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PESSAH (quelques traditions du Sédér)


   

  

La cérémonie du Séder, avec son rituel multicolore, s’était enrichie, avec le temps et les rares interactions des communautés d’autrefois, de plusieurs variantes locales. Ces suppléments, combinés aux traditions originales, avaient formé le patrimoine de chaque communauté.

Nous les aimons parce qu’ils nous rattachent à notre jeunesse, à notre famille, à notre peuple ; et nous essayons de les transmettre à nos enfants.

Des nuances, encore plus significatives, figurent dans les textes de la Haggadah. La lecture des chapitres se faisant par tous les convives à tour de rôle, il devient, des fois, embarrassant de suivre un hôte qui récite son passage, à partir d’une édition différente.

 

Pour que tous comprennent les histoires de la sortie d’Egypte, les Haggadot de Tunisie avaient une double traduction pour chaque paragraphe (en français et en judéo-arabe.) On pouvait aussi lire les directives, à remplir à chaque phase du Séder, traduites dans les 2 langues. Ces consignes ont aidé à conserver une cérémonie assez semblable dans la communauté ; mais les rites effectués, en ‘vase-clos’ tribal ou familial, avaient introduit, au fil du temps, des petites variations au gré des nécessités ou de l’initiative du chef de famille. Soyez un peu indulgent si vous ne retrouverez pas exactement, dans ces lignes, ce qui se pratiquait chez vous.

 

Dès les premiers versets de la Haggadah on invite « tous ceux qui ont faim ou qui sont nécessiteux, de venir nous joindre. » La solidarité, dans nos communautés, a toujours subvenu aux besoins primaires de ses malchanceux, ce qui éloigne l’explication de faim et nécessité physiques. Ceci s’appliquerait plutôt à un besoin spirituel, ainsi nous sommes appelés à faire participer ceux qui ne connaissent pas assez bien ce qu’il faut faire, des étrangers qui se trouvent loin de leurs familles ou bien ceux qui n’en ont pas.

On peut aussi comprendre que ceux qui n’étaient pas dans la gêne, n’avaient pas besoin de cette invitation, la fête se déroulant surtout dans un cercle familial.

 

Le très intéressant paragraphe qu’on trouve dans la Haggadah tunisienne, celui qu’on récite en tournant la corbeille du Séder sur la tête des convives, le fameux ‘Etmol hayinou a’vadim…’. A ma connaissance il n’existe chez aucune autre communauté. Une explication très plausible à cette particularité a été récemment publiée sur notre site Harissa :      https://www.harissa.com/D_Religion/etmol.htm

Je trouve cela très beau, que nous soyons une des rares communautés qui pensent qu’il n’y a plus d’esclavage après la sortie d’Egypte et que dans la Diaspora, nous n’étions pas des esclaves, mais des hommes libres, même si notre liberté n’avait pas été totale durant certaines périodes, où nous étions traités en dhimmis.

Ce « Etmol … » est devenu plus opportun aujourd’hui, avec la création de l’Etat d’Israël et la vie dans des pays démocratiques.

 

Malheureusement, le dernier exode, de notre terre natale vers des pays lointains, et l’isolement de certains Tunes ont du affaiblir les contacts avec le passé.

Pour certains laïques, les liens (essentiels pour plusieurs d’entre nous), qui existent entre traditions et pratiques religieuses, ont du les éloigner d’un des plus beaux moments de leur enfance. Quoi d’étonnant qu’à un certain age ils éprouvent un besoin de combler ce vide et de renouer les maillons de la chaîne afin qu’ils puissent la passer fièrement à leurs descendants?

Dans certains cas ses descendants, désirant retrouver leurs racines, se mettent à secouer notre génération pour réanimer le patrimoine de leurs ancêtres.

C’est pour s’entraider à faire revivre ces coutumes, que ceux qui le peuvent, doivent essayer d’aider pour qu’elles ne sombrent point dans l’oubli. C’est peut être une dernière chance pour notre génération de partager avec les autres ce que nous avons connu et aimé, afin de nous enrichir mutuellement des fragments d’un passé qui s’éloigne de nous.

 


Aujourd’hui plusieurs familles fêtent Pessah’ en dehors de leur foyer, non par nécessité mais plutôt suite à des déplacements touristiques. En Israël, certains préfèrent passer la fête à l’hôtel, soit pour s’épargner les tracas des rudes préparatifs requis pour cette fête, soit pour ne pas fêter dans la solitude quand la famille devient petite. Je pense qu’une salle publique ne peut exactement fournir l’ambiance ni la chaleur qui existent entre amis ou en famille.

Les alliances intercommunautaires, un phénomène souhaitable en lui même, créent en fin de compte une sorte de mélange des  traditions. Chacun veillant au respect de l’autre, la cérémonie devient bien plus émouvante pour tous.

Depuis la perte de mon père, Z.L., en 1948, je devenais le chef de la famille et devais diriger les cérémonies de nos fêtes. J’avais à peine onze ans. Le poids était d’autant plus lourd que nous venions d’arriver à Tunis, et n’avions plus le support de la ‘tribu’ qui était restée au sud du pays. La seule source était notre mère qui, née dans une famille de rabbins, n’avait  eu droit à aucune instruction en dehors de la maison. Mais, armée, seulement de son intelligence, elle avait réussi à assimiler toutes les coutumes et savait par cœur, toutes les prières.

