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Discus: ADRA : LES COMMENTAIRES D'HARISSA: Commentaires 2006: Commentaires Fevrier 2006: Archive jusqu'au 27/février/2006-3
Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Henri (Henri) le lundi 27 février 2006 - 14h46:

NOUVELLES au 27 fevrier
Du rav Rahamim Dufour.

Je recois un mail qui m'interpelle personnellement et qui concerne certainement beaucoup d'autres. Peut-etre vous aussi?
Je vous le retransmets tel quel, il n'y avait que cela : "Lorsque vous manifesterez pour Ilan, en Israel ou en France n’oubliez jamais les 1100 morts qui sont morts parce que Juifs et qui n’ont pas eu droit a des manifestations de soutien dans la rue ni de la communaute francophone en Israel, ni de la communaute juive
de France". Et il me communique ce lien qui est un choc: http://www.soberingup.net/victims/.

Remarques (ajoutez les votres):
- il est clair que ce mail ne met pas en cause la reaction positive suscitee par l'horrible assassinat. Au contraire, ce mail profite, a juste titre de ce mouvement positif, pour me dire: vous vous reveillez seulement maintenant apres 1100 assassinats? Reflechissez! Pourquoi? La question est capitale.
1100 Juifs assassines un par un en Israel et ni la communaute francophone d'Israel en tant que telle, ni la communaute des Juifs en France ne sont descendus dans la rue en tant que tels; C'est vrai que c'est stupefiant. J'ai pose la question a quelques personnes que j'apprecie et la reaction a ete: "on n'y avait pas pense et c'est vrai qu'il y a un probleme serieux, on ne comprend pas, et cela nous met autant en question en Israel qu'en France".
Peut-etre ceci, mais les hypotheses n'ont leur ont pas semble suffisantes sur eux-memes. A vous d'eclairer les uns les autres. Moi non plus, je ne comprends pas encore. Il va de soi que je transmets cela avec le maximum de delicatesse que ces sentiments comportent chez chacun. C'est une seule interrogation morale, qui penetre notre psychologie personnelle. Rien de polemique, et rien de politique, et rien contre autrui, c'est une interrogation personnelle.

Quelques hypotheses exprimees (faites-moi part de vos reponses personnelles et j'en communiquerai qui pourront servir).
- Cette fois qui y -t'il en plus? Les Juifs francais se sentent-ils directement concernes? Et non pas le frere lointain?
- Ce n'est pas l'horreur du crime seulement car cette horreur fut repetee par les Arabes palestiniens des centaines et centaines de fois, meme contre des enfants et bebes et non pas seulement dans des explosions collectives mais meme individuellement.
- Mais cela n'explique pas que cette fois les Juifs francophones d'Israel alors sont descendus dans la rue. Seraient-ils plus solidaires de leurs freres que les premiers? Ou bien sont-ils encore plus identifies a la France qu'ils ne le sont a Israel, c'est peu probable.
- Autre hypothese: cette fois-ci, le plus important, c'etait que l'image de la France basculait et ca on ne peut pas l'accepter, ce serait la difference. Meme pour les francophones israeliens. Serait-ce plus important que la mort de 1100 freres, l'image de la France? Et quand les manifestants sont Israeliens egalement?
- Autre hypothese: On a entendu pleins de responsables juifs francais, dire et redire: la France n'est pas antisemite, le gouvernement n'est pas antisemite, c'est cela qu'ils ont voulu dire autant que leur indignation au crime car ils ne l'ont pas dite avant dans la rue pour les crimes contre leurs freres israeliens.
- Peut-etre est-ce parce que les Juifs francais se sont sentis menaces personnellement et ne le ressentiraient pas quand c'est un frere ailleurs? Ce serait gros quand meme.
- Peut-etre est un reveil general, et il se produit seulement maintenant, et il n'y a aucun autre motif.
- OK, mais pourquoi maintenant. Et au prochain assassinat en Israel, les Juifs de France seront-ils dans la rue?
Finalement, mes "sondes" disent: "je ne comprends pas, je ne comprends pas mes differences de reaction".
Et vous?
Bref, nous sommes remis en question. Et tres specialement sur l'application de cet enseignement fondamental de la Torah: "ve ahavta le reakha kamokha, tu aimeras ton proche comme toi-meme".
Il y a des mises en questions tres douloureuses. Surtout a l'occasion de cela, où nous nous devoilons en realite, et sans le savoir, et sans le comprendre. Nous sommes une seule famille, mais qui a encore tant a ameliorer entre nous sur tous les plans (solidarite educative, justice sociale, solidarite pour la securite, fraternite). Ilan Halami, zal, nous fait cet immense cadeau de nous forcer a devenir meilleurs, et nous ne savons pas bien comment.
Mais nous avons prouve que nous avons des reactions.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Girelle (Girelle) le lundi 27 février 2006 - 14h57:

