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Discus: ADRA : LES COMMENTAIRES D'HARISSA: Commentaires 2006: Commentaires Fevrier 2006: Archive jusqu'au 10/février/2006
Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Nao (Nao) le jeudi 09 février 2006 - 19h11:

Selon moi, la revolte excessive des musulmans contre les caricatures (qu'Yves Calvi sur mots croises et ds C ds l'air a decrite plusieurs fois comme des caricatures humoristiques) va se retourner contre eux.

Pourquoi?
1/ parce que la gauche traditionnellement alliee des musulmans au nom du multiculturalisme n'a pas supporte qu'on touche a la liberte d'expression.. Donc la deja on ne va plus etre ami ami.

2/ parce que les gens commencent vraiment a en avoir ras le bol des gueulantes et des exigences des musulmans qui s'agitent en permanence. Philippe Teysson l'a fort bien exprime pdt son intervention sur l'emission Mots Croises.

3/ tout ca se passe sur fond de crise nucleaire iranienne et l'Iran cherche a donner une legitimite a son desir d'obtenir la bombe atomique. Regardez y de plus pres: comme par hasard les manifs les plus violentes ont eu lieu dans des pays (Syrie, Liban, Afghanistan) tres pro-iranien ou anti-americain (Afghanistan ou des reliquats de talibans subsistent).

Conclusion: l'Iran pays des Mollahs va dire puisque le monde musulman est agresse par la pensee occidentale perverse (et o sacrilege par le biais de son Prophete) nous avons le droit a la bombe pour nous defendre contre les ennemis de l'islam (=nous)

Ne nous leurrons pas; Tout ca est cousu de fil blanc et ces manifs non spontanees (car rappelons le les dessins ont ete publies pr la 1ere fois en Septembre 2005...)ont ete montees de ttes pieces par les etats voyous qui manipulent les foules a outrance.

Vous verrez que mon analyse sera donnee bientot par des gens comme Yves Roufiol ds l'Express. Et je dis ca sans fausse modestie...

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Hajkloufette (Hajkloufette) le jeudi 09 février 2006 - 16h24:

Enfin un autre son de cloche sur ses caricatures !!! mais sera t il entendu ??? Malheureusement j en doute !!!

La 13e caricature
Des enfants courant dans la rue avec des pierres, des enfants hurlant la haine a pleins poumons, des enfants en rangs militaires, des adultes vociferant, s’en prenant a des ambassades, brulant des drapeaux, exigeant la mort des dessinateurs. Voila la treizieme caricature. Celle qui fait le plus de mal aux « musulmans ». Beaucoup plus que les dessins, betes et mechants, denues de tout talent, des caricaturistes danois.

Que les caricatures montrant le Prophete avec une bombe en guise de turban ou avec un poignard soient offensantes, blessantes, humiliantes et volontairement provocatrices, on ne peut qu’en convenir. Sans ce tapage mediatique, elles seraient tombees dans l’oubli, passeees a la trappe de l’incompetence . Seulement voila « la rue musulmane », alimentee par les islamistes ou les pouvoirs en place, s’est emportee. Au blaspheme, est venu se greffer le ressentiment. Que l’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas un combat entre la liberte d’expression et la dictature verte. Les deux caricatures incriminees peuvent s’apparenter en effet a un racisme abject, brut, denue de toute subtilite . Elles relevent au mieux du mauvais gout. Faut-il pour autant donner cette image degradante d’un monde musulman malade, enferme ;, susceptible, immature ? Il faut savoir raison garder. Et savoir relativiser. Des personnes sont mortes en Afghanistan et ailleurs en protestant contre ces caricatures. La rue musulmane est instrumentalisee. Quel est donc cet univers musulman incapable de repondre avec intelligence, mesure ? Pourquoi repondre par des fatwas et des preches enflammees a ce qui n’est qu’un dessin, un livre, un article ? Il n’y a que deux democraties dans le monde musulman, le Mali et le Senegal. Les deux seuls pays epargnes par cette colere. A l’autre extremite , l’Iran, Etat theocratique, et la Syrie, a l’origine de l’invention de la Republique monarchique, ont jete l’huile sur le feu. En choisissant la rue au lieu des tribunaux, islamistes et gouvernements musulmans ont choisi de rentabiliser politiquement l’indignation legitime de ceux qui en ont ete affectes. Avec tous les risques de derapages. Les seuls gagnants dans toute cette affaire, ce sont l’extreme droite europeenne et les islamistes, les deux revant d’une guerre de civilisations. Quid de la presse ? Des journalistes jordaniens ont ete mis en prison, car ils ont donn&e a voir. La presse arabe et musulmane s’honorerait a se battre pour leur liberation. Au nom de la liberte d’expression. Combien de manifestants ont-ils vu ces caricatures ? Combien, il y a quelques annees, de manifestants ont-ils lu Salman Rushdie ? Il est temps que la raison revienne. Enfin.

