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150 ans de l'Alliance Israélite Universelle

Envoyé par MeYeR 
150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
09 mars 2010, 10:26
Vous êtes un ancien élève des écoles de l'Alliance ? de l'Iran au Maroc, de la Turquie à la Tunisie en passant par le Liban, la Syrie, Israël, l'Egypte... et la France ?

Venez retrouver vos anciens camarades, professeurs, directeurs, élèves... et partagez vos souvenirs et vos photos, à l'occasion des

150 ans de l'Alliance israélite universelle !

Le samedi 13 mars à 21h30 au Lycée Georges Leven
30 boulevard Carnot 75012 Paris
M° Porte de Vincennes


Plus d'1 million d'élèves sont passés par les écoles et cours de l'Alliance et ce sera l'occasion de retrouver ceux qui ont décidé de vivre en France!
Merci de réserver par mail à ecoles@aiu.org en précisant de quelle école de l'Alliance vous faisiez partie ?


D'autres retrouvailles sont prévues en Israël, en Angleterre, au Canada, aux Etats-Unis... si vous êtes intéressés par retrouver le réseau des anciens de l'Alliance, connectez-vous sur le réseau social Alliance ![allianceisraeliteuniverselle.ning.com]

Renseignements au 01 44 73 80 60
Inscriptions : ecoles@aiu.org

[www.aiu.org]

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Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
10 mars 2010, 05:00
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
10 mars 2010, 05:00
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
05 mai 2010, 11:05
Bulletin à copier et à envoyer accompagné du chèque à

ALLIANCE ISRAÉLITE UNIVERSELLE
45, rue La Bruyère
75009 PARIS

Pièces jointes:
AIU-150 ans-bulletin-050510-PP.jpg
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
07 mai 2010, 01:38
Venez nombreux le dimanche 30 mai au Palais des Congrès de Paris,à la

Grande fête «Générations Alliance»

« Générations Alliance », c'est le rassemblement de celles et ceux qui fréquentent ou ont fréquenté nos écoles, celles et ceux qui font l’Alliance d’aujourd’hui et préparent l’Alliance de demain;

"Générations Alliance" c'est de 14h30 à 17h30, un programme à la mesure de l’événement. Vous participerez à une après-midi pleine de surprises avec nos artistes. Vous vivrez le plaisir des retrouvailles de plusieurs écoles et plusieurs générations et vous assisterez à la représentation théâtrale relatant les grands moments de l’histoire de l’Alliance, créée pour l’occasion et jouée par des élèves de France, d’Israël et du Maroc.

L’Alliance israélite universelle a aidé des générations à grandir et à réussir. Elle a aujourd’hui besoin de votre soutien pour continuer. Nous comptons sur votre présence.

Pour réserver vos places,
envoyez un mail à ecoles@aiu.org
ou imprimer et nous renvoyer le coupon réponse
pour tous renseignement 01.53.32.88.54

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Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
13 mai 2010, 06:25
A tous les anciens eleves de l'Alliance Israelite Universelle qui habitent en Israel je vous invite a participer a la ceremonie des 150ans de l'alliance qui se deroulera le
23mai 2010 a ASHDOD
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
13 mai 2010, 07:51
michou a écrit:
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A tous les anciens eleves de l'Alliance Israelite Universelle qui habitent en Israel je vous invite a participer a la ceremonie des 150ans de l'alliance qui se deroulera le 23 mai 2010 a ASHDOD

Ce serait utile de préciser l'adresse de la réunion et, si possible, le plan pour s'y rendre.
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
17 mai 2010, 03:28
la ceremonie se deroulera a YAD LEBANIM {A COTE DE LA MUNICIPALITE}QUARTIER CITY
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
26 mai 2010, 13:54
Le 17 mai 1860, six personnalités lancent l’appel pour la création de

l’Alliance israélite universelle


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Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
26 mai 2010, 13:57
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Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
27 mai 2010, 13:47
Le magazine culturel d'Akadem

Une nouvelle histoire de l'Alliance israélite universelle (45 mn)

présenté par Jean-Luc Allouche avec André Kaspi et Catherine Nicault,

Akadem - Paris, mai 2010

[www.akadem.org]

Une nouvelle histoire de l'Alliance israélite universelle
Il y a 150 ans, en 1860, quelques hommes de bonne volonté décident à Paris de fonder l’Alliance israélite universelle.
L’ouvrage dirigé par le professeur André Kaspi embrasse l’histoire de cette institution qui a marqué le judaïsme français de manière profonde.
Editeur : Armand Colin.


Pièces jointes:
Histoire de l\'AIU.jpg
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
05 juillet 2010, 01:25
Hommage à l'alliance israélite universelle - Par MARIE-CLAIRE GANESCO - Pour Jerusalem Post edition francaise - 4 juillet 2010

Son nom rayonne dans le monde entier. Société juive culturelle à vocation internationale, l'Alliance israélite universelle (AIU) a vu le jour en France à la fin du 19e siècle. A son origine, figure une vingtaine de représentants de la bourgeoisie juive libérale, héritière des Lumières et de l'Emancipation. Médecins, journalistes, enseignants, juristes... Six d'entre eux ont rédigé en 1860 l'Appel de l'Alliance, texte fondateur de la nouvelle institution appelée à lutter contre la haine antijuive : "Rassembler tous les cœurs généreux pour lutter contre la haine et les préjugés. Créer une société de jeunes Israélites idéalistes et militants qui se sentiraient solidaires de tous ceux qui souffrent par leur condition de Juifs ou tous ceux qui sont victimes de préjugés quelle que soit leur religion. Faire enfin que la culture supplante l'ignorance de quelques fanatiques, pour le bien de tous [...]"


Le comité central de l'Alliance en Israël, au lycée Mikveh-Israël, le 24 mai dernier.

Alors qu'une vague d'antisémitisme déferle sur Damas, les fondateurs de l'Alliance ont l'idée de mettre en place un fonds de soutien et de lutter pour l'égalité des droits des Juifs du monde entier. Adolphe Crémieux en tête, ils promettent d'intercéder auprès des autorités politiques dans le monde au bénéfice des Juifs persécutés et de développer un réseau scolaire visant à moderniser les Juifs d'Orient pour les émanciper. Objectif : répandre les bienfaits de la civilisation française, selon une subtile synthèse entre les idéaux de 1789 et les principes du judaïsme.
Deux petites années après la création de l'Alliance, une école sort de terre à Tétouan, au Maroc, première d'une longue série. Depuis cette date, plus d'un million d'enfants et d'adolescents ont été éduqués dans ses établissements scolaires.

Une influence en déclin ?

Encore aujourd'hui, à travers une cinquantaine d'établissements de l'institution et d'écoles affiliées, 26 000 élèves continuent de recevoir chaque année une éducation qui vise à transmettre le patrimoine du judaïsme et un enseignement général. Mais l'âge d'or de l'institution semble loin. A titre de comparaison, cette dernière comptait 50 000 élèves, soit le double, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, principalement dans les pays du monde arabo-musulman. De nos jours, les établissements scolaires se concentrent dans sept pays : France, Suisse, Canada, Belgique, Espagne, Israël et, seul Etat du Moyen-Orient à ne pas s'être coupé du réseau éducatif, le Maroc.

