui brillait de mille éclats.
Un vrai sacrilège pensais-je.

‘…Marbre de Carrare, comblanchien de la région de Sienne… ! A cause de ses petites veines roses qui lézardent sa surface… !’ Dis-je à haute voix.

‘…Vous êtes marbrier… ?’ Me dit une voix de derrière moi.

Je me retournais et là je tombe sur une femme de belle allure, très belle, mince, habillée très chic, d’un beau tailleur couleur crème qui lui moulait le corps. Le tout rehaussé par un très joli sac aux boucles CD et des talons assortis. Légèrement maquillée avec de grands yeux noirs en forme d’amande.
Ses cheveux longs et couleur blond cendre tombaient sur ses épaules avec une belle frisures comme des serpentins sortis d’une source pure et limpide.

Ses traits étaient si réguliers que j’avais le sentiment qu’ils avaient été dessinés par un grand artiste. Aucune fausse note, pas un défaut dans ce sourire élégant qui laissait entrevoir une galerie de dents blanches aussi régulière que l’étaient ses traits.

‘…Oh, excusez-moi… ! ‘ Dis-je en ôtant mon béret basque … !’…Madame… ! Ce matériau a réveillé en moi, mon ancien et vieux métier... ! De vieux souvenirs de Tunis… !’
‘…Je m’excuse d’avoir interrompu votre conversation avec ce noble matériau que je respecte et comme le hasard fait bien les choses, je vous confie que mes parents sont de Tunis… !’
Mon papa est décédé, maman est là… ! Elle vit chez moi… !’ M’avoue t’elle avec candeur et franchise.
‘…Vous portez un médaillon, un ‘che dei’… ?’
‘…Je suis juive Monsieur… !’
‘…Albert… !’
‘…Comme mon fils alors… !‘…Vous cherchez qui dans cet immeuble, Monsieur… !’
‘… L’endroit est peu approprié pour en parler… !... Madame…. !’

Ironie du sort, elle était la maman de Albert le petit.

‘…Claudine Seknazy… ! Mais si vous le désirez, nous pouvons monter chez moi pour parler de ce qui semble vous tracasser… !’
‘…A quoi voyez vous cela, Madame… ?’
‘…le flair d’une femme ne la trompe jamais… ! Puisque vos origines sont comme les miennes, nous bavarderons un instant… !’

J’étais troublé par sa beauté d’une part et par le charme et la grâce qui se dégageaient de sa voix. Son sourire donnait l’impression que ses mots, sortis de sa bouche, coulaient naturellement. Elle devait avoir entre 35 et 40 ans, une fourchette d’age que je jugeais assez convenable.
J’appris plus tard qu’elle en avait 32.

A suivre.

6°.

A l’intérieur de l’ascenseur, je baissais les yeux par la timidité qui m’envahissait. Je détournais mon regard de son visage alors que j’aurai voulu, dans ce laps de temps que durait l’ascension, l’imprégner dans ma mémoire.
Tout ce qui est beau laisse souvent des marques dans mon esprit.

L’ascenseur s’immobilisa au 9 iéme étage.
J’ouvrais la porte et la laisser passer.

Je la suivais avec mon béret entre les mains.
J’avais ouvert mon par-dessus. Il faisait chaud dans ce palier qui sentait la bonne odeur de lavande. Elle s’arrêta devant la porte de son appartement, glissa la clef dans la serrure.
Je suivais ses pas.

Une vieille dame était là assise dans un fauteuil roulant qui donnait sur un grand balcon.
Je n’osais pas, toujours par timidité, embrasser le décor. Un peu comme un médecin tenu par le respect de l’environnement.
Je devinais cependant le bon goût de la disposition des meubles du salon. Très vaste.

‘…Maman, je te présente Monsieur Albert, un monsieur de Tunis…. ! Comme toi… !’
‘…Bonjour Monsieur …!’Répondit la maman faisant l’effort de se lever.

‘…Non… ! Ne vous dérangez pas, savourez ce moment de calme et de quiétude Madame… !’