Bazooka,

A Nice il y avait au moins un imam et un ancien ambassadeur d'Algérie ( ce dernier était aussi à la synagogue, mais comme j'étais dehors compte tenu de la foule, je ne sais pas s'il y avait d'autres représentants), plus quelques musulmans.

Je ne parle là que des gens que j'ai reconnus.

Je peux m'informer si vous le désirez.

Ce crime odieux a bouleversé bien au delà de notre communauté, évidemment !!

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Bazooka (Bazooka) le lundi 27 février 2006 - 12h38:

Henri,

Ma laasot ? Laasot !

Je vous suggere la solution que j'ai adoptee depuis longtemps: l'ignorer !!!

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Bazooka (Bazooka) le lundi 27 février 2006 - 12h35:

Bonjour a tous,

Question concernant les marches d'hier a Paris et en province.

J'ai note que l'Eglise avait ete representee officiellement via la presence du Cardinal Lustiger.

Qui representait les Musulmans de France dans ces defiles ?

D'avance merci pour l'info.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Henri (Henri) le lundi 27 février 2006 - 11h24:

Nous tunes avons cette maladie grave de critiquer.
Et ne suis pas, moi meme, vaccine contre cela.
Mais j'essaye quand meme de me retenir.
Mais certains sont gravement atteints, avec en plus une pointe de moquerie,ce qui est un grand defaut,et fait deborder le vase qq fois.
Ceci je l'ai deja dit a la Douda, mais il me semble que c'est au dessus de sa possibilite de se retenir. Ma laassot?

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Jneyen (Jneyen) le lundi 27 février 2006 - 10h45:

Bravo Henri,

Mais quand méme je voudrais que tu donne ton propre opinion sur le comportement verbal de Douda a ton egard.

Aprés cela j'espére que tout rentrera dans les rangs et que notre forum sera un peu plus convivial, car Douda est pret a changer son attitude vis a vis de ses amis, bien entendu, tout en gardant ses propres opinions que je respecte.

N'oublions pas qu'il a maintenu me dire que tu es un vrai ami.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Sarel (Sarel) le lundi 27 février 2006 - 10h10:

Mr Primo vos impressions sont impressionnantes car elles precisent la realite
Et elle est parfois dure a accepter
Tout manifestantjuif sait tres bien qu'il ne peut pas changer grand chose
DE nouveau il se revelle a lui meme et c'est cela qui le revolte .
Il essaye parfois mais ne peut pas s'eloigner de son destin .Il a beau crier 'mais vers qui?
Il se regroupe et ca le reconforte .
Mais demain le probleme est la 'et n'a pas bouge.
Que fait- on ? Le ministre ou le pouvoir d'aujourd'hui sera un autre plus tard !
Et rien ne changera a ce sujet!!
Pourquoi le francais n'a pas ce probleme de stabilite ou d'appartenance?
Chalom sarel

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Maurice (Maurice) le lundi 27 février 2006 - 09h41:

«Si ça continue, la Terre sainte n'aura plus de chrétiens»
Cette minorité religieuse s'inquiète de la victoire du Hamas en Palestine.

par Christophe BOLTANSKI
QUOTIDIEN : lundi 27 février 2006

Taybeh, Bethléem envoyé spécial
LIBERATION


Nadim Khoury ouvre sa vitrine de présentation et sort une canette semblable aux autres. Cet entrepreneur palestinien fabrique déjà de la bière blonde, brune et légère dont les échantillons s'alignent derrière la glace. «Celle-ci sera sans alcool, annonce-t-il. On y pensait depuis quelque temps. On a décidé d'accélérer les choses à cause du nouveau gouvernement.» Sa cuvée se réduit pour l'instant à une simple bouteille et à une étiquette. Verte. «La couleur du Hamas», précise-t-il.

