Archive jusqu'au 05/mars/2006-1

Discus: ADRA : LES COMMENTAIRES D'HARISSA: Commentaires 2006: Commentaires Mars 2006: Archive jusqu'au 05/mars/2006-1
Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le samedi 04 mars 2006 - 23h02:

Un incident regrettable qui avait eu lieu à Nazareth. Un Juif qui se nomme Haim Eliyahu Habibi, 44 ans, qui avait un étrange passé et qui était marié à une femme chrétienne d’après la presse israélienne, il avait maintes fois circulé entre Ramalla et Tel- Aviv. Il se trouvait parait-il avec des problèmes économiques et pour attirer l’attention des services publics, il s’était infiltré avec sa femme dans la Basilique de l’Annonciation et avait jeté des “Bani Bani”, des pétards, ce qui avait créé un tumulte parmi les présents.

Je pense que tous les Israéliens sans exception regrettent cet incident malheureux, mais à faire de çà une affaire politique et d’état, alors que cette église était elle-même construite par la société israélienne Solel Boné et que depuis sa création le tourisme avait connu un essor extraordinaire, grâce à la politique israélienne de développent et à sa tolérance?

Je trouve très vicieux de la part des Israéliens Arabes et de la part du Patriarche Michel Sabbah de faire de çà une manifestation et de déclarer que l’existence d’Israël dépendait des relations entre les groupes ethniques.

Cette manifestation avait permis à Ismail Haniyeh le désigné premier ministre du gouvernement de Hamas à se mêler et à mettre le blâme sur Israël. Je pense que les Israéliens arabes manque de tacte et de reconnaissance.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Albert (Albert) le samedi 04 mars 2006 - 22h44:

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Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Bazooka (Bazooka) le samedi 04 mars 2006 - 21h43:

La Fondation LEAVI et la Yehidat SHAY vous invite au

GRAND DINER DE GALA

Pour soutenir les soldats volontaires de MAGAV
et l'emploi des nouveaux immigrants de France

le jeudi 9 mars 2006, a partir de 20h00
au plateau de Gravelle (Bois de Vincennes)

Avec la participation exceptionnelle de :
Maitre Arno KLARSFELD (ex volontaire MAGAV)
Olivier RAFOWICZ (ex porte-parole de Tsahal)
... et de nombreux autres invites.


Informations & reservations : 01 70 36 74 00
Reservez avant le 7 mars 2006 aupres de : arie@leavi.com

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Felix (Felix) le samedi 04 mars 2006 - 18h42:

Deux jeunes juifs agressés à Sarcelles, avec injures antisémites
PARIS, 4 mars 2006 (AFP) © 2006 AFP

Deux jeunes juifs ont été agressés, séparément, vendredi à Sarcelles, par des hommes noirs et d'origine nord-africaine qui ont cassé le nez à l'un et lancé des injures antisémites au second, a-t-on appris samedi dans l'entourage du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.

M. Sarkozy a écrit une lettre aux parents de chacun des deux jeunes hommes, dans laquelle il indique avoir "donné des instructions les plus fermes pour que les agresseurs soient identifiés au plus vite par les enquêteurs de la police nationale et qu'ils soient remis à la justice".

"Je souhaite que ces individis soient sévèrement punis", a ajouté le ministre, qui a également exprimé sa "sympathie" et sa "solidarité" à "l'ensemble de la communauté juive de Sarcelles".

Elihahou Brami, 17 ans, a été frappé par deux hommes noirs près de la synagogue de Sarcelles, vendredi vers 17H00. Le jeune homme, qui a eu le nez cassé, a dû être brièvement hospitalisé.

Le second, Yacob Boccara, 18 ans, a été plaqué au sol, à 20H40, par cinq hommes, quatre d'origine africaine, un d'origine nord-africaine, qui lui ont lancé des injures et des menaces antisémites et lui ont volé son portable. Le jeune homme n'a pas été hospitalisé.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Douda (Douda) le samedi 04 mars 2006 - 11h29:

Douda,

Voici Sarel, la réponse que tu tardes à trouver :

Lundi 30 Janvier 2006

Le 25 janvier, en Palestine, le Hamas a été élu en majorité au Conseil législatif, 74 voix sur 132. Depuis, le monde entier s'est exprimé.