Remi Yacine

http://www.elwatan.com/2006-02-09/2006-02-09-36018

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Claudia (Claudia) le jeudi 09 février 2006 - 09h08:

''Vous ne devez pas renoncer à la liberté religieuse et à la libre critique. Si vous cédez, c'en sera fini. Tous les prétextes seront alors invoqués. Il n'y aura pas de limite'', a déclaré Hamadi Redissi, professeur de sciences politiques à l'Université de Tunis, à ''Il Giornale''. (Guysen.Israël.News)

'' Qu'il soit interdit aux Musulmans d'offenser le prophète est compréhensible. Mais dans ce cas, on cherche à étendre cet interdit à vous, Occidentaux. C'est une tentative d'imposer la Charia, loi islamique, au monde. Les manifestations violentes ne devraient pas durer longtemps, car les gouvernements et les dirigeants religieux commencent à avoir peur des mouvements qu'ils ont déclenchés ou tolérés ''.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Mena (Mena) le jeudi 09 février 2006 - 09h07:

Crime et châtiment (info # 010802/6) [analyse]

Par Viviane Miles © Metula News Agency

C’était il y a plus de trente-trois ans. La cause palestinienne avait brusquement envahi la scène politique internationale avec le massacre de onze athlètes israéliens aux jeux olympiques de Munich, le 5 septembre 1972. Inspiré par cet épisode macabre, Steven Spielberg a réalisé un film de plus de deux heures et demi, qui sort ces jours sur nos écrans, retraçant l’attaque sanglante que tout le monde connaît et ses suites nettement plus méconnues, ceci d’après une adaptation d’un livre de George Jonas, Vengeance. A l’instar de ce titre, Spielberg en a choisi un tout aussi sobre et précis : Munich.

Munich : un mot, une ville, un drame. Si la tuerie perpétrée par les Palestiniens avait ému le monde entier, Israël avait été doublement bouleversé, d’abord par l’assassinat sauvage de ses sportifs, mais aussi par le fait que cela se soit produit en Allemagne, précisément à Munich, berceau du nazisme, là où s’étaient élaborées, une quarantaine d’années plus tôt, les prémices de la solution finale ; dans le pays, aussi, où avaient eu lieu les J.O. de 1936, de sinistre mémoire.

Avant même sa diffusion en France, ce film avait déjà provoqué de vives polémiques, notamment au sein de certaines communautés juives. D'aucuns ont vu dans le scénario une humanisation, voire une justification de l’acte barbare des terroristes palestiniens. Il est vrai que ces derniers sont présentés par Spielberg comme d’aimables et inoffensifs personnages, l’un passionné de littérature ; un autre, bon père de famille ; un autre, encore, simple touriste admirant la vue lors d’une belle nuit étoilée. Le danger d’une telle représentation est la difficulté de faire ensuite le lien avec leur passé d’assassins, qu’il vaut mieux ne pas perdre de vue, et qui sert d’ailleurs de fil conducteur à tout le film.

De la prise d’otages par les terroristes palestiniens, reviennent, en leitmotiv, tout au long du film, des séquences d’actualité de l’époque et des bribes de scènes reconstituées. Ce que le public connaît moins, c’est la riposte d’Israël : c’est elle, justement, que Spielberg a voulu montrer. C’est aussi ce que beaucoup lui ont reproché. Car à défaut de documents et de détenir des témoignages directs, le cinéaste verse dans la fiction, ne pouvant que fabuler sur ce qui s’est réellement passé. Le film narre donc l’opération de représailles d’un commando israélien composé de cinq agents du Mossad, les services secrets israéliens. Ce commando, effectivement créé à la demande du premier ministre de l’époque, Madame Golda Meïr, va agir dans le plus grand secret, sous le commandement d’Avner (une création de Spielberg), à l’insu même des chefs du Mossad.

Le Mossad a par ailleurs réagi à Munich, affirmant que tout ce qui, dans le film, prétend retracer la traque des assassins est aux antipodes de la réalité et que, dans la plupart des cas, les opérations qu'elle impliqua furent autrement plus spectaculaires et sophistiquées que leur représentation cinématographique pourtant dramatisée.

Mené tel un thriller, le film entraîne cependant le spectateur à travers l’Europe – avec d’excellentes reconstitutions de Paris, Rome, Athènes, etc. des années ‘70 – à la poursuite des membres du commando terroriste palestinien, que les Israéliens retrouvent par l’intermédiaire d’une source française et éliminent l’un après l’autre. Attention ! Il ne s’agit pas d’un film d’action mettant en scène des héros imaginaires sans peur et sans reproche. Leur première mission témoigne plutôt d’hésitations et de maladresses, puis d’une précipitation fébrile où perce le manque d’expérience. Il s’agit pourtant d’un commando d’élite. Plus qu’à l’action, Spielberg fait place à l’aspect humain. Le commando israélien, par exemple, suspend in extremis une mission, lorsque l’un des agents s’aperçoit qu’une fillette innocente risque de faire les frais de la bombe qu’il destine à son père.

Au fur et à mesure de leur traque, la caméra du cinéaste s’attache à suivre les états d’âme des agents israéliens, leurs peurs, leurs doutes. Doutes quant à la finalité de leur mission. Peur, surtout, de perdre leur humanité. L’un des personnages ne se reconnaît plus dans sa mission, qui va à l’encontre du respect de la vie transmis par ses parents à travers le judaïsme. D’autant que les effets de leur action sont loin d’être probants. Les terroristes palestiniens tués par les Israéliens sont immédiatement remplacés par d’autres, plus déterminés encore. Lors d’une scène qui se déroule à Beyrouth, un jeune Palestinien prend à témoin le chef du commando israélien, au cours d’une plaidoirie enflammée et idéaliste dans laquelle il réclame une terre à laquelle il a droit. Il dit qu’il n’est pas pressé : il sait que s’il n’y arrive pas, ses enfants ou ses petits-enfants continueront la lutte.