Ainsi, l'Alliance israélite universelle semble s'être un peu assoupie ces dernières années. "Oui, c'est vrai", concède le vice-président de l'organisation, Marc Eisenberg. "L'Alliance est une vieille dame qui a manqué de communiquer sur son sort ces dernières années. Son 150e anniversaire représente à ce titre une excellente occasion pour refaire parler d'elle." Et prouver que, malgré son grand âge, l'institution culturelle ne manque pas de projets.

Tout au long de l'année, des célébrations sont organisées en Israël et en France (*) pour fêter l'événement. Parmi les dernières en date, la venue en Israël du 23 au 26 mai dernier de nombreux membres du Comité central, organisée par la délégation de l'AIU en Israël, Kol Israël Haverim. En parallèle de la visite des écoles du réseau, un hommage a été rendu par la Knesset aux actions de l'Alliance pour le peuple juif et pour Israël. Une fierté pour Marc Eisenberg qui compte bien "multiplier par cent" les ambitions de l'Alliance. "L'Alliance ce n'est pas seulement de la vieille histoire, mais un progrès en marche", affirme-t-il haut et fort.

"Multiplier par cent les ambitions de l'Alliance"

Celui qui est aussi le président de la Commission du 150e anniversaire assure avoir reçu le soutien de nombreux députés israéliens pour développer le réseau d'écoles en Terre promise. Si les fondateurs de l'Alliance ont été critiqués pour leur manque de ferveur sioniste, leurs successeurs ont depuis longtemps embrassé la tendance opposée. "L'Alliance a toujours aidé au développement de l'installation des Juifs en Israël", tient à préciser Marc Eisenberg.

Ce que confirme Daniel Braunschvig, président de l'organisation au sein de l'Etat hébreu : "L'Alliance est active en Israël depuis 1870. Et le nombre de programmes éducatifs destinés aux élèves de l'Etat hébreu n'a cessé d'augmenter ces dix dernières années. Pour preuve, nous avons développé le programme Shaar ('porte' en hébreu) qui apporte une aide pédagogique aux élèves en difficulté, mais aussi et surtout aux professeurs et directeurs des écoles situées à la périphérie sociale du pays. Nous avons également mis en place le programme Morasha ('patrimoine') destiné à enseigner les grandes valeurs du Judaïsme (ouverture, justice...) aux élèves non religieux, mais également aux religieux, à qui l'on enseigne bien souvent la religion, pas le judaïsme en lui-même. Enfin, le programme Memizrach Shemesh ('Le soleil se lève à l'Est') a pour but de réunir les gens de la communauté selon les fondements communs du judaïsme."

Créer un réseau éducatif en Israël

Tous ces programmes œuvrent en parallèle des établissements de l'Alliance, dans des écoles affiliées à l'organisation. Ce qui assure une assise non négligeable à l'organisation qui souhaite passer à l'étape supérieure. "Le prochain pas consiste à créer un véritable réseau éducatif en Israël comme il existait autrefois dans les pays méditerranéens. Nous avons déjà de nombreux contacts avec Shimon Peres et le ministère de l'Education", assure le vice-président de l'institution.

"Il s'agirait de reprendre la gestion d'un réseau d'écoles publiques déjà existantes pour accueillir des enfants religieux et non religieux. Les élèves de toutes les confessions, pratiquants ou non, seront les bienvenus." L'idée pourrait bien être un succès tant il y a un manque en la matière. "D'après l'ambassadeur de France en Israël", commente Marc Eisenberg, "de nombreux parents sont déroutés car ils ne trouvent pas d'établissements scolaires intermédiaires entre des écoles très religieuses et d'autres totalement sécularisées." Si l'idée n'est encore qu'à l'état de projet, Marc Eisenberg assure que dix écoles israéliennes se sont montrées intéressées, en plus des dix du réseau de l'Alliance.

Egalement prévue à l'agenda, la renaissance du lycée de Mikveh-Israël, établissement qui comprend déjà une section religieuse et une section générale. "Nous voulons recréer une grande école agricole qui soit à la pointe en matière d'écologie et de développement durable", analyse Marc Eisenberg. "Pour ce faire, nous devrions instaurer un partenariat avec l'université Ben Gourion."

Cap sur l'Europe de l'Est

Parallèlement à Israël, l'Alliance continue d'œuvrer dans le reste du monde. Après plus d'un siècle de présence dans le monde arabo-musulman, l'organisation semble concentrer ses efforts sur une nouvelle région : l'Europe de l'Est. L'idée ne vient pas de l'AIU mais d'une trentaine d'institutions juives locales désireuses de recevoir de l'aide pour leurs écoles sur le plan pédagogique. 160 après sa création, l'Alliance est ainsi toujours perçue comme un vecteur d'excellence.

Enfin et non moins ambitieux, figure le projet d'institut supérieur européen de recherche et d'études juives à Paris. "Il s'agit de mettre en place un second et troisième cycles où les élèves des pourront venir valider des unités d'enseignement en étudiant par exemple le Talmud ou l'histoire juive comparée, en parallèle de leur cursus classique à la faculté. L'institut devrait prendre racine sur le site de l'ancienne Ecole normale supérieure orientale, rue Michel-Ange dans le 16e à Paris, qui formait autrefois les enseignants de l'école de l'Alliance et qui demeure fermée depuis 1999 pour des raisons techniques. L'ouverture de l'institut Lévinas (du nom du philosophe anciennement président de l'ENSO) devrait s'accompagner d'une école primaire et d'une médiathèque. L'Alliance se donne comme objectif début 2011.


* Le programme complet des manifestations est à lire sur le site de l'AIU : www.aiu.org
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
08 juillet 2010, 10:03
Appel à bénévolat :

Dans le cadre des célébrations du 150ème anniversaire de l’AIU,
une grande exposition sur l’histoire de l’AIU se tiendra du 8 septembre au 16 octobre inclus
à l’Hôtel de ville de Paris.


Cette exposition, basée sur des photos, des documents d’archives, des montages audio-visuels, et accessible à tout public sera ouverte tous les jours de 10h à 19h, sauf le dimanche.

Pour assurer l’accueil des visiteurs, l’Alliance recherche des bénévoles.

Leur mission :

- Accueillir
- Renseigner
- Accessoirement vendre des documents liés à l’Alliance : livres, DVD, …

Vous connaissez l’Alliance et son oeuvre, Vous avez le sens du contact, Rejoignez nos équipes !
Contact :

Anne-Laure Lachowsky 01 53 32 88 65
anne-laure.lachowsky@aiu.org

Yves Bourgel 01 47 80 73 08
yvesbourgel@hotmail.com
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
02 septembre 2010, 07:21
Exposition à l'Hôtel de Ville de Paris
« Alliance israélite universelle : 150 ans de combat au service de l’éducation »

L’exposition se déroulera du 8 septembre 2010 au 16 octobre 2010.