Sur le même sujet
Le Hamas pour un cessez-le-feu, pas pour la paix
«Testez la révolution, buvez palestinien», proclame une de ses vieilles affiches publicitaires apposée sur un mur, à côté d'un portrait écorné d'Arafat. Nadim Khoury a créé sa brasserie en 1995, dans l'euphorie des accords d'Oslo. Durant l'Intifada, il a dû licencier dix ouvriers sur seize. Aujourd'hui, en patron avisé, il s'adapte à nouveau : «Le Hamas aura d'autres chats à fouetter que notre petite industrie. Mais qui peut dire ce qu'il va faire ? Avec ma boisson sans alcool, je continuerai à produire, quoi qu'il arrive.»

Quota. Sa bière, unique en Palestine, porte le nom de son village. Un gros bourg perché en haut d'une colline, à l'est de Ramallah, et hérissé de clochers. Taybeh compte cinq églises pour à peine 1 500 habitants, «tous chrétiens», souligne Nadim Khoury. Une population angoissée par la perspective de vivre sous un gouvernement islamiste.

Plus au sud, à Bethléem, trois vieilles dames, assises dans leur échoppe, baissent la voix pour ne pas être entendues depuis la ruelle. Elles vendent de l'arak et du vin. «Oui, on a peur. On ne sait pas ce qui va se passer. On ne nous dit rien.» Dans une église voisine, un père de rite syriaque s'inquiète : «Le Hamas affirme qu'il ne va rien changer, mais bientôt ce sera à Téhéran qu'il prendra ses ordres.» La radio vient d'annoncer le matin même que l'Iran est prêt à aider financièrement le futur gouvernement palestinien.

Pour les chrétiens, la défaite du Fatah est aussi la leur. Très impliqués dans le mouvement national palestinien, ils exerçaient un rôle politique bien supérieur à leur poids démographique. Alors qu'ils représentent 2 % de la population, ils disposent d'un quota de six sièges (sur 132) au conseil législatif.

«Yasser Arafat savait comment jouer de la carte chrétienne vis-à-vis de l'étranger, souligne George Hintlian, un historien arménien. Plusieurs de ses ambassadeurs en Occident, son porte-parole, son directeur de cabinet étaient chrétiens.» Sans compter son épouse, Souha, née grecque-orthodoxe. «Ce contact direct avec le pouvoir, on ne l'aura plus, même si le Hamas nous réserve, comme il l'a promis, un ministère subalterne.»

Cohabitation. Depuis leur victoire, les dirigeants islamistes se veulent rassurants. Ils répètent aux chrétiens qu'ils préserveront leurs droits et leurs institutions. Après les législatives, «tout le monde était en état de choc», reconnaît le révérend Mitri Raheb, de l'église luthérienne à Bethléem. Depuis, ses ouailles commencent à accuser le coup. Selon lui, les vainqueurs «vont se montrer encore plus prudents que le Fatah. Quand, à Gaza, une faction du Fatah a menacé les églises après la publication des caricatures danoises, un chef du Hamas nous a aussitôt proposé son aide».

A Bethléem, la cohabitation a déjà commencé. Dans la cité natale du Christ, ceux qui professent sa foi ne forment plus que 35 % de la population, mais le poste de maire leur revient de droit. En mai 2005, les islamistes ont remporté les municipales avec l'appui des partis de gauche, et raflé cinq des sept sièges réservés aux musulmans. «Ils travaillent au bénéfice de tous et n'ont absolument pas tenté de changer le caractère de la ville», affirme le maire catholique, Victor Batarseh, un ancien du Front populaire de libération de la Palestine.

Quelques groupes de touristes se pressent devant l'église de la Nativité. Autour de la place, les échoppes remplies de bondieuseries sont vides. L'Intifada, puis la construction par Israël du Mur dit «de sécurité» ont mis fin aux espoirs de développement touristique. «Mon frère est parti en Nouvelle-Zélande. Moi, je ne peux pas. Il faut bien que quelqu'un reste pour s'occuper du magasin et des terres», déclare le patron de Giacaman Brothers.

Régime sec. Au cours des cinq dernières années, près de 3 000 chrétiens sur 45 000 ont pris le chemin de l'exil. Pour fuir le chômage, l'occupation, mais aussi une insécurité croissante. «Si ça continue, la Terre sainte deviendra un parc à thème. Il y aura toujours des sanctuaires, des églises, mais plus de chrétiens», insiste le révérend Raheb.

C'est l'islamisation rampante de la société qui inquiète le plus les chrétiens de Palestine. «Le Hamas n'a pas besoin de légiférer pour avancer, souligne un diplomate. Il n'y a pas écrit à Gaza qu'il faut porter le voile et ne pas servir d'alcool. Mais c'est entré dans les moeurs. Ça viendra naturellement, sous la pression collective.»