Claudine m’invita à m’asseoir. Elle me soulagea de mon par-dessus qui était plié sur mes avant bras.
Je m’enfonçais dans ce grand fauteuil à trois places. Face à un grand téléviseur Plasma.
Le portrait d’un homme d’entre deux âge attira mon attention, il était accroché juste au-dessus de la boite à images.

‘…Mon époux… ! Il est mort accidentellement, il y a 9 ans, alors que j’étais enceinte de mon fils… ! Il ne l’a pas connu … !’
‘.. .Oh, je ne sais quoi dire…’
‘…Que voulez vous boire… ? Albert… ?’

La vieille…

‘…Vous vous appeler aussi Albert comme mon petit fils né par… !’
‘…Maman allons, ne gêne pas mon invité… ! Je t’apporte tes médicaments et ta tasse de thé... !’
‘…Ce nè par… !’ M’intriguait, qu’A t’elle voulu insinuer cette mamie qui tremblait des mains.

‘…Elle est atteinte par la maladie d’Alzheimer… ! J’ai une personne qui vient l’assister tous les jours lorsque je sors… ! Parfois elle couche ici…’

Elle s’éclipsa un moment dans la cuisine ma laissant seul avec sa vieille maman.

A suivre.



Commencé le 9/12/2008 PAGE 225 à 22 HEURES 10 ET 226 229



7°.

‘…Je suis une fille Barouch de la Goulette… !’

Ce nom de famille m’était connu.

‘…Mais je connais votre famille, Madame… ! Je me souviens de Edgar, Pauline et Marco… !’
‘…Je suis Pauline… !’ Me dit t’elle en me souriant ‘…Vous êtes de quelle famille vous… !’
‘…Siméon, rue Pasteur… !’
‘…Albert Siméon ollalala, ye hassra, mais alors nous étions dans la même classe… !’ Me dit telle en me regardant de ses petits yeux couleur geai.

Mon D ieu, serait ce possible que la jeune fille que j’avais connue dans ma classe était là devant moi assise et malade…. ?
La maladie l’avait vieillit d’une génération. Je ne reconnaissais plus ses traits fins et son joli visage encadré par deux jolies tresses d’autrefois, façon Vercingétorix. Elle avait pourtant mon âge et voilà que la sale maladie l’avait fait bondir de 30 ans en avant. Je n’en croyais pas mes yeux. Pauline la belle et jeune fille de Georges Barouch, assureur, d’il y a 60 ans, notre première de la classe, n’était plus qu’une vieille dame handicapée ne pouvant plus se déplacer par ses propres moyens.

‘…Que sont devenus vos frères Edgar et Marco … !’

La vielle dame semblait étonnée par ma question, elle me regarda puis..

‘…Claudine…Je veux dormir… ! Claudine… ! Je veux dormir, qui est ce monsieur là devant moi, je ne le connais pas… !’

Je compris que la pauvre Pauline perdait ces moments de lucidité et que la confusion s’installait dans son esprit malade.

Claudine sortait de sa cuisine avec un plateau à café.

‘…Je vais te mettre dans ton lit maman mais avant boit tes cachets… !’

‘…Que faites vous dans la vie Albert… !’
‘…Je suis à la retraite, je vis de mes biens immobiliers. J’ai vendu mon affaire il y a 5 ans et ma femme et moi voyageons souvent… !’
‘..Et vos enfants… ?’
‘…Je n’en ai pas, ma femme ne pouvait en avoir… !’

Claudine me regarda.

‘…Excusez moi de vous avoir posé cette question, heu je suis … !’

A suivre.




8°.

Elle s’arrêta de parler sous les appels incessants de sa vieille maman.
Claudine poussa le fauteuil roulant vers la chambre de la mamie.
Elle réapparut quelques instants…

‘…Elle s’est assoupie durant le trajet… !’
‘…Votre café est délicieux … !’ Dis-je pour meubler l’atmosphère.

Un rapide coup d’œil à ma montre m’averti que le temps est passé et que je dois rejoindre ma femme.
Je me levais.

‘…Je dois partir… !’ A ce moment là, on sonna à la porte.
‘…C’est mon fils…Albert… !’
‘…Ca tombe bien, je m’esquive… !’