Ouverture tous les jours sauf le dimanche, de 10 heures à 19 heures. Entrée par le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris.

Fermeture exceptionnelle les 18 septembre, et les 27 et 28 septembre (sauf scolaires sur réservation).

Pour des visites guidées, ou des visites de groupe, réservez :

01 53 32 88 65

biblio@aiu.org

Entrée @#$%&.

L’exposition se compose de plus de 50 panneaux retraçant 150 ans d’histoire de l’Alliance à travers cinq grands espaces :

- La fondation de l’Alliance
- Les principes éducatifs de l’Alliance
- Les écoles de l’Alliance à travers les continents
- L’Alliance des années 1930 à nos jours
- Portraits de grands serviteurs de l’Alliance

Pour en savoir plus

Bornes audio avec lecture des grands textes fondateurs de l’Alliance, de rapports d’instituteurs et d’élèves de l’Alliance

Projections de films : films de Josy Eisenberg sur l’histoire de l’Alliance, films historiques sur l’Alliance au Maroc, en Israël, au Liban, en France

Espace bibliothèque : consultation de livres, de journaux, de documents d’archives, accès informatique aux bases de données de la bibliothèque de l’AIU.

Diaporamas de photos sur la présence de l’Alliance dans chaque pays.

Voir le site [www.aiu.org]


Pièces jointes:
AIU-150ans-Hotel de Ville-montage.jpg
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
13 septembre 2010, 03:50
Retrouvez l’histoire de l’Alliance à la radio : émission d'aujourd'hui


Lundi 13 septembre à 15h France Culture
Les Lundis de l’histoire, par Philippe Levillain,
reçoit André KASPI et Catherine NICAULT
pour parler du livre
Histoire de l’Alliance israélite universelle de 1860 à nos jours,
paru aux éditions Armand Colin.

Le direct de France Culture sur Internet : [www.franceculture.com]



Tous les dimanches de 12 h à 12h 15,
du 5 septembre au 21 novembre 2010
sur RCJ (94.8 FM)


L’Alliance israélite universelle, 150 ans d’histoire

Emission présentée par Ilana CICUREL, avec l’historien André KASPI, et de nombreux acteurs et témoins, dont Ady Steg, Marc Eisenberg, André Azoulay, Yehouda Lancry, Hassan Amrani, Stella Baruk, Raphy Bensimon, …

Jean-Claude Kuperminc
Directeur de la bibliothèque et des archives
Alliance israélite universelle

45 rue la Bruyère
75009 PARIS - France
+33(0)153328862
fax+33(0)148745133

Pièces jointes:
AIU-150 ans-affiche_expo_web.jpg
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
15 septembre 2010, 05:38
Steg et Delanoë inaugurent l’exposition des 150 ans de l’Alliance
15/09/10 - - : Crif

Un siècle et demi déjà. Née en 1860 sous l’impulsion d’Adolphe Crémieux, Charles Netter, Narcisse Leven, l’Alliance israélite universelle fête cette année son 150 eme anniversaire.

Les pères fondateurs souhaitaient faire entrer alors les juifs et les non-juifs d’Orient dans la modernité occidentale et choisirent de développer une éducation imprégnée par la tradition juive et les idéaux républicains.

Dés 1880, des écoles de l’AIU virent le jour au Maroc, en Tunisie, en Turquie, en Palestine, en Egypte, en Irak et en Syrie.

Présidée aujourd’hui par le président Ady Steg, l’AIU est aujourd’hui présente en France, en Amérique du Nord, au Maroc et en Israël.

Le mardi 14 septembre 2010, Ady Steg, le président de l’AIU et Bertrand Delanoë, le maire de Paris ont inauguré à l’Hôtel de Ville une exposition qui retrace les 150 ans de combat de l’AIU pour l’éducation. Elle sera présentée –gratuitement- jusqu’au 16 octobre.

De nombreuses personnalités ont fêté les 150 ans de l’Alliance, dont Haïm Musicant, le directeur général du CRIF qui représentait le président Richard Prasquier.

[www.crif.org]

Pièces jointes:
steg-delanogg.jpg
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
11 novembre 2010, 08:58
DIMANCHE 7 NOVEMBRE 2010
Interview de David G. Littman et de Paul B. Fenton sur

« L’exil au Maghreb, la condition juive sous l’islam 1148-1912 »


Le 9 novembre 2010, sera publié le livre « L’exil au Maghreb, la condition juive sous l’islam 1148-1912 » de Paul B. Fenton et David G. Littman aux Presses de l'université Paris-Sorbonne. Cet ouvrage majeur présente une anthologie chronologique de récits de témoins oculaires en Algérie et au Maroc. Puis, par une sélection d’archives du Quai d’Orsay, du Foreign Office, de l’Alliance israélite universelle (AIU) et de son homologue britannique l’Anglo-Jewish Association, il décrit les efforts diplomatiques déployés en faveur des Juifs maltraités au Maghreb. Il démythifie la « tolérance interconfessionnelle égalitaire et harmonieuse sous l’islam incarnée par al-Andalous ».

Comment est né ce livre ?

David G. Littman : Je me suis intéressé au destin des Juifs du Maghreb lors d’une mission humanitaire au Maroc en 1961 pour amener des enfants Juifs clandestinement en Israël (« Opération Mural »).

Dès 1969, j’ai effectué des recherches sur leur histoire et celle des Juifs d’Orient, au quai d’Orsay, puis à la bibliothèque de l’Alliance Israélite Universelle (AIU) où ces archives étaient alors peu explorées. J’y ai découvert les fragments d’une mémoire collective faite de persécutions, de brimades et d’humiliations, dont la période coloniale et l’exode dès 1948 avaient presque effacé le souvenir.

J’ai confronté ces témoignages avec les rapports de l’homologue britannique de l’Alliance, l’Anglo-Jewish Association (AJA), et les documents du Foreign Office (FO) à Londres.

Les archives de l’AIU ont constitué une source incontournable : elles éclairent de l’intérieur la condition abjecte de la grande majorité des Juifs du Maghreb, détruisant des mythes.

En 1972, j’ai discuté à Jérusalem avec deux historiens éminents du judaïsme oriental, Shlomo Dov Goitein et Hayyim Zeev Hirschberg. Le premier m’a vivement encouragé à poursuivre mes recherches originelles et le professeur Hirschberg m’a proposé de me concentrer sur le Maroc et de collaborer à l’ouvrage qu’il écrivait sur l’histoire des Juifs du Maghreb.

Afin d’assurer une vision équilibrée, Hirschberg a proposé de compléter la documentation de l’AIU avec des récits de voyageurs non-Juifs du XIXe siècle et des siècles précédents.

