Archive jusqu'au 24/juin/2006

Discus: ADRA : LES COMMENTAIRES D'HARISSA: Commentaires 2006: Commentaires Juin 2006: Archive jusqu'au 24/juin/2006
Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Lapid (Lapid) le vendredi 23 juin 2006 - 13h16:

Citron passe a Benzarti qui repasse a Toufik, qui transmet le ballon a Lina ( qui D.. Merci remplace "haut la jambe" Jemmali, "degage" avec sa "blessure diplomatique", vous savez, celle qui arrange tout le monde) qui "degage" en touche.

Ouf! grace au degagement de Lina, La Tunisie peut esperer encore durant les 30 minutes de prolongations. Peut-etre, Inch'Allah, la Tunisie a encore une chance, aussi mince soit-elle, de se qualifier et ce, malgre les previsions pessimistes de Citron qui, presse comme il l'est, n'y croit plus, au grand desarroi de Benzarti qui est soucieux mais aussi curieux d' obtenir le resultat du sondage aupres des Telespectateurs organise par les presentateurs des TV Hannibal et Tunis7 pour savoir si "J'aime Ali", supporte par Toufik, sera "degage" ou non !
Mais degage donc !, Ou es-tu, Jemmali mon frere ? C'est tout ce que vous avez trouve pour le remplacer ! Vous ne voyez pas que Lina s'empetre de plus en plus dans son Haik !
Mais encore une fois notre "Citron" National, qui fait "jaune mine", ne croit pas sa Television Nationale capable d'avoir songe une seconde a faire un tel sondage. Oualia ! Que va penser le Monde Sportif et meme le Monde tout court?
Et Citron de s'ecrier : "Et voila maintenant que nous tirons contre notre camp" ! Comment voulez-vous qu'on puisse gagner ! L'image de la Tunisie est a jamais ternie ! Non seulement nous sommes en train de perdre le match mais aussi la gueule ! C'en est trop, je n'en peux-plus, Yama, yama !!
Et Benzarti, un peu plus philosophe, de repliquer : Ne t'en fais pas, mon ami, mon frere, de toutes facons, quel que soit le resultat, on va s'en tirer avec Honneur ! On sera les premiers, a defaut d'avoir eu une equipe multi-raciale, a avoir enfin une equipe mixte !

Mais heureusement, la dans son coin, il y a Lapid qui soutient encore l'equipe au nom de tous les siens (Vous savez les 120,.000 !) :

ALLEZ L'EQUIPE DE TUNISIE ! ALLEZ !.

Et la foule qui se (Le)Merre de crier tous en coeur :"Allez les Bleus, Allez les Bleus !!

Le pauvre Lapid s'etait trompe de match !!

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par A_Soued (A_Soued) le vendredi 23 juin 2006 - 09h49:

APPRENDRE À SES DÉPENS


Par Moshé Arens, ancien ministre de la défense

Paru dans Haaretz du 22 juin 2006
Traduit par Albert Soued pour www.nuitdorient.com


Bien qu'Israël soit suffisamment fort et qu'il ait des réserves pour compenser les erreurs répétées de ses dirigeants, nous avons le droit d'attendre de ceux-ci qu'ils tirent les leçons de leurs erreurs, afin d'en minimiser les conséquences pour les citoyens. Mais là, on voit bien qu'ils apprennent à leurs dépens, et beaucoup d'Israéliens en payent le prix. Et c'est le tour des résidents de Sdérot, d'Ashkelon et des communautés aux alentours.

Depuis que les forces de Tsahal se sont retirées du Liban-sud, on a clamé que les retraits unilatéraux sur des lignes de "plus grande légitimité" accroissent la force de dissuasion d'Israël, à l'égard des actes de terrorisme contre des citoyens. Comme si la réponse militaire d'Israël contre le terrorisme du Hezbollah n'était pas suffisamment justifiée, quand Tsahal était déployé dans le sud du Liban. Comme si une fois Tsahal replié sur la frontière internationale, sa réponse contre les agissements du Hezbollah aurait été sans doute mieux comprise par le monde entier. Qui peut oublier les terribles avertissements d'Ehoud Barak, alors 1er ministre, menaçant d'infliger de sévères ripostes contre le Liban, si le Hezbollah continuait ses attaques après le redéploiement de l'armée ? On a appelé les casques bleus de l'Onu pour bien montrer au monde entier qu'Israël n'occupait plus un seul cm2 de territoire libanais. Mais il s'est trouvé que ceux qui étaient supposés recevoir ces avertissements, le sheikh Nasrallah et le gouvernement Libanais, n'étaient nullement impressionnés par nos menaces. Les attaques ont continué de plus belle, la riposte israélienne est restée lettre morte et la dissuasion à la frontière nord s'est écroulée.

