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Discus: ADRA : LES COMMENTAIRES D'HARISSA: Commentaires 2005: Commentaires Mars 2005: Archive jusqu'au 20/mars/2005
Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Email (Email) le dimanche 20 mars 2005 - 07h34:

TUNES CELEBRES

bouassira didier neurologue hopilal ambroise pare a boulongue billancourt haut de seine 92

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Mena (Mena) le dimanche 20 mars 2005 - 05h26:

La CNN de Chirac : un squelette de mammouth extrait des glaces de Sibérie (info # 011703/5) [analyse]

Par Stéphane Juffa © Metula News Agency

Jacques Chirac a convoqué pour demain (vendredi) au palais de l’Elysée les PGD de TF1 et de FR2, dont les antennes sont désignées pour être les opératrices de la "Chaîne Française d’Information Internationale", la CFII. Messieurs Patrick Le Lay et Marc Tessier devront respectivement expliquer au président les raisons des lenteurs rencontrées dans l’exécution du projet et seront invités à faire leurs recommandations pour activer le processus. Ce qui bloque le démarrage du projet personnel de Monsieur Chirac, que celui-ci avait lancé à l’hiver 2004, c’est, pour le moment, l’accord de la Commission de Bruxelles. La commission étudie toujours le dossier de la nouvelle chaîne, afin de déterminer si son principe de financement est compatible avec les directives européennes en matière de subsides étatiques. Or, malgré les pressions ininterrompues des représentants français pour que Bruxelles entérine la naissance de la CFII, il n’est absolument pas certain que la commission accepte finalement le montage financier retenu par l’Elysée. En effet, la CNN à la française consisterait en une société de droit privé, composée des actionnaires TF1 et du groupe étatique France Télévisions, qui serait financée à 100% par l’argent du contribuable.

Dans l’attente de la décision européenne, rien ne bouge et les deux chaînes concurrentes, associées dans ce projet par la seule volonté du président de la République, se trouvent dans l’incapacité d’embaucher les quelques 250 journalistes requis pour le fonctionnement de la CFII. Pour la même raison, ils sont dans l'impossibilité de contracter les locaux nécessaires, ou encore, de commencer à se procurer les meubles et le matériel technique.

Un caprice mégalomaniaque à rebours des réalités

On vient de considérer l’aspect "administratif" du problème, mais, le moins que l’on puisse en dire, c’est que le projet de la chaîne-Chirac, en sus de cette difficulté, est loin d’éveiller les enthousiasmes. Il y a d’abord ce mariage forcé TF1-FR2. Il est non seulement contre-nature, mais, de plus, il menace ce qui reste d’information contradictoire entre les deux leaders de la télévision en France. Déjà qu’il nous apparaissait inconcevable pour l’information du public que TF1 ait été confiée au contrôle du groupe Bouygues, dont les intérêts commerciaux particuliers, à l’échelle hexagonale et planétaire, sont souvent en conflit patent avec les exigences d’une information complète et objective… Déjà que l’interaction, voire les interdépendances financières, entre une entreprise de la taille gigantesque de Bouygues et l’Etat tricolore constituaient, à notre sens, l’une des raisons du dangereux unanimisme régnant sur l’info made in France, voilà que le gouvernement vient d’en faire des partenaires… Constatant la coïncidence actuelle des points de vue des deux chaînes sur les événements majeurs de France et du monde, leur répugnance à ouvrir les dossiers de fond qui gênent l’autre (voir le silence imperturbable de TF1 sur l’affaire A-Dura), il est sensé de craindre leur coopération consacrée dans une chaîne qui ne fera que de l’information. Nous ne sommes pas seuls à penser que si la CFII voit effectivement le jour, bien malin sera celui qui pourra discerner des divergences d’appréciation fondamentales dans la lecture de l’information telle qu’elle sera diffusée par les trois chaînes.

Il est clair que le fait d’associer par un mariage l’Etat à TF1 participera à la formalisation d’un bloc de diffusion des nouvelles et des idées, qui se fera au détriment du téléspectateur français et de la diversité essentielle de ses sources d’informations audiovisuelles. En filigrane de cette relation fusionnelle entre la TV privée et le service public, on conçoit que si TF1 est associée à la diffusion du message politique de la présidence aux quatre points cardinaux, cela participera, par la force des choses, à gommer les timides dissimilitudes d’appréciation, que l’on remarque encore, ça et là, sur le réseau Bouygues.

Ce n’est pas leur métier…

On se demande aussi comment TF1 et FR2 pourront s’acquitter d’une tâche présidentielle allant à l’envers de leur système de fonctionnement commun. Car, enfin, on ne révolutionnera strictement rien en affirmant que le moteur premier qui anime ces antennes – et qui les met sur ce plan en concurrence effective et féroce – c’est l’effort d’appropriation du plus grand taux d’écoute possible. Taux d’écoute = publicité = revenu des chaînes, voici qui constitue le souci principal, à ce jour, de Marc Tessier et de Patrick Le Lay. Ils vivent sous la dictature de l’audimat et ne connaissent d’autre patron véritable que Madame Michu, la téléspectatrice lambda. Et entre la nécessité de plaire à Madame Michu et celle de plaire à Monsieur Chirac, il existe deux arts de faire de la télévision, qui ne sont pas compatibles. Le premier consiste à vendre le produit télé afin d’assurer les plus grands profits possibles ; l’autre consistera à "acquérir" l’intérêt de nouveaux téléspectateurs lointains, avec les moyens mis à disposition par le client de l’Elysée.

C’est une toute autre affaire ! Même les JT sont formatés pour ne pas lasser Madame Michu, pour ne pas la fatiguer. Les journalistes et les présentateurs TV en conviennent volontiers : les journaux télévisés font désormais partie du spectacle TV et participent en plein à la course à l’audimat ; aussi, n’aborde-t-on plus les sujets qui déplaisent à Madame Michu, ceux qui sont trop compliqués pour son entendement passif et ceux qui sont éloignés de ses préoccupations immédiates.

TF1 et FR2 seront-elles capables de s’adapter aux exigences présidentielles et à gérer une CNN à la française ? On peut d’ores et déjà donner la réponse à cette question. Elle se présente sous forme d’un casse-pipe annoncé pour les opérateurs désignés volontaires : - Non, la CFII ne pourra ni devenir une grande chaîne d’information internationale, ni concurrencer les Networks d’information anglo-saxons. Comment le savons-nous, avant même le lancement de la CFII ? – Simple : Sky News, BBC News, Fox News et CNN fonctionnent comme TF1 et FR2, elles vivent de leurs revenus. Ces chaînes d’information s’adressent à des Madame Michu qu’on a intéressées à l’actualité mondiale, avec des moyens de directs et d’analyses qui font que, en intensité dramatique, la réalité qu’elles montrent dépasse fréquemment la fiction.

Aucune de ces chaînes n’a été créée dans le but de propager le projet politique du président US ou du premier ministre anglais. Elles sont nées parce qu’elle répondent à une demande du public – du public domestique d’abord ! – et parce que leurs concepts sont rentables. De plus, contrairement, toujours, au modèle proposé par Chirac, ces Networks sont terriblement concurrentiels entre eux, sans compter qu’ils représentent des sensibilités politiques différentes et fluctuantes, lorsqu’ils ne s’en prennent pas, carrément, à la politique suivie par la Maison Blanche.

Ni plus ni moins qu’un outil de propagande

Avec un budget de départ de première année d’émission estimé à 70 millions d’Euros, la Télé-Chirac ne se positionne nulle part face aux géants anglo-saxons. De plus, la CFII ne pourra pas émettre dans l’Hexagone, afin de ne pas faire de concurrence déloyale à LCI (Groupe TF1). Dans les autre pays européens, de même qu’aux Amériques, l’irruption de la chaîne française ne suscitera même pas un intérêt par voie de curiosité. La vision politique du président français n’a que peu d’impact sur les préoccupations de ces téléspectateurs. Reste le monde arabe, pour lequel les instigateurs ont prévu des "modules" d’émissions en langue arabe. Voici qui ne manque pas de commencer d’éclairer la lanterne de ceux, et ils sont nombreux, qui se demandaient : - La CFII pour quoi faire ? Puis, 250 journalistes, pour faire avancer un éléphant blanc – un petit Concorde, un porte-avions Charles De Gaulle, un paquebot France en gestation – ce n’est pas assez. Les partenaires au projet ont donc eu l’idée géniale d’utiliser à l’étranger les correspondants en poste de l’AFP et de RFI.

Pour les pros de l’info, l’énoncé de cette intention suffit à saisir, au fond, la finalité de la chaîne : emmerder l’Amérique dans sa croisade destinée à démocratiser le Moyen-Orient, en prenant systématiquement le parti des islamistes exciseurs et des nationalistes arabes. On aura droit aux interventions depuis Jérusalem de l’instigateur de la tentative d’application des principes coloniaux à Israël, Marius Schattner de l’AFP. Pour commenter la situation au Liban, si la Chaîne Française d’Information Internationale existait aujourd’hui, on pourrait y voir le responsable des informations étrangères de RFI, Richard Labévière, expliquer que c’est vraisemblablement Israël qui a assassiné Rafic Hariri et se féliciter de la grande mobilisation des manifestations prosyriennes.

Demandez le programme… pas la CNN à la française mais l’anti-CNN… Une chaîne sur laquelle Chirac aurait pu soutenir l’occupation du Liban par la Syrie tant que cela servait les propos de son ami et partenaire financier Hariri, puis la fustiger, exigeant le retrait immédiat et complet des béotiens de Béchar al-Assad, sitôt qu’ils eurent abattu Rafic Hariri. Et il ne resterait personne sur TF1 ou sur FR2 pour oser poser la moindre question pertinente-impertinente quant à cette volte-face, demeurée, par ailleurs, totalement inexpliquée par le Ministère des Affaires Etrangères. Personne dans les medias tricolores n’a jugé intéressant de se pencher sur l’étrange amitié Chirac-Hariri et sur ses motifs ; pourquoi cela changerait-il en "mieux informant", du moment que l’Elysée disposerait de sa mini CNN ?

Des perspectives qui donnent la nausée

Pour être absolument certain que personne ne pourra demander des comptes, notamment quant à ses priorités rédactionnelles, à la CFII, Jacques Chirac a prévu de la soustraire à l’autorité du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. La chaîne n’aurait ainsi à répondre de ses activités que devant ses actionnaires, par la grâce d’un passe-droit présidentiel. Du jamais vu dans un régime démocratique !

On devrait aussi, surtout si on est français, se demander dans quel moule seraient formés les 250 journalistes de la nouvelle chaîne ? Car, avec Bouygues-infos, toute l’info des France Télévisions, l’AFP, France-Inter, France-Infos, RFI etc., c’est un nouvel archétype de bénis oui oui du pouvoir qui a vu le jour. Des pseudos collègues qui n’aboient que dans le sens où on leur demande d’aboyer et qui occultent, sans rechigner, ce qu’on les prie de ne pas voir. Ce qui peut inquiéter, c’est le nombre d’emplois concentré entre les mains de toutes ces succursales de la même "holding" ; ce qui inquiète assurément, c’est le nombre inversement proportionnel de postes de journalistes à pourvoir hors ce canal. Ou comment façonner les idées du public à coup sûr, sans avoir, en aucune circonstance, recours à la force brutale. Car, on demande à voir, un collègue, viré de RFI, qui obtiendrait un job à la CFII. L’énoncé seul de cette hypothèse prend des allures d’un gag de Coluche. C’est encore, sans compter sur les journalistes qui espèrent trouver un boulot dans la "holding" mais qui coopèrent à un autre media ; il est bien évident qu’ils s’arment de toute la prudence nécessaire afin de ne pas sacrifier leur plan de carrière à cause d’une initiative hors moule.

Et CFI, Euronews, TV5 ? A quoi peuvent-elles bien servir ? TV5, surtout, qui a presque la même vocation que la "Chaîne Française d’Information Internationale". Il est vrai que TV5 fait participer les Belges, les Suisses et les Canadiens à sa programmation et qu’elle est soumise au CSA. Pas de coudées assez franches pour Télé-Chirac, semble-t-il. Cela fera quand même beaucoup de chaînes dont les programmes d’info sont dictés directement par le Quai d’Orsay.