Par son intermédiaire, j’ai rencontré en 1975 un doctorant, Paul B. Fenton qui avait visité des communautés juives en voie d’extinction au Maroc et m’a communiqué des sources hébraïques et arabes.

Malheureusement, le professeur Hirschberg est mort en janvier 1976 – six mois après une longue période de travail en commun chez moi – sans avoir achevé l’ouvrage projeté.

J’ai décidé de poursuivre ce thème d’étude que j’ai évoqué dans plusieurs articles et une monographie (1985) sur la mission au Maroc en 1863-1864 de Sir Moses Montefiore.

A partir de 1986, mes obligations de représentant d’organisations non gouvernementales (ONG) à la Commission des droits de l’homme aux Nations unies à Genève et ma collaboration à d’autres travaux historiques m’ont éloigné de ce projet.

Beaucoup plus tard, je l’ai repris avec mon ami devenu professeur, Paul B. Fenton.

C’est donc le fruit d’un labeur entamé il y a 40 ans que nous présentons dans notre livre.

Quelles sont les originalités de ce livre ?

Paul B. Fenton : Fruit de longues années de recherche, c'est la première tentative de cerner la réalité historique de la condition sociale et juridique des Juifs en Algérie et au Maroc sous l'islam, depuis le haut Moyen-âge jusqu'à l'époque de la colonisation.

L'originalité du livre tient surtout à la richesse de ses sources documentaires. A ce jour, aucun autre livre n’a fourni un corpus aussi considérable et varié de textes juridiques, littéraires et historiques, souvent extraits d'éditions rares ou inédites, car provenant d'archives.

Voyageurs, aventuriers, diplomates, médecins, juristes, chroniqueurs et enseignants - Juifs, chrétiens et musulmans - y sont mis à contribution dans une vaste anthologie qui fournit aux lecteurs et chercheurs les sources premières, et, pour certaines, traduites en français pour la première fois, entre autres, de l'anglais, de l'allemand, de langues scandinaves, de l'arabe, de l'espagnol, de l'hébreu et du hollandais.

Chaque document est présenté et commenté de façon à mettre en évidence la singularité de son témoignage.

Le tout est accompagné d'une riche iconographie de documents historiques, de gravures artistiques et de photographies journalistiques, souvent méconnus.

Comment vous êtes vous répartis entre co-auteurs le travail ?

David G. Littman : J’avais réuni une immense documentation provenant de l’AIU et du Foreign Office, en plus des rapports de voyageurs dont certains étaient en français et d’autres que j’avais fait traduire dans cette langue. Paul B. Fenton a traduit et présenté des textes juridiques musulmans, des chroniques arabes et hébraïques et des textes judéo-arabes.

Nous avons approfondi la recherche des récits de voyageurs, et il a effectué un nouvel examen des dossiers de l’AIU relatifs au Maroc, avec une attention particulière pour les documents en hébreu qui y sont nombreux.

Nous avons ensemble choisi des illustrations.

Pourquoi ce titre qui se réfère à la galût ?

Paul B. Fenton : Les Juifs du Maghreb ont désigné leurs souffrances par ce terme : galût, mot hébreu qui signifie « exil » ou « captivité ».

David G. Littman : J’ai constaté lors de ma mission humanitaire en 1961 que les Juifs du Maroc cherchaient par tous les moyens à quitter leur pays natal pour retourner dans leur terre ancestrale.

Pourquoi avoir centré votre livre sur le Maroc et l’Algérie ? Ces deux pays sont-ils représentatifs de la condition juive au Maghreb ?

Paul B. Fenton : Depuis l’époque de l’expulsion des Juifs d’Espagne, le Maroc et l’Algérie comptaient la plus grande présence juive en « terre d’islam ». Ces deux pays ont été très tôt des pôles d’intérêt pour les Européens. On y trouve donc le plus grand nombre d’informations de sources juives, européennes et musulmanes, sur la condition des Juifs sous l’islam.

A la différence de l’Egypte et du Liban où il y avait des communautés chrétiennes importantes, les pays du Maghreb constituent un paradigme unique : du fait de la quasi-disparition des chrétiens, ils abritaient dès le XIIe siècle une population composée essentiellement de musulmans et d’une minorité juive.

Combien de Juifs vivaient au Maghreb durant la période étudiée ?

David G. Littman : Ce nombre a varié au fil des siècles, en fonction des vicissitudes subies par les Juifs ; il est difficile à évaluer.

Probablement moins de 50 000 Juifs ont survécu au Maghreb au Moyen-âge, mais à l’aube du XXe siècle ce nombre s’est élevé à plus de 200 000 âmes et en 1948 il a dépassé 400 000 âmes – et plus de 500 000 si l’on y inclut les Juifs de Tunisie.

De nombreux centres d’études rabbiniques se trouvaient au Maghreb. Quelle est la place du Maghreb dans le judaïsme et l’histoire des Juifs ?

Paul B. Fenton : Il faudrait un nouveau livre pour répondre à cette question.

Tahert en Algérie, mais surtout Fès au Maroc, étaient des foyers rayonnants de culture juive dès le Xe siècle lorsque leurs savants entretenaient une correspondance régulière avec les grandes yechivoth (académies talmudiques) de Babylonie.

Salomon b. Juda, Juif de Fès, est même devenu le recteur de l’académie de Jérusalem en Orient.

En Occident, le Maghreb a également fourni à l’Espagne des érudits comme le juriste Isaac al-Fasi (originaire en fait de Constantine) et le poète et grammairien Dunach b. Labrat, qui ont contribué aux débuts de l’essor de la culture judéo-andalouse.

Depuis, une chaîne continue d’éminents rabbins a traversé les siècles, dont la figure de proue fut sans doute au XVIIIe siècle R. Hayyim Ibn Attâr.

De plus, les rabbins de l’Algérie furent les premiers à répondre massivement à l’appel du sionisme spirituel au XIXe siècle et vinrent renforcer la présence juive en Eretz Israël.

Vous présentez 300 documents et 73 illustrations dans votre livre. Comment les avez-vous choisis ?

David G. Littman : Notre critère de choix était le sujet traité : les relations quotidiennes et traditionnelles entre Juifs et musulmans.

Votre première partie est constituée de 135 témoignages oculaires de voyageurs européens. Quelles sont vos sources ?

David G. Littman : Ces très nombreux récits proviennent d’origines diverses : française, anglaise, allemande, hollandaise, italienne et scandinave.

Leurs descriptions des humiliations obligatoirement infligées aux Juifs maghrébins concordent toutes. Elles les présentent dans toute leur rigueur dès le XIIe siècle.

Nous en reproduisons beaucoup d’exemples émanant de voyageurs, de diplomates, de médecins et d’esclaves pris par les corsaires barbaresques.