Après quelques pertes au sein de son équipe, Avner, à bout de souffle, ne dort plus, ne mange plus. Lorsqu’il rentre en Israël, il est accueilli comme un héros par de jeunes soldats. Mais il est temps pour lui de rendre son tablier et de passer à autre chose. Y parviendra-t-il ? Dans sa tête se superposent avec violence les images du massacre de Munich, même lorsqu’il fait l’amour à sa femme.

Spielberg est un metteur en scène hors pair, son film, qui tient en haleine le spectateur du début à la fin, est d’une qualité indéniable, le jeu des acteurs très bien maîtrisé. L’histoire soulève des interrogations légitimes sur la vanité du combat pour une terre et sur l’opportunité de représailles. Avant tout, ce film dénonce le principe d’une vengeance qui n’apporte pas de solution, mais engendre une nouvelle vengeance, dans un cycle sans fin. La violence entraîne toujours la violence ; personne n’est prêt à y renoncer, chacun étant convaincu de son bon droit. Et finalement, trente ans plus tard, les choses n’ont pas changé d'un pouce.

Si Spielberg conçoit sa démarche comme une « prière pour la paix », son film a, à mes yeux, le tort d’avoir mis sur un même plan un acte de terreur gratuit et odieux et sa punition. D’avoir dépeint des assassins palestiniens sous un jour sympathique dans leur vie quotidienne, sans montrer la construction monstrueuse de leur geste – s'attaquer à d'innocents sportifs ! –. Et d’avoir abandonné dans un anonymat émotionnel les athlètes israéliens, dont on ne sait rien d’autre que leurs noms, qui s’égrènent à la fin du film, tel un hommage tardif, un détail dans leur propre histoire.

A suivre le message de Steven Spielberg, il faudrait laisser faire les terroristes sans réagir. Or, comme Golda Meïr, je pense qu’un Etat démocratique fort doit protéger ses ressortissants et châtier ceux qui leur portent atteinte, sinon c’est un encouragement pour les suivants. Il faut à un Etat, lorsqu'on agresse ses sujets, commencer par les défendre, sans quoi, la réflexion politique indispensable à la recherche de solutions durables n'a pas même de sens. A voir ce film, on saisit au moins en fin de cause que la lutte contre le terrorisme n'a pas la même urgence, suivant qu'on l'imagine à Hollywood ou, par exemple, sous les Qassam à Sdérot.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Toufiq (Toufiq) le jeudi 09 février 2006 - 04h30:

mon compatriote enrico,la fierte des constantinois en particulier et de tous les algeriens en general.
je souhaite vivement qu'il puisse bientot revoir sa ville narale bien aimee.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Francois (Francois) le jeudi 09 février 2006 - 01h12:

Islam : ne rien abandonner à la politique de l'apaisement

«Ecartons les hypocrites, les habiles, les aveugles qui récusent l'évidence: il y a bien un choc de civilisations»

Par Max Gallo*

Aurons-nous demain le courage – et la possibilité – d'exprimer ce que nous pensons, vrai ou faux, de l'islam ? Ou bien, au moment de dessiner une caricature, d'écrire, de publier, ou tout simplement de parler, et même de penser, devrons-nous nous autocensurer, nous souvenant des foules déchaînées incendiant des représentations diplomatiques du Danemark et de la Norvège, ces deux pays qui sont parmi les plus pacifiques, les plus démocratiques de tous les États du monde ?

Liberté ou autocensure, c'est l'enjeu du moment ; et la pression est si forte qu'on oublie une évidence : ces violences se produisent dans des États où, le plus souvent, les droits élémentaires de la personne ne sont pas respectés. On n'y manifeste pas sans la complaisance du pouvoir. Dans ces lieux, les religions autres que l'islam ne sont pas tolérées ou, si surveillées, si stigmatisées qu'elles sont de fait interdites. Là on diffuse des feuilletons télévisés, des livres qui reprennent les thèmes du faux les Protocoles des sages de Sion. Les juifs y sont représentés comme des égorgeurs d'enfants, maîtres du monde. C'est dans ces pays qu'on applaudit les déclarations d'un chef d'État qui proclame qu'il faut «rayer Israël de la carte» et doter sa nation du feu nucléaire.

Mais précisément, nous rappellent les Princes des Églises et ceux qui nous gouvernent, la situation est à ce point périlleuse, les masses musulmanes si humiliées, si manipulées par les extrémistes et leurs gouvernements, qu'il faut faire preuve d'esprit de responsabilité, et c'est lui qui doit encadrer la liberté d'expression, dont on nous assure qu'elle est notre bien le plus précieux. Soit. Comment d'ailleurs ne pas prêter attention à ces propos qui se veulent empreints de sagesse et de réalisme ? Les premiers disent : il faut respecter la foi de l'Autre, les exigences de sa religion. Les seconds évoquent un monde musulman fournisseur de pétrole, ce sang de notre vie quotidienne, et acheteur de nos produits. Veut-on le baril de brut à plus de 100 dollars ? Le chômage ? Des troubles intérieurs ? L'islam est devenu une religion européenne – la deuxième de France.