Le problème qui fait parler: c'est une branche islamiste du Hamas qui a le pays entre les mains. Et elle prône la destruction d'Israël, refuse de se désarmer et est responsable de beaucoup d'attentats en Israël.

Donc, la question est: doit-on continuer de financer un pays qui est gouverné par un groupe terroriste??? En effet, la Palestine dépend beaucoup de l'aide internationale: son budget est 1,8Mds d'euros sachant que l'UE a donné 500M d'euros et que l'aide des USA depuis 1993 est de plus de 1,5Mds de dollars.

Sans cette aide, comment fera ce pays pour tourner??? Quel sera le taux de chômage, sachant qu'actuellement il est de 60%???

Et la dernière question est à propos d'un potentiel financement de pays voulant justement aider un gouvernement terroriste, comme l'Iran et la Syrie. Est-ce plus ou moins dangereux???

PS: Israël a décidé de ne pas reverser les fonds prévus pour la Palestine. (correspondant au produit de la TVA et des droits de douane prélevés sur les produits importés dans les territoires palestiniens et transitant par Israël). Cela fait un trou de 3,5M de dollars.

Si tu trouves autre chose, tiens nous informé,,,

Salut et bien à Toi,

Douda du PTB

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Toufiq (Toufiq) le samedi 04 mars 2006 - 04h39:

merci nao pour le lien memri tv,tres interessant

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Mena (Mena) le samedi 04 mars 2006 - 00h21:

Badiou : le philosophe dépravé (1ère de 2 parties) (info # 010203/6) [analyse]
Par Raphaël Lellouche © Metula News Agency

À coté de l’assassinat atroce d’Ilan, un autre événement, moins spectaculaire mais presque aussi grave, témoigne de la barbarisation rampante en France. Il s’agit cette fois d’un fait impuni de barbarie intellectuelle. L’antijudaïsme est de retour en philosophie. Rien moins que chez un philosophe de réputation internationale, Alain Badiou, souvent présenté comme « le plus grand philosophe français contemporain » (Eh non, ce n’est ni Finkielkraut, ni BHL…). C’est dire combien son influence peut être désastreuse, à l’image, par exemple, de celle d’un Noam Chomsky. Badiou vient de publier un petit livre intitulé : Circonstances 3, portée du mot « Juif » (éditions Lignes), qui est un recueil d’articles et entretiens. Il a scandalisé une petite frange du monde intellectuel, mais n’a, pour l’essentiel, provoqué aucune ire générale dans l’espace public, et est passé presque inaperçu. Un bon article de dénonciation de « l’universalisme abstrait par soustraction », dans Le Monde des Livres du 25 novembre 2005, par Roger-Pol Droit, qui a bien saisi le « paradoxe renversant » qui niche au cœur de la position de Badiou : « Le seul vrai juif est celui qui se nie ». Puis, un excellent, par Frederic Nef, le 23 décembre suivant, qui met bien en évidence quelques sophismes qui tissent le raisonnement de Badiou, qualifié de pernicieux, pervers, perfide, et néanmoins médiocre. Il souligne l’alliage subtil, chez Badiou, d’un antisémitisme chrétien (son interprétation de saint Paul), de l’antisémitisme universaliste laïc, et la teinture ­— déniée — de l’antisémitisme arabo-musulman qui déteint sur ce pro-palestinien ancien maoïste de la rue d’Ulm.