De nombreux voyageurs partageaient l’antijudaïsme de l’époque. Cependant, sous leur plume, on note un accent de compassion, voire de commisération face aux souffrances des Juifs. Prenons le cas du révérend Lancelot Addison qui résidait comme aumônier à Tanger (acquis par Charles II d’Angleterre) de 1662 à 1669. Il décrit la condition des Juifs comme « une autre forme d’esclavage » (doc. A 45). A la même période au Maroc, Germain Mouette écrit : « Il leur [Nda : les Juifs] est très rarement fait justice dans ce pays ». (doc. A 47)

Les documents qui émanent de témoins oculaires objectifs et de victimes donnent un reflet fidèle de la réalité maghrébine. Ils font entendre les voix du petit peuple.

Que répondriez-vous à ceux alléguant que vous auriez brossé un tableau à charge ? Y a-t-il des récits donnant une image différente de la condition juive au Maghreb et nuançant ce tableau sombre ?

David G. Littman : Nous avons publié des documents montrant que certaines autorités musulmanes pouvaient manifester une compréhension favorable aux Juifs à différentes époques. Sans la protection (« dhimma ») du sultan, le sort des Juifs aurait été encore pire.

La publication de ces centaines de témoignages, à forte charge émotive, ne vise pas un dessein polémique. Nous ne souhaitons pas attiser de vieilles rancunes ou freiner les tentatives de dialogue interreligieux.

Nous sommes persuadés – comme Bat Ye’or l’a affirmé dans ses écrits – que tout dialogue entre Juifs et musulmans qui ne reconnaîtrait pas la réalité historique de la dhimmitude, est condamné à s’enfermer dans des boniments infructueux et obérant un avenir fondé sur l’acceptation de l’altérité dans l’égalité.

Quant à l’allégation que nous aurions brossé « un tableau à charge », ces 720 pages démontrent la vacuité et l’inutilité de ce genre d’allégations polémiques et « politiques ».

Notre livre ne prétend pas être exhaustif, mais nous défions celui ou celle qui voudrait apporter une contradiction de réunir autant de textes qui montreraient que les Juifs ont vécu heureux et égaux aux musulmans au Maghreb durant la période étudiée.

Magna est veritas, et praevalebit / La vérité est puissante, et triomphera.

Au fil des siècles, quelles sont les lignes de continuité et les évolutions ?

Paul B. Fenton : Même si, lors de sa conquête de l’Afrique du Nord et d’autres régions, l’islam a épargné « les gens du Livre » (Juifs, chrétiens), tandis que les autres peuples conquis devaient embrasser la nouvelle religion ou être massacrés, la théologie et la législation musulmanes ont tout mis en œuvre pour contraindre les Juifs et les chrétiens à se convertir.

Les brimades physiques et économiques liées au statut du dhimmi ont fini par éroder les communautés chrétiennes au Maghreb. Des communautés chrétiennes jadis florissantes : le christianisme nord-africain préislamique avait donné un des pères de l’Eglise, St Augustin, mort à Hippone (aujourd’hui Annaba, Algérie).

Les communautés juives ont tenu bon, mais au prix d’immenses sacrifices. Leur histoire est ponctuée par une longue série de massacres, de persécutions et de conversions forcées, dont le paroxysme est marqué par leur extermination à l’époque des Almohades (1147-1269) et par l’activité anti-judaïque du théologien Abd al-Karîm al-Maghîlî (vers 1493) de Tlemçen dont les prédications haineuses peuvent être comparées à l’œuvre de Luther.

Les écrits de ce théologien musulman feront parties des premiers textes imprimés au Maroc au XIXe siècle et il restera une référence jusqu’à la colonisation.

J’ajouterais que les débuts de la colonisation française, tant en Algérie qu’au Maroc, ont correspondu à des périodes de grandes souffrances pour les Juifs, boucs-émissaires traditionnels de la frustration musulmane.

Le décret Crémieux de 1870, qui a octroyé la nationalité française aux Juifs nés en Algérie, les soustrayant ainsi à leur statut dhimmi, a provoqué une recrudescence considérable de l’antisémitisme arabe en Algérie.

Si les Juifs ont pu se maintenir au Maghreb, c’est grâce à « la raison d’Etat » qui reconnaissait dans leur industrie commerciale et leurs habiletés intellectuelles et artistiques une source d’exploitation utile.

C’est cette double prospérité, spirituelle et économique, maintes fois pillée par leurs concitoyens musulmans, qui leur donna la force de survivre.

L’idée dominante, y compris dans des manuels scolaires français d’histoire, est celle d’une coexistence interreligieuse heureuse et égalitaire sous l’islam. Votre livre dépeint une image sombre et bouleversante de la condition juive sous l’islam : celle de la dhimmitude faite de souffrances, d’humiliations, de massacres, de conversions forcées, de viols, de pillages, émaillée d’accusations de crimes rituels, etc. Pourquoi ce contraste ? Y a-t-il eu des périodes de tolérance ou des amitiés entre Juifs et musulmans ?

Paul B. Fenton : D’aucuns veulent nous faire croire que l’expérience juive au Maghreb était d’une sérénité idyllique que seul l’avènement du sionisme au XXe siècle est venu troubler.

Les témoignages rassemblés dans notre livre, émanant de sources juives et non juives, sont accablants : ils révèlent une succession ininterrompue de souffrances à travers les siècles.

Il faut en finir une fois pour toutes avec le mythe de l’« Age d’or ». Il n’y a jamais eu une coexistence interreligieuse heureuse et égalitaire sous l’islam.

Ce n’est que sous les protectorats français et espagnol que le judaïsme maghrébin a connu une ère de répit et de bonheur. « L’invité ne se rappelle que de la dernière nuit », dit le dicton judéo-arabe. Ce sont les souvenirs de cette période prospère qui ont faussé notre vision historique.

Cependant, la mémoire juive collective a manifesté toute sa clairvoyance au lendemain de la décolonisation, sinon on ne comprend pas pourquoi le judaïsme nord-africain a choisi, dans sa quasi-totalité, de quitter sa patrie ancestrale.

Cela n’empêche pas qu’il y eut, sur le plan individuel, des fortes amitiés entre Juifs et musulmans, tant qu’elles n’étaient pas troublées par l’hostilité collective.

Votre seconde partie est constituée des archives de l’AIU et des diplomaties française et britannique. L’AIU a été fondée en 1860 par six juifs français qui ont exprimé dans leur Appel leur pensée conjuguant le judaïsme et des idées de la révolution de 1789 : égalité des droits, liberté, etc. Ces fondateurs ont combattu pour toutes les minorités religieuses persécutées, en particulier pour les Juifs au Maroc, les chrétiens au Liban, les protestants en Espagne. Ils ont accordé un intérêt prioritaire à l’accès à l’éducation et à la culture françaises en vue de l’émancipation et la « régénération » des Juifs, afin que ceux-ci deviennent des citoyens modernes, dans le monde entier. Que révèlent les archives de l’AIU ?

David G. Littman : Les premiers documents remontent aux débuts de la pénétration de l’AIU au Maroc avec la fondation de la première école juive à Tétouan fin 1862.