Nadim Khoury exporte ses bières vers le Japon, mais pas dans la bande de Gaza. «Avant 2000, on y livrait 4 000 caisses par an. Depuis le déclenchement de l'Intifada, c'est terminé.» Rien d'officiel. Des commerçants, tous chrétiens, détiennent encore la licence pour vendre de l'alcool, mais ont dû suspendre leur activité sous la menace. «Ils ont mis le feu à la maison de notre agent.» Même situation à Naplouse, Jénine, Hébron... Seules les villes qui comptent de nombreux chrétiens, comme Ramallah ou Bethléem, échappent au régime sec.

Nadim Khoury a failli connaître le même sort que son négociant de Gaza. En septembre, son usine a manqué être incendiée par une foule venue du village musulman voisin de Deir Jrir. «Nous l'avons défendu physiquement.» Un de ses cousins avait été arrêté après avoir avoué une relation adultère avec une jeune femme de Deir Jrir, qui a été empoisonnée par ses frères. Une affaire «d'honneur». Mais la vendetta a vite pris un tour confessionnel. Deux à trois cents jeunes ont brûlé sept maisons de Taybeh aux cris de «Allahou Akbar» et de «morts aux infidèles».
LES CHRETIENS N'ONT PAS SOUTENU LES JUIFS C'EST LEUR TOUR MAINTENANT

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Henri (Henri) le lundi 27 février 2006 - 07h37:

Le Rambam, Moche ben Meimoun,dans sa grande sagesse, conseillait de choisir toujours le juste milieu.
En un mot, eviter d'exagerer dans un sens ou dans l'autre.
Lorsque qqun est afflige par un malheur comme le meurtre de ce malheureux Ilan, ce n'est certe pas le moment ni de plaisanter,ni de se moquer.
Si nous voulons que nos jeunes se conduisent correctement, il faut leur donner le bon exemple, car les betises cela s'apprend vite.
Je suis effare de la violence dans les films pour enfants que l'on peut voir a la tele.
Apres cela on se demande pourquoi les enfants se conduisent avec tant de violence.
Je pense donc que si l'on veut faire qq chose de positif, il faudrait avant tout rectifier notre propre conduite. Eviter de se cacher derriere un ecran et d'ecrire des choses qui blesseraient nos amis.
Malgre que cela soit dificile, je vais essayer de le faire.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Primo (Primo) le lundi 27 février 2006 - 05h28:

Impressions de manif…

Pour commencer, un vrai chagrin, un chagrin peut-être collectif partagé avec des dizaines de milliers de personnes, mais un chagrin quand même.

Les représentations de la torture du « petit » sont entêtantes. On cherche à les chasser, elles reviennent inexorablement, on l’imagine suppliant le ciel que ça finisse enfin, que sa famille, ses amis, finissent par le retrouver.

On aimerait parvenir à dormir. Une nuit complète, enfin… Rien n’y fait.

Le « petit » continue de hurler. C’est notre fils à nous tous qui hurle ainsi….

Et puis la colère… Depuis le temps qu’on se demandait quand ça allait arriver… De relaxes de prétendus humoristes en émissions télé scandaleuses présentant les Israéliens, donc les sionistes, donc les Juifs, comme des tortionnaires dignes des nazis, nous sentions tous monter la légitimité anti-juive.

Nous le dénoncions, nous mettions juges, producteurs, directeurs de journaux et de chaînes télé, politiques de tous bords face à leurs responsabilités. Rien n’y a fait. Et le « petit » hurle toujours…

Alors on défile. On nous assure que la nation est derrière nous, avec nous. Les officiels sont en tête de cortège… Mais à l’arrière, on regarde autour de nous. Presque tous sont juifs… Quelque jeunes musulmans agressent verbalement un manifestant puis refluent, intimidés par la présence d’un car de CRS.

- Vous êtes Primo ? Formidable ce que vous faites… Je vous lis tous les jours… »
- Merci…
- Vous êtes Primo ? Z’êtes mignons mais je vois pas trop où vous voulez en venir, qu’est-ce que vous espérez ?
- Tant pis…
- Vous êtes Primo ? Apolitique ? Laïque ? Œcuménique ? Vous êtes nulle part alors ? Votre président n’est pas juif ? Hum… plutôt suspect… Vous-même êtes agnostique ? Vous n’êtes donc pas juif ?
- …

Le vent glacé s’engouffre sur la place Léon Blum. La foule s’effiloche. Certains quittent déjà le cortège, découragés par le froid.