Des manifestants, à Londres, à Copenhague, ont brandi sous les yeux de policiers impassibles des pancartes réclamant la mort pour les blasphémateurs de l'islam. Faut-il, pour inciter à la prudence, penser à ce cinéaste néerlandais – Theo Van Gogh – égorgé par un citoyen néerlandais pour avoir projeté de réaliser un film hostile à l'islam ? Et qui ne se souvient de Salman Rushdie ? Comment ignorer tout cela ? Comment ne pas vouloir être raisonnable pour deux, rechercher l'apaisement, tenir le discours mesuré, en espérant que le temps fasse son oeuvre, et que ceux, si silencieux, qui veulent moderniser l'islam, l'emportent sur ceux dont le but est d'islamiser la modernité.

On comprend, à rappeler ces données que, derrière la question des caricatures du Prophète, c'est notre rapport – nous : la France, l'Europe, l'Occident – avec le monde islamique qui est soulevé. Non pas selon les usages diplomatiques mais bien en termes de civilisations. D'abord écartons les hypocrites, les timorés, les habiles, les aveugles qui récusent l'évidence. Il y a bien un choc de civilisations. Qui ne l'entend dans la voix de ce croyant musulman, émouvant de sincérité, qui déclare dans une mosquée de la région parisienne, devant les caméras de télévision, qu'il préfère voir mourir son propre père plutôt que de laisser caricaturer le Prophète ! Car la souffrance du croyant est réelle, sa foi est en effet blessée dans nos sociétés laïcisées où règnent la dérision et la marchandise. Plus rien n'est sacré.

La Croix du Christ est devenue, sur une affiche de promotion d'un film, croix gammée. La Cène est une parade de mode. Un pape agonisant fut objet de sarcasmes. Le chrétien est meurtri, il souffre dans sa foi et, au plus intime de lui-même, de ces profanations. Mais il a appris à tourner la tête. Il se souvient des bûchers, des massacres, qui ont jalonné nos guerres de religion. Il a lu le Dictionnaire philosophique de Voltaire qui, en 1764, dénonçait le fanatisme, rappelait la Saint-Barthélemy : «Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? Ce sont d'ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques et qui mettent le poignard entre leurs mains.» Voltaire n'imaginait pas que, deux ans plus tard, son Dictionnaire serait brûlé avec le corps torturé, décapité, du jeune chevalier de la Barre, accusé à tort de ne pas s'être découvert au passage d'une procession et d'avoir de son épée écorché une statue du Christ ! Voltaire ne se doutait pas que, trente ans plus tard, au nom d'un autre fanatisme – politique celui-là, la guillotine allait faire tomber des milliers de têtes dans le panier de son.

Notre civilisation a ainsi une traîne sanglante, et nous n'avons aucune supériorité à proclamer. Mais pour autant, pourquoi devrions rejeter ce que, dans la souffrance, nous avons acquis ? Pourquoi faudrait-il accepter de renoncer à cette liberté d'expression qui est toujours la pierre de touche de la démocratie ? Et ce parce que d'autres peuples, d'autres civilisations, n'ont pas choisi d'emprunter la même route qu'on appelle la laïcité ?

Certes, il faut tenir compte de la souffrance infligée aux croyants par ce qui leur paraît blasphématoire. Et il y a dans l'usage marchand de la dérision une négation de l'Autre qui est attentatoire à sa dignité. Il faut le dire. Mais à quelles régressions conduiraient censure et autocensure ? Et surtout – c'est la question cardinale –, jusqu'où devrions-nous aller ?

Là où est le musulman, là est terre d'islam. Et le croyant doit respecter, au nom de sa foi, les préceptes de sa religion. Au bout il y a la charia, la loi de l'islam, ensemble des prescriptions et des réglementations auxquelles le musulman doit se soumettre et qui portent à la fois sur la vie culturelle et sur les relations sociales. La foi vive, exigeante, du musulman envahit l'espace social. Faut-il énumérer ce que nous avons déjà accepté ? Piscines séparées selon les sexes, patientes exigeant d'être soignées par des femmes médecins, cours d'histoire et de littérature contestés, tentative pour faire interdire une pièce de Voltaire (1741 !) intitulée Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète, etc., etc. Doit-on, à chaque fois, reculer au nom du respect de l'Autre, de sa sincérité ? Faut-il pratiquer cette politique d'apaisement ? Cela consisterait à renoncer à l'existence d'un espace public laïque. Il est imparfait ? Certes, mais il nous a permis peu à peu de nous tolérer les uns les autres, de vivre ensemble avec un socle de valeurs communes.

On peut faire le pari – optimiste – d'une responsabilité réciproque et partagée des acteurs du jeu social. Les musulmans accepteraient – ce qu'ils sont nombreux à faire déjà en dépit des exhortations des extrémistes, comme l'ont fait les religions judéo-chrétiennes, cet espace public laïcisé, une relation personnelle à sa foi, et le jeu libre de l'esprit critique, bref le fonctionnement de la démocratie.

On peut aussi envisager une capitulation rampante qui se donnerait la bonne conscience de la sagesse et de l'esprit de responsabilité. Pour acheter la paix, pourquoi s'encombrer de ces mauvais caricaturistes, de ces irresponsables ? Ont-ils du pétrole les adeptes de la liberté de pensée ? Sont-ils capables de défendre au péril de leur vie les grands principes qu'ils proclament ? Pour ne pas payer l'essence trop chère et garder nos parts de marché, pourquoi ne pas cesser de résister ? Va-t-on se battre pour douze caricatures sinistres ? Et allons au bout : l'Empire romain a été conquis par le christianisme ; pourquoi l'islam ne serait-il pas la nouvelle religion conquérante ? On s'adaptera. On se convertira. Il faut oser regarder ces choix en face. Que voulons-nous défendre de ce que nous avons acquis, siècle après siècle ? Que sommes-nous prêts à abandonner ? Par réalisme ? Par sagesse ? Ou par lâcheté ? Au temps de Munich, en 1938, ce dernier mot avait un synonyme, employé par les diplomates : apaisement.