Le trotskiste Daniel Bensaïd (Le Monde des Livres, le 27 janvier 2006), mon ancien camarade de jeunesse de la LCR, vient à la rescousse de Badiou d’une manière très inquiétante sur le niveau intellectuel et moral de l’extrême-gauche, et bien représentatif de l’absence dramatique de résistance intellectuelle que la pensée de l’extrême-gauche offre aux plus insidieuses des nouvelles formes d’antisémitisme : il commence par stigmatiser le « style place Beauvau » qu’il impute à Nef, et finit en le dénonçant ouvertement comme une « infamie policière ». Il n’a guère supporté que Nef dise de la brochure de Badiou qu’elle était « préméditée et impunie ». Bensaïd paraît pathologiquement atteint d’une conception complotiste et policière des débats intellectuels. Je note que le seul argument de fond, par-delà les fioritures de la joute verbale, sur lequel il s’appuie, c’est que selon lui « l’être juif » ne doit pas être pensé comme « l’absoluité d’une essence ontologique inaltérable » (ce pourquoi il persifle le « métaphysicien » Nef du Traité de métaphysique), mais qu’il est relatif « au temps, à l’histoire ». C’est de ce seul principe général de relativité historique anti-essentialiste qu’excipe Bensaïd pour entériner subrepticement les propositions, elles, très particulières, selon lesquelles, effectivement, selon lui, d’une part « le prédicat ‘juif’ est désormais marqué par l’usage qu’en ont fait les nazis », et d’autre part que « sa glorification identitaire apparaît désormais comme le retournement de ce stigmate ». Pourtant, affirmer l’historicité des essences n’oblige nullement à accepter n’importe quel énoncé sur les métamorphoses de l’être-juif dans l’histoire, et c’est une véritable confusion, sinon une complicité, que de laisser, sous ce mauvais prétexte, comme le fait Bensaïd, libre cours, dans l’espace public, aux pires délires de la haine visant telle « essence historique » singulière.

D’ailleurs, ce n’est pas parce qu’on n’est pas friand d’essences métaphysiques, qu’on doit pour autant verser dans un nominalisme qui n’admet plus que des « noms » sans référent ! Même le relativisme historique n’est pas un pur nominalisme ! En laissant en outre planer l’idée de police de la pensée, Bensaïd entretient une ambiguïté regrettable. Car refuser de laisser libre cours, ne veut pas dire interdire ce livre, cela signifie devoir dénoncer publiquement, comme le fait Nef, son caractère pernicieux, et donner des armes intellectuelles pour résister à ces sirènes qui, ultimement, rejoignent et alimentent l’essentialisme plus vulgaire et univoque des Dieudonné, ou du cerveau reptilien de la graine des assassins d’Ilan Halimi.

Donc, Portées du mot « Juif ». Toute l’intention de Badiou dans cette méchante brochure est tendue par l’obsession, justement, de la réduire, cette « portée ». Un petit livre idiot, qui distille une haine insidieuse et raffinée, et où contrastent vertigineusement une pensée philosophique élaborée (bien que fausse), avec une pensée politique sommaire, qui n’outrepasse pas les pires mensonges propagandistes ou l’indigence d’un tract. Essayons pourtant d’entrer dans son raisonnement en lui appliquant un principe de « charité » ou de loyauté dans la lecture, c’est-à-dire tentons de le lire de façon compréhensive, sans préjugés, et en lui donnant, pour voir, toutes ses chances de convaincre.

« Portée » a plusieurs sens : le nombre de petits que met bas une femelle, la distance que peut atteindre un canon, ou encore les lignes sur lesquelles on inscrit les notes de musique. Venant d’Alain Badiou, qui flirte avec le vocable logico-mathématique, il faut l’entendre dans son sens de scope en anglais. Un opérateur logique possède une portée définie, l’écriture entre parenthèse sur laquelle vaut son opération. Parler de portée du mot juif signifie qu’à ses yeux ce mot soulève un problème de quantification logique. La question est celle de l’universalisme ou du particularisme de l’identité juive et du judaïsme. C’est une manie dans une certaine école (Lacan-laquantification) de tout passer à la moulinette de la formalisation logique ou d’emprunter son langage, je l’ai déjà dit dans mon compte-rendu d’un livre de J-Cl. Milner dans l’article Des limites des lectures psychanalytiques du conflit israélo-arabe (Ména) [Lire la 1ère partie, la seconde].