Albert fit son entrée. Il avait l’air surpris de me voir.

‘…Bonjour Monsieur… !’ Me dit t’il.
‘…Bonjour Albert… !’

Sans plus attendre, j’enfilais mon par-dessus, je prenais congé de Claudine et de son fils. Avec regrets.

Je repris l’ascenseur en sens inverse.
Dans la rue, je hâtais le pas, mon épouse est très stricte dans le respect des horaires.
Sinon elle s’inquiète de tout. Il fallait même que je la prévienne lorsque j’avais un léger retard par téléphone.

Dans le métro, je revoyais dans ma tête, Claudine, la fille Barouch, la fille de ma copine de classe élémentaire. Une vague de souvenirs inonda mes pensées et son fils Albert. Mes idées étaient confuses et malgré les bousculades dans le wagon, ces premières persistaient à entretenir en moi un doute que je n’arrivais pas à dissiper.
Une sorte d’intuition qui me rendait mal à l’aise. Malgré ma persistance à réprimer ce doute, je n’arrivais pas à le chasser de mon esprit. J’étais sous l’emprise de ce quelques chose d’indéfinissable, comme un appel du sang, une lubie, qui venait me troubler.

Un appel du sang. Cela m’était impossible de croire à cet appel soudain du sang alors que rien ne le justifiait. Et pourtant. Serais-je devenu fou par cette idée qui me turlupinait à tel point que je ratais ma station de métro.

Ma vision se troublait et je sentais comme une sorte de vertige lorsque je descendais à ma station. Je m’asseyais un instant pour me reposer.
Je profitais de cet instant de récrée, pour remettre mes idées en ordre.
J’essayais aussi de chercher la cause de mon malaise alors que je n’ai jamais rien senti jusqu’à présent. Je reportais celui là au café sans doute bien fort. Un futile prétexte pour me rassurer.

A suivre.

9°.

Je rentrais à la maison avec mon prétexte futile.

‘…Tu as tardé Albert ??? Et tu ne me préviens pas ????’
‘…Je crois que je ne boirai plus de café, il est la cause de mon retard… !’
‘…Depuis quand la compagnie d’un café ou son absorption serait la cause de ce retard… ?’
‘…Et bien, je me suis évanoui dans la station et j’ai cru un instant que je mourrais… !’
‘…Encore une de tes prouesses … !’
‘…Je vais me doucher… !’ Coupant court à un débat stérile.

Je rentrais sous la douche. Le jet d’eau chaude me fit du bien.
Je me sentais revigoré.

L’heure du repas était encore bien loin. J’allumais la télévision pour visionner ma série préférée ‘…Au-delà du bizarre… !’ Une série à épisodes qui m’endormait bien souvent dans mon fauteuil, jusqu’à l’heure du dîner. On y parlait de tout, de la réincarnation de l’âme avec force et conviction. De l’au-delà, de ces défunts qui revenaient sur les écrans de télé, du morbide et du ballout avec témoins sérieux mais aussi fatigants que puérils.

Je somnolais paisiblement lorsque je prononçais par inadvertance le nom de Albert dans mon demi sommeil.

L’oreille fine de ma femme prit au vol ce ‘Albert’.

‘….Tu parles de qui… ?’
‘…Avec moi-même… !’
‘…Ah.. ! Tu t’appelles à présent… !’
‘…Je fais un retour aux sources… !’
‘…Une rétrospective vieille de 62 ans.. !’
‘…Comme la photo où ta maman à écrit le joli mot fort plaisant… !’
‘…C’est du passé, elle ne te connaissais pas bien au début, Ok… ? Depuis son opinion avait bien changé … ! Mireille… !’

\b{\c{\photo Albert petit}
\b{\c{\écrit de ma maman au verso}

‘…Oui, exact mais n’empêche cela laisse des traces… !’
‘…Mireille, pourquoi avait tu refusé ma proposition d’il y a fort longtemps… ?’
‘…Laquelle, rafraîchi moi la mémoire… ! Avec toi les propositions et les promesses ne tiennent pas longtemps…’
‘…Sans doute, toujours cette frustration, rien ne vous satisfait donc….!’
‘…Si tu as l’intention de te quereller dis le moi… !’
‘…Pourquoi as-tu refusé l’insémination artificielle… ? J’avais pourtant pris mes dispositions dans ma jeunesse pour faire un prélèvement de sperme dans le cas où ma future femme aurait quelques problèmes de… !’