Elle était très exigeante et surveillait nos lectures de la Haggada pour que tout soit parfait.

Ce qui sera décrit ici est la Loi-orale qu’elle nous a transmise jalousement et fait répéter pendant les cinquante années qu’elle a survécues  à notre père.

Durant ce demi-siècle, j’ai passé très peu de  Sédérs loin de la famille (séjours à l’étranger ou  sous les drapeaux à Tsahal.)

 

Le Sisstou, la grande corbeille du Sédér, devait pouvoir contenir tout le nécessaire (selon ma mère) et surtout le Draa’ (Zroa’) qui est une jambe complète (rôtie au four) prise sur la partie antérieure-droite, du mouton. Quand je pense que dans toutes les illustrations de la Haggada on  montre un petit plateau qui pourrait à peine contenir une jambe de poulet…

Même dans ses dernières années quand les grands travaux, (commencés après Pourim et qui ne finissaient qu’à la veille de la fête), devenaient de plus en plus durs, ma mère oubliait toutes ses peines et ses yeux brillaient quand finalement elle brandissait ce Draa’, qui symbolisait l’Epée Divine. Pour elle, c’était le meilleur moment de la fête.

 

On commence par l’arrangement de tous les composants dans le Sisstou, sans oublier les œufs durs, les grillades, les boules de Harossett etc …

 

La première des étapes du Sédér (elles varient entre 13 et 15 selon les interprétations) est  Kadesh  qui se termine par la boisson du premier verre : vin pour les adultes et jus de raisins pour les plus petits), ma mère faisait du jus de raisin-sec (Brakha) épicé à la cannelle.

 

La 2ème étape est  Rh’ats, où on se lave les mains sans faire de bénédiction. C’est un honneur pour la jeune femme qui passe parmi tous les convives assis et leur verse l’eau sur les mains (mes excuses mesdames, pour cette fois seulement, mais tradition oblige.)                                                    

La 3ème étape est Carpass, une branche de coriandre fraîche,  plus amère que la laitue, qu’on trempe dans le vinaigre.

La 4ème étape  Yah’ats, on coupe la Matsa comme Moshé avait coupé la Mer Rouge.

C’est ici que se révèleront les talents dramatiques des benjamins de la famille. On met la moitié de la Matsa dans une belle serviette pliée que le plus petit porte, sur son dos, comme ses ancêtres avaient porté leur pâte (qui n’a pas eu le temps de lever.) Il peut y avoir autant ‘d’affranchis’ que de petits qui le désirent. Il sort un instant et frappe à la porte, rentre et se présente comme un des fils d’Israël qui vient de sortir d’Egypte. Toute l’audience commence alors à le questionner en lui faisant raconter toutes les péripéties qu’il a ‘endurées’ : l’esclavage, les 10 plaies infligées aux Egyptiens,  la traversée de la Mer Rouge, la vie de Moshé, etc.… Comme il est fier ce soir là ! 

 

Le film de Walt Disney (Le Prince d’Egypte) nous facilite aujourd’hui la tache. Il suffit de le leur projeter  2 ou 3 fois avant la fête et ils répondront aisément à toutes les questions.

La coutume, en Israël, encourage les jeunes à ‘voler’ cette moitié de Matsa (l’Affikoman) et d’exiger un cadeau en retour, pour que la cérémonie puisse continuer. Ma mère était contre cette pratique, qui lui était étrangère. Elle avait expliqué à mes enfants le coté non éducatif de cet acte, mais offrait toujours un cadeau le lendemain, à celui qui avait tenu jusqu'à la fin.

                       

La 5ème étape est Maguid, la lecture de la Haggadah qui commence, bien sur, par le célèbre Etmol haynou avadim…. que tout Tunisien est si fier de chanter. Avec la scène du Sisstou qu’on fait tourner au-dessus des têtes. Cette lourde corbeille ‘atterrissait’ de temps en temps sur une des têtes en provoquant des cris de fausse surprise. Je pense que c’est dommage que ces rites ne soient pas pratiqués dans d’autres communautés.                          

Dans la lecture de la Haggada nos ancêtres avaient essayé d’introduire des moments dramatiques qui brisent la routine de la longue veillée en faisant participer tous les convives.

 

Messoubin (en judéo-arabe:METTAKYINN)

Après « ha lah’ma a’nia.. » vient le chapitre des “questions” qui est très aimé et chanté par les enfants Israéliens. Le plus jeune de la famille fait l’intelligent et  pose 4 questions qui commencent toutes par : « Ma nishtana halayla hazé... » (En quoi cette nuit est-elle différente.. ?) : pourquoi la Matsa, le Maror, la double trempe des légumes dans le vinaigre, et pourquoi mangeons nous, accoudés ? Cette 4e question montre que dans le temps tous les convives mangeaient, ce soir là, étendus sur des divans et en s’appuyant sur le coude gauche. Cette position, qui voulait sûrement exprimer la situation d’un homme affranchi et seigneur de son destin, était très populaire chez les Romains. On retrouve ces salles à manger, avec 3 divans, qu’on appelle ‘triclinium’ dans  les villas romaines antiques, ainsi que dans leurs peintures murales et leurs mosaïques, où les hôtes sont étendus en s’appuyant sur leur coude.


