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TRANCHES DE VIE...TRANCHES DE MIE

Envoyé par breitou 
TRANCHES DE VIE...TRANCHES DE MIE
01 juin 2015, 13:41
TRANCHES DE VIE.
TRANCHES DE MIE.

Chez nous, du coté de la rue Pasteur, dans ces 2 pièces étriquées, une sorte de rituel s’était installé.

Tous les mardis et vendredis, maman nous lavait chacun à son tour, dans des conditions que je ne vous raconte. Espace WC 1 M2. Juste la bassine sur le siège. Les orteils dehors et les fesses plaquées contre le mur.
Et cette putain de porte qui se fermait avec une tirette.

Bref…Ma grand mère Meiha z’al était la spécialiste pour dénouer cette corde Liffa ( Alfa) hakeka. Filament par filament pour en faire une pelote de ‘krinou’, des aiguilles, chers amis.

Le calvaire pouvait commencer. Maman z’al, levait ses deux manches et là voilà frotter toutes les parcelles de notre corps avec bcp d’énergie. Elle ne laissait rien passer, nos têtes étaient raclées au ‘peigne fin’.

Le savon vert ( beldi) incrusté dans cette filasse, se consumait après le passage du ‘karcher’ se retrouvait réduit à une peau de chagrin.

Nous étions briqués comme des diamants, coiffés et mis au lit.
Pourquoi le mardi et le vendredi ce toilettage… ?Est ce que le couscous y était pour qqe chose… ? Mardi couscous ‘krââ ou foul’ vendredi couscous bouillon et légumes et viande.

Cette tranche de vie, celle de notre enfance, bien que modeste c’était du bonheur. Comment pouvait t’on s’en rendre compte à 8 9 où 10 ans.. ?
Mon frère Max vient de me dire que nous étions heureux de RIEN…Oui de rien…Ce rien absolu d’une époque qui nous a rendu bien modestes avec le temps.

L’enfance c’est l’insouciance, l’obéissance, la reconnaissance plus tard à celle, à celui ce à quoi nous avons été soumis, soumission dans un encadrement sans grand luxe, ni fastes, ni fortune….Il n’y avait ni ‘rouspetance’ ni rébellion ‘ Koul ou euchquét… !’ Mange et tais-toi… !

On mangeait et on se la fermait.

A suivre…


TRANCHES DE VIE.
TRANCHES DE MIE.

Plus tard, j’avais une prédilection pour ce qu’on appelait ‘la karmouda’ farcie avec une boulette.

Le summum du kif. J’enveloppais tout cela dans du papier journal et je montais à la terrasse pour savourer mon délice. A l’ombre d’une buanderie, parfois à l’intérieur avec comme compagne une ‘bila’(lavoir en zinc) et des ‘assaffar’ (épingles à linge).

Dés fois maman, z’al, étalait une petite couche d’harissa sur une portion de pain qu’elle huilait auparavant.

Je savourais ces diverses collations sans partage. Seul, à l’abri des regards, je n’ai jamais aimé partager ces moments de gouters où, seul, tête à tête avec cette mie de crouton enrobée, je me racontais des histoires bien pauvres…J’étais témoin de mes dires et personne ne venait contredire cette conversation interne dans une buanderie où seul, le goutte à goutte d’une fontaine mal fermé, venait briser le silence humide.

Plus tard, ce n était plus maman z’al qui me préparait mon gouter, j’avais grandi et j’échappais ainsi à ses menus…J’allais prendre une baguette de pain que je tranchais en son milieu et là, j’enfouissais des sardines à la sauce tomate, celles que je préfèrais et dans mon petit enclos, tjs isolé, je sentais monter en moi, cette douce liberté acquise qui me faisait ressembler à un oiseau qui prenait son envol.


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