Badiou est obsédé par ce qu’il appelle les « prédicats identitaires » qui s’accolent à un humain pour définir son être (être noir, être basque, être homosexuel, être français, etc.) et susciter sa fierté ou sa polarisation victimaire (ou un mélange des deux). L’universalisme abstrait veut en faire table rase. Soyons seulement tous, nous dit-il, des « sujets » capables de la vérité, un point c’est tout, et tout le reste n’est que « peste identitaire ». Il faut abolir les prédicats particularistes qui isolent des groupes humains partiels et les déchirent dans le conflit identitaire et la guerre, réduire intégralement leur « portée », au profit de la seule quantification des prédicats universels (le vrai, la rencontre, la science, l’art, la révolution). Le quantificateur pour tout dans l’énoncé : « Pour tout X, P(X) » signifie que la fonction prédicative P est satisfaite pour toute occurrence de la variable X qui est ainsi liée universellement. Or le « nom juif » (ou le prédicat « juif ») pose un gros problème pour la logique formelle de Badiou. Il est à la fois particulier (tout homme est mortel, tout homme est capable du vrai, tout homme naît avec des droits fondamentaux… mais tout homme n’est pas juif !) ; et en même temps il est universel, ce pourquoi il a toujours été pour les antisémites objet de haine parce qu’inassignable à une identité « locale » : les Juifs sont de « partout », ils sont porteurs de la religion d’un Dieu unique, qui est le Père de tous les hommes.

Alors universel ou particulier ? Il y a ici de quoi affoler le logicien. Pire encore, les Juifs n’auraient-ils pas trahi leur vocation universaliste – accomplie par l’apôtre Paul — en faisant « retour » au particularisme d’une soi-disant « identité juive » ? De fait, Circonstances 3 montre que Badiou s’est emmêlé les pieds dans sa quantification du mot « juif », et qu’il a finalement accouché d’un petit livre monstrueux de bêtise et d’infamie, qui risque de faire des petits : portée…. Il faut dire qu’il devait avoir des prédispositions, le ventre de la bête étant toujours fécond, et que sa faute n’est pas seulement logique. S’il fallait encore jouer à l’interprétation freudienne, on peut se demander aussi si le vrai problème de Badiou n’était pas en réalité non de s’interroger sur la portée du mot « juif », mais d’essayer de voir si les Juifs n’étaient pas désormais, comme on dirait d’un revolver philosophique, à portée de ses mots. A mes yeux, en tout cas, il s’est disqualifié comme philosophe.

Avant d’entrer dans ce qui est grave dans Circonstances 3, remontons à deux autres ouvrages qui éclairent les pensées de Badiou. Dans la liste de ses œuvres, Circonstances 3 est classé dans les essais politiques. Or, pour comprendre la signification d’une telle politique, il faut remonter à deux essais, non pas directement politiques, mais philosophiques, précédemment publiés par Badiou. C’est un premier ouvrage, L’éthique, essai sur la conscience du mal, publié en 1993, et c’est, ensuite, le livre qui s’appelle Saint Paul et l’invention de l’universalisme [1], publié en 1997 au Collège International de Philosophie (PUF). Ils montrent dans quel contexte de pensée a pu germer et surgir le livret scélérat.

1. Badiou contre « l’idéologie éthique »

En 1993, Badiou identifiait « le principal adversaire de la pensée » comme étant l’idéologie éthique, c'est-à-dire le moralisme qui, pour lui, est une doctrine de la « conscience du mal » qui part de deux axiomes, à savoir d’une part qu’il existe un mal radical, et d’autre part que ce mal est « évident ». La racine de l’idéologie éthique c’est l’illusion de l’évidence du mal comme un phénomène immédiat, et cette conception du mal est renvoyée à son origine religieuse. Il faut noter que, s’attaquant à l’idéologie éthique, Badiou, dans L’éthique, essai sur la conscience du mal, s’attaque simultanément à tout un ensemble de théories et d’attitudes politiques : à la doctrine des droits de l’homme, à ce qu’il appelle « la vision victimaire de l’homme », à l’idée d’ingérence humanitaire, il s’attaque même à la démocratie, et surtout au relativisme culturaliste et à l’éthique des différences — le différencialisme — et de la tolérance, c'est-à-dire de la « reconnaissance des identités ». Pour lui, l’idéologie selon laquelle le mal est évident et qu’il est radical doit être inversée, et il va consacrer son ouvrage à la thèse selon laquelle le mal n’est pas premier, n’est pas évident, mais qu’au contraire, il n’est qu’un « effet déréglé du bien ». Badiou s’accorde, ce faisant, avec une longue et majoritaire tradition philosophique, seulement interrompue par Job, saint Augustin, Kant et Levinas. D’abord surgit le bien, qu’il appelle « processus de vérité ». Un processus de vérité, c’est une rupture immanente [mais non pas issue d’une transcendance !], qui désorganise l’animal humain et le mesure à autre chose qu’à lui-même. Le mal, quant à lui, n’est qu’une conséquence possible, et se rapporte ontologiquement au processus de vérité.