*Écrivain. Derniers ouvrages : Les Romains : Spartacus, et Fier d'être français, qui paraît aujourd'hui chez Fayard.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Email (Email) le jeudi 09 février 2006 - 00h48:

Enrico Macias, aujourd’hui, dans envoyé spécial (France (...)
« Je suis resté fidèle »

Envoyé spécial (France 2) diffuse ce jeudi à 21 h un film de Mohamed Sifaoui consacré à Enrico Macias qui boucle 43 ans de chanson. Enrico Macias a chanté partout, sauf dans certains pays islamiques et dans son pays natal, l’Algérie, qu’il rêve de retrouver avant sa mort.

Pendant six mois une équipe d’Envoyé spécial a suivi Enrico Macias à Istanbul, Ivry en région parisienne, en Egypte et en Israël. Mohamed Sifaoui dresse le portrait d’un homme simple, direct, à la sensibilité à fleur de peau. Dans ce film de 35 minutes, Enrico Macias, de son vrai nom Guénatias, né en 1938 à Constantine dans une famille de confession juive, parle du passé, de sa déchirure algérienne, mais aussi d’avenir, de tolérance, de fraternité et de paix.

Ambassadeur pour la promotion de la paix

" Moi, je dis qu’il n’y a qu’une seule race dans le monde, les gens qui ont du cœur ", dit celui qui a été élevé au rang d’ambassadeur spécial auprès du Secrétaire général des Nations Unies pour la promotion de la paix. La paix entre Palestiniens et Israéliens est une mission à laquelle Enrico se consacre tout entier depuis de longues années. En juin dernier, le concert que devait donner Enrico Macias à Ivry ( région parisienne), a été précédé d’un appel non signé au boycott émanant d’un groupe se déclarant propalestinien. Enrico maintient son concert. " J’ai pris l’engagement d’aller jusqu’au bout, au risque de ma vie, pour ne pas faire le jeu de ces gens-là qui pratiquent l’exclusion " De retour dans sa loge, une surprise l’attend. Un agent de sécurité retire de son cou un médaillon à l’effigie de l’Algérie et l’offre à l’artiste . " C’est pour moi ?", interroge, étonné, dit Enrico, les yeux en larmes ". Et l’agent de sécurité, d’origine algérienne : " Si quelqu’un touche à Enrico, il touche à la culture, à l’Algérie, c’est un enfant du pays. On est tous pour la paix ". Quelques jours après Enrico se rend en Egypte pour donner deux concerts, l’un à Alexandrie, l’autre au Caire. Son premier voyage en Egypte remonte à 1980, répondant à une invitation de Anouar Essadate qui venait de signer les accords de Camp David. " Le fait que je sois venu en Egypte et traité comme je l’ai été est une réponse magistrale à ce qui s’est passé il y a quelques jours à Ivry. Je ne comprends pas les amalgames que l’on fait entre les événements du Moyen-Orient et les problèmes des banlieues à Paris, des Juifs vivent dans les banlieues. Les minorités devraient s’unir. Quand on se divise de cette façon on fait le jeu du véritable danger qui est toujours l’extrême-droite ". On retrouve ensuite Enrico Macias en Israël. Jérusalem, " c’est sacré pour tout le monde ". Il se rend ensuite dans le quartier palestinien sans gardes, ni escorte. Puis il va retrouver Shimon Peres. L’histoire d’Enrico Macias est intimement liée à l’Algérie qui l’a vu naître et qu’il a dû quitter, un pays qu’il n’a pas cessé de chanter. " Je n’ai pas eu de jeunesse, la guerre a commencé quand j’avais 15 ans, un adolescent, on a vécu dans la peur de disparaître. La seule thérapie que j’avais, c’était jouer de la musique. " Il voulait être instituteur, mais il est très vite attiré par la musique, entre un père musicien et un oncle Raymond Leyris, un des maîtres du malouf, qu’il considère comme son père spirituel. A 15 ans il joue dans l’orchestre de Raymond Leyris. " C’est comme si à 15 ans je jouais avant-centre dans l’équipe du Brésil ou dans l’équipe de France championne du monde ! ". Raymond Leyris est tué en 1961. Son assassinat est attribué au FLN. Enrico Macias ne comprend pas : " Tonton Raymond était un pacifiste. Tonton Raymond ne faisait pas de politique, il était le représentant de la culture algérienne "... " Après cet assassinat, on est tous partis. "

" Mes valises étaient prêtes "