Il manque la note d’espoir habituelle des fins de manif. On parle beaucoup d’Alyah, d’USA, de Canada, et même d’Australie ! On parle de moins en moins de la France.

Bien des membres de Primo n’ont aucune origine juive. Frigorifiés, ils regardent leurs amis juifs dans les yeux et tentent de les rassurer : « Certes, il n’y avait pas beaucoup de monde pour un crime de cette ampleur, mais ils étaient avec nous, chez eux… »

Mais avec nous…oui, mais chez eux…

C’est peut-être ça, le problème. Les Français restent chez eux. Musulmans, Catholiques, païens, athées, les Français restent chez eux.

Alors, ceux qui ne sont pas Juifs se disent sombrement qu’eux n’ont pas d’Alyah à faire, pas de pays pour les accueillir. Ils n’ont même plus de rêve, pas non plus de désert à transformer en jardin.

Ils regardent alors, larmes aux dents, se déliter l’idée même de France.

Ils savent qu’ils ne tomberont jamais dans certaines outrances protectionnistes, mais se demandent tout de même où était le peuple de France dont on parlait en tête de cortège.

Ils sentent bien que cette glaciation morale trouve son origine dans un individualisme forcené. Ils voient bien leur société s’atomiser. Ils sentent les replis communautaires plus que jamais présents. Ils sont là, les mains vides.

Puis ils pensent ensuite à TF1, à M6, France 2, Ripostes, aux deux hébétés qui disent que « Y’a que la vérité qui compte », aux journalistes imbus d’eux-mêmes et de leur puissance. Ils repensent aux marchands de rêves et d’illusions qui repassent chaque soir la bouillie indigeste de nos petites veuleries.

Ils se demandent comment ils vont désormais pouvoir vivre dans une société qui ne juge que par l’appartenance ethnique, sociale, religieuse, philosophique, politique.

Ils repensent, ces gens de Primo, à ces médias parlant ces derniers jours de l’intégration des Juifs de France qui suscitaient des jalousies, alors que nombre de familles juives sont françaises depuis…avant le Moyen Age.

Ils pensent au Front National qui a, le premier, fait sauter l'interdit de l'antisémitisme, qui a le premier, fait croire qu'il n'était pas illégal de nier la Shoah...les politiques l'ont laissé faire. La parole s'est libérée.

Ils se demandent comment combattre les déclarations des antisémites musulmans si la France tolère celles de Le Pen.

Ils ont vu le président d’un parti de tradition républicaine, qu'il ne soutiendront jamais mais qui n’a jamais prononcé la moindre parole antisémite, se faire rejeter violemment par un service d’ordre plein d’assurance et de morgue.
Pas même le silence

Ils étaient venus marcher en silence, à la mémoire d’un jeune homme. Ils pensaient que tout le monde respecterait ce silence.

Ils ont vu des camions bourrés de sonos, des slogans braillés à tue-tête, des associations et des institutionnels confisquer l’émotion et arborer leurs pancartes comme d’autres exhibent leur 4x4.

Ils ont vu des jeunes cinglés réclamer la mort de Fofana. Ils ont vu aussi les yeux chargés de haine de quelques groupes de casseurs, venus « casser du juif » en marge de la manifestation.

Ils ont vu leurs hommes politiques jurer leurs grands dieux qu’il fallait une mobilisation nationale, une union nationale et ont refait leurs comptes.

200.000 personnes selon le CRIF, 33.000 selon la Police. La vérité se situe probablement entre les deux. Où étaient les autres ?

Chez eux…à l’abri…

A l’abri de tout questionnement car demain, le travail reprend.

Non finalement, en dehors des politiques plus que jamais venus se pavaner et accomplir leur BA électorale, ce groupe là était tout simplement, famille inconsolable, à un gigantesque enterrement, celui de ses idéaux.

Cortège interminable, devant des fenêtres vides et fermées, un rideau baissé sur la devanture du magasin qu'Ilan a quitté pour la dernière fois le 20 janvier.

Cortège pour une souffrance indescriptible, éternellement fixée dans nos mémoires de parents; parents de cet enfant, notre enfant.

Que faire ?

Déjà prendre un somnifère ce soir pour que le « petit » cesse de hurler…

© Primo Europe, le 26 février 2006.