Ce que Badiou appellera l’éthique c’est la manière dont un sujet, à partir du moment où il a été bouleversé par « un événement », restera fidèle à cet événement qui l’aura ainsi subjectivement constitué. Cet événement ou ce processus de vérité peut être de toute sorte de nature, ça peut être une rencontre amoureuse, une révélation religieuse, une conviction politique, la découverte d’une œuvre d’art ou d’une idée créatrice, ça peut être également la passion pour une vérité philosophique ou une vérité mathématique. Peu importe le contenu de l’événement, l’important c’est qu’il y ait eut l’effet de rupture d’un événement et que cet événement ait été « constitutif », ait été l’ébranlement à partir duquel un processus de subjectivation s’est mis en route, et éthique sera le comportement qui consistera essentiellement à être « fidèle à cet événement ». Aussi Badiou va essayer de reconstruire l’éthique, non pas à partir de la conscience du mal, mais à partir de la mise en acte de cette « fidélité » à l’événement fondateur du sujet. Fort de cette conception de l’éthique, qui — j’y reviendrai — est en réalité une éthique de la conviction, Badiou s’en prend à toute éthique qui part d’une réaction, d’une résistance au mal, mal dont évidemment la Shoah est le paradigme « qui crève les yeux » (Levinas) dans la modernité, dans la mesure où c’est la Shoah qui a fait apparaître de façon évidente, de façon flagrante, la radicalité du mal, l’extermination des juifs étant exemplaire du « mal radical ».

On peut donc soupçonner que la tentative de Badiou vient toute entière d’une sorte de défense contre le vacillement que provoque, pour toute pensée, ce gigantesque événement négatif. Pour lui, en effet, l’« exemplarité » de la Shoah est paradoxale dans la mesure où elle serait un exemple dont il faut empêcher la répétition, mais qui en même temps n’est pas répétable, puisqu’elle est précisément l’incommensurable du mal. Qu’est-ce qu’un exemple irrépétable dont il faudrait néanmoins combattre la répétition possible ? Pour cette raison, il prétend qu’il faut abandonner l’éthique du mal radical, comme d’origine religieuse et comme incohérente. L’incohérence de l’absolutisation religieuse du mal devant être remplacée selon lui par une autre éthique qui serait une éthique du bien. Badiou, évidemment, ne nie pas que l’extermination nazie des Juifs soit un « crime atroce » (un « mal extrême ») selon ses propres termes, « une horreur, écrit-il, telle qu’on ne peut pas, sans une dégoûtante sophistique, douter qu’il s’agisse d’un mal que rien ne permet de classer au chapitre des nécessités transitoires de l’Histoire ».

Énoncé caractéristique des innombrables contradictions dont est tissé son propos, puisque c’est la définition même de l’évidence que « ce dont on ne peut pas douter », et qu’il ne voit guère qu’il nie explicitement ce qu’il vient à peine de dire en récusant l’évidence du mal. Passons. Même si on ne peut pas relativiser la Shoah ni la ranger sous un concept, il faut absolument pour Badiou la dédiaboliser — c’est-à-dire la soustraire à une causalité diabolique d’essence religieuse — et pour cela être capable de penser rationnellement la singularité du nazisme. Or penser cette singularité implique de la penser comme politique.