On n'a rien appris de cette leçon. Puis nos dirigeants ont continué avec la même rhétorique: si Israël se redéploie sur les lignes de 1967 autour de la bande de Gaza, alors les terroristes verront ce qu'ils n'ont jamais vu, si jamais ils continuaient à attaquer Israël. Et d'ajouter que le monde entier comprendrait toute riposte israélienne aux actes de terrorisme, quelle que soit son ampleur dévastatrice…

L'auto-punition infligée par Israël du fait du désengagement de Gaza, c'est à dire l'évacuation forcée de 8000 résidents, la destruction de leur maison et leurs champs abandonnés, aurait dû convaincre les Palestiniens, ainsi que les amis et les ennemis d'Israël, qu'à partir de ce moment, il n'y aurait plus d'excuse aux attaques terroristes. Et ce message a été largement diffusé par les chefs militaires et politiques afin qu'il n'y ait aucun malentendu. Mais les roquettes Qassam ont continué à pleuvoir, avec une fréquence encore plus grande et atteignant des zones sensibles autour d'Ashkelon.

Ayant leur racines sans doute quelque part près de la ville légendaire de Chelm (1), nos dirigeants ont décidé que la réponse aux tirs de roquettes Qassam serait des barrages continus d'artillerie "sur des champs vides". Or ces tirs ont empêché de dormir les habitants d'Ashqelon, mais ils n'ont pas empêché les roquettes de continuer à tomber. Bien au contraire, avec leurs "dommages collatéraux", ces tirs stupides d'artillerie ont provoqué des critiques de partout. La dissuasion d'Israël s'est une fois de plus écroulée. Et les terroristes sont de plus en plus osés. Répétez après moi "tout désengagement unilatéral affaiblit la dissuasion d'Israël".

Avec des arguties du type "les Qassam tombaient déjà sur Sdérot bien avant le désengagement de Gaza!", "personne n'a été tué par une roquette Qassam!", nos dirigeants refusent d'admettre que le désengagement de Gaza a été un gigantesque fiasco. Mais insister bêtement pour que ce désengagement comprenne aussi le nord de la bande de Gaza et les localités de Nitsanit, Dugit et Alei Sinaï, pour atteindre les lignes de 1967, cela a rapproché les zones de lancement des roquettes de la ville d'Ashkelon.

Alors que les résidents de Sdérot sont recroquevillés dans leur abri, nos dirigeants se grattent la tête pour savoir quoi faire demain.

Israël est en tête des nations dans la technologie d'interception balistique, mais la trajectoire des Qassam est trop courte pour qu'une interception soit possible. Pour le moment il n'y a pas d'autre solution que de réoccuper "unilatéralement" une partie du nord de Gaza, que l'armée a abandonnée stupidement, en août dernier. C'est pourtant si simple, alors pourquoi ne le fait-on pas? Vous n'allez pas me croire, nos dirigeants ont honte d'admettre leur erreur d'évaluation. (2)



Note de la traduction

(1)propos ironiques de l'auteur, la méthode préconisée étant inspirée de l'armée russe; de plus on peut penser que cette ville de Chelm est l'image d'une judéité diasporique et non israélienne, c'est à dire craintive, plus que prudente.

(2) alors que pensez-vous d'un désengagement de Judée et de Samarie prôné par Ehoud Olmert?





Learning the hard way


By Moshe Arens – Haaretz 22 juin 2006


Israel may be strong enough and have a sufficient margin of error to sustain repeated leadership mistakes, but nevertheless, we have a right to expect that our leaders learn from their errors and minimize the resulting damage to Israel's citizens. But it sure seems like they are learning the hard way, and many Israelis are paying the price. This time it is the turn of the residents of Sderot, Ashkelon and the neighboring communities.