A suivre.

10°.

Commencé le 9/12/2008 PAGE 225 à 22 HEURES 10 ET 226 229 245....

‘… Nous y voilà, tu as tiré le mauvais numéro, et ne remue pas ce sujet, nous en avons parlé des jours et des semaines, et je t’avais demandé de divorcer mais tu n’a rien voulu entendre, je n’aime pas ce qui n’est pas naturel, une femme doit porter son enfant par une intromission naturel pas par des pipettes ou des seringues ok… ?’
‘…Et lorsque la nature est défaillante, on fait quoi dans ce cas là… ?’
‘…Ce n’est pas dans les principes de la torah l’insémination artificielle… ! La procréation, je la conçois que naturellement et pas autrement… ! Tu aurais dû demander le divorce, la torah l’autorise dans certains cas… !’
‘…La torah pourtant nous dis de nous multiplier… !’
‘…Oui, je te le répète d’un façon naturelle, si je suis stérile est ce ma faute…. ? Dois tu me culpabiliser à l’infini… ! Et pourquoi me soulèves tu cette déficience aujourd’hui alors que tout est fini sur ce chapitre… ?’
C’est plutôt ta maman qui te l’a interdit… ! Pas la torah… !’

‘…Ne tires pas ma mère, laisse là où elle est… !’

Elle se fâchait.

‘…Je t’aimais et encore aujourd’hui je t’aime et je ne pouvais pas divorcer… ! J’aurai tant voulu avoir des petits enfants … !’

Elle s’esquiva avec une larme qui pointait au coin de son œil.
Je me tus. La dérobade dans ce cas là est de rigueur.
Je me sentais par la suite coupable d’avoir soulevé un tel sujet.

Elle quitta la salle à manger en me lançant un…

‘…Je n’ai plus envie de te servir, débrouilles-toi, je vais aller dormir… !’

Voilà, mon estomac payait ma forfaiture.

Je restais un instant pensif et puis prit par le remord, je la rejoignais dans son lit.
Je m’accotais près d’elle en lui prenant la tête entre mes bras.
Je la serrais tout en l’embrassant. Elle avait les joues mouillées.
Elle pleurait sous l’édredon.

‘…Je m’en veux d’avoir parlé de cela et c’est toi qui a raison… !’ Dis-je pour me faire pardonner de ma bévue.

‘..Ce n’est pas de ma faute… !’ Me redit t’elle avec des sanglots dans la voix.
Je me mis aussi à pleurer toujours en serrant sa tête dans mes bras.

Je me sentais coupable de l’avoir blessée.

L’appétit n’y était plus.
Mon ventre en fut puni.

Au petit déjeuner, prenant mon courage à deux mains…

‘…Mireille… ! Je veux me soulager de quelque chose… !’
A suivre.

11°.


Et de lui raconter ma rencontre avec détails.
Je lui exposais ma théorie.

‘…Ah je comprends mieux ce que tu voulais dire hier soir. Tu as fait une fixation, je pense que tu échafaudes une théorie cocasse, ton imagination n’a pas fini de te jouer des tours au point que tu te vois partout, si tu veux en avoir le cœur net, il faut en parler avec cette dame, c’est facile et comme cela tu arrêteras de t’emmerder la vie avec des délires d’un autre âge… ! Et à supposer que ta théorie aboutisse et que la conclusion de ce que tu avances soit vraie que va-t-il se passer après…?’

J’appelais D ieu à mon secours.

‘….D ieu nous inspirera.
‘…Bien dans ce cas là, je ne vois pas d’objection si Achem t’inspirera sur la bonne voie… !’
‘…Pourrais tu m’accompagner dans cette démarche, je me sentirai plus fort pour affronter la suite… !’
‘…Vaut mieux la prévenir… !’