2 – D’où vient le mal ? Réponse dans une lecture « politique » du nazisme

Hitler a pris le pouvoir au nom d’une politique dont « juif » était une catégorie centrale, qui a conduit à l’extermination. Juif est donc pour Badiou un schème politique qui a été à l’origine d’une politique criminelle, mais qui n’en reste pas moins une politique. On peut donc tenter de comprendre et de réduire par la compréhension de la singularité du nazisme ce qui s’est passé autour de l’enjeu du mot juif en tant que schème politique nazi. De là à penser que toute politique dont « juif » est une catégorie est héritière du nazisme, il n’y a qu’un pas que n’hésite pas à franchir Badiou. Mais c’est une faute logique élémentaire. Le paralogisme où Badiou atteint à ce qu’on est bien obligé d’appeler de l’idiotie, c’est que partant de ce que le nazisme est une politique dont « juif » est une catégorie, il en conclura que toute politique, et même toute pensée, dont « juif » est une catégorie, par exemple, le sionisme ou même tout simplement le judaïsme, est un nazisme ! Voilà à partir de quel sophisme, commis par le logicien de cuisine Badiou, on pose l’équation sionisme = nazisme, mais qui permettrait aussi bien de poser judaïsme = nazisme !

Reprenons le raisonnement plus haut. Pour Badiou, c’est la fonction du schème politique « juif » dans le nazisme qui permet de définir la politique nazie comme simulacre de politique. Pourquoi les Juifs ? Ici Badiou introduit une intéressante remarque. Il s’agissait pour les nazis, comme il dit, de « nommer un extérieur », un ennemi dont la négation permettrait par contraste de définir le prédicat identitaire de l’être-allemand, et de proclamer ainsi la « communauté allemande », autrement dit une subjectivité historique, et rendre ainsi possible sa victoire subjective. La singularité du mal nazi est tributaire de cette politique, et donc d’un processus se réclamant normalement du bien, c'est-à-dire se réclamant d’une vérité. Certes, Badiou explique bien que la politique nazie n’est pas un processus de vérité, mais, et c’est ce qui permet de la saisir rationnellement, elle se présentait comme telle et a, à ce titre, « saisi » la situation allemande. Elle est simulacre. C’est par là que le mal existe. Non pas comme mal radical, mais comme une apparence du bien. Le nazisme a été un pseudo-événement, origine d’un simulacre de fidélité.

3 – La théorie de l’événement et sa perversion

Avant d’opérer la « réduction » de la causalité supposée diabolique du nazisme par sa reconduction à l’économie du simulacre, avec les effets de manipulation du nom « juif » qu’il a impliqués, suivons Badiou lorsqu’il formalise une sorte de modèle général de la « rupture d’immanence » en quoi consiste son concept de l’événement. L’éthique de la fidélité (ne pas céder sur son désir), permet de parer au mal que toute vérité rend possible : sa perversion possible. Il faut rapporter cette possibilité à la structure ontologique des processus de vérité (l’événement, la fidélité, la vérité). Selon l’articulation, par Badiou, de sa structure, situer l’événement, c’est « identifier le vide de la situation antérieure », le vide situé, autour de quoi s’organise la plénitude d’une situation. Il y a trois aspects à mettre en exergue et sur ces trois points, Badiou se montre disciple de Lacan et Althusser (la lecture symptomale, l’éthique du désir, l’idée de rupture épistémologique). Si cela n’apparaît pas clairement dans les textes de Badiou, je soulignerai pour ma part les flottements de la théorie de la nomination qui sous-tend chez lui sa critique des prédicats identitaires.

a. - D’abord ce qu’il appelle « nommer le vide ». L’événement nomme le vide d’une situation comme son insu, comme son impensé, comme une vérité cachée, qui a besoin d’être cachée pour que cette situation persiste. Ainsi, il s’agit, par l’effet révolutionnaire de la nomination, de produire un « concept » inouï dans la situation. Lorsque Marx, par exemple, nomme le prolétariat, il fait apparaître quelque chose qui était impensé dans la situation qui précédait la vérité qu’il fait apparaître. Et le processus de vérité qu’il met à jour sera la référence vis-à-vis de laquelle le militantisme marxiste sera une « fidélité ».

b. - Ensuite, il y a la persévérance de quelqu’un dans une fidélité (« Ne cède pas sur ton désir » Lacan).

c. - Enfin, l’effet de la vérité, c’est qu’elle « troue » les savoirs institués (cf. Lacan, Savoir et vérité dans les Ecrits), et finit par donner naissance à une nouvelle configuration épistémique. C’est la force de rupture qui remanie les encyclopédies, où puisent les opinions sociales. Ainsi la vérité dans sa force de rupture est constructrice de nouveaux savoirs antérieurement informulables comme tels.