Ever since the Israel Defense Forces withdrew from southern Lebanon, it has been claimed that such unilateral withdrawals to lines with a greater degree of "legitimacy" increase Israel's deterrent power against acts of terror targeting its citizens. As if there had not been sufficient justification for Israel's military response against Hezbollah terrorism while the IDF was deployed in southern Lebanon, once the IDF withdrew to the international border, the whole world would presumably understand the unprecedented response if Hezbollah were to continue its terrorism. Who can forget the dire warnings then-prime minister Ehud Barak issued about the punishment that would be meted out to Hezbollah and Lebanon if attacks were launched from the latter's territory after the withdrawal to the international border? UN inspectors were called in to assure, and for the whole world to see, that Israel was no longer occupying even one square centimeter of Lebanese soil. But as it turned out, those who were supposed to take these warnings seriously - Sheikh Hassan Nasrallah and the Lebanese government - were not overly impressed. Attacks continued, the promised Israeli response never came, and Israeli deterrence on the northern border turned into ash.

But nothing was learned from this experience. They then argued that once Israel had unilaterally withdrawn to the 1967 lines around the Gaza Strip, terrorists there would know what to expect if they continued attacking Israel. What's more, the whole world would understand that now, Israel's response to acts of terror would be devastating. The punishment inflicted on Israel itself as part of the withdrawal - the forced evacuation of 8,000 Israeli citizens, the destruction of their homes, and the waste laid to their fields - would presumably convince all Palestinians, and Israel's friends and foes in the world, that from now on no holds would be barred. This message was spelled out by political and military leaders so that there would be no misunderstandings. But the Qassam rockets continued coming, their frequency increased, and they began reaching not only Sderot and the villages around the Gaza Strip, but also Ashkelon and a number of strategic sites in that vicinity.

Our leaders, whose roots may be somewhere near the legendary town of Chelm, the city of fools, decided that Israel's response to the Qassam rocket attacks would be massive 24-hour artillery barrages on empty fields in the Gaza Strip. These artillery barrages kept the citizens of Ashkelon from sleeping at night, but as should have been expected, they did not stop the Qassams. Almost the contrary - by occasionally injuring some innocent civilians in the densely packed Gaza Strip, this foolish response called forth internal and external criticism. Israel's deterrence was again turning to ashes. It only encouraged the terrorists. So repeat after me: Unilateral withdrawals weaken Israel's deterrence.

Not wanting to admit that the whole Gaza disengagement project had been one gigantic blunder, it was now argued that there had also been rocket attacks before the disengagement, and that nobody had been killed by a Qassam. But the foolish insistence that the disengagement from the northern Gaza Strip reach the 1967 lines and include the settlements of Nisanit, Dugit and Alei Sinai, brought the Qassam launching points that much closer to Ashkelon. While the residents of Sderot are cowering in the shelters, our leaders are scratching their heads as to what to do next.

Israel leads in ballistic interception technology, but the trajectory of Qassams is just too short to make interception possible. The obvious move to cut down on this danger is for the IDF to reoccupy unilaterally some of the areas in the northern Gaza Strip that were so foolishly abandoned unilaterally last August. It's so simple - so why is it not being done? Would you believe it? Our leaders are ashamed to admit their mistake;

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Mena (Mena) le vendredi 23 juin 2006 - 09h46:

Mise au point nécessaire concernant la condamnation de la SNCF (2ème et dernière partie) (info # 012206/6) [analyse]
Par Raphaël Delpard © Metula News Agency



L’auteur de cet article est écrivain. Il est notamment le rédacteur des deux ouvrages historiques de référence concernant le rôle de la SNCF et celui de la police française durant les années de l’occupation nazie [1].