Ma femme me soulageait d’une grande épine entrée dans ma cervelle. Et voilà que par miracle, elle acceptait ma proposition d’accompagnement. Une démarche qui allait bouleverser la suite de notre vie. Et celle de Claudine.

Sans perdre de temps, je levais le combiné.
Claudine m’avait donné en son temps son numéro de téléphone que je mélangeais avec les 16 autres chiffres de mon matricule sociale et cela afin que ma femme ne le découvre , ce qui
m’évitais des échanges aigres doux.

‘…Claudine… ?’
‘…Oui, bonsoir Albert… !’
‘…Bonjour Claudine, voilà, je ne sais pas par quoi commencer euh… ! Je voulais te dire que ce n’était pas par hasard, que je me suis trouvé dans le hall, la dernière fois. La providence a voulu que mes pas me guident vers toi par l’intermédiaire de ton fils Albert… !’
‘…Tu es bien mystérieux… ! Eclaire-moi … ?’
‘…Lors de ma dernière visite, je n’ai pas eu le temps de t’exposer la raison de ma présence dans ce hall… ! J’ai pensé que le moment était propice pour t’en parler… ! Sûrement une invraisemblable théorie qui me donne l’envie de savoir… ! D’avoir le cœur net et surtout de cesser de me tracasser les méninges… !’
‘…Le mystère s’épaissit… !’
‘…Avec ta permission, nous voudrions ma femme et moi, t’entretenir de ce mystère… !’
‘…Je serai enchanté de vous inviter.. !’
‘…Demain soir alors… ?’
‘…Bien, nous dîneront ensemble dans ce cas… !’
‘…Non… ! Ne te déranges pas, juste un café… !’
‘…Ca marche… !’
‘…Disons 19 heures… !’

A suivre.

Re: *****SALLE LALA...LA DOUCE ... L OUBLIE...RENCONTRE D UN SECOND TYPE.*****
15 décembre 2008, 13:27
'...RENCONTRE D UN SECOND TYPE...!'



Commencé le 9/12/2008 PAGE 225 à 22 HEURES 10 ET 226 229 245 247


13°.

La porte céda sous la pression de mon bras.
Plus que trois minutes pour arriver là haut.

Nous étions arrivés au 9 ième plancher. Claudine nous attendait toute souriante sur le pas de sa porte.

J’embrassais la mezzouza et nous franchissions la porte de la famille Seknazy.

Nous échangeâmes des allers retours de bises. Je présentais à ma femme Mireille à Claudine toujours gracieuse et charmante.
Elle nous débarrassa de nos surplus de vêtements et sac et nous invita à nous asseoir.
Sur la belle table basse en verre fumé, des assortiments de gâteaux orientaux, des sodas et même du Whisky. Elle avait tout prévu.

J’avais hâte de lancer le débat.
Elle nous propose en attendant les makrouds faits maison et nous invite à nous servir. Ce que nous faisons ma femme et moi tout en la remerciant.
Sa maman n’était pas dans le salon, Albert non plus.

‘…Maman est fatiguée et Albert fait ses devoirs… !’ Nous dit t’elle en devinant mes pensées.

Claudine vint s’asseoir juste en face de nous attendant l’ouverture de la mystérieuse conversation.

‘…Claudine… ! Voilà, depuis ce carambolage d’avec ton fils Albert, j’ai eu comme un flash… ! Une projection dans mon passé lorsque je l’ai vu… J’ai superposé inconsciemment son portrait sur l’une de mes photos de mon enfance. Et là, je me suis rendu compte que la ressemblance est bien plus que frappante… ! Albert ton fils, ressemble en tous points à moi lorsque j’avais son âge… ! Tu me diras que cela est une fixation mais je veux en avoir le cœur net. Ce phantasme m’exaspère et je voudrais y mettre fin une bonne fois pour toute… !’

Je lui montrais les premières images de mon album pour appuyer mes dires.
Elle le feuilletait sur ses genoux.

J’appréhendais sa réponse.

Un épais silence s’installa, il ne dura que quelques secondes. Son visage ne marquait aucune surprise. Rien ne trahissait ses traits. Elle s’attardait sur les photos. Puis ...