En 1863, Adolphe Crémieux est devenu président de l’AIU.

Des centaines de lettres confirment indiscutablement les récits de voyageurs européens à l’âge du libéralisme et de l’émancipation.

Dans leur grande majorité, ces documents décrivent la situation avilissante et vulnérable des Juifs dans les pays du Maghreb et les humiliations qu’ils subissaient. La précarité de leur situation s’aggravait dans certaines régions plutôt que d’autres.

Ces textes révèlent le courage extraordinaire des représentants de l’AIU qui s’efforcèrent de protéger les populations locales et, avec abnégation, défendirent des causes humanitaires face aux multiples périls, agressions et injustices dont souffraient quotidiennement leurs coreligionnaires.

Les archives de l’AIU fournissent des documents historiques de première importance relatifs à des événements qui ont été complètement oubliés par des chroniqueurs, tels le massacre des Juifs de Casablanca et de Settat en 1907 – une cinquantaine de Juifs furent tués, des centaines blessés, femmes et filles subirent les pires outrages, des Juifs enlevés ont été ensuite vendus – et le pogrom de Fès en 1912 au cours duquel plus de soixante israélites sont morts, une cinquantaine furent blessés, le tiers du mellah a été livré aux flammes, le quartier Juif entièrement mis à sac, une population juive de 10 000 âmes réduite à 8 000 par l’exode et survivant par la charité.

Ce pogrom de Fès a marqué profondément la mémoire collective du judaïsme marocain et constitue l’un des facteurs majeurs de l’exode massif des Juifs marocains au lendemain de l’indépendance de leur pays ancestral en 1948.

Dans ces archives de l’AIU, on relève aussi des récits captivants de portée plus générale, décrivant, entre autres, des événements publics, des coutumes locales, des faits folkloriques, des superstitions.

Grâce à ces documents, on peut dresser un tableau comparatif de la condition juive dans diverses régions du Maghreb de cette époque, ainsi que des réactions des individus et de la collectivité juive.

La documentation de l’AIU relative au Maroc est probablement la plus complète. Elle reflète les multiples aspects de l’existence juive au Maroc dans les domaines sociaux, culturels et éducatifs que d’autres auteurs ont décrits plus en détail.

Les lettres provenant de ces archives, publiées pour la plupart pour la première fois dans notre livre, ont été sélectionnées en fonction de la lumière qu’elles projettent sur les relations judéo-arabes au Maroc. Elles illustrent l’état d’humiliation perpétuelle, d’hostilité latente et, à l’occasion, de violence physique qui fut le lot presque quotidien des masses juives au Maroc jusqu’à l’orée de la Première Guerre mondiale.

Quel est le rôle des Juifs français et britanniques, notamment de Sir Moses Montefiore, à l’égard de leurs coreligionnaires au Maroc et en Algérie ?

David G. Littman : Je donnerai quelques exemples sur le Maroc, une situation bien différente de celle des Juifs en Algérie après la conquête française (1830).

En cette période de grandeur impériale, certains milieux de la noblesse et du clergé en Angleterre étaient animés par des aspirations messianiques. Mûs par l’humanisme de cette époque libérale, les Juifs y étaient reconnus comme héritiers d'un passé glorieux, digne de sympathie et d’intérêt, notamment là où l'Angleterre avait des préoccupations politiques et stratégiques. En 1837, la jeune reine Victoria a anobli Moses Montefiore, apparenté à la famille Rothschild.

A Londres, le Board of Deputies – organisation représentant les Juifs britanniques -, sous la présidence de Sir Moses, avait établi un comité de secours aux Juifs du Maroc pour assister ceux de Tétouan et de Tanger réfugiés à Gibraltar et à Algésiras durant la guerre hispano-marocaine (1860). Il en est résulté la première école de l’AIU à Tétouan fin 1862 avec, à ses débuts, un effectif de plus de 100 élèves sous la protection conjointe des Français et des Anglais.

Grâce à son étroite collaboration avec Lord Palmerston, Premier ministre, et au dynamique Earl Russell, ministre des Affaires étrangères, Sir Moses Montefiore avait rempli des missions à l'étranger en faveur de ses coreligionnaires. L’Angleterre le soutint par une aide diplomatique lorsqu’il décida de partir au Maroc dès que furent connues ce qu’on appelait les « atrocités marocaines » mettant en cause l'Espagne catholique. En fait, « l’affaire de Safi » en 1863 a concerné la mort subite du consul espagnol et l’accusation par le sous-consul que le domestique Juif du consul avait empoissonné ce diplomate avec la complicité d’autres Juifs. Espérant améliorer leur situation misérable et libérer les Juifs injustement incarcérés, Montefiore, octogénaire, a entrepris une mission humanitaire au Maroc où il avait aussi de proches parents.

La plupart des lettres provenant du Maroc se terminent par un appel lancé aux gouvernements britannique et français pour « soulager les Juifs du Maroc de l'oppression des autorités maures ». Des supplications furent offertes dans toutes les synagogues, et le 17 novembre 1863 Sir Moses quitta Douvres.

Ayant rencontré le Premier ministre à Madrid, Montefiore et sa suite furent reçus cérémonieusement par le gouverneur britannique à Gibraltar et par la communauté juive, ainsi que par les Juifs réfugiés du Maroc. Puis ils traversèrent le détroit de Gibraltar sur un navire dépêché par l’Amirauté jusqu’à Mogador.

Le 1er février 1864, Montefiore fut accueilli à Marrakech par le sultan lors d’une cérémonie fastueuse.

Le 5 février 1864, Sir Moses a reçu un dâhir (édit impérial) destiné à « rendre justice aux Juifs », c’est-à-dire la justice islamique selon la sharîa.

A son retour, il en fit part à la reine d’Espagne, à l’empereur Napoléon III et à la reine Victoria quand il les rencontra. Il donna à chacun de ces souverains un exemplaire de ce dâhir qui a été loué chaleureusement par la Chambre des Communes.

L’accumulation des doléances après sa mission au Maroc indique, paradoxalement, que ce dâhir provoqua l'effet contraire de celui recherché. Comme le fit remarquer dans son rapport (AIU, 1876) l'orientaliste français Joseph Halévy, ce dâhir fut rédigé en des termes trop vagues pour qu'il pût avoir une valeur pratique quelconque.

Un autre dâhir (« une mise au point ») l’a suivi selon le chroniqueur de la cour, al Nasiri, annulant le premier qui « présentait simplement un clair énoncé de la loi religieuse, pilier du pacte de protection », c’est-à-dire la dhimma.

En 1950, André Chouraqui écrivait : « Bien que leur situation se soit améliorée progressivement depuis l’établissement du protectorat français [Nda : 1912], les Juifs sont encore politiquement des dhimmis » (La condition juive de l’israélite marocain, préface de René Cassin).