Les directeurs de la compagnie ferroviaire appartiennent à ce que la société française appelle « ses élites ». Tous issus de Polytechnique et, selon la coutume des grandes écoles de la nation, cooptés dans leur propre milieu. Donc rien d’étonnant au fait de retrouver exclusivement des X à la tête de l’entreprise. On cherche, chez ces hommes, la marque d’un antisémitisme, une appartenance politique extrême qui irait dans le sens des reproches qui leur sont adressées. On ne trouve rien qui puisse satisfaire ces allégations. Chez nombre de ces élites, il s’agit d’un esprit antijuif essentiellement culturel, qui rien à voir avec l’attitude des nazis. L’historienne Frédérique Schillo précise : « En faisant référence à la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État, ils dévoilent leur appartenance à l’idéologie de l’Action française, un antisémitisme traditionnel et culturel. C’est le vieux catéchisme du Juif déicide dont la menace pèse à présent sur le pays. Déjà dans les années trente, l’Action française revendiquait un statut pour les Juifs. Dans Je suis partout, Brasillach et Rebatet réclamaient d’exclure les Juifs de la fonction publique. En exauçant leurs vœux funestes, le gouvernement de Vichy fait plus pour développer un antisémitisme d’État. La France de 1940 nie l’ordre juridique républicain. ».



Il n’existe aucune différence entre Maurice Papon, l’ancien secrétaire général de la préfecture de Bordeaux, et les dirigeants de la SNCF : nous sommes en présence de ces fameuses élites, rouages indispensables au service de l’État. En établissant consciencieusement les listes des Juifs à déporter ou en organisant leur transport jusqu’aux lieux de leur mort, Papon et les directeurs de la SNCF assuraient la continuité du fonctionnement de l’État. Cette continuité sera, pour les fonctionnaires, un argument de défense devant la Commission d’épuration, car ils considéraient qu’il s’agissait d’un acte de résistance. Dans leur esprit, collaborer c’était résister !



Quel que soit le sens donné à l’analyse ou le regard porté sur la tragédie des déportations raciales et politiques, il semble difficile de croire, concernant celle des Juifs, que les directeurs de la SNCF ne savaient rien de la destination des convois qu’ils organisaient ; le train était le dernier maillon du système répressif. Ignoraient-ils vraiment que des enfants faisaient partie des convois ? Il ne s’en est pas trouvé un seul, à quelque degré que ce fût de l’échelle hiérarchique de la SNCF, pour exprimer son refus. La raison d’Etat leur a-t-elle servi de conscience ? Il ne fait aucun doute que leur participation à l’extermination des Juifs a relevé de leur plein droit. Ils l’ont fait pour préserver leur carrière, parce qu’ils étaient des fonctionnaires zélés, des élites de la nation. Que représentait pour eux cette population juive qu’ils ne connaissaient pas ? Rien d’autre qu’un nombre sans cesse recommencé qu’il fallait répartir dans les wagons.



« La SNCF pouvait-elle se refuser à transporter les Juifs », demande Serge Klarsfeld, « que le gouvernement de Vichy avait arrêtés et qu’il voulait livrer aux Allemands pour être déportés à l’Est ? Elle n’aurait pu exprimer ses éventuelles réticences qu’au travers de ses agents, soit en haut de l’échelle, soit dans les postes subalternes en contact avec les victimes, ou en refusant de préparer et de conduire les trains spéciaux. Nous n’avons pas trace de pareilles oppositions. ».



L’historien Henri Rousso, qui fut le directeur de l’Institut d’histoire du temps présent, interroge : « Durant la période de l’occupation, la SNCF avait-elle une marge de manœuvre ? ». Sa réponse est oui. « Certes, elle était mince, mais elle existait ». Deuxième question : « La compagnie ferroviaire a-t-elle mis à profit cette étroite marge de manœuvre pour tenter de réduire ou d’amoindrir sa collaboration avec les forces d’occupation ? ». La réponse de l’historien est « non ».



C’est bien là tout l’esprit de la collaboration. La SNCF a utilisé la marge de manœuvre évoquée par Henri Rousso pour préserver son matériel, son réseau ferré, son personnel, en négligeant ce qui lui paraissait tout à fait secondaire, à savoir le sort des Juifs et des Résistants.