‘…J’ai l’impression de voir mon fils… ! Dans son enfance… !’

Silence gênant.

‘…Mon défunt mari et moi ne pouvions apporter des enfants… !’

A suivre.

Re: *****SALLE LALA...LA DOUCE ... L OUBLIE...RENCONTRE D UN SECOND TYPE.*****
15 décembre 2008, 13:28
14°.

J’appréhendais la confidence suivante comme une lame sortie du fond de l’océan. Et qui allait s’abattre sur moi. M’engloutir. Qui allait donner surtout un début d’éclaircissement à mes doutes.

‘…Nous avons consulté un éminent professeur, il y 9 ans qui nous a conseillé l’insémination intra utérus. Pour cela, il nous a fallu un donneur…. ! Nous nous sommes adressés à la banque du sperme..!’

J’entrais dans une autre dimension.
Mon raisonnement du départ commençait à prendre forme.
Mes soupçons devenaient réalité à mesure qu’elle racontait.

‘…L’insémination a prit dés le premier coup.
Six mois plus tard, mon mari décédait dans un accident de voiture alors que j’étais enceinte du sixième… ! Albert était né trois mois plus tard… !’

Silence.

‘…Comment savoir si ce donneur anonyme, n’est pas moi puisque j’avais fais il y a longtemps un don de mon sperme au cas où… ?’
‘…Si je comprends bien Albert, tu penses que ce sperme pourrait être le tien…?’
‘…Je le suppose … ! Je délire n’est ce pas… ?’
‘…L’ADN… ! Par une analyse de l’ADN de mon fils que l’on comparera à la tienne… ! Et nous serons fixés sur la chose, mais tu t’imagines la marge d’erreur que cela représente… !’
‘…Nous ne perdons rien à procéder à ces analyses… !’ Dis ma femme…’…Afin que mon grand Albert cesses de rêver sur votre Petit Albert… !’

Claudine se mit à rire.

‘…Mais à supposer que cela tienne la route et que tu sois une part de mon fils, que va-t-il se passer après …????’

Sans hésiter.

‘….D ieu nous inspirera… ! Répondis- je sur le champ.
‘…Quelle sera la réaction de mon fils lorsqu’il apprendra la vérité… ?’ Claudine.
‘…D ieu vous guidera… !’
‘…Il va avoir beaucoup à faire D ieu avec toi, cher époux !!!’ Mireille.
‘…Cela ne lui prendra pas beaucoup de temps et pour nous inspirer et pour nous guider.. . !

Je me levais et allais embrasser cette femme sur le front qui acceptait ma requête sans poser aucune condition. Elle avait compris, qu’entreprendre des démarches, soulagerait l’esprit d’un homme dont elle devinait le trouble. Et que s’il devait trouver le repos un jour en apprenant une hypothétique vérité, cela serait à ses yeux la meilleure façon de résoudre son problème.

Le bon sens et la logique l’emportaient sur toutes autres considérations.

A suivre.

Re: *****SALLE LALA...LA DOUCE ... L OUBLIE...RENCONTRE D UN SECOND TYPE.*****
16 décembre 2008, 10:58
15°.

Nous prenons congés de Claudine avec sa promesse de nous informer de la suite des événements.

Deux jours plus tard, je prends rendez-vous avec un laboratoire spécialisé dans ce domaine. Conseillé par mon médecin traitant.
Deux semaines plus tard, j’étais fixé Je ne comprenais rien à tous ces chiffres.
Je postais dés le lendemain sur mon parcours habituel le pli à Claudine.

A présent je n’avais plus qu’à attendre son coup de fil, sans montrer trop d’impatience au regard de ma femme.

Elle devinait quand même cette dernière par le nombre de fois où je tournais en rond dans la maison à griller cigarette sur cigarette, jour après jour.
Au bout de trois semaines, je trouvais le temps long mais je ne voulais toujours pas précipiter les choses. Le devoir de réserve s’imposait.
Par contre, cela ne m’empêchait nullement d’aller surprendre Albert sur le lieu de son école, caché toujours derrière mon compagnon l’arbre qui commençait à porter sur son écorce l’empreinte de mon épaule. Je me sentais déjà parti prenant dans cette affaire et je voyais ce gamin comme ma moitié. D’autant plus que les confidences de sa maman me portaient à croire que tout devenait possible.