C’est l’orientation suivie par Jacques Chirac, et son impatience à voir décoller la CFII, qui traduisent quelque chose d’angoissant. De même, la conception que le président français a de la société civile et des enjeux du monde, qui transparaissent bien sur les contours de ce projet a de quoi alarmer. Tout paraît s’inscrire dans une logique d’affrontement avec les amis naturels de son pays. La France, uniquement la France, comme si l’Europe n’existait que lorsqu’elle sert à faire progresser une ambition particulière. Une dernière chose à considérer : Jacques Chirac frappe des pieds pour posséder sa chaîne de propagande. S’il y parvient et qu’il est ensuite remplacé par Nicolas Sarkozy, par Dominique Strauss-Kahn ou par François Hollande – même les demi-dieux sont mortels ! – que ferez-vous de cette chaîne inutile ?

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Bekhor (Bekhor) le samedi 19 mars 2005 - 23h59:

Il est presque inconcevable de collectionner des CPA (cartes postales anciennes) sans avoir quelques CPA de diverses caricatures des thèmes que vous avez choisi.
Voici trois CPA de caricatures, du thème Afrique du nord qui fait partie de ma collection.


un


deux


trois

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Maurice (Maurice) le samedi 19 mars 2005 - 21h16:

POINT DE VUE
Ben Ali et la banquise, par François Léotard
LE MONDE | 18.03.05 | 15h49

Ce n'est pas seulement le réchauffement de la planète... Il y a autre chose... Ici ou là, des banquises se disloquent, des humains s'échappent, des frontières de mots s'effondrent. Les haines s'interrogent, les visages des adversaires deviennent flous. Il y a même des mains qui se tendent ! Qu'est-ce qui leur arrive aux humains ?

Les Libanais s'ébrouent, se découvrent comme un peuple.
Les Ukrainiens se mettent à voter comme vous et moi. Les Israéliens et les Palestiniens se retrouvent sur le même palier, dans une maison qu'ils partagent. Ailleurs, plus loin, les voiles bleus des Afghanes se déplient, s'effacent devant la beauté des visages. En Afrique, les dictatures ne sont plus tout à fait ce qu'elles étaient. En Europe, les citoyens vont avoir à écrire une drôle de page de leur histoire. Quelque chose comme "We, the people of United States of Europe"...

Bref, le monde bouge et nous bougeons avec lui. Faut-il bouder notre plaisir ? Nous pourrions tourner notre regard vers un pays, vieux par son histoire, attachant par ses traditions, paisible, ouvert et généreux, ne disputant aucun territoire, ne donnant de leçons à personne, simplement là, au bord d'une mer dont on peut dire qu'elle est "le seul continent liquide" (André Siegfried) : la Tunisie.

Pourquoi en parler ? Pourquoi aujourd'hui ? Parce que dans la décongélation du monde, la contribution éminente et courageuse du président de la République tunisienne fera date. Voici un homme que l'arrogance naturelle de certains Européens a toujours considéré avec un mélange de condescendance et d'irritation.

Nous ne sommes pas avares, sur notre continent, de ces condamnations morales qui ne nous engagent pas à grand-chose. Nous n'avons plus à subir - croyons-nous - le fléau de l'intolérance religieuse, la pression du fanatisme politique, l'éducation hâtive du monde rural, la turbulence à nos frontières, etc.

Que vient donc de faire le président Ben Ali ? Il a eu l'incroyable audace d'inviter à Tunis, en novembre prochain, à l'occasion d'une réunion internationale, le premier ministre israélien... Pour disloquer la banquise - non pas en imagination mais en décision -, on ne peut pas faire mieux...

Voyons plutôt : la Tunisie préside aujourd'hui la Ligue arabe. Tunis a été le siège de l'OLP. Les voisins de ce pays ne sont pas, dans le monde arabe, des modérés. Sharon est, aux yeux de certaines foules endoctrinées, l'incarnation même du diable... Alors, pour rompre un instant avec ce bœuf sur la langue qui nous oblige à ne dire que ce qu'attendent les bien-pensants, allons à la pêche aux inconvénients, aux indignations sélectives.

Qu'est-ce exactement que le courage politique ? Flatter ses adversaires intérieurs pour les apaiser ? Construire à l'extérieur et en carton-pâte des ennemis imaginaires ? Poursuivre indéfiniment - et si possible de loin - l'écriture laborieuse, jamais terminée, du dictionnaire de la haine ? Ce que Mahmoud Abbas accepte, ce qu'Arafat avait accepté (la main tendue d'un premier ministre israélien), pourquoi Ben Ali ne l'accepterait-il pas ?

La Tunisie n'est pas l'Irak de Saddam Hussein, le Cuba de Fidel Castro ou la République centrafricaine de Bokassa, tous pays avec lesquels nos dirigeants français ont pactisé sans beaucoup de remords. Alors, Français, encore un petit effort... Lorsque Jean-Paul Sartre écrivait que le castrisme était un humanisme, y eut-il beaucoup d'intellectuels français pour s'en indigner ?

La Tunisie, sans aucun doute, doit progresser dans la voie que tracent, partout ailleurs dans le monde, les militants de la démocratie... Mais pourquoi ne pas le dire aussi, avec autant de force, pour ses puissants voisins, la Libye et l'Algérie ? Cette voie vers la démocratie n'est-elle pas mieux assurée lorsqu'on consacre, comme c'est le cas, 40 % de son budget à l'éducation, qu'on soutient, en modifiant le code civil, la promotion des femmes, qu'on renonce aux règles antiques de la charia ?

Toutes ces étapes que nous, Européens, avons franchies pas à pas, toutes ces paix que nous avons signées à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières, tous ces préjugés, ces anathèmes que nous avons tenté d'abolir, tout cela était sans doute trop long dans la durée, mais n'était-ce pas le bon chemin ? C'est en tout cas, j'en suis convaincu, celui de l'intelligence. Inter-ligere : lier entre eux les événements pour les comprendre, les humains pour les rassembler, les conflits pour les apaiser...

Le peuple tunisien n'a pas connu les charniers algériens, les folies du dictateur libyen, et bien d'autres désordres, dont les enfants, les femmes - et j'ajoute la vérité - sont les premières victimes. Peut-on, a-t-on le droit d'y voir le signe d'une politique qui n'est certainement pas, comme toute politique, à l'abri des critiques, mais sans doute à l'abri de la lâcheté ?

François Léotard est ancien ministre de la culture et de la défense.

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 19.03.05

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Primo (Primo) le samedi 19 mars 2005 - 03h00:

Interview d'Alexandre Del Valle
Primo-Europe

Primo-Europe : Alexandre Del Valle, bonjour. Vous êtes politologue, auteur de plusieurs ouvrages* traitant de la menace islamiste qui pèserait sur l’Europe. Pouvez-vous nous parler du parcours intellectuel qui vous a amené à identifier ce phénomène comme étant le péril majeur de ce 21e siècle naissant ?

Alexandre Del Valle : J’ai commencé à étudier la guerre d’Algérie et le phénomène de l’indépendantisme des pays du nord de l’Afrique puisque j’avais été marqué familialement par cette période et j’avais été très attiré intellectuellement par ce qui avait amené les indépendantistes du Maghreb à chasser à la fois les Séfardims, les Italiens et les Espagnols.

Ensuite je me suis intéressé aux Chrétiens du Liban qui étaient, à l’époque, diabolisés et qualifiés de phalangistes par opposition aux Chiites et aux Palestiniens décrits comme « islamo-progressistes ».

Tout a commencé là : j’ai compris ce qu’était la désinformation dans les domaines du Proche-Orient et de l’islamisme. C’est là qu’a incubé le Hezbollah, la grande organisation terroriste qui en a inspiré bien d’autres par la suite. Son ancêtre était le premier mouvement « Amal 1 » qui a été entraîné au Liban grâce à des contacts entre des dignitaires chiites envoyés par l’Iran et des Palestiniens et libanais chiites d’extrême-gauche ou anciennement d’extrême-gauche. Cette incubation révolutionnaire « Rouge-Brun-Vert » a commencé dans le concentré du Proche-Orient qu’est le Liban.

A l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) d’Aix-en-Provence, j’avais choisi la section « Monde arabe » avec Bruno Etienne, un des maîtres dans ce domaine en France, ancien maître également de Gilles Kepel. Avec ce cursus et quelques voyages au Liban, mon intérêt pour ce domaine s’est affirmé à cette époque. D’autant qu’il m’apparaissait fondamental de rééquilibrer le débat trop orienté sur l’islamisme et selon moi trop influencé par le radicalisme anti-maronite et anti-israélien de Bruno Etienne et de tant d’autres pseudo-orientalistes tiers-mondistes et roulant pour l’extrême-gauche islamophile.

P-E : Beaucoup de commentaires vous décrivent comme un personnage sulfureux au passé trouble, ayant eu des liens avec l’extrême-droite européenne. Que répondez-vous à cela ?

ADV : Malheureusement pour mes adversaires d’extrême-gauche ou islamistes qui ont cherché à me discréditer, mes livres n’ont pu être démontés ni même critiqués sur le fond. Même eux, d’ailleurs, ont récupéré une partie de mes thèses. Je fais allusion à tout ce qui est publié aujourd’hui sur Ramadan, les Frères musulmans, l’UOIF, la stratégie américaine pro-islamiste sous la guerre froide, etc. Ils ne pouvaient m’attaquer sur le fond, sur ma description de la menace islamiste, bien avant le 11 septembre, et sur l’attitude suicidaire pro-islamiste de l’Occident ; puis sur le fait que l’absence de réformes dans l’Islam depuis 931 est l’une des sources endogènes du totalitarisme islamiste actuel dont les premières victimes sont les Musulmans. Par contre, ils ont fini par faire de moi leur bête noire parce que j’ai commis la faute impardonnable de révéler la complicité entre l’islamisme et les mouvements d’extrême-gauche. C’est à ce moment que certains mouvements d’extrême gauche comme Ras l’Front - dont je soulignais le pro-palestinisme - m’ont diabolisé en utilisant coups bas et amalgames. Or, dans une désinformation, il y a toujours une partie de vrai noyée dans un océan de faux. On a utilisé ma présence – je vais absolument partout et je n’ai de leçons d’antifascisme à recevoir de personne ! – dans des colloques organisés par des clubs de réflexions géopolitiques plus ou moins proches de la Nouvelle Droite ou dans une revue druidique libertarienne, Munin, pour m’attribuer une généalogie sulfureuse « néo-païenne » alors que, non seulement je me suis toujours défini comme « judéo-chrétien », non seulement j’ai débuté dans la revue RPR marseillaise tendance libérale, Nouvelle Liberté, mais il se trouve que ces colloques m’ont aidé à mieux combattre le GRECE, la Nouvelle Droite dans le cadre de ma thèse de géopolitique sur les Rouges Bruns Verts (la nouvelle droite ou d’autres m’accusent d’ailleurs d’avoir enquêté sur eux pour le compte du Mossad !). En réalité, je suis un homme libre, je dénonce tous les totalitarismes mais je vais m’exprimer dans les milieux de pensées les plus divers, et souvent aux options fort différentes des miennes. Mais je suis pour le dialogue. J’ai écrit dans toutes sortes de revues, assisté ou participé à toutes sortes de colloques (centre Karl Marx, Amis du Monde Diplomatique, SOS Racisme, LICRA, Centre Wisenthal, souverainistes, Cathos tradis, Cathos de gauche, Protestants, francs-maçons, Arméniens, mouvements féministes, radios beurs ou de gauche comme Aligre, Beur FM, Al Jazira, Berbères, etc.). J’ai même été membre d’un club de réflexion Démocraties proche du PS sans pour autant être PS ou courtiser la Gauche ! Et j’ai eu des parrains politiques gaullistes sans être Gaulliste (Gallois, Griotteray, Kaspereit, Mattéoli, etc.). Disons que je suis tout sauf sectaire et facile à classer.