Enrico Macias atterrit en France avec une guitare et des souvenirs. A Paris il épouse Suzy la fille de Raymond Leyris. Et pour gagner sa vie il chante, devenant l’idole des pieds-noirs. Avec son père il anime aussi des soirées familiales et joue dans les cabarets. En France les pieds-noirs sont mal accueillis. " On se considérait comme Français, et le fait de quitter l’Algérie définitivement, on pensait qu’on allait être reçus en France comme des survivants, des rescapés. C’est tout le contraire, on était surpris par la position des gens vis-à-vis de nous. Bien sûr, j’ai connu des gens qui ont été fantastiques avec moi, mais la plupart nous avaient très mal reçus." Depuis 30 ans Enrico poursuit le rêve de retourner en Algérie et d’y chanter. Le réalisateur du film rappelle qu’après une invitation officielle en 2000, le président Bouteflika annule le voyage. « Finalement, les plus lésés c’est le peuple algérien et moi-même, les responsables se disent mes amis, c’est bien beau, mais à un moment donné il faut prendre des décisions. Moi, je ne veux pas aller en Algérie comme un simple touriste, je veux aller comme un enfant d’Algérie, en tant que chanteur, en tant qu’ambassadeur de l’ONU et en tant que Juif, je ne veux pas aller avec des restrictions quelles qu’elles soient, et puis si la réconciliation des enfants d’Algérie doit avoir lieu, il faut qu’elle se fasse avec tous les enfants d’Algérie, sans exception. " Suit une scène dans un taxi dont le conducteur est Algérien. " Tout le monde vous attend là-bas " dit ce dernier à Enrico Macias. Et celui-ci de répliquer : " Qu’est-ce qu’ils attendent pour me faire venir, mes valises étaient prêtes. " Et l’image nous montre Enrico Macias sur scène, chantant : "Je ne l’ai pas fait ce voyage et vous m’en barrez le passage, moi qui n’avait dans mes bagages qu’une mémoire et des images ". Puis Enrico reprend la parole : " Je fais une promesse au peuple algérien, avant ma mort je retournerai en Algérie quand même. " Et en chanson, " je suis resté fidèle ".

Nadjia Bouzeghrane

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Nao (Nao) le mercredi 08 février 2006 - 21h19:

Désormais tous Danois, unis contre l'impérialisme islamique Par daniel Pipes

L’enjeu essentiel de la bataille faisant rage autour des douze caricatures danoises du prophète Mahomet est le suivant: l’Occident va-t-il défendre ses usages et ses mœurs, y compris la liberté d’expression, ou les Musulmans vont-ils pouvoir imposer leur mode de vie à l’Occident? En fin d’analyse, aucun compromis n’est possible: les Occidentaux vont préserver leur civilisation, et conserver notamment le droit d’insulter et de blasphémer, ou pas.

Plus concrètement, les Occidentaux vont-ils adopter un double standard permettant aux Musulmans d’insulter le Judaïsme, le Christianisme, l’Hindouisme et le Bouddhisme alors que Mahomet, l’Islam et les Musulmans jouiraient de l’immunité en la matière? Les Musulmans publient régulièrement des caricatures beaucoup plus injurieuses que celles des Danois. Doivent-ils rester libres de répandre ce genre de choses tout en étant préservés de telles indignités?

Le quotidien allemand Die Welt aborda ce thème dans un éditorial: «Les protestations des Musulmans seraient prises plus au sérieux s’ils étaient moins hypocrites. Lorsque la télévision syrienne diffusa des documentaires dramatiques, aux meilleures heures d’écoute, décrivant les rabbins comme autant de cannibales, les imams restèrent silencieux.» Les imams n’ont d’ailleurs pas protesté non plus contre le piétinement de la croix chrétienne incluse dans le drapeau danois. La question de fond, toutefois, n’est pas ici l’hypocrisie des Musulmans, mais le suprématisme islamique. L’éditeur danois qui publia les caricatures, Flemming Rose, expliqua que si les Musulmans exigent «que moi, non-Musulman, je me plie à leurs tabous, (…), ils demandent en fait ma soumission.»

Absolument. Robert Spencer appela ainsi à juste titre le monde libre à soutenir «résolument le Danemark». Le Brussel Journal affirme clairement: «À présent, nous sommes tous Danois.»

Certains gouvernements le comprennent:

Norvège: «Nous n’allons pas présenter d’excuses, parce que dans un pays comme la Norvège, qui garantit la liberté d’expression, nous ne pouvons pas présenter des excuses pour ce que les journaux impriment», déclara le premier ministre Jens Stoltenberg.
Allemagne: «Pourquoi le gouvernement allemand devrait-il s’excuser [à la suite de la publication des caricatures dans des journaux allemands]? C’est là une manifestation de la liberté de la presse», expliqua le ministre de l’intérieur Wolfgang Schauble.
France: «Les caricatures politiques sont excessives par nature. Et je préfère un excès de caricature à un excès de censure», commenta le ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy.

D’autres gouvernements commirent l’erreur de présenter des excuses:

Pologne: «Les bornes de la liberté d’expression bien comprise ont été dépassées», affirma le premier ministre Marcinkiewicz.

Royaume-Uni: «Il n’était pas nécessaire de republier ces caricatures, c’était manquer de sensibilité, de respect, c’était une erreur», déclara le ministre des affaires étrangères Jack Straw.

Nouvelle-Zélande: «Une insulte gratuite», estima le ministre du commerce Jim Sutton.
Etats-Unis: «Une telle incitation à la haine religieuse ou ethnique n’est pas acceptable», déclara une attachée de presse du Département d’État, Janelle Hironimus.

Etrangement, alors que la «Vieille Europe» retrouve du tonus, la sphère anglophone vacille. La réaction du gouvernement américain a été si exécrable qu’elle lui a valu l’approbation de la principale organisation islamiste du pays, le Conseil des relations américano-islamiques. Cela n’a toutefois rien pour surprendre, car Washington cultive volontiers l’habitude d’accorder des privilèges particuliers à l’Islam. À deux reprises par le passé, il manqua de courage dans des affaires d’insultes concernant Mahomet.