Les jours passaient et aucune nouvelle de Claudine. Mon impatience grandissait ainsi que mon angoisse. Je devenais fébrile, le moindre coup de téléphone me faisait sursauter et à chaque fois je disais ‘ C’est Claudine… !’ Mais en vain. Je n’avais qu’au bout du fil soit ma banquière soit le préposé à un service quelconque. La moindre sonnerie à la porte me faisait bondir de mon fauteuil alors que rien ne le justifiait puisque je devais apprendre la nouvelle par téléphone.

Trois mois sans nouvelles. Je trouvais le temps long et je me refusais d’appeler Claudine.
Je lui trouvais mille prétextes pour conforter ce manque de nouvelle qui devait être dû sûrement au temps qu’elle passait avec sa maman, à son travail bref aux soucis que peut avoir une maman veuve et sans beaucoup d’aide. D’un autre coté, je me disais que donner par téléphone un résultat ne prend pas plus que quelques minutes, quelques secondes en tout et pour tout.

Ma femme Mireille est grande observatrice. Elle lui suffisait de plonger son regard dans le mien pour comprendre mon désarroi. Elle me déshabillait des yeux de haut en bas.
Sans rien dire, elle me faisait comprendre que tout vient à point à qui attendre.
Mais attendre trois mois, ce n’est plus attendre, c’est un flagrant délit d’oubli. De ma paternité. De ma paternité ?? Pensais-je, étant convaincu à présent que Albert ne pouvait ne pas être le fruit de ‘mon amour virtuel’ d’avec Claudine.

Je planais dans le plus beau des nuages. Mes jambes dansaient sur du gazon nuageux.

Comme à mon habitude, je me rendais donc voir Albert à son école.
9 heures. Je suis adossé à mon arbre. Une clope aux bouts des lèvres.
Je faisais le pied de grue. Point de Albert ni de sa maman.
9 heures 30. Rien. Le lendemain, il en fut de même. Le surlendemain aussi.
Je paniquais. Je ne résistais pas à l’envie d’appeler enfin sa maman pour demander la raison des absences de ‘mon fils’. Je me l’appropriais. Par pudeur, j’y renonçais.

A suivre.


16°.

Une semaine sans que Albert réapparaisse.
J’étais sur des charbons ardents. Je vivais une situation intenable, proche du désespoir.
Elle me déchirait les entrailles.
J’étais épuisé moralement et physiquement par cette nouvelle donne qui s’imposait à moi.
Que se passait t’il chez Claudine… ? Albert serait-t-il tombé malade sans que je le sache… ?
Claudine me cacherait t’elle quelque chose ou alors serait t’elle partie ailleurs… ? Les ADN ont t’elles parle et Claudine s’est t’elle désistée au dernier moment pour me les montrer… ?? Avait t’elle peur de quelque chose… ? Ou alors ou alors quoi ??? Hein Albert…. ? Je devenais fou par ses pensées qui me torturaient les méninges au point de ne plus pouvoir marcher.

Ma femme se rendait compte de mon état et ce qui arriva, arriva. Mon médecin traitant m’intima l’ordre de me reposer pendant quelque temps. De ne plus sortir surtout durant ces journées froides et neigeuses. Il me conseilla de prendre pour compagne une canne.

Marcher avec une canne. Une marche à trois temps. La canne en premier, puis le pied droit et enfin le troisième pour finir ma course de tortue.

Les moments de bonheur se comptent en dixième de seconde tout comme les jouissances.

Certains hommes utilisent des crèmes dites ‘Long Acte’ ou le Petit Chinois pour faire durer cette jouissance qu’ils désirent éternelles. Alors que la nature qui fait si bien les choses a jugé que ce laps de plaisir est conforme à chaque libido qui s’évalue en micro seconde, et qui doit surtout s’apprécier non pas dans la durée mais dans l’intensité. Afin de ne pas être trop rassasié.