Par ailleurs, mes détracteurs oublient sciemment de citer les nombreux passages de mes livres et articles dénonçant sans aucune ambiguïté l’extrême droite néo-païenne, le racisme ou l’antisémitisme. Ils omettaient aussi de rappeler que des « autorités de gauche » islamiquement correctes comme Bruno Etienne ou François Burgat acceptaient de collaborer à des revues de la Nouvelle Droite (Krisis, ou Nouvelle Ecole) ou de participer aux mêmes colloques géopolitiques organisés par ces clubs de la Nouvelle Droite. Surtout, mes ‘diabolisateurs’ oublient de préciser que sur 500 conférences prononcées par moi en 9 ans, j’ai dû en faire, à tout casser, 4 ou 5 dans les milieux dont on me reproche, à tort, d’être issu. S’ils étaient logiques, ils m’accuseraient d’être communiste révolutionnaire pour avoir été publié sur un site de Che Guevara ou pour m’être exprimé au Centre Karl Marx ! Ou d’être pro-islamiste pour participer au talk show du vendredi sur Al Jazira ! Quant au GUD, je n’ai jamais eu le moindre rapport avec cette organisation de fascistes pro-arabes et anti-sémites qui, non seulement n’existait pas chez moi à la fac d’Aix en Provence, mais qui est au centre de l’Axe Rouge-Brun-Vert que je dénonce et étudie depuis des années. Idem pour les soi-disant « formations » assurées par moi pour des Cathos intégristes ou autres mouvements intolérants : mes détracteurs oublient également de préciser que pour une conférence sur mon livre « Islamisme-Etats-Unis », donnée dans une école catho traditionaliste (qui ne fait pas plus de moi un catho réac qu’avant un « païen » !), je donne régulièrement des conférences chez les Frères Saint-Vincent de Paul et des paroisses catholiques modérées, anti-intégristes de Paris, Versailles et Neuilly, etc. De la même manière, ceux qui m’accusent de cautionner l’extrême-droite sioniste, nationaliste ou religieuse parce que j’ai accordé des interviews à Kountrass ou parce que je suis membre du comité de rédaction d’Israël Magazine (par ailleurs, selon moi, tout sauf extrémiste), oublient de dire que je m’exprime régulièrement chez les libéraux de Copernic dont je me sens très proche. Enfin, en matière politique, c’est clair : depuis de nombreuses années, j’ai été militant du RPF (Villiers et Pasqua) puis de l’UMP, dont j’ai été un des premiers adhérents, parti au sein duquel j’ai créé avec Rachid Kaci un courant libéral. Sur ce point, il est vrai que sans renier mes origines souverainistes villiéristes et pasqualiennes, j’ai évolué depuis quelques années vers le libéralisme et l’atlantisme.

P-E : Avez-vous écrit des textes parus dans des revues d’extrême droite ? Si oui, combien, quand, sur quels sujets et dans quels journaux ?

ADV : Même pas ! Il ne s’agissait même pas de revues d’extrême-droite. Ce que me reproche l’organisation « Ras l’front » - je suis d’ailleurs en procès contre elle – concerne des textes publiés dans une petite revue ésotérique druidique, Munin, animée par des gens ouverts sur tout le monde. S’y exprimaient des libertariens, des anarchistes d’extrême-gauche de la CNT, des libéraux. Certains jeunes de l’IEP y intervenaient. Effectivement, il y avait dans cette revue une connotation « Rose-Croix », néo-païenne druidique. On a dit que cette revue était d’extrême-droite parce qu’elle renvoyait à d’autres revues druidiques plus orientées, mais c’est faux. La rédactrice en chef était une anarchiste espagnole férocement anti-franquiste. J’ai produit, pour mes procès, mes différents articles dans cette revue. On y voit bien une dénonciation radicale du fascisme, du nazisme et du franquisme, les trois grandes formes d’autoritarisme ou de dictature d’extrême droite. Là aussi, mes adversaires ont désigné une partie de l’orientation de cette revue, le côté néo-païen lié à la nouvelle droite par des renvois publicitaires divers, mais les adeptes des religions préchrétiennes polythéistes ne sont pas tous nazis sous prétexte que les Hitlériens étaient « néo-païens » ». Rappelons qu’en Bretagne, des militants régionalistes, situés à gauche et farouchement anti-fascistes, vantent le druidisme et le polythéisme en général.

Il est vrai que mon livre « Islamisme, Etats-Unis » a beaucoup plu à des gens d’extrême droite néo-païenne comme à des souverainistes ou à certains militants anti-américains d’extrême-gauche, d’ailleurs, et je n’y peux rien ! Comme ils avaient vu mes textes dans cette revue, certains ont cru sincèrement qu’ils avaient affaire à quelqu’un proche d’eux. Voilà la genèse de ma réputation ! Personnellement, j’ai la conscience tranquille et je continuerai à combattre par le dialogue critique et non pas par la censure ou le manichéisme. Mais, sans me vanter, mes détracteurs préfèrent m’attaquer par des coups bas que de débattre avec moi. Craindraient-ils d’avoir peu d’arguments de fond ?

P-E : Avez-vous animé une émission sur Radio Courtoisie, connue pour ses liens avec le Front National ? Si vous y avez été seulement interviewé, était-ce régulièrement ou ponctuellement ?

ADV : Je n’ai jamais animé d’émission sur Radio Courtoisie. J’y ai été interviewé à plusieurs reprises, mais vous savez, il y a plusieurs émissions sur cette radio. Elle est liée au FN ou à d’autres mouvances comme celles des villiéristes ou de certains libéraux de l’UMP. Tout dépend des patrons d’émissions. Même des gens comme Plenel, grand chasseur d’extrême-droite, et d’autres que je ne citerai pas mais qui ne sont absolument pas d’extrême-droite ont accordé des interviews à Radio Courtoisie. Ça veut dire que tout le monde peut y aller. On y a entendu des gens de la Droite gaulliste comme Colonna, Griotteray, pas du tout pro-fascistes ou proches du FN, d’autres encore plus modérés comme Jean-François Dreyfus. On peut aller sur des radios sans pour autant adhérer à ce qui s’y dit généralement.

Lors d’une émission très controversée qui s’était assez mal passée, j’avais totalement condamné les travers qui pouvaient apparaître dans les questions des auditeurs. En l’occurrence, on accusait, à l’époque, Israël d’être à l’origine de la guerre du Kosovo ! On parlait du complot juif mondial dans certains fax d’auditeurs. J’avais très vivement protesté et exprimé ma grande désapprobation face à ce genre d’analyses mettant en jeu la théorie des complots.

Je considère que j’ai suffisamment exprimé mon désaccord idéologique avec certaines tendances de cette radio qui transparaissent, effectivement, dans les courriers et les interventions de ses auditeurs. Je pense, en toute confiance, ne rien avoir à me reprocher.

P-E : Comment expliquez-vous qu’on ne puisse pas se déclarer comme ennemi de l’islamisme qui est une doctrine politique et non religieuse, sans être aussitôt accusé de racisme anti-musulman ?

ADV : C’est un peu comme les procès qu’on m’a intentés ! Quand on ne peut pas critiquer les arguments de quelqu’un et que son attitude logique et intellectuelle est irréprochable, on l’attaque en se servant de coups bas, ce que j’appelle la « guerre de représentations », qui est une forme de guerre psychologique par la désinformation et la « démoralisation-diabolisation » de l’Autre. On ne dit pas : « ceux qui critiquent l’islamisme ont tort parce que l’islamisme est bien », l’islamisme étant indéfendable. On les accuse d’être « anti-musulmans » et on fait croire qu’être anti-musulman est une forme de racisme dans la mesure où la majorité des musulmans, en France, sont arabes ou d’origine non-européenne. On a réussi, par un glissement sémantique, aidé par le terrorisme intellectuel du « politiquement correct », bien décrit par Taguieff, à assimiler anti-islamisme à « islamophobie » et « islamophobie » à « racisme ».. Je pense que ce glissement est dangereux puisqu’une religion n’est, en aucun cas, une « race ». J’estime qu’on peut critiquer une religion quand on précise, par ailleurs, qu’on n’a rien contre le peuple qui la pratique ce qu’on ne fait pas toujours vis-à-vis du judaïsme. Dès lors qu’il n’y a pas d’ambiguïté, qu’il n’y a pas d’attitude haineuse, on peut critiquer toute religion, y compris la mienne. L’imam de Marseille, Soheib Ben Cheikh, m’a dit trouver tout à fait sain que nous critiquions l’Islam - qui fait partie du patrimoine de l’Humanité - tant que cette critique n’est pas malhonnête et haineuse envers les Musulmans lambda. Je pense que cette attitude voltairienne est carrément souhaitable en cette époque de retour des tentations théocratiques ! Inversement, il est très grave d’assimiler à du racisme la critique de religions à vocation universaliste l’Islam ou le Christianisme. Ces religions – universelles - ne sont pas liées à un peuple précis. Il est clair que la critique de l’Islam ne peut, en aucun cas, être assimilée à un « racisme anti-arabe » dans la mesure où la plupart des musulmans ne sont pas arabes ! Ces derniers ne représentent que 20% du monde musulman et la plupart des musulmans sont Pakistanais, Indonésiens, Iraniens, etc.

Mouloud Aounit et le MRAP, avec d’autres, sont, en France, les grands artisans de ce terrorisme intellectuel. Le MRAP était une organisation intéressante il y a quelques années, mais elle a été infiltrée et récupérée par des gens qui ont détourné les buts originels de ce mouvement anti-raciste. Aujourd’hui, il privilégie une forme de racisme et en dénie d’autres. Pour moi, cet anti-racisme sélectif équivaut à du racisme.

P-E : Quel est l’état des lieux de l’infiltration islamiste en Europe ? Représente-t-elle, aujourd’hui en 2005, un danger maîtrisable, préoccupant ou mortel ?

ADV : Cela représente un grand danger, parce que, là aussi ça relève de la guerre de l’information et des techniques classiques de subversion. Subversion (subvertire) signifie renverser. Les islamistes ont bien appliqué cette technique de subversion. Ils ont subverti les valeurs occidentales parce qu’ils savaient très bien qu’en avançant clairement comme des théocrates adeptes du Jihad et de la Charia, ils échoueraient. Le terrorisme n’est que la face émergée de l’iceberg. Les islamistes sont dangereux aussi et surtout parce qu’ils ont réussi à faire passer la cause islamiste comme l’équivalent d’une cause tiers-mondiste, anti-raciste et anticolonialiste. Et cela, au nom de l’anti-racisme et au terme d’une stratégie d’infiltration d’organisations anti-racistes et de détournement de leurs discours, notamment concernant les mémoires et les souffrances. Être pro-islamiste ne veut plus forcément dire, de nos jours, ennemi de l’Occident. L’islamisme ne serait qu’une réaction à l’intolérance occidentale et au colonialisme. Il serait la conséquence d’une forme de néo-colonialisme interne. Les colonisés d’hier, à l’extérieur, seraient colonisés ici, aujourd’hui. Il y aurait une sorte d’apartheid. Tous ces discours se retrouvent chez Tarik Ramadan. Il est très malin, il n’avance pas en théocrate obscurantiste qui veut voiler toutes les femmes de manière machiste et misogyne, à la « talibane ». Il présente le voile comme la preuve identitaire de l’enracinement islamique de la jeune musulmane, comme un outil qui lui permettrait d’échapper à une sorte de néo-colonialisme culturel imposé par une laïcité extrémiste fossoyeuse d’identités. Le discours est très identitaire. En surfant sur l’anti-racisme et le mal identitaire lié à la mondialisation et au déracinement par l’immigration, les plus intelligents des islamistes ont fait croire qu’ils n’étaient pas du tout des théocrates barbares, violents ou obscurantistes. Il ne s’agirait que d’une réponse identitaire à un malaise provoqué par le racisme.

Au terme de cette stratégie, le danger subversif devient évident. Il apparaît aussi difficile à combattre que certaines formes de gauchisme qui s’expriment toutes au nom de termes valorisants. Que pouvez-vous répondre quand on vous avance des expressions comme « liberté », « anticolonialisme », « droit à la différence » ? Ils ont monopolisé certains thèmes, ceux de l’immigration, de l’antiracisme, du progressisme, de la colonisation. C’est pourquoi ils sont si dangereux et difficiles à combattre. Tarik Ramadan ou l’UOIF sont plus dangereux que certains activistes radicaux relativement identifiables. Ils sont numériquement plus importants et ce sont eux qui parviendront, à terme, à emporter l’influence sur certains quartiers. Je pense à ces jeunes filles dont la liberté et le degré d’émancipation régressent de jour en jour. Certaines d’entre elles, qui auraient violemment combattu l’islamisme il y a quelques années, finissent par succomber à ses sirènes parce que ce biais anti-raciste et identitaire les a, au bout du compte, subverties et subjuguées. De plus, dans une théorie paranoïaque, si on a l’impression d’être victime, par essence, du racisme et que le Français judéo-chrétien est foncièrement identifié comme un ennemi, l’islamisme apparaît, dès lors, comme la réponse unique qui peut préserver la communauté musulmane – elle-même un mythe -, ou du moins la représentation qu’on peut s’en faire et qui finit par devenir une réalité.

P-E : Vous étiez, au début de l’année 2003, opposé à l’intervention américaine en Irak. Pourquoi ? Et aujourd’hui, deux ans après, quel bilan en tirez-vous ?