On peut s’étonner qu’en 1945, à la SNCF, parmi toutes les administrations concernées, l’épuration fût inexistante. Les communistes sont entièrement responsables de la situation. René Mayer, ancien membre du gouvernement de Léon Blum, a rejoint le général de Gaulle à Alger et devient ministre des Communications en 1944, à la Libération. Prônant la négociation, il s’arrange pour contrer la demande faite par la Commission des voies et communications du Comité national de la résistance de participer à l’épuration de la compagnie ferroviaire. Il apporte son soutien à Robert Le Besnerais, directeur de l’exploitation du Nord, et premier directeur général de la compagnie. Ces deux hommes sont fortement attachés au Nord, ce qui explique l’esprit de solidarité ou de réseau qui a joué. Mayer ne parvient cependant pas à sauver son ami de l’épuration ; celle-ci se fera au profit du président Fournier, pourtant contesté par les communistes.



Ces derniers, à leur tour, finissent par abandonner l’épuration à laquelle ils tenaient tant. Venant d’obtenir des pouvoirs importants au sein du Conseil d’administration de la compagnie ferroviaire, leur stratégie concernant la collaboration s’en trouve modifiée. A propos de leur abandon, Christian Bachelier, auteur d’un rapport sur l’activité de la SNCF pendant l’occupation, écrit : « C’est ce changement de priorités qui peut expliquer l’absence des cheminots communistes et de la Fédération dans les procès des ministres des Communications en Haute Cour de justice, et le fait qu’ils n’aient pas répondu aux demandes de l’instruction. ».



Quel regard doit-on porter sur les cheminots, comment comprendre leur absence d’action devant les convois de déportés raciaux et politiques ? Tout comme leurs directeurs, les cheminots avaient, eux aussi, une marge de manœuvre, certes étroite, qu’ils n’ont pas utilisée. Regardons les choses sans émotion, froidement. Les cheminots étaient quatre cent dix mille, et face à eux, six mille collègues allemands. Jamais un convoi n’a été retardé, dirigé sur une mauvaise voie. « Un refus de coopérer de la part de la direction de la SNCF et des cheminots directement sur le terrain », précise l’historien allemand Jochen Guckes, « une résistance passive aurait été une catastrophe pour la Reichsbahn et la Wehrmacht. Il était quasiment impossible de faire marcher le réseau français sans l’aide de la SNCF. Par conséquent, l’absence de moyens humains, et surtout de la connaissance de l’organisation du système ferroviaire aurait fait gravement défaut. ».



Que se serait-il passé si les mouvements de résistance communiste et gaulliste avaient tout mis en œuvre pour rendre caduque la machine à déporter ? Parce qu’ils ont laissé l’imposante armée de cheminots sans instructions, les dirigeants portent une part de responsabilité non négligeable dans la mort des soixante-seize mille internés juifs et des vingt mille Tziganes. A titre individuel, lorsque le cheminot savait surmonter ses peurs et sortir du dilemme dans lequel tous les travailleurs du rail étaient plongés, il pouvait prendre des risques en se lançant dans des actions d’urgence, telles que faire passer la ligne de démarcation à des clandestins venus de tous les horizons ou acheminer le courrier trouvé sur les voies, ultime geste de survie et d’espoir. Ceux qui ont été arrêtés ont subi des sanctions parfois très lourdes, qui n’auraient pas été différentes s’ils avaient participé à la désorganisation de tous les convois raciaux et politiques. Luc Berton déclara lors d’un colloque : « Ancien résistant cheminot, je m’interroge aujourd’hui. Est-ce par ignorance ou par impossibilité que ces mouvements cheminots de résistance ne sont pas intervenus d’une manière ou d’une autre, pour éventuellement attaquer ou immobiliser un convoi en ligne et, éventuellement assurer la libération de tous ces malheureux qui partaient vers la mort ? Je pense que, peut-être, certainement, il y a eu une grande part d’ignorance. ».



Que penser de ces cheminots qui, un soir, découvrent un convoi en pleine nuit stationné dans une gare de troisième catégorie. Ils se hissent sur le marchepied et voient par la lucarne un essaim d’enfants dans des conditions de délabrement physique que l’on peut aisément imaginer. Qu’ont-ils fait pour sauver ces enfants ? Rien ! « Nous avons pleuré, et nous sommes rentrés chez nous ». Que penser de ces convois dans lesquels se trouvait un camarade cheminot résistant. Les conditions d’acheminement étaient souvent équivalentes à celles des déportés raciaux. La différence était que les Juifs allaient vers une mort programmée.