Votre iconographie remarquable de 73 illustrations, dont dix en couleurs - cartes, tableaux (Delacroix, Dehodencq), photos –, revêt plusieurs dimensions : historique, géographique, artistique, sociologique, religieuse… On a l’impression qu’elle a longtemps été méconnue, voire en partie ignorée…

Paul B. Fenton : Les illustrations ont été sélectionnées surtout en fonction de la lumière qu’elles jettent sur les relations judéo-musulmanes. Il serait trop long de détailler chaque illustration.

Un exemple : la gravure de Césare Biseo des Têtes de rebelles marocains suspendues aux portes de la ville de Fès, publiée par Edmondo De Amicis, dans son superbe ouvrage sur Le Maroc.

De Amicis explique que les têtes de rebelles étaient apportées et présentées au sultan.

« Après quoi les soldats impériaux prennent aux cheveux le premier Juif qu’ils rencontrent, le forcent à vider la cervelle et à remplir le crâne d’étoupe et de sel. On suspend ces têtes à une des portes de la ville ».

Cette corvée ignoble, qui faisait partie des mesures vexatoires à l’encontre des Juifs, leur était dévolue depuis des siècles. Il est vraisemblable qu’elle est à l’origine du terme même qui désignait le quartier Juif au Maroc, le mellâh, « lieu de salaison » !

Pour illustrer un aspect des nombreuses humiliations subies par les Juifs en Algérie, Honoré Fisquet montre dans son Histoire de l’Algérie (1842), peu après la conquête française, dans un croquis dessiné sur le vif un gamin qui saute sur le dos d’un vieux rabbin pour jeter son chapeau dans la fange sans que sa victime ose le réprimander pour son impudence.

Comment le Maroc et l’Algérie présentent-ils les Juifs dans leur histoire nationale ?

Paul B. Fenton : L’immense contribution des Juifs à l’économie et à la culture de l’Algérie et du Maroc a été longtemps ignorée, voire effacée par les autorités publiques.

Rappelons que la ministre de la culture Khalida Toumi, dans un entretien à un journal arabophone As-Shourouk, en février 2009, a parlé de « déjudaïser la culture algérienne ». Sait-elle seulement que, grâce à leur importation de blé en Algérie les Juifs ont maintes fois sauvé les populations musulmanes de la famine aux XVIIIe et XIXe siècles ?

Au Maroc aussi, on déjudaïse. Les noms Juifs de ruelles des mellahs, vidées de leurs Juifs, ont été islamisés. Rien ne figure dans les manuels scolaires sur la présence deux fois millénaire de ces Juifs qui étaient là avant l’arrivée des Arabes. De nombreux jeunes ignorent jusqu’à l’existence passée des Juifs dans leur pays.

S’il est vrai que l’on a inauguré en 1997 à Casablanca un musée du judaïsme marocain, le seul musée Juif dans tout l’espace arabo-musulman, ce fut une initiative du Conseil des communautés israélites du Maroc et non d’un organisme arabe.

Cependant, on assiste timidement, surtout au Maroc où l’hébreu est enseigné dans plusieurs universités, à l’éclosion d’un certain intérêt pour l’histoire des Juifs du pays. Quand on commence à gratter les archives commerciales, juridiques et sociales, le fait est inévitable.

Mais beaucoup de ces études sont encore empreintes des clichés et de parti pris anti-Juifs.

Ceux-ci défigurent même les pages d’un grand universitaire marocain qui eut le mérite de susciter l’intérêt pour l’histoire des Juifs du Maroc. Malheureusement, quand on lit de près ce qu’il écrit, on y discerne une tendance « révisionniste » qui passe sous silence les pages ensanglantées et minimalise constamment les souffrances, en suggérant souvent que ce sont les Juifs eux-mêmes qui les ont provoquées !

Paul B. Fenton est professeur de langue et de littérature hébraïques de l’Université Paris-Sorbonne. Il est spécialiste de la civilisation juive en « terre d’islam ».

David G. Littman est licencié en histoire moderne et sciences politiques de Trinity College Dublin. Il a publié de nombreux articles sur les Juifs du Maghreb et de l’Orient. Depuis 1986, il se consacre à la défense des droits de l’homme aux Nations unies.

Paul B. Fenton et David G. Littman, L’exil au Maghreb, la condition juive sous l’islam 1148-1912 ». Presses de l'université Paris-Sorbonne, 2010. 800 pages. ISBN : 978-2-84050-725-3
Livre disponible à la librairie des PUPS - 8, rue Danton, 75006 Paris - dès le 9 novembre 2010 et dans les autres librairies le 25 novembre 2010

AGENDA DES AUTEURS

SALON DES ECRIVAINS DU B'NAI B'RITH LE 14 NOVEMBRE 2010

Les deux auteurs seront présents au 15e Salon des écrivains du B'nai B'rith qui aura lieu le 14 novembre 2010, de 14 h à 19 h, à la Mairie du XVIe arrondissement de Paris, avenue Henri Martin, 75116 Paris. Renseignements : 01-55-07-85-45.

CONFERENCE A L’AIU LE 17 NOVEMBRE 2010

Le Collège des études juives & la Bibliothèque de l’Alliance israélite universelle organisent, dans le cadre du 150e anniversaire de l’Alliance, et en présence d’Albert Memmi, la conférence, suivie d’une réception, Les Juifs du Maghreb, de l’exil à l’exode, le mercredi 17 novembre 2010 de 19 h à 21 h 30 à l’occasion de la parution de L’exil au Maghreb avec les deux auteurs, Paul B. Fenton et David G. Littman, ainsi que Jean-Pierre Kuperminc (directeur de la Bibliothèque de l'AIU) et Shmuel Trigano (université Paris X).
A l’Alliance israélite universelle : 45 rue la Bruyère, 75009 Paris
Entrée libre. Réservation souhaitée au 01 53 32 88 65 – biblio@aiu.org


A lire sur le blog :
Sur la dhimmitude
Interview de Bat Ye’or sur la dhimmitude

Sur la fascination des artistes pour l'Orient
Les Orientales


Visuels de gauche à droite et de haut en bas :

Couverture du livre
Salomon Al-Qâbiz, Ayyelet ahabîm
(« Biche d’amour »),
ms. de Fès, XVIIIe siècle
Bibliothèque de San Lorenzo de El Escorial,
ms. héb. G-III-13

David G. Littman
© DR

Paul B. Fenton
© DR

Carte des communautés juives du Maroc au XXe siècle
© DR

Carte des communautés juives d’Algérie au XXe siècle
© DR

Eugène Delacroix,
Mariée juive à Tanger (Rachel Azencot-Benchimol),
huile sur toile,
1838 [coll. privée]

Andreas Matthaüs Wolfgang,
« Juif d’Alger » (ca 1710), dans Costumes algériens, Augsburg, ca 1710

Eugène Delacroix
Mawlây Abd’al-Rhaman (1789-1859), sultan du Maroc, quittant le palais de Meknès,
mars 1832,
huile sur toile, 1845,
Toulouse, musée des Augustins,
© Giraudon/The Bridgeman Art Library