ADV : En 2003, je n’ai pas écrit une seule ligne pour m’opposer à la seconde guerre du Golfe. J’avais nettement critiqué la première intervention de 1991 qui n’était pas complète, qui n’était pas logique du point de vue américain puisqu’ils n’étaient pas allés jusqu’à Bagdad, et qui, à mes yeux, n’avait servi à rien. D’ailleurs, onze ans d’embargo n’avaient fait que réveiller, un peu partout, les flammes de l’islamisme profitant de la représentation ‘victimiste’ d’un Irak affamé par l’horrible Occident pénalisant les peuples plus que les régimes. Saddam Hussein était resté en place douze ans et avait continué de gazer des Kurdes et des Chiites.

En revanche, je me suis gardé de critiquer la seconde intervention américaine et je pensais que s’il s’agissait, effectivement, de déloger Saddam Hussein, ça pouvait être dangereux mais ça pouvait aussi bien se passer, ce qui m’incitait à la prudence.
Prudent, je le reste aujourd’hui et j’en parlais, il y a peu, avec Daniel Pipes. Nous sommes d’accord sur l’idée de la persistance d’un danger qui n’est plus seulement celui du Sunnisme de Ben Laden mais aussi celui de l’avancée stratégique du régime des mollahs de Téhéran avec la revanche historique des Chiites qui reprennent le contrôle des lieux saints de Kerbala et de Nadjaf.
En revanche - et c’est peut-être en cela que j’ai changé -, je reconnais avoir été agréablement surpris par la diplomatie américaine qui a imposé une politique étrangère coercitive.

P-E : Justement : renoncement de la Libye à son programme nucléaire, recul sur bien des points de l’arrogance syrienne, notamment au Liban, élections en Arabie Saoudite, en Égypte, dans les territoires palestiniens, échec de la seconde Intifada : l’effet domino de cette guerre d’Irak ne commence-t-il pas à se faire sentir ?

ADV : Effectivement, en délogeant un dictateur ici on a suscité de l’espoir chez tous ceux qui en ont assez des dictateurs ailleurs, dans les territoires palestiniens par exemple. En Arabie Saoudite, de manière extrêmement limitée - mais tout de même, c’est mieux que rien – il y a quelques urnes qui ont été sollicitées. En Irak, la population est allée voter malgré des risques énormes. On a l’impression, effectivement, que cette stratégie américaine d’un nouveau Moyen-Orient, à partir du foyer irakien d’où l’on déloge un dictateur, a moins de chances d’échouer qu’auparavant.

L’Irak n’avait pas été attaqué pour ce qu’il était mais parce qu’il était le point faible, le ventre mou de la région où l’on pouvait intervenir relativement facilement pour faire tomber les autres cartes.

Au sein des populations arabes du Koweït, d’Arabie Saoudite ou d’Egypte, on entend désormais des propos étonnants et mesurés caractéristiques d’un après-Saddam et d’un après-Arafat.

Beaucoup d’aspects positifs donc, mais sans jouer au faux prophète ou à l’alarmiste, je pense que rien n’est encore fait et il faut rester prudent sur ce qui va se passer.

P-E : Peut-on espérer que cet effet domino dépasse les limites du monde arabo-musulman et touche les rivages européens ? En d’autres termes, la modification du paysage géopolitique mondial pourrait-elle, en Europe même, couper l’herbe sous les pieds de l’alliance « Rouge-Brun-Vert » et la renvoyer à sa marginalité naturelle ?

ADV : Malheureusement, je n’en suis pas sûr. Le levain du totalitarisme est le ressentiment et le sentiment d’humiliation vis-à-vis d’un Autre foncièrement mauvais, diabolique, mal intentionné, puissant, responsable des maux dont on souffre. Or, l’Europe est faible militairement et stratégiquement. Je suis d’accord avec un « faucon » américain, Robert Kagan qui a écrit un livre remarquable sur les rapports entre l’Europe et les Etats-Unis où il démontre que le ressentiment de la vieille Europe à l’égard des Etats-Unis provient de sa propre faiblesse. Elle en veut toujours à l’Amérique d’être hégémonique puisqu’elle ne se donne aucun moyen d’être forte.

Je suis pour une Europe forte et c’est aussi pour cela que je suis opposé à l’entrée de la Turquie. Je suis pour une Europe-puissance, forte et cohérente qui approfondisse l’Europe de Giscard d’Estaing, qui se dote de véritables moyens de politique étrangère et de sécurité, d’une véritable armée avec des budgets militaires augmentés tout en étant raisonnables. Ils sont actuellement dérisoires, ce qui signifie qu’on sort de l’Histoire, qu’on refuse d’être des acteurs capables, comme les Américains, de déployer des troupes à longue distance pour des scenarii d’interventions stratégiques. On ne se cantonne qu’à des interventions humanitaires limitées qui ne sont pas du ressort d’une puissance stratégique.

On ne peut pas combattre les « Rouge-Brun-Vert » sans offrir une puissance à l’Europe parce qu’ils sont l’alliance des islamistes ‘ressentimentaux’ qui ont la haine de l’ancien colonisateur d’une part, des nazis ou des nostalgiques du nazisme qui en veulent à l’Amérique et aux Juifs de dominer le monde d’autre part, et enfin des Rouges, éternels ennemis de l’hégémonisme américain opposé au tiers-monde et à la vieille Europe. L’un de leurs moteurs est intrinsèquement lié à la faiblesse de l’Europe. C’est pourquoi ils s’y développent si bien, au contraire de ce qui se passe dans cette Amérique forte. Pour le moment, les « Rouge-Brun-Vert » sont une création européenne, le résultat de la mauvaise conscience européenne et des vieux démons européens qui s’allient avec des islamistes pour en découdre avec celui dont ils sont jaloux, l’hégémon américain. Cette confluence, à mon avis, ne fait que commencer. Elle n’a vraiment débuté, de façon assez inouïe, qu’après le 11 septembre 2001 et surtout à partir de la seconde guerre d’Irak de 2003. On les voit poindre partout, en Turquie, en Russie où l’on ne peut plus faire la différence entre un communiste et un nazi, réunis qu’ils sont par l’ultranationalisme, l’antisionisme et un antisémitisme forcené, pathologique et obsessionnel. On y retrouve, y compris au sein du PC russe, le même anti-américanisme, le même pro-islamisme et le même pro-arabisme que dans le reste de l’Europe.


P-E : Nous connaissons votre opinion négative quant à l’entrée de la Turquie en Europe. Que répondez-vous à ceux qui considèrent qu’il vaut mieux attirer la Turquie dans le giron européen plutôt que de la laisser risquer l’aventure islamiste?

ADV : Le paradoxe de cet argument est que c’est justement au moment où des islamistes purs et durs – et là, je peux prouver qu’ils le sont – arrivent au pouvoir en Turquie que l’on nous fait croire que la Turquie dans l’Europe serait une garantie contre l’islamisme. Je peux vous prouver que c’est exactement l’inverse. Quand on est un vrai partisan de la Turquie, telle qu’on la défend avec ses images d’Epinal de pays laïque et kémaliste, on ne peut pas logiquement prétendre la soutenir en aidant Erdogan et les islamistes actuellement au pouvoir. Ils viennent tout de même d’un mouvement profondément radical et antisémite, ont été condamnés pour incitation à la haine religieuse, sont pour la polygamie, ce qui a été ouvertement déclaré par Erdogan. Ils ont voulu condamner l’adultère et le flirt par ce fameux projet de loi qui a tant fait scandale. 30% des députés de ce parti sont polygames. Ils sont adeptes d’un islamisme anti-Atatürk et veulent utiliser l’Europe et ses valeurs humanistes, là aussi de façon subversive, pour défendre le voile et la réislamisation de la Turquie.

P-E : L’armée turque, profondément laïque et kémaliste n’est-elle pas le garant d’une Turquie à vocation européenne ?

ADV : Justement ! Le principal obstacle des islamistes turcs était le conseil national de sécurité, le MGK, structure militaro-civile contrôlée par l’armée. Mais Bruxelles a posé comme condition la destitution, pour le MGK, de ses pouvoirs politiques et militaires, faisant ainsi le jeu des islamistes.

Badinter a parfaitement répondu à ceux qui veulent inviter la Turquie en Europe pour l’empêcher d’aller dans le giron de l’Islam en les renvoyant à leur naïveté. Erdogan, de retour de Bruxelles, était accueilli triomphalement, en conquérant de l’Europe, et signait, dès le lendemain, un accord d’association historique avec la Syrie ! Ce qui est très étonnant est qu’on en a très peu parlé dans les médias. Au même moment où la Turquie islamiste entrevoit de se débarrasser de ses militaires kémalistes grâce à l’Europe, elle se réconcilie avec la Syrie et prend le contrôle de l’Organisation de la Conférence Islamiste (OCI) ! Ce n’est pas n’importe quoi. Il s’agit d’une sorte d’ONU islamiste financée par les capitaux wahhabites saoudiens. Erdogan et son ministre des Affaires Étrangères sont très proches de l’Arabie Saoudite, adeptes d’un islamisme ‘soft’ en apparence mais wahhabite et réactionnaire à l’intérieur.

On a bien affaire à des gens qui, subvertissant les valeurs européennes, veulent asseoir sans violence une petite révolution islamiste douce et en finir définitivement avec les valeurs kémalistes que Erdogan combat clairement : quand il se vante d’envoyer ses deux filles étudier aux Etats-Unis pour échapper à la loi laïque turque qui oppresse les femmes voilées, on voit bien qu’il conspue cette laïcité tellement mise en avant par les partisans de l’entrée de la Turquie en Europe. Vous voyez tout de suite de quelle incohérence je veux parler.

P-E : Il n’y pas que des islamistes en Turquie. Il existe également des mouvements d’extrême-droite.

ADV : Je suis très étonné de voir à quel point on est indulgent, en Europe, vis-à-vis de l’extrême-droite turque, ultranationaliste et très puissante. Son principal parti, le MHP, n’a rien à envier à notre FN mais on n’en parle jamais en Europe. C’est un parti qui a pourtant pignon sur rue et une façade de respectabilité.

La Turquie reste ultranationaliste. Elle est comme elle est. On ne peut pas changer une mentalité et une civilisation à coups de modifications d’institutions, surtout quand ceux qui en sont à l’origine poursuivent des buts obscurs.

Je pense que la Turquie doit être encouragée à être un peu moins nationaliste et à respecter un peu plus les droits de l’homme. Là, ce sont les bons arguments des partisans de la Turquie dans l’Europe.

Je pense que l’on peut cependant proposer à la Turquie un statut privilégié qui va plus loin que celui, actuel, d’association, qui lui donne l’essentiel des aides qu’elle escompte obtenir de l’UE. On peut lui proposer, comme à des non-adhérents à l’UE mais appartenant à l’espace économique européen – la Suisse, par exemple –, toutes les formes d’harmonisation, tous les échanges, toutes les réductions de droits de douane.

P-E : Est-ce que vous appelez l’option du troisième cercle ?

ADV : L’option du troisième cercle est plus qu’un simple statut d’association comme celui qui existe avec la Tunisie, plus que l’union douanière actuelle. C’est une forme intermédiaire entre l’union douanière et l’adhésion pure et simple. C’est participer à tout ce que fait l’UE sauf le pouvoir de décision politique et institutionnel, c'est-à-dire, tout sauf le parlement européen. En revanche, tout ce qui concerne le commerce, les échanges universitaires, les grands programmes d’uniformisation ou structurels doit être développé. Il faut que des sommes assez considérables soient allouées à la Turquie pour que la « carotte » adhésion continue de susciter, en Turquie, des mouvements de réforme et de démocratisation. Mais il ne faut pas, non plus, faire le jeu de ceux qui veulent abolir les derniers cercles du pouvoir kémaliste.

Les institutions européennes seraient incompatibles avec la semi-démocratie qu’est la Turquie, menacée par la montée de l’islamisme depuis sa naissance. Atatürk a été agressé par les grandes confréries islamistes. Il a placé sa capitale à Ankara pour échapper justement au Sultan après son abolition du califat. Il a fait la guerre à la fois aux imams, aux grandes confréries religieuses et à l’institution du califat et du sultanat.

Depuis la création de cette Turquie moderne, en 1923, la Turquie vit une sorte de guerre civile larvée. Les forces qui sont aujourd’hui derrière Erdogan veulent laver l’affront perpétré par l’affreux Juif masqué et franc-maçon qu’était, à leurs yeux, Atatürk. Il est encore aujourd’hui considéré par les islamistes du monde entier, et même par tous les musulmans orthodoxes un peu religieux, comme la bête noire.