Concernant la résistance communiste puissamment implantée à la SNCF, le pacte germano-soviétique leur avait perdre un temps précieux qu’il fallait rattraper, et seules des actions spectaculaires pouvaient le combler ; elles avaient de surcroît une autre fonction : impressionner les militants qui ne savaient quelle attitude adopter face à l’occupant, comme nous avons pu le constater. Le sabotage et les déraillements ont été la réponse adéquate ; les effets de manche ont fini par rassurer la base et lui ont montré que la Résistance était en marche. Chaque action en écrivait l’histoire que le film La bataille du rail – financé par le parti communiste – magnifierait.



Pour justifier l’absence d’actions en faveur des déportés, les représentants de la Résistance-fer ne cessent, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de rabâcher l’explication suivante : la résistance cheminote – ou Fer ? l’amalgame permet la confusion –, ne s’intéressait pas aux convois civils. Disons-le tout net, c’est une imposture ! Les trains de munitions en direction de l’Allemagne qui ont déraillé ont-ils changé le cours de la guerre ? Les trois résistants belges ne se sont pas demandés si leur choix stratégique était finement étudié quand ils ont arrêté un train de déportés. En se lançant dans l’action, ils étaient en conformité avec l’esprit de résistance qui les animait. Léon Bronchard n’a pas réfléchi pendant des mois, s’il devait ou non monter dans sa locomotive. Il a dit « non ».



A la vérité, qu’auraient gagné les communistes à venir en aide à une population qu’ils ne connaissaient pas ? Le sauvetage des Juifs ne les aurait pas aidés à prendre position au sein du Conseil d’administration de la compagnie et, grâce à cet encrage, à devenir, à la Libération, un partenaire social incontournable. Il est une autre raison que personne n’évoque : ils n’ont pas agi parce qu’ils n’avaient pas reçu l’ordre de Moscou de le faire.



L’observateur impartial est conduit par les événements à se dire qu’il n’y a pas de différence, hormis l’idéologie, entre les directeurs de la SNCF et les dirigeants de la résistance communiste. Priorité à la stratégie personnelle sur l’humanitaire.



Le rassemblement des faits montre que la responsabilité n’est pas le résultat de l’attitude de groupes ou de quelques personnes. Elle est nationale, donc individuelle. L’Histoire nous renvoie l’image la plus hideuse qui soit : celle de l’indifférence d’un peuple. Les Français portent globalement une part de la responsabilité de la mort des onze mille enfants pourchassés, arrêtés et assassinés, parce qu’ils ne se sont pas opposés à leur déportation. En Bulgarie, les Sofiotes se sont dressés en un barrage humain devant la police pour que les vingt-six mille juifs de Sofia ne soient pas déportés. Quant aux cheminots hollandais, leurs grèves à répétition ont eu pour effet d’enrayer la machine et de retarder la déportation.



En France, le Conseil d’État entérine les lois raciales sans émettre la moindre objection. On n’enregistre aucune manifestation de masse à l’exception toutefois des Juifs communistes qui manifestèrent sous la bannière de leur mouvement, la MOI (Main-d’Oeuvre Immigrée), et des étudiants qui virent quatre des leurs tomber sous les balles des gardes mobiles. Pour tout dire une poignée de gens. Où était le monde ouvrier qui envahissait les rues en 1936, si fortement attaché aux valeurs républicaines et animé de l’esprit de justice ? Cette passivité des Français se justifiait-elle par le sentiment confus que si les Juifs avaient des problèmes, c’est qu’il y avait une raison ? À cela s’ajoute l’effet du tropisme connu depuis deux mille ans : quand les Juifs sont menacés, les populations détournent le regard. Jean-Jacques Gandini, journaliste et militant des droits de l’homme, le dit : « Ne sommes-nous pas tous capables, un jour, nous, individus ordinaires, comme Papon, d’obéir à l’inacceptable ? C’est vous, c’est moi qui devons nous sentir interpellés. ». Jacques Fénimore écrit dans la revue Le Passant ordinaire : « Aucun régime totalitaire ne peut venir et se maintenir au pouvoir sans une multitude de petites lâchetés, compromissions, ralliements, reniements, renoncements ou actes d’obéissance d’hommes et de femmes, comme vous et moi, du plus petit citoyen au plus haut fonctionnaire. Non, ce n’est pas parce qu’il y a eu Hitler ou Pétain que nous avons eu des hommes comme Papon, mais parce qu’il y a eu des milliers d’hommes comme Papon que nous avons eu Hitler ou Pétain. ».