Ceci, c’est la structure de l’événement, dans lequel on comprend que la fulguration d’une « nomination » de vérité produise une mutation révolutionnaire. Or, le mal, pour Badiou, est précisément la perversion, « l’effet déréglé » de cette structure ontologique de l’événement, de son « processus de vérité ». Mais cette perversion n’est rendue possible que par le processus de vérité même dont elle dépend et qu’elle parasite. Le mal appartient donc, en un sens, à ce processus de vérité. Le nazisme est une perversion grimaçante d’un processus de vérité en ceci qu’au lieu de « nommer un vide », de faire apparaître un impensé, il nomme un plein (la substance allemande : l’absolutisation des particularités ethno-populaires allemandes). Même s’il singe ainsi des événements historiques effectifs, en se proclamant « révolution national-socialiste » : la révolution, le socialisme, etc. Sous ces noms d’emprunts, a donc lieu un simulacre de processus de vérité.

On remarque que Badiou reconduit l’ancienne analyse marxiste, selon laquelle le fascisme est une pseudo révolution socialiste. « La fidélité à un simulacre, à la différence de la fidélité à un événement, règle sa rupture non sur l’universalité, mais sur la particularité d’un ensemble (communauté pure des Aryens) » [p. 99]. En quoi consiste donc le simulacre de vérité qu’est la politique nazie ? Nommer un plein au lieu de nommer un vide, mais par là, par cette métabase, il est obligé de faire un vide autour de lui. Badiou précise : « Au tous est adressé la mort ou l’esclavage », la guerre et le massacre. Etant la politique d’un particularisme, l’exaltation plénière d’un « prédicat identitaire », c’est de l’universalisme qu’il lui faut faire le vide par la terreur. Or pour les nazis, l’universel, c’est les Juifs ! Pourquoi le nazisme a-t-il choisi le nom « juif » comme nom de ce qui doit disparaître ? Parce que le nom « juif » « renvoie sans aucun doute à son lien évident avec l’universalisme, en particulier l’universalisme révolutionnaire déjà connecté à l’universalité des vérités. » [Ethique p. 101]. Les Juifs apatrides, cosmopolites et universalistes ! Et c’est ici qu’intervient la fonction spécifique de la nomination et du nom « juif » pour la politique nazie. Selon Badiou, la fonction du nom « juif » dans le schème politique nazi, c’est peut-être celle de nommer un vide, mais le vide que la nomination nazie doit faire autour d’elle : le massacre des Juifs.

A suivre…

Notes :

[1] J’ai fait une critique sévère de cet autre livre de Badiou dans une longue étude sur le paulinisme d’un point de vue juif, dans la nouvelle revue « Controverses, revue d’idées n°1 », revue construite avec Shmuel Trigano, qui sort ces jours-ci aux éditions de l’Éclat : Raphaël Lellouche, Théologie politique de l’apôtre Paul, pharisien et rebelle (Messianisme, universalisme et révolution devant le « nouveau peuple » et « l’autre monde »).

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Mailroom (Mailroom) le vendredi 03 mars 2006 - 20h44:

L'Institut Netvision organise son deuxieme colloque international sur la Genealogie Juive sur l'Internet, a l'Universite de Tel-Aviv, ce mardi 07 Mars, a 15heures.

Notre amie Shira donnera sa conference sur la genealogie tunisienne par le site harissa.