François Claudius Compte-Calix,
« Marchand Juif d’Alger »,
gravure, ca 1850,
Coll. P. Fenton, Paris

Sanya,
« Synagogue d’Alger »,
(ca 1840),
Paris,
musée d’art et d’histoire du Judaïsme

Eugène Delacroix,
Musiciens Juifs de Mogador,
huile sur toile, 1847,
Paris, musée du Louvre RF 1561
© RMN/Jean-Gilles Berizzi

Alfred Dehodencq,
L’Exécution de la Juive (Solika Hatchuel, martyrisée en 1834),
huile sur toile, 1861,
Paris, musée d’art et d’histoire du Judaïsme
© RMN/Hervé Lewandowski

Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ,
Le Samedi dans le quartier Juif,
huile sur toile, 1883,
Paris, musée d’art et d’histoire du Judaïsme
© RMN/Hervé Lewandowski

Alfred Dehodencq,
Fête juive à Tétouan
huile sur toile, ca 1858,
Paris, musée d’art et d’histoire du Judaïsme
© RMN/Jean-Gilles Berizzi

Logo de l'AIU

« Festin Juif », Algérie, 1835,
dans Émile-Aubert Lessorhttp://veroniquechemla.blogspot.com/2010/11/interview-de-david-g-littman-et-de-paul.htmle et William Wyld,
Voyage pittoresque dans la Régence d’Alger,
Paris, Charles Motte, 1835, pl. 39,
Coll. P. Fenton, Paris

PUBLIÉ PAR VERONIQUE CHEMLA LE 11/07/2010 08:35:00 AM

[veroniquechemla.blogspot.com]

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Fenton-Littman-Exil au Maghreb-V.Chemla-Illustrations.jpg
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
11 novembre 2010, 08:59
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AIU-150 ans-Juifs du Maghreb-171110.jpg
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
22 février 2011, 07:11
Dessiner la paix
22/02/11 - - : Paix

«Le monde ne se maintient que par le souffle des enfants qui étudient», Ady Steg, le président de l’Alliance Israélite Universelle a l’habitude de citer ce passage du Talmud de Jérusalem (Chabbat 119a).

L’AIU qu’il préside depuis 1985, vient de terminer de façon originale et attendrissante les festivités de son 150ème anniversaire.

Fondée en 1860, elle s’était donnée pour but de faire entrer les juifs du bassin méditerranéen dans la « modernité » occidentale et de développer une éducation imprégnée par la tradition juive et les idéaux républicains.

En 1862 fut fondée la première école de l’AIU à Tétouan, au Maroc. Rapidement, l’Alliance a développé un réseau dans une quinzaine de pays, dont la France en 1865, la Bulgarie et la Turquie en 1867, la Palestine sous occupation ottomane en 1878.

La soirée organisée le 12 octobre à l’UNESCO a marqué l’apothéose de cette célébration.

Mais une fois les festivités achevées, l’Alliance les prolonge en nous offrant un beau cadeau, avec la parution ces jours-ci de l’ouvrage « Le livre-la Paix ».
Marc Eisenberg, vice-président de l’AIU qui a été le président du 150ème anniversaire, explique le pourquoi de ce livre : « Demander aux élèves des écoles de s’exprimer par l’écrit et le dessin afin de clore les diverses manifestations auxquelles ils ont participées ». Ce magnifique album sur le thème du livre et de la paix est, ajoute-t-il « un rameau précieux entre Jérusalem, Paris et Casablanca grâce à l’engagement des enseignants de l’AIU ».

Edité en quatre langues – français, anglais, arabe et hébreu- ce livre, dû à une initiative de Daniéle Biderman, membre du comité des 150 ans de l’AIU, est une belle recension de travaux artistiques d’élèves de France, Israël et Maroc sur l’espoir de la paix dont Yitzhak Rabin disait « qu’elle n’a pas de frontière ».

Réalisé par Julia Biderman, un DVD accompagne le livre, dévoilant l’intimité du travail des élèves en classe.

L’AIU, dont le directeur général est Jo Tolédano et la directrice générale adjointe, chargée des écoles Eva Labi, compte aujourd’hui 52 écoles en France, Israël, Maroc, Canada, Espagne, Suisse, Belgique….

Le rêve des fondateurs continue. Une nouvelle initiative le prolonge. L’AIU a décidé d’organiser tous les deux ans un grand concours international consacré à son histoire. La première lauréate est une élève de l’école Maïmonide de Casablanca : Fatima-Zahra Touillila. Sa récompense : un voyage en Israël, qu’elle effectuera l’été prochain.

Haim Musicant

[www.crif.org]

Photo : D.R.

Pièces jointes:
AIU-livre de la paix.jpg
Re: 150 ans de l'Alliance Israélite Universelle
11 mars 2011, 06:59
Le Professeur Steg annonce son départ de l’Alliance israélite universelle :
Marc Eisenberg est élu nouveau Président

11/03/11 - - : Crif

C’est à l’occasion de la réunion du comité central, la plus haute instance de l’Alliance israélite universelle, qui s’est tenue le jeudi 10 mars 2011, que le Professeur Ady Steg, Président de l’Institution depuis 1985, a annoncé son souhait de quitter cette fonction.

L’ensemble des membres du comité central lui a rendu un vibrant hommage pour ses 26 années d’action à la tête de l’Alliance et ses innombrables apports au rang desquels le Collège des Etudes Juives, le déploiement du réseau des écoles et la reconstruction de la bibliothèque.

M. Marc Eisenberg a été nommé par le comité central nouveau Président de l’Alliance israélite universelle, nomination confirmée lors de la réunion du Conseil d’Administration qui a suivi. Impliqué depuis 2006 dans les activités de l’Alliance, il en est devenu le Vice-président en 2009 et a mené avec brio les célébrations du 150ème anniversaire en France, en Israël et dans le monde.

Marc Eisenberg, fils du grand rabbin Josy Eisenberg, Président de la société Alma consulting group et du Fonds Harevim, a toujours été très impliqué au sein de différentes institutions de la communauté juive de France : dirigeant du mouvement de jeunesse Yechouroun, directeur du Talmud Torah, membre de la Commission sur la spoliation et la restitution des biens juifs de la ville de Paris, co-fondateur et trésorier des Amis du CRIF. Aujourd’hui, il est Secrétaire Général de la Fondation Rachel et Jacob Gordin, qui s’occupe de la réhabilitation et la construction d’écoles juives et Vice-président de l’association Afikim France.

Marc Eisenberg prendra officiellement ses fonctions le 2 mai 2011.

Le comité central a demandé au Pr. Ady Steg de prendre la Présidence d’honneur de l’Alliance israélite universelle. Le Pr. Ady Steg a accepté cette nouvelle responsabilité.

Photo (Ady Steg et Marc Eisenberg) : D.R.

Pièces jointes:
AIU-Steg-Eisenberg.JPG
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