Face à un régime qui exclut, pourchasse et déporte des citoyens de sa communauté nationale, chaque individu est le détenteur d’un pouvoir unique qui est celui de désobéir. Devant des situations extrêmes, imposées par la politique, la désobéissance est une vertu. Les directeurs de la SNCF ont-ils usé de leur droit légitime à la désobéissance ? Les cheminots en ont-il usé ?



Charles De Gaulle, à la Libération, a été le fossoyeur de la déportation et le garant du silence de la nation en clamant : « Vichy demeure pour toujours nul et non avenu. » Son retour au pouvoir en 1958 a consolidé l’image d’une nation unie dans ses efforts pour chasser l’occupant. Tous unis et tous résistants. Ce qui autorise de nos jours des compatriotes qui se réfugient derrière le postulat de la fameuse parenthèse de l’État français, à dire n’importe quoi. L’État français, sous le régime de Vichy, c’était toujours la France dans son fonctionnement administratif et dans ses institutions. Pendant l’occupation, le pays n’est pas devenu une image virtuelle. Les juges qui siégeaient dans les tribunaux d’exception sont les mêmes que l’on a vus dans les Commissions d’épuration. Le peuple français n’a pas changé de physionomie pendant quatre ans, c’était le même peuple ! Ceux qui enfourchent ce type d’arguments refusent généralement la vérité avec son train de lâchetés et d’actions courageuses pour ne voir qu’une France conforme à leur rêve. Ils sont dans l’erreur. Une communauté humaine grandit de ses errances, jamais de ses mensonges. Il faut rappeler, même si cela est douloureux à certains, que René Belin, numéro 2 de la C.G.T., est devenu ministre du travail dans le premier gouvernement de Pétain, qu’il a signé avec ses collègues les lois raciales contre les Juifs sans broncher.



Les communistes ont emboîté le pas au Général, trop heureux de dresser un miroir sans tain entre les trains qui partaient vers l’Est et les cheminots qui étaient intervenus dans la préparation des convois. Ce qui permet à Guy Saudrai, militant syndical FO, de s’insurger contre les survivants des convois ou des enfants de déportés qui osent engager une action en justice contre la SNCF où, forcément, les cheminots seraient mêlés. Porter une accusation contre eux relèverait-il d’un crime moral plus important que celui d’avoir transporté ou laissé transporter onze mille enfants dont la courte vie s’est terminée dans un four crématoire ?



L’attitude de De Gaulle, en affirmant la nullité de l’État français sous le régime de Vichy, est conforme à l’incapacité de la société française à gérer son passé. Elle n’aime pas se juger et, pire que tout, redoute les archives. Il lui faut en permanence une mémoire neuve, vierge de tout sentiment de culpabilité. Elle veut se laver de toute tache pour être en mesure de faire la morale aux autres si besoin est. Exercice dans lequel les Français excellent.



Ainsi, chacun a trouvé un arrangement avec la mémoire. La déportation sera mise en veilleuse au profit d’une victimisation des travailleurs du rail contraints de subir les diktats de l’occupant. D’aucuns pourraient s’imaginer que les Juifs n’étaient pourchassés par aucun gendarme, qu’ils se rendaient dans les camps de leur propre initiative. Que les convois s’organisaient tout seuls, que les nourrissons et les enfants sautaient du quai dans les wagons, légers et insouciants comme des diablotins, et que les trains roulaient sans l’intervention de mécaniciens ni de chauffeurs…





Note :



[1] Raphaël Delpard, Paris, Editions Michel Lafon, – Les convois de la honte : enquête sur la SNCF et la déportation –, 2005, 301 pages et – Aux ordres de Vichy : enquête sur la police française et la déportation – 2006, 325 p.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Bazooka (Bazooka) le vendredi 23 juin 2006 - 09h13:

winner

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And the 2006 Miss Harissa Contest winner is ............

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poule6

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poule5

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poule3

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poule2

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poule