La grande surface qu’occupe chaque personne et l’anachronisme d’un tel aménagement, ont fait que, de nos jours, peu de personnes observent cette tradition. Elle figure pourtant comme un des signes les plus particuliers de cette nuit, que la Haggadah a jugé utile de signaler.
 

Un des cousins m’a raconté qu’il respectait cette coutume, chez lui on fête le Sedder dans cette position : accoudés sur des matelas, devant une grande table, basse (40 centimètres environ).  Je me rappelle que mère exigeait que nous penchions symboliquement le corps vers le coté gauche à chaque fois que nous buvions un des 4 verres de vin.  

 

A la lecture du paragraphe correspondant, on découvre le Sisstou et on en sort le Draa’ qu’on brandit bien haut en disant « Bizroaa’ netouya zou hah’erev ». Le Draa’ fait la tournée, et tous les participants le brandissent aussi, du plus petit au plus grand.

 

 

La tradition veut qu’avec la lecture des 10  plaies on verse, après chaque plaie énoncée, une petite quantité de vin dans une cuvette. Une autre personne dilue ces goûtes en les noyant d’eau à chaque fois,  et en priant « Shimassilinou » qui est la déformation de ‘Hashém Yatsilénou’ qu’on peut traduire par ‘que Dieu nous sauve et nous garde’. Ce mélange (maléfique?) de vin dilué est immédiatement versé aux toilettes, ensuite on coule dessus un grand seau d’eau pour éloigner le mauvais sort.

 

La même tournée que celle du Draa’ se répète à un autre paragraphe où on brandit la Matsa que chacun montre à toute l’assemblée, en chantant « Matsa zou…. »

                                               

La 3éme tournée se fait avec la laitue en disant « Maror zé…. »

Avec ces scènes audio-visuelles, tout le monde retiendra que Pessah est bien la fête de la délivrance par la force divine, du sacrifice du mouton, du pain azyme et des légumes amères.

 

Nous avons toujours eu des hôtes non Tunisiens pour cette nuit de Pessah’. Nous recevions des fois des personnes qui n’étaient pas habituées à un Seder pareil. Je suis enchanté, à chaque fois, de voir le plaisir qu’ils prennent de participer à cette soirée et leur gratitude pour l’expérience qu’ils avaient vécue.

 

Le reste de la cérémonie contient moins de moments ‘dramatiques’. Il se ressemble un peu dans toutes les communautés et ne présente, à mon avis, presque rien de spécifique, sauf les balades et les prières chantées après la Haggadah.

Qui n’a pas aimé le récit du petit agneau  «que mon père m’a acheté pour 2 sous? » ou comme on le chantait en judéo-arabe «Ouah’ed ejdey, ouah’ed ejdey, elli shra li baba bjaouz efflous.»

 

J’ai essayé de décrire ici les traditions tunisiennes que nous pratiquons jusqu'à ce jour. Pour les explications et les interprétations des textes et des prières, je recommande la rubrique ‘La page de Pessah’ sur notre site Harissa.com, qui contient plusieurs articles instructifs.

Je ne peux affirmer que ces scènes se passaient ainsi dans tous les foyers Juifs-tunisiens, et je ne connais pas les origines exactes de toutes nos traditions. Pourtant j’y retrouve toujours ce sentiment, rassurant, d’être un maillon dans une chaîne vivante qui a commencé avant nous et  qui ne finira pas de si tôt.

 

  H’ A G    P E S S A H’    S A M E A H’

 

 

Epilogue personnel,

 

La seconde nuit  n’étant pas obligatoire en Israël, ma mère insistait des fois à refaire le Sédér ce soir là, histoire de finir tout ce qu’elle avait préparé. J’ai pu alors photographier la cérémonie, pour la postérité. Les illustrations de ce texte ont été prises entre 1993 et 2004. Durant cette période, 4 des personnes qui y figurent nous ont quittés :

mon frère qui tient le livre du Kiddoush (dans la photo de droite on voit ses 3 enfants qui ont pris la relève), ma mère qui brandit le Zroaa’, mon beau-fils qui montre la Matsa et mon beau-frère qui agite la laitue (Maror).              Paix à leurs âmes.

Même s’ils sont toujours présents dans notre esprit, leur absence se manifeste surtout dans les réunions familiales. En leur mémoire, j’ai volontairement sélectionné, de mon album, les photos dans lesquelles on les voit fêter avec nous.

 

                            A’AMERQEM  MA  TAA’RFOU  DOUNI,

                   TSHOUFOU  CAN  EL FARH’  OU ELAA’MAR  ETOUIL, 

                                   A’AM  EJJAEY, OUCOUL  A’AM

 

 Avraham Bar-Shay (Benattia)            

      absf@netvision.net.il

 

           

 

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