En 1989, Salman Rushdie fit l’objet d’une condamnation à mort pour avoir fait la satire de Mahomet dans Les versets sataniques, un roman évoluant entre un monde magique et le réalisme. Au lieu de défendre la vie du romancier, le président George H.W. Bush mit en équivalence Les versets sataniques et la peine de mort, qualifiant tous deux d’«offensant». James A. Baker III, alors secrétaire d’État, qualifia la condamnation à mort de simplement «regrettable».

Pire encore, en 1997, lorsqu’une femme israélienne distribua une affiche représentant Mahomet sous la forme d’un cochon, le gouvernement américain négligea honteusement de protéger la liberté d’expression. Nicholas Burns, un porte-parole du Département d’État s’exprimant au nom du président Clinton, qualifia la femme en question de «soit malade, soit (…) malveillante» et déclara qu’«elle mérite de passer en jugement pour ces attaques outrageuses contre l’Islam». Le Département d’État soutient la notion d’un jugement criminel contre la libre expression? Et le contexte de cet accès d’incohérence est plus étrange encore. Comme je le relevais à l’époque, après avoir passé au peigne fin plusieurs semaines de comptes rendus des réunions du Département d’État, je «n’ai rien trouvé qui s’approche de ce type de vitupérations en relation avec les horreurs qui se déroulèrent au Rwanda, où des centaines de milliers de gens perdirent la vie. Au contraire, M. Burns se montra alors toujours prudent et diplomatique.»

Les gouvernements occidentaux devraient prendre un cours accéléré sur la législation islamique et sur le commandement historique musulman d’assujettir les peuples non musulmans. Ils pourraient commencer par lire le livre d’Efraim Karsh, Islamic Imperialism: A History (Yale), qui paraîtra sous peu.

Les peuples qui tiennent à rester libres doivent soutenir le Danemark sans réserve.

Daniel PIPES,
Traduction de Alain Jean-Mairet

Pour soutenir le Danemark et notre liberté d'expression :

http://www.petitiononline.com/danmark/petition.html
http://skender.be/supportdenmark/index.html

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Albert (Albert) le mercredi 08 février 2006 - 21h26:

Emile,

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Albert.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Maurice (Maurice) le mercredi 08 février 2006 - 11h37:

Islam : ne rien abandonner à la politique de l'apaisement «Ecartons les hypocrites, les habiles, les aveugles qui récusent l'évidence : il y a bien un choc de civilisations»
[08 février 2006]

Aurons-nous demain le courage – et la possibilité – d'exprimer ce que nous pensons, vrai ou faux, de l'islam ? Ou bien, au moment de dessiner une caricature, d'écrire, de publier, ou tout simplement de parler, et même de penser, devrons-nous nous autocensurer, nous souvenant des foules déchaînées incendiant des représentations diplomatiques du Danemark et de la Norvège, ces deux pays qui sont parmi les plus pacifiques, les plus démocratiques de tous les États du monde ?
Liberté ou autocensure, c'est l'enjeu du moment ; et la pression est si forte qu'on oublie une évidence : ces violences se produisent dans des États où, le plus souvent, les droits élémentaires de la personne ne sont pas respectés. On n'y manifeste pas sans la complaisance du pouvoir. Dans ces lieux, les religions autres que l'islam ne sont pas tolérées ou, si surveillées, si stigmatisées qu'elles sont de fait interdites. Là on diffuse des feuilletons télévisés, des livres qui reprennent les thèmes du faux les Protocoles des sages de Sion. Les juifs y sont représentés comme des égorgeurs d'enfants, maîtres du monde. C'est dans ces pays qu'on applaudit les déclarations d'un chef d'État qui proclame qu'il faut «rayer Israël de la carte» et doter sa nation du feu nucléaire.


Mais précisément, nous rappellent les Princes des Églises et ceux qui nous gouvernent, la situation est à ce point périlleuse, les masses musulmanes si humiliées, si manipulées par les extrémistes et leurs gouvernements, qu'il faut faire preuve d'esprit de responsabilité, et c'est lui qui doit encadrer la liberté d'expression, dont on nous assure qu'elle est notre bien le plus précieux. Soit. Comment d'ailleurs ne pas prêter attention à ces propos qui se veulent empreints de sagesse et de réalisme ? Les premiers disent : il faut respecter la foi de l'Autre, les exigences de sa religion. Les seconds évoquent un monde musulman fournisseur de pétrole, ce sang de notre vie quotidienne, et acheteur de nos produits. Veut-on le baril de brut à plus de 100 dollars ? Le chômage ? Des troubles intérieurs ? L'islam est devenu une religion européenne – la deuxième de France.


Des manifestants, à Londres, à Copenhague, ont brandi sous les yeux de policiers impassibles des pancartes réclamant la mort pour les blasphémateurs de l'islam. Faut-il, pour inciter à la prudence, penser à ce cinéaste néerlandais – Theo Van Gogh – égorgé par un citoyen néerlandais pour avoir projeté de réaliser un film hostile à l'islam ? Et qui ne se souvient de Salman Rushdie ? Comment ignorer tout cela ? Comment ne pas vouloir être raisonnable pour deux, rechercher l'apaisement, tenir le discours mesuré, en espérant que le temps fasse son oeuvre, et que ceux, si silencieux, qui veulent moderniser l'islam, l'emportent sur ceux dont le but est d'islamiser la modernité.