Les meilleures choses doivent s’apprécier non pas en grande quantité mais en qualité.

Vers les 18 heures, alors que nous n’attendions personne, la sonnerie de la porte retentie.

Elle qui reste souvent muette là voilà claironner en cette fin de journée grise et morose. Elle revient à la vie par moment pour se faire oublier l’instant d’après. Comme un comateux qui sort par intermittence de son profond sommeil pour revenir sur terre le temps de dire ‘…Coucou, je suis là, j’apporte de bonnes nouvelles…Du ciel… !’

Je me levais péniblement de mon fauteuil. Avec ma compagne la canne ye bnina.
Mireille était dans sa cuisine à préparer le dîner.

Machinalement sans dire ‘…Qui c’est ??’ j’ouvre la porte.
Claudine et son fils Albert était là debout, devant moi sur le seuil de l’entrée.

J’ajustais mes binocles.

‘…Bonsoir Albert… !’
‘…Bonsoir Claudine… !’ Dis’je .

Elle était habillée de noir. Elle portait une paire de lunettes aux verres fumés.
Albert était en costume sombre. Un petit homme accompagnait sa maman.

‘…Rentrez… !’

Mireille était déjà là, devant moi.

A suivre.

Re: *****SALLE LALA...LA DOUCE ... L OUBLIE...RENCONTRE D UN SECOND TYPE.*****
17 décembre 2008, 12:55
17°.

‘…Bonjour Claudine… ! Albert, bonjour… !’

Le jeune baissa les yeux.

Nous échangeâmes ce qui est devenu si banale, des bisous de part et d’autres.

Claudine et Albert junior furent invités à s’asseoir sur le grand fauteuil.
Ma femme et moi prenons place en face.

‘…J’ai perdu maman… ! Il y a trois mois… !’ Nous dit t’elle de sa voix triste.

Nous étions confondus par la nouvelle. Nous lui présentons nos condoléances les plus attristées. Mireille se pressa pour servir des sodas et de l’eau minérale. Un trio de tasse de café suivait.

Une tristesse infinie se lisait sur son visage et la clarté du jour diminua comme par enchantement comme si le temps voulait aussi s’habiller de noir, plongeant le salon dans une semi obscurité.
Elle était accablée. Mais son beau visage ne trahissait aucune émotion comme si elle voulait garder intacte l’atmosphère paisible de notre appartement.

‘…Il n’y a pas que les mauvaises nouvelles, il y a aussi de bonnes nouvelles… !’
Je viens vous informer que les tests d’ADN sont en tou points pareils avec ceux Albert… ! Albert, vos analyses concordent avec celles de mon fils… !’

Du coup, l’obscurité s’effaça pour laisser place à un grand rayonnement dans ma tête.
Illuminant l’endroit de mille petites lumières.

‘…Tu veux dire que Albert est une partie de moi ???’
‘…Oui ton fils aussi … ! Conçu par un sperme d’un donneur inconnu mais connu à présent… ! La probabilité était de une chance sur 12 milliards d’individus… !’
'...Mon sperme congelé est donc passé par-dessus la tête d'autant de milliards d’hommes. Ou plus. Quel bonheur. Un ventre étranger a eu le suprême honneur de féconder une femme veuve avec mon consentement. A Paris en plus à quelques lieux de chez moi....!'


Mireille, ma femme laissa, couler une larme sur sa joue qu’elle essuya avec son tablier de cuisine.

‘…J’ai avoue à Albert ce qu’il ignorait et il a compris. Il m’a fallu du temps pour le mette en condition d’où mon silence… ! Il m’a fallu aussi avoir recours à un psychologue pour m’aider dans cette tache… !’ Claudine.

Ces mots résonnèrent dans le salon comme un jet de feux d’artifice qui illumine le ciel.

Albert avait à présent deux familles. Un père, une maman et une mère adoptive..
Des oncles et des tantes multipliés par deux.
J’avais un fils à présent. Nous qui n’avions rien. Sauf des biens.

Quelques années plus tard, Albert entra dans sa majorité.

A suivre.[/b]
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