Ce que je crains, dans une démocratisation de la Turquie trop conforme à nos schémas, c’est le syndrome de 1933. Que des anti-démocrates profitent d’une démocratie formelle pour prendre le pouvoir et aller, un jour, beaucoup plus loin dans leurs réformes islamistes. On n’a tout de même pas vocation à favoriser la destruction d’un Kémalisme déjà fragile et surprotégé artificiellement par l’armée, les partis kémalistes ne faisant, depuis des années, que 10% aux élections. La vénération pour Atatürk est constamment entretenue par le MGK et par les militaires mais tout cela reste bien fragile.

On peut comparer la Turquie à la Tunisie. Dans les deux cas, c’est quelque chose de peu démocratique, qui est le moins mauvais des systèmes et qui est le plus à même à lutter contre la poussée islamiste.

Tant que l’islamisme sera à la mode et qu’il y aura, comme le dit Daniel Pipes, une tentation totalitaire, le danger persistera, avant tout pour les musulmans eux-mêmes.

Face à Hitler, face à Staline, on ne peut pas utiliser éternellement des mesures démocratiques et pacifiques. L’article 16 de notre Constitution, comme Périclès et les systèmes grecs, prévoit des phases non démocratiques de l’Histoire, et pour préserver nos démocraties, on est obligé de ne pas être dans une démocratie parfaite du point de vue formel sinon ce sont les totalitaires qui, se servant de la démocratie et du système électoral, parviennent à détruire la société pluraliste.

Karl Popper avait décrit le syndrome de ces sociétés pluralistes ouvertes. Jusqu’où et face à qui doivent-elles le rester ? Je crois qu’on est en droit de se poser cette question. Je crois, comme les Américains, qu’il y a du bien et du mal. Certains systèmes sont moins mauvais que d’autres.

La Turquie est encore laïque, alliée avec Israël et les Etats-Unis. Elle est le représentant d’un système unique, je le répète, dans le monde musulman, le Chah d’Iran et Bourguiba ayant disparu. Ne soyons pas ceux qui détruiront cette Turquie.

P-E : Nous avons largement développé les risques politiques de l’entrée de la Turquie en Europe.. Pouvez-vous nous parler aussi des risques économiques qu’elle entraînerait?

ADV : Tout d’abord et pour en finir avec les risques politiques, il y a aussi le risque d’avoir cent députés turcs au parlement européen, des frontières avec l’Irak, l’Iran, la Syrie, la Géorgie, beaucoup de pays parmi les plus dangereux du monde.

Mais effectivement, il y a aussi un danger économique. On ne peut actuellement financer, avec le 1% du budget européen, les 18 à 20 milliards nécessaires pour aider la Turquie avec les fonds structurels. La PAC est déjà en train d’imploser. Avec la Turquie, elle implosera complètement. M. Bolkestein, l’autrichien Franz Fischer le reconnaissent, tout comme des commissaires européens chargés des questions agricoles, tout à fait autorisés à s’exprimer sur le sujet et qui ont récemment publié des rapports assez inquiétants. Et là, il ne s’agit pas de Philippe de Villiers ou d’eurosceptiques. En matière de PAC, la Turquie sera, à elle seule, plus consommatrice de budget européen que les dix pays fraîchement admis.

L’artisanat européen, le textile, le vêtement en général, sont en danger. Tout un pan de l’artisanat espagnol, italien, grec et français risque d’être totalement ruiné.

Il y a aussi un risque de délocalisation massive, même en cas d’installation de l’Euro. Actuellement, il existe un rapport de un à dix en matière de niveau de vie. Le même rapport existe au sein de la Turquie entre l’Est et l’Ouest ! Cette disparité perdurera. En conséquence, surviendra une immigration de main d’œuvre turque de plus en plus incontrôlable.
Donc risques économiques, risques sociaux difficiles à gérer.

L’Euro est déjà en grande difficulté du fait de la disparité entre les 25 car on ne bénéficie pas de ce qu’on appelle, en économie, une zone optimale monétaire.. La Turquie ne fera qu’aggraver les dysharmonies déjà présentes en matière monétaire et économique.

Le système actuel est fait pour une Europe approfondie, pas pour un concept d’Eurasie, avec des économies de l’Est déjà très en retard, représentant un poids pour les autres.

Il est irresponsable de faire croire que ce système survivra dans un espace eurasiatique.

P-E : Vous parliez d’irresponsabilité. Jacques Chirac, malgré les réalités que vous venez de décrire, malgré la forte opposition nationale, y compris et surtout dans son propre camp politique, continue de soutenir la candidature turque. Pour quelle raison ? Quels intérêts poursuit-il ?

ADV : Jacques Chirac a une peur bleue du réveil de l’islamisme et du choc Islam-Occident depuis le traumatisme des attentats de 1986, depuis les menaces du GIA dont il avait reçu des lettres l’enjoignant à la conversion à l’Islam au risque d’être lui-même assassiné, dans les années 90. Il a été traumatisé par les attentats de 95, par l’affaire Khaled Khelkal. Il a été confronté au terrorisme islamiste chaque fois qu’il a été au pouvoir. Je ne dis pas qu’il a peur pour lui-même mais il est persuadé qu’il faut conjurer un choc des civilisations qui mettrait à feu et à sang la France et l’Europe.

Sa stratégie consiste en l’amitié avec le monde arabe et le monde musulman. L’entrée de la Turquie en Europe en fait partie. Il est persuadé que cela calmerait la haine des islamistes. Cela n’a aucun rapport avec le moindre cynisme économique. Cela ne relève même pas de l’influence de son ami, feu Rafic Hariri.

C’est plus simple que ça : pour lui, il ne faut pas donner à l’Europe une identité judéo-chrétienne trop voyante qui braquerait l’Islam. Il croit qu’une Europe islamo-judéo-chrétienne, avec l’entrée de la Turquie, calmerait le monde arabo-musulman.
Ce que je vous dis est écrit noir sur blanc dans un rapport de la Fondation pour l’Initiative Politique de Jérôme Monod, qui est l’un des principaux conseillers et idéologues du système chiraquien : l’Europe doit être, à l’opposé d’une Amérique qui brandit la Bible, laïque, non identitaire, tiers-mondiste et surtout pas judéo-chrétienne. Une dose de pays musulmans dans l’Europe permettra de noyer cette identité trop marquée.

L’idée de cette conjuration du choc des civilisations est tellement importante pour Chirac que l’aval populaire n’est pas important à ses yeux. Il pense convaincre le peuple par la pédagogie et se dit que s’il vote mal, on le fera revoter autant qu’il le faudra pour permettre l’entrée de la Turquie. Il n’a pas tout à fait tort d’y croire puisque sa dernière intervention à Bruxelles en décembre 2004 a permis de faire passer, dans les sondages, les opposants à l’entrée de la Turquie, en France, de 70% à un peu moins de 50% ! Il a une forte capacité de conviction et va déployer toutes ses forces pour convaincre l’opinion publique.

C’est une vraie bataille qui se joue entre Sarkozy et Chirac. Personnellement, j’ai totalement rejoint, au sein même de l’UMP, mon parti, les positions de Sarkozy. C’est aussi un peu Sarkozy qui a rejoint les nôtres puisque nous avions commencé, il y a 3 ans, avec Rachid Kaci et François d’Aubert à organiser des réunions pour tenter de convaincre Alain Juppé de prendre position contre la Turquie en Europe. Je crois pouvoir affirmer que nous avons influencé beaucoup de dirigeants de l’UMP de l’époque et que nous avons pas mal motivé les militants. En ce temps-là, c’était un peu mal vu et considéré comme anti-turc. Aujourd’hui, on voit de plus en plus qu’on peut être un ami de la Turquie et défendre ce qu’il y a de mieux dans ce pays, le Kémalisme, tout en étant contre son entrée dans l’UE.

Mais il ne faut pas mélanger les choses comme Nicolas Dupont-Aignan : pour lui, il faut dire non à la constitution pour dire non à la Turquie. De ce point de vue, je me distance des villiéristes et des souverainistes et je refuse de répondre « non » à tout. Il n’est pas du tout antinomique d’être pour la constitution européenne et d’être contre l’entrée de la Turquie en Europe.

P-E : Quel jugement portez-vous sur les contacts récents entre Michel Barnier et Condolezza Rice ? Croyez-vous en une refondation de l’axe atlantique ?

ADV : Je pense que tout est toujours possible parce que Chirac et son équipe, sauf Villepin qui est un roc, se caractérisent par une mouvance constante et une capacité d’évolution. Souvenez-vous du Chirac d’il y a 20 ans : contre l’entrée de la Turquie en Europe, contre le processus de construction européenne ! Il était, à l’époque, conseillé par Marie-France Garaud. C’est un homme qui a toujours changé. Il est capable de virages à 180 degrés. Rappelez-vous qu’en 95, il avait choqué avec ses essais nucléaires, un rapprochement avec l’OTAN et les Etats-Unis. On l’accusait alors de l’inverse de ce pourquoi on le loue aujourd’hui. On l’accusait de trahir le Gaullisme et de faire revenir la France dans le giron du système politique intégré de l’OTAN qu’on avait quitté en 1966.

S’il voit un intérêt à se rapprocher des Etats-Unis, à un moment ou à un autre, s’il se rend compte que la stratégie anti-américaine n’a pas payé, il est capable de provoquer un rapprochement historique. Et l’Amérique, elle-même, n’est pas stupide et sait qu’en Europe, la France reste, malgré tout, le pays prépondérant, plus que l’Allemagne qui s’embourbe depuis quelque temps avec un leader qui ne se montre pas particulièrement à la hauteur. L’Angleterre a un statut spécial qui n’est pas si stratégique que ça pour les Etats-Unis, contrairement à ce qu’on croit.

Ce que craignent le plus les Américains, c’est le pouvoir de séduction idéologique – ou de nuisance ! - de la France sur les autres pays européens. C’est pourquoi ils cherchent toujours à se réconcilier avec les Français. Même si la France est stratégiquement moins forte que par le passé, elle reste leader, au sein d’une certaines Europe, dans le domaine des idées.

Les Etats-Unis comptent sur deux choses en Europe : les pays de l’Europe de l’Est, alliés très sûrs, et une France que l’on se doit de courtiser. Le rapprochement Barnier-Rice s’inscrit dans cette volonté de passer l’éponge, même si personne n’est convaincu, et d’oublier cette brouille terrible qui est allée très loin avant le déclenchement de la guerre d’Irak. On utilise certains thèmes, comme la Syrie et le Liban, pour se réconcilier. En ce qui concerne le Proche-Orient, la France commence à se rendre compte qu’elle a misé sur le mauvais cheval avec Arafat jusqu’au dernier moment et essaie, à présent, de se rattraper.

P-E : Bien que ce ne soit pas à l’ordre du jour, que penseriez-vous de l’intégration d’Israël à l’UE ? Là, pas de danger d’islamisation, pas de risque démographique. Seulement l’association à un pôle d’excellence technologique et culturel.

ADV : C’est vrai ! Non seulement l’idée d’une association d’Israël à l’UE ne m’a jamais gêné mais j’étais même un des premiers à la proposer. J’ai même dit dans mon livre sur la Turquie qu’on nous parlait des racines européennes de la Turquie alors qu’Israël est, de façon évidente, beaucoup plus européen que la Turquie. Israël a été fondé par des Européens. Les premiers pionniers ashkénazes étaient européens à 100%. Il est, au moins, aussi européen que la Russie. Certains nous demandent d’intégrer la Turquie pour pouvoir, ensuite, intégrer Israël et le Liban. Moi, je dis qu’on n’a pas besoin de passer par la Turquie pour intégrer Israël qui est déjà d’essence européenne.

Là aussi, Sarkozy est habile puisqu’il est allé serrer la main de Sharon au moment même où on acceptait la candidature turque à l’UE. Et ce jour-là, il a déclaré son opposition à l’entrée de la Turquie en Europe en même temps qu’il prônait l’activation d’un processus d’association d’Israël à l’UE. Il n’a pas utilisé le terme prématuré d’adhésion en raison des obstacles diplomatiques très précis qu’il sait difficiles à lever pour l’instant.

En tout cas, je suis pour ! Puisqu’on parle de la Turquie dans l’Europe, donnons au moins autant à Israël qu’à la Turquie. Ça me paraît, pour le moins, une question de devoir, une question de responsabilité historique.

Je suis d’accord avec Sarkozy : avant que la Turquie n’entre dans l’Europe, proposons au moins à Israël un statut d’association unique équivalent à celui qui fut proposé à la Turquie en 1963. Là, les rapports seraient un peu mieux équilibrés et je commencerais à mieux comprendre la diplomatie européenne. Mais tant qu’Israël n’aura même pas ce dont bénéficie la Turquie depuis 1963, les Israéliens auront raison de se sentir mis à l’écart par l’UE et injustement traités.