On comprend, à rappeler ces données que, derrière la question des caricatures du Prophète, c'est notre rapport – nous : la France, l'Europe, l'Occident – avec le monde islamique qui est soulevé. Non pas selon les usages diplomatiques mais bien en termes de civilisations. D'abord écartons les hypocrites, les timorés, les habiles, les aveugles qui récusent l'évidence. Il y a bien un choc de civilisations. Qui ne l'entend dans la voix de ce croyant musulman, émouvant de sincérité, qui déclare dans une mosquée de la région parisienne, devant les caméras de télévision, qu'il préfère voir mourir son propre père plutôt que de laisser caricaturer le Prophète ! Car la souffrance du croyant est réelle, sa foi est en effet blessée dans nos sociétés laïcisées où règnent la dérision et la marchandise. Plus rien n'est sacré.


La Croix du Christ est devenue, sur une affiche de promotion d'un film, croix gammée. La Cène est une parade de mode. Un pape agonisant fut objet de sarcasmes. Le chrétien est meurtri, il souffre dans sa foi et, au plus intime de lui-même, de ces profanations. Mais il a appris à tourner la tête. Il se souvient des bûchers, des massacres, qui ont jalonné nos guerres de religion. Il a lu le Dictionnaire philosophique de Voltaire qui, en 1764, dénonçait le fanatisme, rappelait la Saint-Barthélemy : «Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? Ce sont d'ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques et qui mettent le poignard entre leurs mains.» Voltaire n'imaginait pas que, deux ans plus tard, son Dictionnaire serait brûlé avec le corps torturé, décapité, du jeune chevalier de la Barre, accusé à tort de ne pas s'être découvert au passage d'une procession et d'avoir de son épée écorché une statue du Christ ! Voltaire ne se doutait pas que, trente ans plus tard, au nom d'un autre fanatisme – politique celui-là, la guillotine allait faire tomber des milliers de têtes dans le panier de son.


Notre civilisation a ainsi une traîne sanglante, et nous n'avons aucune supériorité à proclamer. Mais pour autant, pourquoi devrions rejeter ce que, dans la souffrance, nous avons acquis ? Pourquoi faudrait-il accepter de renoncer à cette liberté d'expression qui est toujours la pierre de touche de la démocratie ? Et ce parce que d'autres peuples, d'autres civilisations, n'ont pas choisi d'emprunter la même route qu'on appelle la laïcité ?

Certes, il faut tenir compte de la souffrance infligée aux croyants par ce qui leur paraît blasphématoire. Et il y a dans l'usage marchand de la dérision une négation de l'Autre qui est attentatoire à sa dignité. Il faut le dire. Mais à quelles régressions conduiraient censure et autocensure ? Et surtout – c'est la question cardinale –, jusqu'où devrions-nous aller ?


Là où est le musulman, là est terre d'islam. Et le croyant doit respecter, au nom de sa foi, les préceptes de sa religion. Au bout il y a la charia, la loi de l'islam, ensemble des prescriptions et des réglementations auxquelles le musulman doit se soumettre et qui portent à la fois sur la vie culturelle et sur les relations sociales. La foi vive, exigeante, du musulman envahit l'espace social. Faut-il énumérer ce que nous avons déjà accepté ? Piscines séparées selon les sexes, patientes exigeant d'être soignées par des femmes médecins, cours d'histoire et de littérature contestés, tentative pour faire interdire une pièce de Voltaire (1741 !) intitulée Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète, etc., etc. Doit-on, à chaque fois, reculer au nom du respect de l'Autre, de sa sincérité ? Faut-il pratiquer cette politique d'apaisement ? Cela consisterait à renoncer à l'existence d'un espace public laïque. Il est imparfait ? Certes, mais il nous a permis peu à peu de nous tolérer les uns les autres, de vivre ensemble avec un socle de valeurs communes.


On peut faire le pari – optimiste – d'une responsabilité réciproque et partagée des acteurs du jeu social. Les musulmans accepteraient – ce qu'ils sont nombreux à faire déjà en dépit des exhortations des extrémistes, comme l'ont fait les religions judéo-chrétiennes, cet espace public laïcisé, une relation personnelle à sa foi, et le jeu libre de l'esprit critique, bref le fonctionnement de la démocratie.

On peut aussi envisager une capitulation rampante qui se donnerait la bonne conscience de la sagesse et de l'esprit de responsabilité. Pour acheter la paix, pourquoi s'encombrer de ces mauvais caricaturistes, de ces irresponsables ? Ont-ils du pétrole les adeptes de la liberté de pensée ? Sont-ils capables de défendre au péril de leur vie les grands principes qu'ils proclament ? Pour ne pas payer l'essence trop chère et garder nos parts de marché, pourquoi ne pas cesser de résister ? Va-t-on se battre pour douze caricatures sinistres ? Et allons au bout : l'Empire romain a été conquis par le christianisme ; pourquoi l'islam ne serait-il pas la nouvelle religion conquérante ? On s'adaptera. On se convertira. Il faut oser regarder ces choix en face. Que voulons-nous défendre de ce que nous avons acquis, siècle après siècle ? Que sommes-nous prêts à abandonner ? Par réalisme ? Par sagesse ? Ou par lâcheté ? Au temps de Munich, en 1938, ce dernier mot avait un synonyme, employé par les diplomates : apaisement.

*Écrivain.