Entree libre, inscription requise en envoyant un mail a niis@post.tau.ac.il.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Braham (Braham) le vendredi 03 mars 2006 - 18h57:

Danemark Israel 2 a 0

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Emma (Emma) le vendredi 03 mars 2006 - 18h12:

Youssef Fofana revient en France répondre de la mort d'Ilan


PARIS (Reuters) - Youssef Fofana, chef présumé du gang qui a enlevé et tué le jeune Juif Ilan Halimi, sera remis samedi par la Côte d'Ivoire à la France, où le crime a bouleversé l'opinion, dit-on de source judiciaire.

Après le feu vert donné jeudi soir par la justice d'Abidjan, le président Laurent Gbagbo a signé vendredi le décret d'extradition, a annoncé le ministre de la Justice ivoirien, Mamadou Koné.

Un Airbus A310 de l'armée de l'air française est parti dans la matinée de Paris vers Abidjan, a-t-on appris auprès de l'armée de l'air. Censé effectuer une relève habituelle de personnel, il pourrait ramener Youssef Fofana et les deux policiers français envoyés à Abidjan, a dit un porte-parole.

Le jeune Français d'origine ivoirienne, arrêté le 22 février, reviendra en tout cas samedi à Paris, dit-on de source judiciaire. Il sera déféré aux juges d'instruction parisiens Corinne Goetzmann et Baudoin Thouvenot pour être mis en examen.

Le mandat d'arrêt délivré contre lui la semaine dernière visait des faits d'"association de malfaiteurs, enlèvement, séquestration, assassinat". Si ces charges sont conservées contre lui jusqu'au procès, il encourra la réclusion à perpétuité avec 22 ans de sûreté.

llan Halimi, 23 ans, a été découvert agonisant le 13 février dans l'Essonne, au sud de Paris, après avoir été séquestré et torturé pendant plus de trois semaines.

Contre l'avis du parquet, les juges ont retenu la circonstance aggravante selon laquelle ces faits auraient été commis "à raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée".

"LE MAL, CA EXISTE"

Certains des 21 suspects poursuivis à Paris, dont 18 sont écroués, ont imputé à Youssef Fofana la direction du gang et assuré qu'il se déclarait lui-même "cerveau des barbares". Il est accusé par au moins un protagoniste d'avoir tué Ilan Halimi de ses mains.

Ces accusations sont cependant à prendre avec précaution car elles ont été formulées au moment où Youssef Fofana était en fuite, par des suspects ayant intérêt à relativiser leur propre rôle, souligne-t-on de source judiciaire.

Plusieurs hommes ayant maîtrisé Ilan Halimi le 20 janvier à Sceaux, dans un embuscade tendue par une jeune fille de 17 ans, sont toujours recherchés, rappelle-t-on.

La police estime qu'Ilan Halimi a été mortellement blessé à coups de couteaux alors que le gang s'apprêtait à le libérer le 13 février près de la gare RER de Sainte-Geneviève des Bois (Essonne). Il aurait vu accidentellement le visage d'un ou plusieurs ravisseurs. Il est mort des suites de ses blessures.

Pour retenir la thèse du crime antisémite, les juges s'appuient sur le fait que le jeune homme a été choisi en raison de sa confession juive - les ravisseurs supposant qu'il aurait de l'argent et serait soutenu par sa communauté - ainsi que sur des maltraitances infligées durant sa séquestration.

Il a été brûlé à l'aide d'une cigarette et de détergent et a été tondu, dit-on de source judiciaire.

Dans un entretien réalisé dans les locaux de la police d'Abidjan, et diffusé lundi dernier sur I-télé, Youssef Fofana a admis son implication dans l'enlèvement mais nié l'assassinat et assuré n'avoir pas agi pour des raisons d'antisémitisme.

Cette interview, ainsi que des photos publiées dans Paris-Match qui le montrent hilare en compagnie de son amie au commissariat d'Abidjan, ont indigné la famille Halimi.

"On pense toujours qu'un homme qui commet un crime horrible est forcément fou ou stupide. Mais le mal, ça existe", a déclaré à la presse Me Francis Szpiner, avocat de la famille Halimi.

Youssef Fofana a déjà passé environ trois ans en prison pour des vols avec violences. La justice soupçonne le gang de plusieurs tentatives de racket ou d'enlèvement infructueuses menées depuis 2002 en région parisienne.