P-E : Alexandre del Valle, vous avez, tout au long de cet entretien, marqué une constante position pro-israélienne. Etes-vous juif?

ADV : Non. Je suis baptisé. Je ne vais pas vous apprendre qu’aux Etats-Unis comme en Europe, ce sont parfois des Chrétiens qui défendent le plus Israël - Chrétiens évangéliques notamment, mais également de grands Chrétiens comme Alain Besançon - et inversement des Juifs honteux qui accablent le plus ce petit pays si fort et vulnérable à la fois mais unique en son genre, de par ses réalisations géniales et son retour inattendu sur la scène de l'Histoire. Du point de vue géopolitique, les anti-israéliens doivent simplement comprendre qu'Israël est un fait incontournable, que les Juifs ont définitivement compris qu'ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes depuis la Shoah et donc que cet Etat vivra quoi qu'en pensent ses ennemis.

Pour ma part, je ne pense pas être spécialement "pro" quoi que ce soit ou qui que ce soit. Mais je revendique profondément une identité "judéo-chrétienne" qui intègre Israël comme membre à part entière de la réalité géo-civilisationnelle panoccidentale que je défends. N'oublions pas, nous Occidentaux, que nous sommes tous des "Judéo-chrétiens". Il est vrai que je défends Israël face à la désinformation et à la haine, comme j’ai défendu les Arméniens ou les Serbes et les Chrétiens du Liban. Mon pro-israélisme n'implique d'ailleurs ni un anti-palestinisme ni un anti-arabisme: je désire seulement que les peuples arabo-musulmans sortent de la mentalité théocratique qui les maintient dans la misère et la dictature, qu'ils cessent de croire que tous les maux de la terre viennent des Juifs ou des "sionistes". Car même si Israël est critiquable comme tout Etat, la théorie du bouc-émissaire et l'antisionisme primaire appartiennent à l'univers de la théorie du complot et de la paranoïa collective que je réfute et combats.

P-E : Une dernière question pour conclure: en allant du meilleur au pire, quels sont, selon vous, les différents scenarii possibles quant au remodelage géopolitique mondial et européen des cinquante prochaines années ?

ADV : Je crains surtout la montée de la puissance chinoise et je pense que la perspective d’une guerre entre la Chine et les Etats-Unis ne peut être totalement écartée. Autour de Taiwan et de la volonté chinoise de se redéployer en Asie, on a toute une série de conflits possibles avec le Japon ou les Etats-Unis. Il faudra aussi compter avec la montée en puissance de l’Inde.

La Chine sera un concurrent économique redoutable pour l’Europe et les Etats-Unis. Il est même possible que l’Europe soit ruinée par la montée en puissance de l’industrie et de l’artisanat chinois. Les régions de l’Est de la Chine deviennent compétitives et prospères avec, dans 20 à 25 ans, entre l’Inde et la Chine, près de 200 millions de personnes qui appartiendront aux classes moyennes capables de consommer. Cela représentera, en même temps que de nouveaux marchés, une concurrence féroce pour nous. La consommation de matières premières en Chine sera très difficile à gérer. L’Occident manquera dans 50 ans de pétrole, la puissance chinoise, grande consommatrice d’énergie, encore plus. Des guerres, au moins économiques, éclateront entre Chinois et Occidentaux pour le contrôle des énergies. La seconde guerre du Golfe avait servi aussi à contrôler les matières premières énergétiques pour disposer d’un moyen de pression sur la Chine.

Il faut prévoir des conflits indo-chinois et indo-pakistanais, ou du moins de fortes tensions. La partie asiatique du monde est celle où l’économie se développe le plus rapidement en même temps que celle où les budgets militaires croissent le plus vite chaque année. La prolifération balistique conventionnelle et nucléaire y est absolument stupéfiante.

Je crains que l’Europe soit « larguée » économiquement, militairement et stratégiquement, embourbée dans son État-providence, divisée au niveau de ses diplomaties. L’UE évolue de plus en plus vers l’état de « ventre mou » qui sort progressivement de l’Histoire, comme dit dans un titre de ses livres, mon maître, le général Gallois. Ne perdureront comme acteurs fondamentaux que les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Japon, l’Asie-Pacifique émergente. L’Europe sera un no man’s land, bien sûr prospère pendant encore pas mal d’années, mais en décadence progressive pour avoir abdiqué dans les domaines de la puissance, de l’efficacité économique et de la stratégie. L’Europe aura perdu ses plumes dans l’Etat-providence, l’assistanat et le déclin démographique. C’est ce dernier point qui est mis en avant par les partisans de l’entrée de la Turquie en Europe, avec l’idée de l’arrivée de pays jeunes qui enrichiraient démographiquement l’Europe. Ce serait aller de Charybde en Scylla. Ce serait peut-être une solution pour les retraites mais au prix d’une perte de cohérence culturelle et civilisationnelle.

L’Europe risque de devenir le parent pauvre d’une nouvelle scène internationale qui verra son centre géopolitique, le heartland de Mackinder pour qui ce centre était la Russie, se déplacer en Asie-Pacifique avec l’Amérique qui est un acteur de l’Asie-Pacifique, sans l’Union Européenne.

P-E : Alexandre Del Valle, je vous remercie.

Interview réalisée par Jean-Pierre Chemla pour Primo-Europe ©

*Guerres contre l’Europe, Éditions des Syrtes (version réactualisée octobre 2001) ; Le totalitarisme islamiste à l’assaut des démocraties, Éditions des Syrtes, 2002 ; La Turquie dans l’Europe, un cheval de Troie islamiste ?, Éditions des Syrtes.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Maurice (Maurice) le vendredi 18 mars 2005 - 23h30:

Samir Kassir, qui éditorialise d'une plume acérée dans le quotidien libanais Al-Nahar, n'épargne aucun travers de son monde arabe qu'il aime d'amour vache : le mythe de «l'âge d'or» et son corollaire, le «deuil inabouti de la grandeur», qui fait que «le malheur des Arabes serait dans leur impuissance à être après avoir été» ; «l'impuissance» à prendre en main son destin ;le «littéralisme coranique» et, son pendant politique, l'a-historicisme des mouvements islamistes ; le culte de la «victimisation» et le «refus de l'universel» ; la «totémisation de la résistance» qui fait du Hezbollah un modèle et du kamikaze un héros, etc.

Mais tout n'est pas perdu, plaide Samir Kassir. Le monde arabe, qui a la mémoire courte, s'est empressé d'oublier la Nahda (renaissance, en arabe), cette séquence qui ­ au sens large ­ va de 1850 à 1950 et durant laquelle il assimile rapidement et sans effort tous les acquis technologiques de l'Occident, adapte, voire invente, une modernité originale qui passe par une éclosion nationaliste, un effort de réformisme religieux, une renaissance culturelle et un début de libération de la femme. A travers son avatar tiers-mondiste et révolutionnaire, Samir Kassir fait durer la Nahda jusqu'aux années 1970-1980.

Reste aujourd'hui à trouver les moyens de rouvrir cette «parenthèse enchantée».

© Libération
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Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Davideden (Davideden) le vendredi 18 mars 2005 - 20h30:

Maxiton,
Mes 2 phrases comme toutes phrases signifient ce que chacun voudra y comprendre. Acceptez mon interpretation.

Quand Mr Besnainou dit "On Yom Kippur we used to walk down the main street in Tunis wearing prayer shawls and skullcaps. Today you can't walk around that way in Paris." il fait une comparaison entre Paris d'aujourd'hui et Tunis d'il y a 50 ans et sure ce point nous somme d'accord.

Mon explication de cet amalgame que je veux croire honete est la nostalgie ou meme la nostalgie communiquee par un parent comme cela pourait etre le cas ici.

Toute autre explication serait insultante et donc bien loin de mes pensees. Neanmoins le but de mon message est de pas laisser cet amalgame devenir une arme dans l'arsenal des negationistes de l'histoire. Bien que la situation a Paris est loin d'etre bonne et bien que je sois persuade qu'il n'y pas de futur pour les Juifs en France, il reste plus facile d'avoir une Kippa sur la tete a Paris qu'a Tunis. De plus il semble qu'une bonne partie du probleme a Paris est ete importee en France de Tunis et de ses environs.

Maxiton, je vous souhaite a vous et a toutes Harisiennes et Harissien un bon Shabat et un Pourim Joyeux.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Maxiton (Maxiton) le vendredi 18 mars 2005 - 19h39:

Que signifie alors vos deux phrases ?

"Mr. Besnainou could you walk like that in Tunis?

Nostalgie quand tu nous tiens et tu nous mens.....
si seulement je pouvais avoir 20 ans. "

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Mena (Mena) le vendredi 18 mars 2005 - 19h05:

Communiqué relatif au cycle conférencier de la Ména du printemps 2005

Plusieurs analystes et journalistes de la Ména participeront cette année à notre cycle conférencier du printemps 2005, qui se déroulera en Europe, durant le mois de mai prochain.

Nos rédacteurs aborderont les nouvelles donnes stratégiques et politiques au Moyen Orient, la situation au Liban, en Syrie et en Irak, la crise nucléaire iranienne, les chances du processus de paix entre Israël et la nouvelle direction palestinienne, la situation médiatique en France, les vecteurs de l’antisionisme et de l’antisémitisme européens, ainsi que les aspects du désengagement de Gaza et son influence sur le paysage politique israélien. Il sera possible de procéder à la projection du film de la Ména au sujet de la controverse de Nétzarim (affaire A-Dura) à l’occasion de ces conférences.

J’invite les organisations et associations intéressées à accueillir une conférence de ce cycle dans leur ville à me contacter,

Viviane Miles
Coordinatrice du cycle conférencier Printemps 2005

info@menapress.com

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par A_Soued (A_Soued) le vendredi 18 mars 2005 - 18h53:

QUI EST LE HEZBOLLAH?

Source: ambassade d'Israël à Paris

Définition des objectifs

Hezbollah signifie en arabe « parti de Dieu ».

Le Hezbollah est une milice chiite islamiste soutenue par l’Iran et violemment opposée à l’Occident.

Sur l'emblème du Hezbollah, est écrit au-dessus de la main qui tient un fusil-mtrailleur : « Seuls [ceux qui font parti] de la religion d’Allah [c'est-à-dire Mohamed et ses fidèles] sont les gagnants »

Historique

1979 : des Gardiens de la révolution iranienne, les Pasdarans, débarquent au Liban pour exporter la révolution iranienne et sont accueillis par Mohamed Hussein Fadlallah dans les camps d'entraînement militaire érigés à cet effet.

1983 : deux élèves de Fadlallah sont promus « martyrs » à l'occasion d'attentats-suicides visant des bases américaine et française à Beyrouth.

16 février 1985 : naissance officielle du Hezbollah.


Les chefs

Mohamed Hussein Fadlallah, Inspirateur idéologique et « guide spirituel »

Théologien né en Irak d’une famille libanaise, il s’installe à Beyrouth en 1966. Il relaie les discours de l'ayatollah Khomeiny. Depuis l’instauration du régime des Ayatollah en Iran en 1979, l’Iran lui verse des fonds très importants.

Hassan Nasrallah, Secrétaire Général, dirigeant effectif

Il étudie en Irak avec le chiite radical Muhammad Baqir al-Sadr (oncle de Muqtada al-Sadr qui a combattu les Américains à Najaf). En 1978, il revient à Beyrouth, et devient rapidement le chef opérationnel du Hezbollah, puis son Secrétaire général depuis 1992.

Les membres du Hezbollah ont la particularité de faire le salut nazi (1).

Rappel des actes terroristes (extrait)

Victimes
- Libanais. Des centaines de Libanais chrétiens sont toujours portés disparus ; au moins 6 Libanais juifs ont été enlevés et assassinés, dont un homme de 80 ans et ses deux fils ; 17.000 Libanais en tout restent portés disparus depuis la fin officielle de la guerre du Liban.

- Soldats et civils israéliens.

- Soldats et civils occidentaux

Une centaine d'otages occidentaux a été enlevée par le Hezbollah. Parmi eux, 16 Français, 12 Américains, 4 Allemands et 8 Anglais. Dix sont morts exécutés.

Enlèvements, exécutions
Les enlèvements – de soldats ou de civils - sont une « spécialité » du Hezbollah. Le sort des otages est parfois caché des années, des décennies. Le plus célèbre kidnappé en Israël est Ron Arad, aviateur israélien capturé en 1986, et dont on est sans nouvelle depuis.

L’ONU parle de « disparition forcée » lorsque des personnes sont détenues contre leur volonté par des agents qui refusent ensuite de révéler le sort qui leur est réservé. Ce type d’enlèvements est considéré comme un crime non seulement à l’égard de la personne enlevée, mais aussi pour sa famille qui subit en plus de la disparition la torture morale de ne rien savoir.

Juillet 1982 : enlèvement de David Dodge, vice-président de l'Université américaine de Beyrouth, premier de la longue liste des otages du Hezbollah.

1983 : le Hezbollah enlève William Buckley, chef de la CIA à Beyrouth, puis l’assassine. Ses restes ont été retrouvés le 27 décembre 1991 dans la banlieue sud de Beyrouth.

1985 : 4 Français enlevés : 2 diplomates (Marcel Carton et Marcel Fontaine), 1 journaliste (Jean-Paul Kauffmann) et un chercheur au CNRS (Michel Seurat, exécuté en 1986. Son corps n'a jamais été retrouvé).

Le journaliste américain Terry Anderson, chef du bureau Moyen-Orient d'Associated Press, est détenu pendant près de 7 ans.

1986 : 6 Français enlevés, dont 4 journalistes d’Antenne 2.

1988 : William Higgins, un officier américain travaillant pour l’organisation de supervision de la trêve de l’ONU au Sud-Liban (UNTSO) est kidnappé par le Hezbollah, détenu pendant 528 jours avant d’être exécuté par ses ravisseurs.

2000 : 3 soldats israéliens sont enlevés le 8 octobre, et un civil, Elhanan Tannenbaum. En janvier 2004, les corps des trois soldats enlevés ainsi que Tannenbaum furent échangés contre 429 prisonniers libanais et palestiniens.

Attaques-suicides, attentats terroristes

18 avril 1983 : attentat-suicide au camion piégé contre l'Ambassade américaine à Beyrouth, revendiqué par le Hezbollah sous le nom de Jihad Islamique. 63 morts et 120 blessés.

23 octobre 1983 : explosions simultanées de deux camions piégés devant les casernes des « marines » américains et de l'Armée française à Beyrouth. 241 marines américains et 56 parachutistes français de la Force multinationale sont tués. La veille de l'attentat, les deux futurs « martyrs » étaient longuement reçus par le guide spirituel du Hezbollah, cheikh Mohamed Hussein Fadlallah.

21 décembre 1983 : attaque contre des soldats français de la FINUL au Liban Sud. Bilan : 10 morts, dont un soldat français, et 110 blessés.

1984 : l’annexe de l'ambassade américaine près de Beyrouth est frappée par un camion piégé : 16 morts.

1992 : le Hezbollah revendique l’explosion de l’Ambassade d’Israël en Argentine qui fait 29 morts et 242 blessés et ravage complètement le bâtiment.

20 novembre 2000 : une bombe placée sur la route en Israël fait sauter un autobus qui menait des enfants de Kfar Darom à leur école de Neve Dkalim, dans le Sud de la bande de Gaza. Il y a deux morts (deux adultes) et 9 blessés, dont 5 enfants. L’attentat a été revendiqué conjointement par trois groupes, dont un jusqu’ici inconnu, le Hezbollah en Palestine.

En France

Entre Décembre 1985 et Septembre 1986, 13 attentats (dont 2 avortés) à Paris font au total 13 morts et plusieurs centaines de blessés. Toutes les pistes remontent au Hezbollah et à l’Iran.

Détournement d’avions

Décembre 1984 : un avion de ligne koweïtien est détourné et deux passagers américains, employés de l'Agence Américaine pour le Développement International sont assassinés. Les Iraniens qui prirent d'assaut l'avion après son atterrissage à Téhéran promirent de passer les pirates de l'air en jugement, mais ils les laissèrent quitter le pays.

1985 : le Hezbollah pirate un autre avion américain de la compagnie TWA, le force à aller se poser à Beyrouth où il est retenu pendant 17 jours. Durant ces deux semaines un officier de la marine américaine à bord de l'avion est tué par balle, son corps jeté comme une charogne sur la piste, sous l’œil des caméras.

Attentat contre un bureau d'El-Al et une synagogue à Copenhague. 1 mort et 26 blessés.

1988 : Détournement du vol 422 de la Kuweit Airlines reliant Bangkok au Koweït. L'avion se pose en Iran, puis à Alger où les pirates s'échappent. 2 otages koweïtiens sont assassinés.

Bombardements et tirs

Entre 1983 et 2000 : innombrables tirs de katioucha et autres actions armées contre le Nord d’Israël faisant de nombreuses victimes dans les rangs de la population israélienne.

4 avril 2002 : le Hezbollah blesse 5 membres de l’ONU pour les empêcher de passer.

10 août 2003 : des tirs du Hezbollah sur le village israélien de Shlomi tuent un adolescent de 16 ans, Aviv Dadon, et blesse quatre autres personnes.

Coopération active avec les groupes terroristes palestiniens

Les documents saisis dans les bureaux de l'Autorité Palestinienne par l’armée israélienne pendant l’opération Rempart (avril 2002) prouvent sans ambiguïté l'action de Téhéran, de Damas et du Hezbollah dans le terrorisme palestinien.

Activité militaire commune Hamas, Jihad islamique, FPLP, Hezbollah : Dossiers des services de renseignement palestinien, rapport du 31 octobre 2001 - Rédigé à l'intention d'Arafat par Jibril Rajoub, chef d'un des services de renseignement palestinien : « Des réunions intensives se déroulent actuellement à Damas. Y participent les chefs du Hamas, du Jihad islamique, du FPLP-CG et du Hezbollah. Grâce à l'aide financière de l'Iran, il s'agit d'accroître les activités militaires communes. Tout cela intervient après qu'un message iranien a demandé aux responsables du Hamas et du Jihad islamique d'empêcher que la situation ne se calme en lançant des attaques suicides contre les Israéliens. L'argent sera transféré via le Hezbollah afin de déclencher l'escalade dans les prochains jours. »

Bateau Karine A : intercepté en mer par les Israéliens en janvier 2002, contenait 50 tonnes d’armes offensives envoyées par l’Iran à l’Autorité Palestinienne d’Arafat.

Mai 2000 : Retrait israélien du Sud-Liban

Entré au Liban en 1982 pour y chasser l’OLP qui le bombarde sans relâche, Israël se retire partiellement en 1985 en maintenant une zone tampon au Sud-Liban. En mai 2000 le retrait israélien est total - officialisé par l’ONU qui décrète que la « ligne bleue », frontière entre Israël et le Liban est respectée - et le Hezbollah prend « possession » du Sud-Liban.

Le Sud-Liban est totalement contrôlé par le Hezbollah.

L’armée libanaise n’y pénètre pas.

Le Hezbollah n’a plus le prétexte de la présence israélienne au Liban, ce qui ne l’empêche pas de tirer des obus et des missiles pour bombarder le Nord d’Israël.

Un loup déguisé en agneau

- Les années 80-90 sont marquées par le terrorisme international et les prises d’otage au Liban, et bien sûr les attaques incessantes sur Israël.

- Depuis le conflit israélo-palestinien en 2000 : le Hezbollah intensifie ses tirs de roquettes sur Israël et s’est invité dans le terrorisme palestinien.

« Est-ce une simple coïncidence si les opérations suicides ont repris en Israël au moment même ou le front Sud [du Liban] s'enflammait ? »

Al-Nahar, journal libanais, 14 août 2003

- L’Iran et la Syrie ont renforcé la capacité militaire et financière du Hezbollah.

- Le Hezbollah a ouvert un front sur la frontière Nord d’Israël et y envoie régulièrement des roquettes. La portée maximale des roquettes est de 40 km et peut atteindre Haïfa.

- Le Hezbollah a commandité et organisé des attentats en Israël : en 2004, le Hezbollah pilotait 51 cellules terroristes en Judée-Samarie et dans la bande de Gaza, commettant 68 attaques terroristes (24 Israéliens tués, 52 blessés).

Et aujourd'hui

Aujourd’hui, le Hezbollah a des milliers d’hommes en arme et une batterie de 12.000 missiles pointés vers Israël.

Depuis l’élection de Mahmoud Abbas, le Hezbollah tente de faire déraper le processus en cours entre les Palestiniens et les Israéliens.

Malgré tout cela, le Hezbollah cherche à masquer ses activités terroristes et ses buts hégémoniques en s’infiltrant de façon plus « douce » dans la société libanaise :

- Le Hezbollah, grâce à la prodigalité de l’Iran, dispense des aides sociales abondantes et assied ainsi son emprise sur la société libanaise.

- Le Hezbollah est entré au Parlement depuis 1992. Il a aujourd’hui 12 sièges sur les 128 du Parlement libanais.

Le Hezbollah d’autre part endoctrine quotidiennement les Libanais et le monde arabe grâce à sa télévision Al-Manar.

Nasrallah a donc un outil puissant pour diffuser ses messages et ses appels à la guerre du jihad contre l’entité sioniste :

- Novembre 2002 : « La nation islamique a recommencé à utiliser les attaques suicide ; sans ces attaques, la lutte n’a aucun sens. (…) Nous devons diffuser [l’idée de] la mort pour suivre la voie d’Allah et des actions suicidaires pour la lutte de la nation [islamique] afin de protéger notre terre. » (Nasrallah, El-Intikad (journal du Hezbollah), 15 novembre 2002)

- Mai 2003 : Nasrallah appelle les Palestiniens à continuer d’utiliser un langage de guerre et à poursuivre l’intifada et les opérations suicides : « La guerre du jihad contre l’entité sioniste durera tant que cette tumeur cancéreuse [Israël] ne sera pas extirpée ».

ØJuillet 2004 : Nasrallah déclare officiellement que son organisation soutient concrètement le terrorisme palestinien.

Où a-t-on vu un groupe parlementaire posséder 12.000 missiles dont l’ordre de tir ne dépend pas de l’Etat, mais de pays étrangers ? Existe-t-il au monde un « parti » représenté au Parlement qui a la capacité de frapper partout dans le monde, et qui commet des attentats à l’étranger ? Quel groupe parlementaire s’est spécialisé dans l’enlèvement de soldats et de civils ? Quel groupe parlementaire finance des terroristes pour commettre des attentats-suicides à hauteur de 100.000$ par acte ?

Les Libanais et l’Autorité Palestinienne accusent

Le Liban accuse :

Jubran Tweini, directeur d’un des plus grands quotidiens libanais, Al-Nahar, accuse Nasrallah d’ingérence dans les affaires palestiniennes (Al-Nahar, 14 août 2003). Son avis est représentatif de celui de la majorité des Libanais :

« Qui décide des actions militaires au Sud [Liban] ? Nous, Libanais, avons le droit de savoir comment ces décisions sont prises, vu qu'elles affectent directement tout le Liban et tous les Libanais. (…) Mais nous savons bien, au fond, que ce n'est pas le Liban qui détermine la poursuite des opérations militaires au Sud. (…) On peut dire que l'impuissance du gouvernement, et le fait qu'il n'assume pas ses responsabilités nationales, en ont fait, aux yeux du monde, le principal responsable des violations de la paix au Sud Liban, bien que certains de ses membres s'efforcent, par des communiqués et des déclarations, d'occulter le rôle du Hezbollah et ses opérations. (…) Nous sommes opposés au Hezbollah parce que ce dernier n'a pas le droit d'exister en tant que mouvement armé dans l'Etat, notamment depuis l'accord de Taif. Le Hezbollah n'a pas le droit d'opérer comme un Etat dans l'Etat, par [la politique du] fait accompli, ni d'appliquer sa propre politique comme s'il n'existait pas d'institutions gouvernementales (…) Il est inadmissible de laisser le Hezbollah décider de l'usage de la force contre Israël. [Cette initiative] doit être celle de tous les Libanais dans le cadre d'une décision nationale globale et d'une stratégie claire. »

L’Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas accuse :

- Mahmoud Abbas a envoyé en février 2005 des émissaires au Liban pour tenter de stopper l’action nocive du Hezbollah.

- L’Autorité Palestinienne a mis sur pied un comité chargé du contrôle des transferts bancaires du Hezbollah aux éléments terroristes palestiniens (après avoir déjà intercepté des correspondances prouvant ces transactions).

Le Hezbollah effectue des virements bancaires notamment pour payer des terroristes à commettre des attentats : il est aujourd'hui prêt à payer la somme de 100.000$ pour un attentat suicide, alors que son montant était de 20.000$ avant l’élection d’Abbas.

- Des menaces de mort ont été émises par le Hezbollah à l’encontre de Mahmoud Abbas à la veille du sommet de Sharm el-Sheikh du 8 février 2005. Mahmoud Abbas en a alerté les Etats-Unis et l’Europe.

Rôle de l’Iran et de la Syrie

Unis contre Israël, l’Iran et la Syrie se servent du levier hezbollahi comme d’un bras armé pour maintenir et exacerber les tensions. Ces deux régimes autoritaires n’ont rien à gagner d’un processus de démocratisation et de paix dans la région

IRAN : L'Iran fournit l'idéologie islamiste radicale, de gros moyens financiers et des armes au Hezbollah. Il soutient aussi concrètement les organisations islamistes palestiniennes.

SYRIE : La Syrie est un intermédiaire entre l’Iran et le Liban. C’est une base arrière par laquelle transitent les armes venues d’Iran (et un peu de Syrie). Damas abrite les bureaux des groupes terroristes libanais et palestiniens.

Le Hezbollah menace la stabilité régionale

Menace la paix israélo-palestinienne

Menace l’intégrité libanaise

Au lendemain du sommet de Sharm el-Sheikh, le 8 février 2005, des membres des services de sécurité palestiniens (sous couvert d'anonymat) ont rapporté que le Hezbollah représente actuellement la menace la plus grave à la trêve signée avec les Israéliens. Ils l’ont dit aux agences de presse Reuters et Associated Press, parce qu’ils veulent que le monde le sache.

Le Hezbollah de plus empêche le Gouvernement libanais d’exercer sa souveraineté sur tout le Liban.

La résolution 1559 du Conseil de Sécurité de l’ONU appelle à l’intégrité territoriale du Liban, sa souveraineté et son indépendance politique placée sous l’autorité exclusive du gouvernement libanais.

L’ONU ne les nomme pas mais évoque cependant très clairement l’Iran (« les milices non libanaises »), le Hezbollah (« les milices libanaises ») et la Syrie (« les forces étrangères »).

Cette résolution n’est qu’une redite de la résolution 520 du Conseil de Sécurité des Nations Unies du 17 septembre 1982 ( « strict respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale, de l'unité et l'indépendance politique du Liban sous la seule et exclusive autorité du Gouvernement libanais, à travers l'Armée libanaise, sur tout le Liban »).

Si l’UE veut jouer un rôle au Proche-Orient, si elle veut un processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, si elle veut un Liban libre, démocratique et souverain, elle devrait montrer la même cohérence avec le Hezbollah qu’avec la Syrie.

Par conséquent, le Hezbollah étant aujourd’hui ce qu’il est, un organisme terroriste, il faudrait qu’il soit inscrit sur la liste européenne des organisations terroristes. Actuellement, seul un membre du Hezbollah est classé par l’Union européenne comme étant un terroriste. Il s'agit du Libanais Imad Mugniyah, officier supérieur des services de renseignement du Hezbollah.

Le 10 mars 2005, le Parlement européen a adopté une résolution dans laquelle il « demande à la Syrie de ne tolérer aucune forme de terrorisme, y compris l'appui à l'activité du Hezbollah ainsi que d'autres groupes armés », et il « considère qu'il existe des preuves irréfutables de l'action terroriste du Hezbollah et qu'il convient que le Conseil prenne toutes les mesures qui s'imposent pour mettre un terme à cette action ».

L’inscription du Hezbollah sur la liste européenne des organisations terroristes serait un signal clair de la détermination européenne à aller vers la paix et la stabilité de cette région.

Cette inscription implique en outre des sanctions financières qui permettent de bloquer des comptes en banque dans les pays de l’UE, de casser des réseaux financiers internationaux qui alimentent le terrorisme.

(1) note du diffuseur: inspiré du parti baathiste sans doute.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Davideden (Davideden) le vendredi 18 mars 2005 - 18h55:

Mr Maxiton,

Quand on a une opinion differente de la votre doit on se taire?
Le fait est que je suis d'accord avec vous. Comme vous le dite si bien "Monsieur Besnaïnou ne mentait pas, à Tunis avant 1956, on pouvait traverser le ville enveloppé dans son talith le jour de Kippour".

Le probleme a donc commence en 1956. Le fait est que dans le pays independant du nom de "Tunisie" on ne pouvait pas le faire. Sur la terre du meme nom les Juifs ont connus des annees meilleurs (et des pires). La fin de la presence prospereJuive et eventuellement de toute presence Juive coincide avec la naissance de ce pays, notre Nakba.

Donc nous sommes d'accord (je ne dois donc pas me taire). le probleme est un probleme de nomenclature, "Tunisie" le nom de notre merveilleuse terre natale mais aussi le nom de ce pays bien moins que merveilleux.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Pauline (Pauline) le vendredi 18 mars 2005 - 18h59:

P O U R I M

L’histoire de Pourim est plus ancienne que celle de Hanouka. Alors que Hanouka se situe à l’époque du Second Temple de Jérusalem ; Pourim remonte à l’exil babylonien, qui a duré depuis la destruction du Premier Temple de Jérusalem jusqu’à la construction du Second.

Trop souvent, le public francophone se fait de l’histoire de Pourim une idée plus ou moins fondée sur la lecture d’Esther de Racine, ou, au mieux, de celle de la traduction française de la Meguila d’Esther. Or, comme dans tous les domaines des textes bibliques, une compréhension correcte dépend de la connaissance des commentaires, de la transmission orale. En ce qui concerne Pourim, il y a tout un volume de la guemara qui concerne la Meguila, et qui s’appelle Masseheth Meguila. Il y a de nombreux commentaires sur la meguila, citons notamment le targoum chéni, qui offre des commentaires très détaillés.

Si Hanouka est le dernier miracle qui est arrivé à l’époque du Beth Hamikdach, et qui est en relation avec la spiritualité du Beth Hamikdach, Pourim a été le premier grand miracle que Hakadoch Barouh Hou a accompli en-dehors d’Eretz Israël. Ce miracle porte les signes d’un événement exilique.

L’histoire du miracle de Pourime se présente comme un enchaînement d’événements, qui, analysés chacun à part, n’offrent aucun signe de miracle. C’est une suite de situations, comme il s’en présente couramment dans cette région du monde qu’est la Perse, pour ne pas l’appeler le Pays des Mille et Une nuits. Alors que la victoire militaire des Hasmonéens était visiblement miraculeuse, ainsi que l’était la durée de la combustion de la seule fiole d’huile d’olives pure, dans toute l’histoire de Pourim, rien ne va contre les lois de la nature ; rien de physiquement miraculeux.

Et pourtant, on a bien raison de parler d’un miracle. C’est que Pourim nous enseigne la différence que nous trouverons entre les miracles en Eretz Israël d’une part, et ceux que Hakadoch Barouh Hou accomplit pour nous en-dehors d’Eretz Israël. Alors en quoi consiste le miracle de Pourime ?

Lorsque les Juifs de Suze se sont rendus à l’invitation d’Ahachvéroch au festin, auquel Mordehay leur avait interdit d’aller, personne ne se doutait que cette désobéissance serait la cause d’un danger qui planerait sur tous les Juifs du monde (à l’époque, on disait sur toutes les cent vingt sept provinces de la Perse, mais c’est la même chose)

Personne ne se doutait que la nomination au poste de premier vizir (premier ministre, si vous préférez) de l’antisémite notoire qu’était Haman, était une étape, qui enfilerait le châtiment qu’enverrait Hakadoch Barouh Hou.

Personne ne se doutait non plus que la disparition de Vachti, pour faire place à Esther au palais d’Ahachvéroch, enfilait la possibilité éventuelle d’une délivrance.

Personne ne se doutait non plus que l’intervention de Mordechay pour étouffer dans l’œuf le projet d’assassinat d’Ahachvéroch par Bigtan et Téréch, articulait un autre élément de cette perspective de la délivrance.

Je n’ai pas consulté les journaux de l’époque ; mais je peux vous dire que de tous les médias de l’époque, aucun n’a vu dans ces faits autre chose que des faits divers isolés, sans aucun lien entre eux.

Par conséquent, lorsque la délivrance est arrivée, tous les médias de l’époque n’ont pas du tout vu en elle autre chose qu’un fait divers supplémentaire, sans lien avec ceux qui l’avait précédée.

Et il est vrai que la Main de Hachem était complètement déguisée. Il envoyait des événements apparemment naturels, dus au hasard, sans plus.

Mais chez les Juifs, chez nous, on sait que l’histoire est un enchaînement ininterrompu d’interventions de Hachem, comme suite au comportement de Son peuple. Tant que les Juifs fléchissent dans leur fidélité à Hachem et aux Mitsvoth, Hachem envoie des événements qui composent une adversité dramatique. Ensuite, lorsque les Juifs se réveillent enfin, acceptent d’écouter Mordechay, et de faire techouva, Hachem envoie le dénouement miraculeux. Miraculeux, certes, mais non apparemment miraculeux. Aucune loi de la nature ne s’efface devant le miracle de Pourim.(contrairement au miracle de Hanouka, qui a eu lieu en Eretz Israël).Pourim se passe très loin d’Eretz Israël.

D’autre part, si le miracle a apporté une délivrance totale par rapport au danger qui l’avait précédée, toutefois les circonstances qui entourent le miracle, ne sont pas très dignes. En effet, qu’une fille juive comme Esther soit acculée à se donner à un non-juif, est le signe que cette génération n’était pas très digne dans sa vie juive.

Arrivés là dans notre réflexion, disons que deux leçons doivent être tirées de cette approche. Pour qui vit en Eretz Israël, Pourim vient rappeler que les miracles que Hachem accomplit pour nous portent la marque de notre niveau spirituel.

Pour qui vit (encore) en-dehors d’Eretz Israël, Pourim nous apprend que Hachem accomplit des miracles en n’importe quelle partie du monde, en faveur de ceux qui par leurs actes et leurs pensées Lui sont fidèles. Toutefois, pour discerner ces miracles, il faut déchirer le voile naturel qui les enveloppe, il faut percer l’apparence de faits divers que prennent les miracles de Hachem en-dehors d’Eretz Israël.

D’ailleurs, l’usage populaire de se déguiser à Pourim, doit être bien compris comme notre affirmation que quelle que soit la manière dont Hachem déguise Ses miracles, sous l’aspect de faits naturels, nous nous sentons indéfectiblement capables d’y voir de vrais miracles. Nous décodons les faits apparemment naturels qui cachent de vraies interventions de Sa main.

Nos Sages nous enseignent que la délivrance qu’a été le miracle de Pourim, s’est accompagnée d’un renouvellement de l’engagement des Juifs de se conformer aux Mitsvoth. Si, au Sinaï, Israël s’est engagé à vivre une existence de Tora et de Mitsvot, du fait de la crainte que leur a inspirée Hachem par les miracles de la Sortie d’Egypte et de la Révélation au Sinaï, la fête de Pourim a suscité une nouvelle acceptation de la Tora et des Mitsvoth, dans la joie d’avoir été délivrés par ce grand miracle.

De même que chaque année, la fête de Chavouoth nous incite à renouveler notre engagement envers Hachem, du fait de la crainte que nous inspire Mattan Tora (le Don de la Tora), ainsi, chaque année, la fête de Pourim est l’occasion de renouveler et de renforcer notre fidélité à Hachem et à Ses Mitsvoth, grâce à la joie qui emplit nos cœurs.

A tous et à toutes, je souhaite une bonne fête de Pourim.

Rav Hayim Yacov Schlammé

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Claudia (Claudia) le vendredi 18 mars 2005 - 18h27:

Des trafiquants d'armes ukrainiens ont vendu des missiles de croisière à l'Iran et la Chine, selon un procureur

KIEV, Ukraine (AP) - Des trafiquants d'armes ukrainiens ont vendu 18 missiles de croisière à l'Iran et à la Chine il y a quatre ans, à l'époque où l'ancien président Léonid Koutchma était au pouvoir, ont annoncé vendredi les services du procureur général de Kiev. Ces missiles ont une portée suffisante pour atteindre certains alliés des Etats-Unis.

Ces missiles Kh55 sont sortis clandestinement d'Ukraine, ont précisé les services du procureur général de Kiev. Selon eux, ces missiles, qui ont une portée de 1.860 miles (environ 2.980 kilomètres), ont été vendus illégalement et n'ont pas été exportés par des entreprises ukrainiennes.

"Les procédures contre les personnes impliquées (dans la vente illicite) ont été transmises à la cour d'appel de Kiev et elles sont entendues de manière privée", ont précisé les services du procureur dans un communiqué.

L'agence Associated Press avait rapporté le 4 février qu'une enquête du gouvernement sur des ventes illicites d'armes par des proches de Léonid Koutchma avait abouti, en secret, à des inculpations et des arrestations d'au moins six trafiquants d'armes accusés de vendre des missiles à l'Iran et la Chine. AP